@ LE MENSUEL DE L'AERONAUTIQUE MILITAIRE INTERNATIONALE ISSN - 0223 - 0038 N° 73 - NOVEMBRE 1984 BelgiqueI65FB-Canada' S 4.50-Suisse7FS - Espagne500P-...
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LE MENSUEL DE L'AERONAUTIQUE MILITAIRE INTERNATIONALE N° 73 - NOVEMBRE 1984 22 F
ISSN - 0223 - 003 8
BelgiqueI65FB-Canada' S 4 .50-Suisse7FS - Espagne500P-lIalie4BOOL Kaweil1500 KD - libye 1700 LD - Arabie Seaudite 20.00 SR - Egypte 4000 EP -liban 15 LL
* HELICOS SUR LES ALPES
La lIIe Escadre d'Helicopteres de 10 Force aerienne autrichienne.
* LES SAINT-BERNARD DU CIEL Le 15° Stormo SAR de I' Aeronautica Militare Italiana.
* IL ETAIT
NE F IS A 1 F (11)
Les "Corsaires" dans I'enfer de Dien Bien Phu.
(M 1191-73 - 22 F)
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FANAVIA
NOVEMBRE 1984
Septieme annee
SOMMAIRE AVIATION MILITAIRE 5
REVUE OE PRESSE
Les livres du mois lus pour vous par la redaction .
6
POKER D'AS (Chapitre 6): WOLFGANG EWALD
Jean-Yves Lorant nous raconte I'histoire d'un as modeste mais au palmares brillant qui tut, avant tout, un excellent meneur d'hommes et un professeur hors pair pour les jeunes pilotes sortis d'ecole dont il avait au front la responsabilite. Plus de soixante-dix victoires, une carriere interrompue et de longues annees dans les camps de prisonniers en U.R.S.S.
14
HELICOS SUR LES ALPES
Wolfgang Hainzl presente la 111 9 Escadre d'helicopteres de la Force Aerienne Autrichienne, les «betes de somme" de I'aviation militaire affectees a toutes sortes de täches de servitude.
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LES AlLES FRAN<;AISES OE LA CHASSE
Jean-Michel Guhl presente le bilan aeronautique de la plus jeune et de la plus riche de nos associations nationales de preservation d'aeronefs anciens.
30
36
LES SAINT-BERNARD DU CIEL
Claudio Toselli raconte I'histoire du 15° Stormo SAR de I'Aeronautica Militare Italiana, une unite d' helicopteres toute entiere dediee aux missions de secours et de sauvetage.
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IL ETAIT UNE FOIS LA 14 F (2 e Partie)
Rene Bail poursuit la relation de I'histoire de la Flottille 14 F de l'Aeronautique Navale, formation mise sur pied en A.F.N. sur F4U-7 en 1952.
MAOUETTISME PLASTIOUE 48
DES MAQUETTES POUR LES GRANDS
Jacques Druel a monte le SEPECAT Jaguar A au 1/72 9 de Ha?egawa.
50
Les nouvelles maquettes plastique .
Le direcleur responsab le d e 10 publicalion : Marline Cabiac N° de Commisslon porilo ire 61086 Diffusion par les N.M .P.P.
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AIR FAN's front cover: an Agusta-built Bell AB 212 twin turbine helicopte r 01 the 2nd Staffel 01 the IIlrd Hübschraubergeschwader 01 the Austrian Air Force pictured over its homeland in September last.
ANALYSE DES NOUVEAUTES
AIR FAN, revue mensuelle paraissant le 20 de chaque mois Edimat SAR.L. au Capital de 150000 F Siege social et siege de la Redaction : 48, boulevard des Batignolles 75017 P.a ris Direction, diffusion : 3873205 Redaction, publicite : 2936724 Telex : 290 163 EURTL - Code 160 R.C . Paris B 314-056-243 C .C .P. Paris 21 16756 C Directeur-gerant : Martine Cabiac Comite de direction : M . Cabiac, J. Marmain L. Biancotto et J.-M. Guhl. Secretaire de direction : Jeannine Gabet
La couverture d 'AIR FAN: un helicoptere Agusta-Bell AB 212 appartenant la 2' Escadrille de la 111' Escadre des Forces Ae riennes Autrichiennes survole la campagne viennoise. I (Wollgang Halnzl).
Redacteur-en-chet : Jean-Michel Guhl Comite de redaction : Jean-Michel Guhl , Alain Crosnier, Patrick Bigel, Jean Bodson, Arno Dill , Jacques Druel, Michel Gerard , Jean-Pierre Hoehn . lIIustrateurs attaches : Louis Drendel, Dominique Foubert, Georges Olivereau . Administration : Richard Dore
Correspondanls d e 10 Redaclion CI I'elranger : Peler Doll (Allernagne). Louis Drendel (E1ols·Unis). Roberl E. Kling (EIals·Unis), Wollgong Hainzl (Aulriche), Kensuke Ebala (Japon). Gerhard Joos (Allernagne), Dave Menard (EIals·Unis), Anlonio Corlos Mimoso (Porlugal), Klaus Niska (Finlande), Shlnlchi Ohlaki (Japon), Javier Saez Sanz (Espagne), Norman E. Taylor (EIals·Unis), Tom Arheim (Norvege), Rich ard l. Ward (Royaume·Uni).
ISSN-0223-0038 W SIRET 31405624300012 Canceplion graphlque : Janine O livereau
All contents © AIR FAN 1984
Phol og ravure: Prestige Graphique (France) Photocomposilion et impression: Antigoon SA 2100 Deurne - Luchlhavenlei 7 (Belgiq ue) Telephone: (03) 239 79 60 Depol legal N' 1432
AIR FAN / NOVEMBRE 1984 / PAGE 3
L'Hauptmann Wollgang Ewald, photographie pendant la bataille d'Angleterre en septembre ou octobre 1940. 11 vient de prendre le commandement du I.IJG 52 .
N
e le 26 mars 1911 a Hambourg, Wolfgang Ewald appartient a la premiere generation de pilotes de metier qui formerent la Luftwaffe naissante en 1934. S'il n'a guere laisse de traces dans la litterature specialisee, c'est sans doute gräce a une modestie naturelle dont il ne se departit jamais. Dans tous les postes de commandement qu 'il occupa, sa preoccupation principale resta I'instruction des jeunes pilotes dont on lui confiait la charge. C'est en partie pour cette raison que son tableau de chasse lors de sa capture en juillet 1943 ne s'elevait qu 'a 77 victoires .. . un chiffre que le meilleur des chasseurs allies ne put d'ailleurs jamais atteindre. Nous avons rencontre Wolfgang Ewald, qui a 73 ans a accepte avec beaucoup de genti11esse de nous livrer ses souvenirs de pilote, en fumant ses inseparables cigares, comme il le faisait en Espagne en 1937!
*
Wolfgang Ewald preparait son baccalaureat en 1929 lorsqu ' iI passa son brevet de pilote prive. Apres I'examen, son penchant pour la technique le poussa vers I'etude des moteurs AIR FAN I NOVEMBRE 1984 I PAGE 6
d'avions. 11 choisit de s'engager en 1934 dans la Luftwaffe car iI voulait piloter avant toute autre chose. 11 fut dirige sur I'ecole de pilotes de chasse a Schleissheim , puis sur celle d'officiers a Dresde. Ses premieres affectations en escadrille sur Heinkel51 furent Döberitz, Jüterbog et Bernburg . En aout 1937, il rejoignit la 2.J/88 «Legion Condor» en Espagne avec le grade de Leutnant. Toujours sur Heinkel 51, il accomplit ses premieres missions d'appui-feu a partir du 12 aout et couvrit la progression des Nationalistes vers Santander. Les Heinkel de la 2.J/88 sortirent souvent cinq fois quotidiennement pour mitrailler les positions et le trafic routier republicains . Une breve rencontre avec des «Chato» le 22 aout ne permit pas a~ Lt Ewald de se placer en position de tir. Les Fw Flegel , Lt Lützow et Lt Pingel rentrerent ce jour-la chacun avec une victoire. Santander capitula dans I'apres-midi du 25 aout, soit onze jours apres le debut de I'offensive. Les Nationalistes allaient pouvoir poursuivre leur progression vers le Nord. La prise de Gijon le 21 octobre 1937 mit fin a la campagne des Asturies. La «Legion Condor» captura plusieurs avions republicains, dont un Polikarpov 1-16 «Rata» intact. Plusieurs pilotes de la J/88 essayerent en volle chasseur sovietique. Face a une teile machine, les derniers Heinkel 51 bi plans n'avaient guere de chance de succes. Wolfgang Ewald continua a voler sur He 51 jusqu 'en mai 1938, mois pendant lequel la «Zylinderstaffei» 2.J/88 fut reequipee en Messerschmitt Bf 109 C et D a La Cenia. C'est a bord d'un Messerschmitt 109 que le Lt Ewald decolla au soir du 13 juin 1938 pour un e escorte de Heinkel 111 au Sud de Castellon. Le dispositif de chasseurs mis en I'air par les 1. et 2.J/88 atteignait a peine quinze Messerschmitt. La chasse ennemie, trente 1-15 «Chato» et 1-1 6 «Rata», attaqua les Heinkel et leur escorte a la verticale de I'objectif. Le grand compat aerie n se termina a I'avantage des Allemands qui revendiquerent 6 «Chato » et 2 «Rata ». Anticipa nt sur le vi rage d'un 1-16, Wolfgang Ewald vit ses rafales aller au but. Le chasseur Polikarpov descendit en flammes a la surprise du vainqueur qui n'avait pas suppose que cela puisse aller si vite. C'etait la 156eme victoi re de la «Legion Condor» et la premiere du Leutnant Ewald. Pendant les jours qui suivirent le nombre de chasseurs disponibles du cöt8 ~lIemand atteignit un seuil critique. Le 16 juin, suite aux pertes en combat et aux accidents la 2. Staffel J/88 ne possedait plus que 6 Mess~rschmitt 109, la 1. Staffel seulem ent quatre.
r
Gette premiere victoire en Espagne fut ega·· lement la derniere. Wolfgang Ewald fut rappele en Autriche en aout 1938 pour prendre brievement le commandement d'une Staffel du Jagdgruppe Wien -Aspern. Le 1er novembre 1938, le reequipement de la Luftwaffe battant son plein , on forma a Ingolstadt-Manching le I./JG 433 , qui fut redesig ne I./JG 52 le 1er mai 1939. Le Kom mandeur de ce groupe de chasse fut I'Hauptmann Graf Pfeil und Klein-Eilguth et ses chefs d'escadrille l'Oblt Galland (1. Staffel), le Lt Ewald (2. Staffel) et le Lt Klein (3. Staffel). Adolf Galland , verse le 1er aout 1939 a la Schlachtgeschwader 1 a Tutow ceda son commandement a l'Oblt Keidel. La 3. Staffel passa a l'Oblt Kühle . G'est avec cet encadrement que le I./JG 52 gagna le 29 aout 1939 le terrain de BonnHangelar en prevision des hostilites imminentes avec la France. Un decollage en alerte le 15 septembre resta sans resultat. L' intrus, un bimoteur de reconnaissance franyais, avait disparu lorsque les Bf 109 D conduits par le Lt Ewald arriverent sur la Sarre. Les jours suivants ne donnerent pas au I./JG 52 I'occasion d'en decoudre vraiment avec I'adversaire. Le veritable bapteme du feu du groupe pour la seconde guerre mondiale eut lieu le 6 octobre 1939, le Leutnant Berthel revendiquant un bimoteur LeO 451 pres d'Euskirchen, victoire confirmee par le Major Gotthard Handrick. Le 13, le Lt Kirchner abattit en flammes un Bristol «BIenheim» , homologation sans probleme puisque sept autres pilotes allemands virent tomber l'Anglais. La Dröle de Guerre s'installa, procurant aux pilotes du I./JG 52 la curieuse impression d'effectuer des vols d'exercice sur territoire hostile. Le moindre relächement d'attention pouvait cependant etre fatal. Le 21 novembre 1939, la Rotte Hauptmann Graf von Pfeil - Leutnant Geiler fut surprise par des Gurtiss H.75 franyais. Le Kommandeur Hptm Graf von Pfeil und KleinEllguth gravement brule dans son Messersch mitt dut se parachuter pendant que son ailier posait, train rentre , son 109 couvert d' huile pres d'Edenkoben. Wolfgang Ewald, nomme com mandant du groupe par interim, fut encadre de pres par la D.G.A. franyaise a la verticale de la Ligne Maginot le 25 mars 1940. Le 23 avri11940, les Bf 109 E-1 du I./JG 52 engagerent une formation mixte de Morane et Gurtiss pres de Metz sans resultats.
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Les evenements se precipiterent a partir du 10 mai. Le 13, le groupe se deplaya a Hoppstätten ou il resta jusqu 'au 21 mai. Puis ce furent Gharleville,- Gambrai et Laon-Gouvron. Les combats aeriens devinrent monnaie courante, sans pour autant apporter la moindre victoire a l'Oblt Ewald. Le nouveau Kommandeur en titre, I'Hauptmann von Eschwege, fut «cueilli » le 15 mai par la chasse franyaise pres de Liege et dut se poser train rentre. Les Morane descendirent egalement le Messerschmitt du Lt Kirchner, qui fut capture indemne. Deux grands combats le 25 mai avec de forts dispositifs de chasseurs anglais et franyais donnerent a l'Oblt Ewald de bonnes suees, mais aucun avion ennemi ne passa dans son collimateur. La campagne de France laissa aux pilotes du I./JG 52 une certaine amertume. Si I'on excepte une victoire remportee pres de Dunkerque en juin par le Feldwebel Bacher, le tableau de chasse du groupe resta vierge. Le 18 juillet 1940, le groupe rentra a Neuruppin pour couvrir les deliberations du Reichstag a Berlin consecutives a l'Armistice avec la France. Puis ce fut I'intermede wagnerien : le 21, les Messerschmitt du I./JG 52 se deplacerent a Bayreuth pour «assurer la securite " du fastueux festival Richard Wagner. Le 3 aout 1940, le I./JG 52 prit position sur la Manche a Galais-Goquel les pour continuer la lutte contre la Royal Air Force. Deux victoires remportees sur des «Hurricane» pendant la deuxieme semaine d'aout rendirent aux pilotes allemands une certaine confiance en eux, laquelle faisait bien detaut depuis la morne campagne de France.
En mission sur Teruel en 1936, Ewald photographie son ailier a bord d'un Messerschmitt Bf 109 D de la 2.J./66 . Legion Condorarborant le celebre chapeau haut de forme sur le luselage. Au total, 36 BI 109 D furent livres a la «Legion Condor., reconnaissables a leurs codes commenyant a 6.51 et linissant avec le 6.66.
Vu au retour d'une mission sur I'Angleterre en octobre 1940, un BI 109 E du I./JG 52 montre son support ventral pour bombe de 250 kg .
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Preparation de mission en octobre 1940 Calais-Coquelles. Oe gauche a droite: officier technique, Hauptmann Ewald, Oberleutnant Lommel (Kapitän de la 1 Staffel./JG 52) et un as de la JG 26 de passage, I'Oberleutnant Müncheberg.
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Arborant sur I'arriere du fuselage le nouvel insigne du I./JG 52, le " Sanglier courant. , un Bf 109 E-4 est prepare pour une mission a Westerland en mai 1941 .
Les Messerschmitt 109 E-4 du I./JG 52, 1 Staffel, camoufles a Westerland en mai 1941.
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ton gaz reduits et commengerent le mit raillag e des avions disperses au sud du terrain. Sur la piste, deux «Spitfire» qui venaient de se pose r furent cribles par les projectiles des assaillants qui survolaient le terrain en noria. L' un d'eux brOla, le second sortit de la piste apres un spectaculaire cheval de bois. Avant de disparaltre, les Messerschmitt reduisirent au silence les postes de D.C.A. IIs laisserent derriere eux 5 Bristol «Bien heim .. et deux «Spitfire .. en flam mes, un depot de carburant et une citern e avaient explose. Environ sept autres appareil s endommages gisaient sur le te rrain. L'Oberleutnant Ewald retourna sur Manston avec sa 2.1JG 52 le surlendemain. Rentrant , d 'une escorte de bombardiers sur le Kent, il regut par radio I'ordre d'attaquer I'aerodrom e sur lequel venait d'atterrir un Squadron anglai s a court de carburant. La 3. Staffel regut I'ordre de couvrir I'attaque. S'etant assure de I'absence de chasseurs britanniques sur le littoral, Ewald entraTna egalement la 3.1JG 52 dans le mitrail lage. Les vingt Messerschmitt devasterent le terrain comme a I'exercice, detruisant 10 «Spitfire» et «Hurricane .. , 3 «Blenheim .. et incendiant un hangar. La D.C.A. de Manston cessa de tirer des la fin de la premiere passe. Le 27 aoOt, Wolfgang Ewald fut nomme GrupLe 16 aoOt, l'Oberleutnant Ewald emmena sa penkommandeur du I./JG 52. Le fuselage de son 2 Staffel a 18 h 38' pour un raid de destruction Messerschmitt s'orna du classique «double sur I'aerodrome anglais de Manston . Volant a chevron» qu ' il ne devait plus quitter. 1000 metres juste sous la couche, les douze Le 31 aoOt, ses pilotes remporterent cinq vicMesserschmitt eurent bientot le contact visuel toires sans pertes pendant une escorte de bom avec la cote britannique, dont les falaises claires bardiers sur North-Weald . L'Hauptmann Ewald se detachaient faiblement sur I'horizon gris et tira un «Hurricane» mais ne put le revendiquer, faute d'avoir pu le suivre suffisamment longbrumeux. Alors que les details du littoral se precisaient, plusieurs points sombres evoluant temps. Les missions se succederent a un rythme dans le circuit d'aerodrome de Manston attireeffrene, usant autant le potentiel humain que les appareils. rent I'attention de Wolfgang Ewald. 11 s'agissait certainement de chasseurs de la R.A.F. qui desLe 2 septembre, une melee avec des «Hurri cendaient pour se poser face au vent d'est. cane » a la verticale de Gravesend donna enfin a Ewald donna I'ordre ases pilotes de se disposer I'Hauptmann Ewald I'occassion d'augmenter en file indienne comme s' ils etaient eux-memes son score. Un Hawker «Hurricane» derriere leen finale d'atterrissage. En leger pique, les quel il virait commit I'erreur de passer en mon chasseurs allemands deboucMrent sur Manstee. Une correction legere au palonnier suffit
pour amener le chasseur ennemi dans le cercle du collimateur, puis Ewald exerc;:a une pression sur le manche pour chercher la correction et declencha ses armes de bord. Une trainee de fumee grise devenant vite noire s'echappa du fuselage de I'Anglais qui passa sur le dos et descendit en flammes sur Gravesend. Wolfgang Ewald nous declara plus tard a propos des conditions d'operations sur l'Angleterre a I'a utomne 1940: «A I'ouest, il nous etait tres difficile de suivre une victime jusqu 'a I'ecrasement au sol. Les combats aeriens mettaient en presence sur la Manche ou le sud de l'Angleterre de tres forts dispositifs d'avions a haute altitude. Autour des bombardiers, tout etait confus et jl aurait ete suicidaire de tenter de suivre un avion touche en perdant une precieuse altitude. Notre mission etait avant toute autre chose la protection rapprochee de bombardiers Junkers, Dornier et Heinkel. Nous devions arreter ou detourner les chasseurs britanniques sans chercher a engager de combats singuliers et-Iast but not least- ma fonction de Gruppenkommandeur me rendait responsable de trente ou quarante pilotes sans grande experience que je devais rassembier et ramener a Coquelles avant la panne seche. Nous n'avions pas encore de reservoirs supplementaires. Au fil des semaines, ce scenario devint routine. 11 ne fallait pas quitter les bombardiers. Nous emportämes meme des bombes pour les lächer sur Londres, ordre du Haut-Commandement. Dans ces conditions, I'ailier qui me suivait fidelement ne servait plus, en cas de combat aerien, qu'a surveiller mes arrieres et a comptabiliser mes eventuelles victoires. Tout cela n'avait rien de commun avec les chasses libres que j'allais pratiquer plus tard sur le front Russe». Pendant les mois de septembre et octobre 1940, le I./JG 52 accomplit encore une trentaine de missions d'escorte. La derniere sortie du groupe pendant la bataille d'Angleterre eut lieu le 27 octobre, escorte du I./LG 2 sur Londres. Trois Messerschmitt ne rentrerent pas. D'autres Bf 109 du groupe decollerent en alerte pour proteger des hydravions de secours en mer, detruisant une vedette rapide et quatre appareils ang lais. Le bilan des combats contre la RAF. restait toutefois tres positif. Pour une perte totale de 26 pilotes tues, disparus ou prisonniers, le I./JG 52 avait abattu 72 avions anglais. En cette fin octobre 1940, le groupe saigne a blanc neposse dait plus que dix Messerschmitt et huit pilotes vali-
des. Ces vestiges furent retires des combats et transferes a Krefeld le 30 octobre. Wolfgang Ewald reorganisa debut novembre son .groupe, dont le potentiel ne tarda pas a remonter a 38 Messerschmitt 109 E. Le mois de decembre fut consacre aux exercices de vol de groupe et simulacres de combats. A partir du 27 decembre 1940, le I./JG 52 gagna sa nouvelle base d'operations, Katwijk. 11 s'agissait cette fois de couvrir la baie allemande et le territoire hollandais. Le 21 fevrier 1941 , le Stab et la 3. Staffel se deplac;:erent a VIissingen pendant que les 1. et 2. Staffel allaient s'etablir a Woensdrecht. Nouveau transfert le 27 avril 1941 du Stab et 1. Staffel a Westerland, de la 3. Staffel a Esbj erg et de la 2. Staffel a Groningen. Quelques missions sporadiques sur la Mer du Nord et le Sud de l'Ang leterre permirent de rem porter 12 victoires pour la perte de l'Uffz Fleischer (exercice) et du Feldwebel Struck, descendu le 24 avril sur le sud de l'Angleterre par un «S pitfire». Sur ordre du Reichmarschall Göring, I'Hau ptmann Ewald fut mute le 24 mai 1941 a l'Etat-Major du Jafü 2 (Generalleutnant Joachim-Friedrich Huth) au Touquet. Pendant un an, Ewald y assura la conduite radio des formations de chasseurs sur la Manche. Ce poste d'Etat-Major, pour interessant qu'il fut, n'en etait pas moins trop «statique». Sur sa demande, Wolfgang Ewald Retourna en unite
En haut, affecte au Stab.lJafü 2 au Touquet, I'Hauptmann Ewald dirige par radio les chasseurs allemands sur la Manche. A droite on reconnait le Oberst Huth, . Jagdfliegerführer 2 .. responsable des operations des chasseurs sur I'Angleterre en 1941-42. Ci-dessus: . discutage de coup" entre deux missions pendant I'ete 1942 au Stab./JG 3. De gauche 11 droite: Kommodore Major Günther Lützow,Hauptmann Wolfgang Ewald, Oberleutnant Heino Greisert.
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Alerte quinze minutes au Stab./JG 3. Woltgang Ewald tume le cigare en compagnie de l'Oberleutnant Greisert (8 gauche) et de l'Oberleutnant . Pitt " Merten. Ce dernier remportera 97 victoires pendant la seconde guerre mondiale et survivra au contlit.
Les as de la JG 3 pose nt en decembre 1942. Oe gauche 8 droite, inconnu, Major Ewald, Oberst Wilcke el Oberleutnant Dahl. Ces trois pilotes totaliseront 367 victoires en tin de carriere. Wilcke sera tue en combat par des «Mustang. pres de Schöppenstedt le 23 mars
1944.
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operationnelle en avri11942. Cette fois, on I'affecta au Stab.lJG 3 «Udet .. base sur le front russe pres de Charkow. Malgre la perte de son carnet de vollors de sa capture, il se souvient encor~ pre.ciseme,nt, de son sejour sur le front Est: «J al prrs part a I offensive de Charkow a Stalingrad . Sur ce front, les combats tournoyants etaient rares et je n'eus pratiquement jamais besoin de pousser mon 109 G jusqu 'aux limites de ses performances. En fait, il y avait a cette epoque tres. peu ~e pilotes sovietiques capables de s
En interrogeant les prisonniers, nous apprImes qu 'on leur avait assure .que les Alleman~,s venaient toujours du solei I. Sachant cela, J attaquais systematiquement par dessous, souyent en passe frontale. Des que I'un d'eux to~balt ~n flammes, je piquais plein mote~r et dlsparal~ sais en vol rasant... pour revemr quelq~es ml nutes plus tard en utilisant la meme tact.lque, et ce jusqu 'a I'eclatement de leur formation: Jamais un seul d'entre eux n'est parvenu a me reperer. Autre avantage de cette guerre presque confortable, je pouvais me livrer a mon vice favori c'est a dire furner le cigare en combattant. D ' u~e maniere generale, je refusais le combat a plus de 3000 metres car acette altitude r:non ·cigare s'eteignait sans cess.e. Je me souvl.ens particul ierement d' une sO~le de .chasse . lI.bre qui me rapporta trois victolres facl~es en JU.I~I~t 1942. Depuis deux semaines, les aVlons sovletlques avaient cesse de se manifester dans notre secteur. Notre Kommodore Günt her Lützow etait desespere par le spectacl,e d.e nos Mess~r schmitt cloues au sol faute d aVlons ennemls. L'Hauptmann «Fürst .. Wilcke et moi decidämes de faire monter des reservoirs supplementaires sous nos 109 et partimes a deux dans les liqnes russes. Apres trente minutes de vol, nous all Ions rebrousser chemin lorsque j'aper~us une formation de gros bimoteurs. Nous volions a 200 metres, les Russes environ a 800 m. Quelques secondes avant d'arriver aportee de tir, nous identifiämes ces avions comme etant des Li-2 (Douglas «Dakota .. construits sous licence). IIs avaient sorti leur train et effectuaient un large 360 degres en descente. Nous aper~umes I'aerodrome sur lequel ils allaient se poser. Les Sovietiques ne nous detecterent pas. Nous les avons tous abattus - je crois qu'ils etaient six en finale d'atterrissage. Cela ressemblait a un assassinat pur et simple. Nous eGmes juste assez de carburant pour rentrer .. . Fin juillet 1942, je fus nomme Kommandeur du III.IJG 3 «Udet .. a Nowi-Cholan. Je n'ai jamais cherche a accumuler les victoires. Mon role de Gruppenkommandeur etait a mes yeux de guider mon groupe sur I'ennemi et d'apprendre aux jeunes pilotes a se placer et tirer dans toutes les configurations du combat aerien. Je me souviens d' une dizaine de jours pendant I'automne 1942 pendant lesquels je ne remportai que 7 victoires, alors que mes ailiers qui n'avaient encore rien descendu totaliserent 17 victoires. Bien sur, j'ai toujours ete heureux de descendre un avion ennemi. Mais je n'ai jamais perdu un ailier en combat. Je devais coGte que coGte ramener au terrain ces jeunes qui suivaient aveuglement mes r:nanoeuvre~ e~ r:ne fais~i~nt confiance. Parfols, lorsque J arrivalS en position de tir, je reduis~is les ~?z e~ me. desaxa~t et donnais I'ordre a mon ailier d ouvrrr le feu a ma pi ace. Des qu'il avait remporte une ou ~eux victoires, je I'affectais a une Staffel et prenals en charge un autre novice. Ces. precaut.ions' n'avaient rien de superflu, car au fll des mOlS, la chasse sovietique devenait plus accrocheuse, les pilotes ennemis avaient acquis une certaine experience ... Le 13 septembre 1942, le III.IJG 3 fit mouvement sur Pitomnik, aerodrome de campagne au sud-ouest de Stalingrad. Au centre de ce terrain situe sur une immense etendue de steppe avait pousse un grand arbre a feuilles caduques, sur le tronc duquel on pouvait lire: «-Ne pas couper. Cet arbre est I' unique repere pour retrouver I'aerodrome ... Les jours qui suivirent furent consacres a la construction de huttes enterrees dont seul le toit depassait du sol. Le personnel du III.IJG 3 recupera le bois necessaire dans les maisons en ruine de Stalingrad . Les conditions de vie a Pitomnik, deja precaires a I'arrivee du groupe, se degraderent lors de I'encerclement de Stalin grad. En novembre, Pitomnik devint le seu l
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Messerschmitt 8f 109 G-3/R6 du Major Wolfgang Ewald, Kommandeur du III./JG 3 "Udet" pendant les premieres semaines de 1943. Les marques de fuselage sont celles d'un Kommodore, alors que Ewald n'etait que commandant de groupe (Gruppenkommandeur) ä cette epoque. 11 s'agit d'un des premiers 109 G-3 munis d'une cabine pressurisee en operations. Noter la largeur inhabituelle de la bande jaune de fuselage. Aucune marque de victoire ne figure sur la derive
Dessin de Georges Olivereau
aux troupes prises au piege ... quelques semaines plus tard, chaque 109 rentrant le soir a Obliwskaja et Morosowskaja-West ramenait dans le fuselage a la place du poste radio et des blindages dorsaux un mecanicien tire au sort, lui epargnant ainsi une captivite certaine. Wolfgang Ewald remporta sa 50eme victoire sur un Yak-9le 6 decembre 1942 etfut decore de la Ritterkreuz (Croix de Chevalier) le 9 decem bre. 11 partit en permission six jours plus tard. Lors de la prise de Pitomnik le 16 janvier 1943, l'Armee Rouge captura I'Hauptmann Munscheid et les quelques quarante mecaniciens du groupe qui n'avaient pas encore 13M evacues. Debut fevrier, le Major Ewald retrouva son , groupe a Makejewka. Le 20, le III./JG 3 fit mouvement sur Saporoshje-Sud, un terrain situe au Sud de Charkow non loin du Dniepr. La liste des victoires du Gruppenkommandeur continua a s'allonger regulierement. Le 20 avril1943 fut un jour particulierement faste pour ses pilotes qui revendiquerent34 appareils russes, un veritable record! Ewald descendit son 63eme adversaire le 6 mai au dessus de la Crimee. Quelques jours plus tard, il prit a Kertsch le commandement par interim de deux groupes de la celebre Jagdgeschwader 52 de l'Oberstleutnant Dietrich Hrabak, alors en conge exceptionnel. Avec le retour du beau temps, les missions d'escorte des Junkers 87 «Stuka» de la StG 2 sur la tete de pont de Kuban reprirent. Par ailleurs, Ewald accomplit avec son Stabscharm une vingtaine de sorties de chasse libre sur la Crimee et revendiqua fin juin sa 70eme victoire. De cette periode, il a surtout garde le souvenir d'un combat contre un pilote sovietique a ta fin du mois: «Nous etions seulement quatre 109,
En haut, en levrier 1943, le Major Ewald, Kommandeur du III./JG 3. Sur la deuxieme photo, on apen;;oit son cigare. Noter egalement I'insigne de la JG 3 sur le capot-moteur et les canons de 20 mm sous voilure. Ci-contre: le 6 mai 1943, Wollgang Ewald lete sa 63" victoire avec I'Hauptmann Kurt Brändle qui vient de remporter sa 132" victoire.
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grand aerodrome par lequel pouvait encore iHre ravitaillee la Vleme Armee allemande. Les pilotes du III./JG 3 effectuerent jusqu'a cinq sorties par jour sur Stalingrad . Le 22 novembre, le III./JG 3 man quant de pieces de rechange abandonna son personnel technique a Pitomnik. Les Messerschmitt gagnerent Obliwskaja. Tous les jours, un Schwarm d'alerte etait envoye pour operer a partir de la poche a Pitomnik dans des cond itions meteo souvent execrables. A I'aller, les chasseurs apportaient des vivres et medicaments destines
soit mon escadrille d'Etat-Major de la JG 52, en chasse libre sur les bords de la Mer Noire. Sou dain, se rapprochant a grande vitesse par le travers, apparut un Yak isole qui nous tira avec une belle correction de maniere tres precise. Nous commenr;:ames a tourner avec lui, en essayant de I'obliger a prendre de I'altitude. Rien n'y fit. 11 se jouait de nos manoeuvres et pilotait de far;:on prodigieuse. Toutes les figu res de vo ltige y passerent. Au bout de dix minutes, aucu n d'entre nous n'etait parvenu ase placer derriere
.. lui. Le Russe attaquait sans cesse. C'etait a I'evidence un grand pilote. Notre niveau de carburant baissant, je donnai alors I'ordre a I'Hauptmann Rall de tenter d'en finir avec ce Yak pendant que nous restions aux alentours pour I'empecher de fuir. Dans mon Schwarm, seul un pilote comme Günther Rall pouvait avoir sa chance face a un tel adversaire. Tournant un peu plus haut, nous assistämes alors EI un terrible duel de quinze minutes qui se termina a quelques metres de la surface de I'eau. Soudain, une trainee de fumee grise s'etira derriere le Russe. Rall avait enfin place une rafale. Le Yak percuta quelques secondes plus tard et rebondit sur la mer dans une serie de grandes gerbes. J'ai garde une grande admiration pour ce pilote qui m'aurait certainement abattu en combat singulier et qui est mort parce que I'Hauptmann Rall faisait ce jour- la partie de mon Schwarm. " Dans les derniers jours de juin 1943, Wolfgang Ewald reprit le commandement de son III./JG 3 base a "Uhu» (Hibou), un aerodrome de campagne pres du fleuve Donetz. Le 14 juillet 1943, iI decolla a I'aube de Seschowka a la tete d'une vingtaine de Messerschmitt 109 G-6 pour une chasse libre. C'etait sa derniere sortie sur le front russe car on I'avait informe la veille qu 'il allait prendre le commandement d'une escadre en Mediterranee (JG 77). C'est pour cette raison qu'il pilotait ce jour-la en uniforme de sortie, detail qui lui sauva certainement la vie. 11 Mait alors presque 4 h 30' lorsqu'un message radio signalant des 11-2 «Stormowik» au sud de Koursk lui fit inflechirsa route vers le nord. Dix minutes plus tard , Ewald aper~ut la formation sovietique volant vers I'ouest a contre-jour dans le soleillevant. Tirant une longue rafale avec une faible correction sur un "Stormovik» qui piquait, Wolfgang Ewald vit sa 77eme victime tomber en flammes. 11 observa simultanement la chute d'un 11-2 abattu par son ailier. 11 se pla~a quelques secondes plus tard derriere un autre 11-2 qu'il toucha au moment ou il survolait les lignes allemandes. La Flak se dechaina, manquant de peu le Russe mais touchant le 109 de Ewald. Plusieurs coups ebranlerent le moteur du Messerschmitt, dont I'habitacle fut envahi de fumee. Des flammes apparurent au niveau du palonnier et sous la planche d'instruments. Wolfgang Ewald se desangla en voyant ses bottes se herisser de grosses cloques dans les flammes. Ir largua sa verriere, retira son laringuophone et se dressa'sur son siege. Donnant un violent coup de pied dans le manche, il fut arrache de son avion a moins de cent met res du sol. Deux secondes plus tard , son parachute s'ouvrit et il toucha le sol a peine a cinquante metres des positions russes.1I vit au meme moment son Messerschmitt percuter dans une explosion eblouissante. Sa capture par les soldats russes fut immediate. Ses insignes de grade et sa Croix de Chevalier lui epargnerent une mort certaine. On I'interrogea brievement dans un abri souterrain avant de le charger dans une jeep sous bonne garde et de le conduire au Quartier-General du commandant des forces sovietiques du secteur, le general Watutin. Devant plusieurs officiers superieurs au cräne souvent rase, Ewald fut de nouveau questionne par I'aide de camp du general, qui parlait allemand. 11 ne declina que son identite et son grade. Fouillant dans un tiroir, I'officier sovietique en tira un dossier portant Son nom, dans lequel se trouvaient de nom breuses coupures de presse du " Hamburger Nachrichten» et "Das Reich" le mentionnant, ainsi que des extraits d'interrogatoires de ses pilotes des JG 3 et 52 qui avaient ete captures. Les Russes en sachant suffisamment sur son compte, Wolfgang Ewald se refusa a toute autre declaration et fut transfere dans un camp de prisonniers ou son calvaire commen~a . Pen-
En haut, ~ Anapa, le 6 mai 1943, le Major Ewald, cigare aux lilVres commente I'atterrissage d'un avion avec le Kommodore de la Jagdgeschwader 3, l'Oberstieutnant Woll-Dietrich Wilcke.
Juin 1943, le Major Ewald est le Kommodore par interim de la Jagdgeschwader 52 en Crimee.
Assis pres du telephone, Wollgang Ewald lu me son .eternel cigare en attendant I'ordre du decollage. 11 s'agit sans doute de I'une de ses dernieres photos, prises pendant I'ete 1943.
dant les six annees qui suivirent, il connut les blocs d'isolation des camps de prisonniers russes, subit plusieurs simulacres d'execution et des sevices en tous genres. A Jelabuga, il vit de nombreux pilotes succomber au froid, au man que d'hygiene et aux privations. Lorsqu 'iI f ut libere en decembre 1949, Wolfgang Ewald tenait a peine sur ses jambes et n'etait plus capable de monter un escalier de quinze marches par ses propres moyens ... Jean-Yvea LORANT AIR FAN I NOVEMBRE 19M I PAGE 13
La Ille Escadre d'helicopteres. La formation d' helicopteres de transport des forces aeriennes autrichiennes es responsables de I'edification des forces de combat aeriennes de I'armee federale avaient clairement, en 1975, reconnu I'importance grandissante de I'helicoptere pour des fins militaires. Depuis, les forces aeriennes peuvent s'appuyer sur un nombre relativement eleve d'helicopteres pour satisfaire aux exigences qui leur sont imposees. Les necessites militaires, les conditions geographiques et les missions de secours a mener en cas de catastrophes conduisirent tres tot a la mise en place d 'une unite d'helicopteres de transport.
L
La «1 ere escadrille d'helicopteres» Le 31 janvier 1956, le pere de la patrouille autrichienne d ' helicopteres, le lieutenant-colonel Gustav Hauck, plus tard general de brigade, effectua le vol Paris-I'Autriche sur le prem ier helicoptere de I'armee federale , un Bell 47 G2 . Le premier eleve que Hauck instruisit sur le Bell 47 , surnomme «Texas-Boy », fut le Capitaine Josef Stangl , devenu par la suite Colonel, qui avait deja acquis I'experience de I'helicoptere durant la 2eme Guerre Mondiale. Apres que d 'autres pilotes eurent ete formes, jusqu 'a I'ete 1957 (entretemps , tro is Agusta- Bell47 G2 avaient ete mis a leur disposition) I' «escadrille lege re d 'instruction sur helicoptere» fut , en juillet 57 , basee a Langenlebarn . Les essais effectues a I'escadrille d ' instruction demontrerent tres vite AIR FAN I NOVEMBRE 1984 I PAGE 14
la necessite d'equiper une unite de transport avec des helicopteres plus gros et plus puissants, si I'on voulait vraiment mett re a profit leurs capacites. En 1957-58, le choix d' un appareil adapte n'etait pas vaste; on se decida en faveur de dix Westland Whirlwird Mk-2 et ·seize Alouette 11 , qui leur furent en effet livres en I'espace de 7 ans . Apres un briefing theorique et une rapide transformation , les pilotes autrichiens firent voler quatre Whirlwind des mai 1958, de Yeovil a Hörsching. La livraison de 1"Alouette 11 commenr,;a egalement les memes annees (trois appareils arriverent en mars, trois autres en mai) et, acette occasion , les helicopteres pilotes par des hommes des forces de combat aeriennes, firent le trajet du Bourget jusqu 'en Autriche . La structure officielle de I' unite de transport fut constituee par la mise en place du «Groupe I d'helicopteres» sous le commandement du Lieutenant-Colonel Hauck a Langenlebarn - c'etait le 1er avril 1958. On incorpora au Groupe 1' «Escadrille d 'instruction sur helicopteres» et 1'« Escadrilie d ' helicopteres », nouvellement formee (Ie 1er juin 1958) autour du Cpt Stangl , a Hörsching . La 1ere escadrille d ' helicopteres, qui constituait la base de I'actuelle IIleme escadre d 'helicopteres, entra en possession de l'Alouette 11 et du S-55 et devint ainsi la premiere unite operationnelle des forces aeriennes de combat, alors vieilles de trois ans. En 1960, la «2eme escadrille d 'helicopteres », qui etait equipee de Bell H-13H offerts par les USA, rejoignit a Aigen le «Groupe I d ' helicopteres». Les taches principales de la 1ere Escadrille etaient le transport de soldats, d 'armement et de materiel ainsi que des missions de liaison . L' instruction specifique des pilotes d' helicopteres se deroulait a I'Unite,
En haut, un Bell-Agusta AB 212 appartenant au 1/HSG3 des Forces Aeriennes Autrichiennes en vol stationnaire au-dessus d 'une foret des Alpes tyroliennes. Above, an Agusta-built AB 21201 the 11HSG3 squadron 01 the Austrian Air Force pictured over a domestic lorest.
Ci-contre, aide par des mecaniciens au sol un AB 212 du 1/HSG3 s'apprete il emporter en sling une caisse de materiel. On note les tuyeres des deux turbines motrices ainsi qu e les couleurs tres crues des . teintes de camouflage . At right, assisted by
a pair
01 ground crews an AB 21 2 01 lIHSG3 is about to heave a load in cargo sling. Ci-contre en bas , I'un des derniers AB 204 encore en service au sein du 2/HSG3 est vu il Hörsching en septembre 1981. I (Photo! de I'auteur). Bottom right, one 01 th e very last AB 204 still in service with 21HSG3 is pictured here at Hörschin g in September 198 1.
apres qu ' ils avaient accompli leur formation de base a l'Escadrilie d' instruction sur helicopteres (AB 47) ou a la 2eme Escadrille, selon le cas. C'est acette epoque que commen<;:a aussi I'instruction de haute montagne sur Alouette 11 , appareil qui , en comparaison du H-13 utilise jusqu 'alors, representait un gros progres en matiere de chargement et de performances. Au debut des annees 1960, I'acquisition d'un nouvel Helicoptere de transport etait devenue d'actualite. Les 8-55 avaient un point faible : le moteur en double etoiles, de 14 cylindres, s'avera tres sensible. 11 y avait toute une serie de pannes de moteur, et ce n'est que gräce a la frequence des exercices sur voilures tournantes, en Autriche, qu 'il n'y a pas eu d'accidents graves. Westland proposa de changer le moteur des 8 -55 pour une turbine. Les essais engages, on constata que ce moyen revenait tres cher et I'on decida de tester concurremment deux formu les: le 8-55 avec turbine et le AB-204 B. En 1961 , on fit un vol comparatif a Zell-am -8ee, que le AB-204 B remporta clairement a son avantage. On decida alors I'achat de vingt-quatre helicopteres de ce type .
L'arrivee de l'AB-204 L 'Autriche etait, apres I'ltal ie, le prem ier cl ient aupres de la firme Agusta, ase decider pour la version sous licence du Bell UH -1B. En faisant le choix de l'AB-204 , on donna la preference aux helicopteres de transport de taille moyenne, mais les plus modernes qui soient au debut des annees 60; ce fut aux depens de concurrents anciens et simplement modifies. 11 remplissait les conditions requises: il avait assez de place pour changer un groupe d'infanterie a peu pres et il avait une capacite IFR mais qu'une turbine. L' utilite de vols en IFR sUr" helicopteres etait a I'epoque tres controversee r.nais leurs partisans (Ie colonel Hauck et certains plus jeunes offi-
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Ci-contre, les deux premiers Westland (S-55) Whirlwind des Forces Armees Autrichiennes vus en 1958. At left, the two first Westland Whirlwinds impressed into service in 1958 by the Austrian Air Force.
(Ie colonel Hauck et certains plus jeunes officiers, parmi lesquels le capitaine Gut jahr, plus tard Commandant d'Escadre) I'emporterent. L'equipement IFR consistait en un VOR/LOC et ADF, les neuf premiers helicopteres avaient encore une turbine Gnome de 1000 chevaux et un rotor principal de 15 m. IIs furent plus tard amenes, par transformation, au standard tech nique des autres appareils (1200 chevaux pour la turbine et 16 m pour le rotor). La livraison commenc;;a en mai 1963 par deux appareils et deux autres suivirent en automne. Ces quatre helicopteres cependant ne revinrent pas a Hörsching mais a l'Escadrille d'instruction sur helicoptere, ou les pilotes de la 1ere Escadrille etaient transformes par le Capitaine Gutjahr. La meme annee eut lieu le premier vol aux instruments et les essais purent etre effectues en meme temps a Noe11963. Le Colonel Hauck et le Capitaine Gutjahr durent, par des conditions atmospheriques epouvantables, mener a bien un vol de sauvetage en Yougoslavie, pour ramener en Autriche quatre blesses graves. L'annee 1964 vit les debuts d'une vaste operation, menee par la 1ere Escadrille aux Jeux Olympi ques d'hiver a Innsbrück. Pendant les Jeux, les quatre helicopteres AB -204 disponibles etaient prets a intervenir pour le transport, dans les lieux de competition des regions alpines, de materiel tel que des cameras de television sur les lignes de depart. Certaines Alouette 11 servi-
rent pour les vols VIP .e t les missions de sauvetage. En attendant, l'Escadrille qui avec les li vraisons des premiers AB -204, prit une taille considerable, Alouette 11, S-55 et AB -204 se trouvant en circulation dans une seule unite. Cela posait naturellement des problemes de commandement et de logistique: c'est pourquoi on coupa I'escadrille en deux le 1er Octobre 1964. La 1ere Escadrille d'Helicopteres, sous les ordres du Capitaine Hruschka, eut les Alouette II et I'Escadrilie du Capitaine Stangl, nouvellement constituee, prit le nom de «3eme Escadrille d'helicopteres» (en effet une «2eme Escadrille» existait deja depuis 1960 a Aigen); elle eut la charge des S-55 qui devaient etre mis au rebut et des AB-204 . Les S-55 furent officiellement retires du service a la fin de I'annee 1964, mais ils volerent encore jusqu 'a ce qu ' ils soient vendus, au milieu de I'annee 1965. L'importance considerable des helicopteres de transport pour la population civile fut prouvee par les services d 'assistance fournis par la 1ere et la 3eme Escadrille lors des crues catastrophiques dans les regions du Sud, en Corinthie et dans le Tyrol oriental. En septembre 1965, ainsi qu 'en aoOt et novembre 1966, des regions eloignees furent coupees du monde par des inondations et des glissements de terrain: les populations et les animaux durent etre ravitailles ou evacues par la voie des airs. Les AB-204 et les Alouette 11 furent en action sans desemparer au cours des trois
Une des premieres Alouette 11 du 1/HS-Staffel vu sur un terrain de montagne autrichien au debut des annees soixante. The French-built Alouette 1/ also found its way into the Austrian Air Force!
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catastrophes, pour transporter des sauveteurs et du materiel dans les regions isolees et pour sauver des flots, dans les pires conditions, 6100 personnes.
La 1ere Escadre / le 1er Regiment aerien Le 1er janvier 1966, dans le cadre d' une reorganisation de I'armee, le «Groupe I d'helicop teres " fut egalement redivi~e . De la 3eme Escadrille d'Helicopteres naquit la 1ere Escadre/1er Regiment aerien , dont I'etat-major etait base a Hörsching . Dans le 1er Regiment Aerien etaient regroupes tous les helicopteres et appareils legers a voilure fixe, y compris I'Escadre Jabo et les unites d'lnstruction. La 1ere Escadre consistait au debut en trois escadrilles. Apres la livraison d'autres 204 , on basa la 1ere Escadrille (1 /1/1) a Hörsching et la 2eme (2/1/1), formee de parties de l'Escadrille d'lnstruction sur heli copteres a Langenlebarn. La 1ere Escadrille d' helicopteres equipee d'Alouette 11 pris le nom de 1ere Escadrille/lleme Escadre/1er Regiment Ae rien (1/11/1) , bien qu 'a cette epoque la lIeme Escadre n 'existät pas . C'est pourquoi l'Unite resta officiellement sous les ordres de la lere Escadre. Ce n'est qu 'apres la mise en place de la lIeme Escadre, en 1967, aAigen, que la 1/11/1 vint se placer sous son commandement, tout en ~es tant a Hörsching jusqu 'en 1976. Entretemps Intervint aussi la livraison des 204 et ainsi prit fin
la phase transitoire de la lere «Escadre de transport sur helicopteres», I' unite volant alors, comme prevu, uniquement sur AB-204 B. Le 4D-BB tomba des 1966 et, en rem placement de cet appareil et d'un autre, casse lui aussi , on commanda deux helicopteres en supplement, de sorte qu 'Agusta livra en meme temps a l'Au triehe 26 AB-204. Les annees catastrophiques 65/66 avaient demontre que dans ces tempetes un helicoptere de transport lourd aurait ete d'un grand secours, parce qu'avec les moyens dont on disposait, on n'etait pas en mesure d'amener du materiel lourd et encombrant aux regions coupees du monde. Le gouvernement et les re gions deciderent a la suite de cela d'acheter des helicopteres adaptes; I'acquisition etait donc faite au depart en vue du sauvetage en cas de sinistre et non ades fins militaires. On posa comme exigence premiere que I'helicoptere devait pouvoir transporter du materiel lourd (par exemple des engins chenilles) pesant jusqu 'a six tonnes environ. Apres avoir essaye le Mi-8 , le Super-Frelon et le Sikorsky CH-53 , on passa commande de deux Sikorsky S-65Ö, qui furent livres en 1970 et incorpores a la 1ere Escadrille/1ere Escadre. La transformation se deroula sous la direction de pilotes de I' usine Sikorsky, a Hörsching, le Commandant d'Escadre Lt-CI Gut jahr ayant deja effectue auparavant sa transformation specifique aux USA. Les deux appareils disposaient d'un equipement IFR avec
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Un Agusta AB 204B du 1./1/1 vu en 1972 montre les codes blancs portes acette epoque. An Agusta -built Bell 204B of 1.1111 pictured sometime in 1972.
Une vue interessante d'un AB 204B du 1./1/1 vu a Hörsching lors de man oeuvres nationales. L'appareil a ete recouvert d 'un camouflage provisoire. An interesting shot of an AB 204B sporting a striking provisionallivery applied during national manoeuvres.
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Un S-6SÖ demontre ses capaciMs d'emport lors d 'une journee portes-ouvertes a . Hörsching. Le 5MB J 29 - Tonneau Volant .. eq uipait auparavant I'Escadre de Chasse de Hörsching avant d 'ätre remplace par le 5MB
10SÖ. A Sikorsky S-6SÖ exhibits its heavy litt capa city during an - Open Hause .. at Hörsching in the early eighties.
VOR/lLS, ADF, Decca, Doppler et un appareillage de lecture des cartes. Mais heureusement, ils n'eurent jamais a iHre utilises pour les objectifs reellement fixes a I'achat, c'est-a-dire I'aide aux sinistres. Sur le plan militaire, ils etaient des le debut tres controverses , car beaucoup de militaires auraient plus volontiers achete des helicopteres de transport de taille moyenne, ou bien un nombre plus grand de CH -53.
Aujourd 'hui: la IIle Escadre d'h elicopteres La reorganisation des forces aeriennes a partir de 1975 fit naitre une nouvelle situation. En 1977, la lere Escadre devint IIleme Escadre d'helicopteres, qui est maintenant sous le commandement du 3 e Regiment Aerien . Etant donne que lors de cette reorganisation on en treprit un rassemblement regional des unites volantes en trois regiments (Langenlebarn , Zeltureg, Hörsching), la 2° Escadrille, deja stationnee a Langenlebarn, dut etre cEldee a la lere Escadre basee au meme endroit (anciennement 111° Escadre) , Pour avoir a nouveau deux escadrilles dans I'escadre, on constitua pour les deux S-650 une nouvelle «2eme Escadrille ». En attendant, le AB-204 aussi etait reste au moins dix ans en service; il fallait trouver un modele pour lui succElder. Le cahier des charges indiquait qu'il fallait acquerir a nouveau un heli coptere de transport moyen, qui devait, en tenant compte de la question du coGt et des essais deja effectues, satisfaire aux besoins de I'armee pour des missions tant civiles que militaires. Cela signifiait une capacite de transport pour au moins un groupe d ' infanterie, y compris les armements; le transport exterieur de vehicules legers et de ce genre de materiel : une capacite de vol de nuit et de vol aux instruments : la secu rite de vol assuree par deux propulseurs ; et un AIR FAN I NOVEMBRE 1984 I PAGE 18
entretien correspondant a celui des appareils des forces aeriennes. Dans cette gamme reduite se proposerent, apres examen de tous les modeles susceptibles de convenir, le SA 330 Puma et le AB 212 , Les deux appareils furent soumis a un essai au 25eme bataillon de chasseurs, specialement formees aux operations aeroportees. En 1977, on se decida pour I'achat de vingt quatre AB -212 : I'argument preponderant fut d'abord la similitude de I'AB-212 et de I'AB-204 pour ce qui est du maniement et de I'entretien ; ce fut aussi le propulseur PT-6, qui est aussi utilise dans le Turbo-Porter; la turbine PT-6-T3 devait etre un nouveau pas de franchi dans I'integration de I'ensemble des propulseurs. L'armement des appareils fut fixe comme suit: VORI ILS, DME et transpondeur pour navigation IFR, crochets pour le transport exterieur, pour tous les appareils, trois treuils a cable par escadrille, amenagement pour trois brancards et films speciaux pour le materiel de lutte contre le feu. Durant I'ete 1979, le premier groupe de techni ciens fut envoye a I'usine de fabrication. Apres de nombreux essais, 40 pilotes commencerent leur transformation en mars 1980 a la firme Agusta . Ces pilotes d'helicopteres dirigerent ensuite la formation sur ce modele en Autriche. Le 3 mai 1980, eut lieu I'arrivee des deux premiers appareils a Hörsching. Apres leur prise en charge par les douanes et par les techniciens de I'armee on commenga deja la transformation quelques jours plus tard . Grace a la similitude de I'AB-312 avec l'AB-204, cela alla tres vite et des fin septembre tous les pilotes de la Ill e Escadre d'helicopteres en avaient fini avec leur instruction, tandis que les douze helicopteres prevus pour la 1ere Escadrille etaient livres. Jusqu 'a I'ete 1981, la seconde serie de douze helicopteres put aussi etre mise en service a la 1ere Escadrille de la lere Escadre d ' helicopteres. Les AB-204 de la 17e Escadrille/lere Escadre se rendirent en avril 1981 a la IIleme Escadre d ' helicopteres, a Hörsching, vu qu'ils devaient
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etre vendus en meme temps que les 204 stationnes 18. Les negociations avec les differents in teresses se poursuivirent jusqu 'au milieu de I'annee 1982, mais echouerent definitivement. Deux appareils seulement furent cEldes 8 des entreprises d'helicopteres privees. Dans I' intervalle, les AB -204 rendirent encore d 'excellents services; en mai 1981, en effet, les 2 Sikorsky S-65 furent vendus 8 I'armee de I'a ir israelienne. Cette transaction fut une grande surprise pour I'escadre mais elle etait devenue necessaire 8 cause du probleme des pieces detachees; en plus de cela, Israel offrait un bon prix pour des apparei ls vieux de 10 ans. Le 15 mai 1981 , les deux S-650 prirent la direction d ' lsrael, apres qu'on eut fa it quelques modifications necessaires au vol de livraison. De 1970 8 1981 , ils accomplirent 8 peu pres 1.200 heures par appareil aupres des forces aeriennes autrichiennes. La 2eme Escadr ill e, qui se retrouvait alors sans helicopteres, utilisa les AB -204, 8 cote des 212 de la 1ere Escadrille mis 8 sa disposition pour maintenir convenablement son activite. En octobre 82, le dernier appareil dut etre mis hors service car leur potentiel eta it expire. La 2eme Escadri ll e etait de ce fait menacee de dispari tion et on chercha donc une poss ibilite de sauver I'unite. Comme les 204 n'etaient pas encore 8 vendre et que d 'autres solutions au probleme ne pouvaient encore etre realisees, on decida de donner un nouveau souffle 8 un nombre de 204 encore indetermine 8 I'epoq ue. Un examen precis des 17 appareils remises 8 Hörsching, ainsi que le recensement de toutes les pieces detachees encore disponibles, eurent pour resultat que I'on put remettre en serv ice entre 9 et 12 appareils. II restait encore un probleme 8 resou dre: le systeme de regulation des tu rbines Gnome eta it hors service et I' usine de fabrication n'existait plus. Finalement, on envoya deux propulseurs 8 RolIs-Royces et la firme certifia, apres les examens et les tests appropries, le bon etat de marche des turbine!:j et de la regulation. Gräce 8 cela, il n'y avait plus aucun obstacle 8 la remise en etat de huit AB-204 (ce nombre avait ete fixe entretemps), les appareils restants devant servir 8 fournir des pieces de rechange. Le chantier aeronautique n° 3 et le personnel tech nique de la 2eme Escad rille commenyerent les travaux au printemps 83: on n'acheta que les apparei ls radio et les transpondeurs qui n 'etaient pas disponibles jusque-18. Au milieu du mois d'aoOt, le premier appareil revola, 4D-BW, et il entra en action tres peu de temps apres, lors d ' un exercice du 3eme Regiment Aerien. Dans le courant de I'annee 84 , la 2eme Escadrille de la Ille Escad re d ' helicopte res doit garder les huit 204 et assurer 8 nouveau leur disponibilite d'intervention.
IIleme Escadre d' helicopteres de sorte que tous les helicopteres de transport moyens seraient reunis en une seu le formation. Les täches de I'escadre sont: le transport aerien d 'e quipes, d'armement et de materiel ; le parachutage, cas particulier du transport aerien: les missions exceptionnelles, militaires aussi bien que civiles. Les principes de mission des forces aeriennes prev0ient le deploiement des he li copteres et des appareils legers 8 voilure fixe sur des aerod'rqmes de campagne ou les bataillons des bases aeriennes du 3eme Regiment assurent I'organi?at ion au sol et ou le service d'entretien des escadrilles veille 8 la mise en etat des machines. Depuis ces bases de campagne, I'Escadrille mene 8 bien les missions de transport qui necessite nt I'intervent ion de I'armee. Le transport et I'activite des bases de campagne sont regulierement assures par les unites volantes et les bataillons des bases aeriennes, 'et pour ce faire, une grande importance est accordee au bon etat et au camouflage des avions et des vehicules, en vue de se soustraire autant que possible aux vols de recon naissance et de combat. Une täche importante consiste, lors de la mobilisation de la mi li ce, en transport rapide d'equipes, d'armements et de munitions 8 destination d 'endroits difficilement accessibles par la route et de positions retirees qui so nt d' une importance particuliere pour le systeme de defense du territoire autrichien. Pour les operations aeroportees, le 25eme bataillon de chasseurs est specialement forme 8 Klagenfurt. Depuis 1973, cette unite est astreinte 8 une instruction reguliere, en collaborat ion avec lere Escadre d'he li copteres ou la IIle. C'est pourquoi les escadri ll es de transport parquent quelques helicopteres 8 une certaine
Organisation et Missions La 1ere Escadrille, et plus tard la 3eme, eta it commandee par le Capitaine (Colonel de reserve) Josef Stangl qu i avait dej8 vole en heli copteres au cours de la 2eme Guerre Mondiale. Lors de la mise en place de la lere Escadre en 1966, le Capitaine (Colonel) Fra nz Gut jahr assura le commandement. 11 resta commandant d 'escadre jusqu 'en 1980 et a effectue en tout plus de 5.500 heures de vol sur helicoptere. Son successeur fut le Lieutenant-Colonel Walter Hasel-Steiner, qui, apres une formation sur avion, en vint en 1963 au vol sur helicoptere et qui peut justifier de 3.500 heures de vol. Deux escadrilles aeriennes lui sont subordonnees avec chacune un atelier d'entretien ; 8 l'EtatMajor de I'escadre sont integres aussi un groupe technique et un groupe de simulateur de vol. La 1ere Escadrille/le Escadre d'helicopteres , appartenant en temps de paix 8 la le Escadre d'helicopteres, serait, en cas de menace mili taire ou meme d 'affrontement, subordonne 8 la
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En Autriche, les voilures tournantes mises en ceuvre par la Force Aerienne constituent I'un des moyens les plus eff icaces dont dispose le service de protection civile. lci un AB 212 du 1/HSG3 est ulilise pour transporter des bobines de cäble vers un refuge de montagne alpin . In Austria, the helicopters manned by the Austrian Air Force are the backbone of the governmental salvation and relief organisation. Here an AB 2 12 of 11HSG3 is about to lift a coil across an Alpine valley.
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distance de Klagenfurt. Mais en principe le personnel d'encadrement de tous les bataillons de chasseurs apprend les donnees de bases theoriques et pratiques des transports aeriens et des atterrissages. En temps de paix, il convient que les "betes de somme volantes » remplissent aussi toute une serie de täches civiles. Les deux sortes de travaux se partagent en " missions AIR FAN / NOVEMBRE 1984 / PAGE 19
En bas, les AB 204 du 2.1HSG3 sur leur base de Hörsching en seplembre 1981. Ci-dessous, briefing en plein air pour les piloles el mecaniciens du 1./HSG3 reunis devanl un AB 212 de I'escadron. Bottom, 2./HSG3 flightline at Hörsching in Septembre 1981 with the squadron's AB 204s. Be/ow, outdoors briefing for the pi/ots and mechanics of 1./HSG3 during a routine open field exercise.
d'interet general » et «services d 'assistance ». Comme «missions d'interet general » on compte les vols de reconnaissance des frontieres, les vols pour les ministeres, le transport de commission des avalanches , la formation aupres des pompiers , les missions aux Jeux Olympi ques et aux championnats du monde. L'an dernier, on experimenta aussi, pour la premiere fois, a titre d'exercice, la collaboration avec 1e commando special «Cobra» et son transport, commando qui avait ete mis en place pqr le ministere de l'lnterieur pour la lutte contre le terrorisme. La bonne reputation dont jouit ,au -
pres des gens, en Autriche, la formation d 'heli copteres militaires re pose en grande partie sur le fait que les appareils de I'armee federale ont rendu d'innombrables services d'assistance a la population civile. Comme nous venons de le dire, la 1ere et la 3eme escadrille d ' helicopteres (lere Escadre) ont sauve plus de 6.000 person nes, pendant I'inondation catastrophique de 65-66, en les evacuant de la zone dangereuse ; elles ont apporte plusieurs tonnes de materiel et de ravitaillement aux regions isolees. Oepuis, les soldats et les helicopteres de la 3eme Escadrille ont contribue en maintes occasions , a sauver ou a ravitailler hommes et betes. L'atten ti on a ete suscitee dans le public entre autres par le transport de bebes: des nouveaux-nes en danger de mort qui necessitaient d' urgence des soins speciaux furent achemines vers une clini que dans une couveuse transportable. Oe tels transports ne peuvent etre effectues, en raison de la taille de la couveuse, que par des AB -2 12. Pendant les week-ends , I'escadre tient pret a decoller, pour les cas d'urgence, un AB-212 (Ie Ministere de l'lnterieur, la protection civile et la 2eme Escadrille d'Helicopteres disposent de leur propre dispositif d 'intervention).
La formation des pilotes operationnels Les pilotes operationnels volent environ 130 heures par an . Pour arriver jusqu 'a ce stade, le chemin est long. Les jeunes gens pressentis pour etre pilotes d'helicopteres dans la 3eme Escadrille, qui ont effectue a Langenlebarn leur formation de base (a la 2eme Escadrille, 1° Escadre et sur AB-206 a) , ce qui represente a peu pres 80 heu res de vol, doivent d'abord obtenir les echelons suivants: formation specifique sur I'appareil, atterrissage en rase campagne, vol en formation , atterrissage en haute montagne, vol de basse altitude et enfin vol aux instru ments. Cela dure en tout trois ans pleins. Et il faut encore ajouter le vol avec des charges externes. Ce ne sont pas les echelons cites plus haut qui sont pris en compte dans la licence d'helicoptere. 11 s'agit d'une formation speciali see pour pilotes et techniciens de bord , ce qui est evidemment une necessite absolue pour les equipages d ' helicopteres de transport, afin de pouvoir repondre au profil general de mission de l'Escadre. Oepuis quelques temps, les pilotes qui doivent se recycler sur AB 212/204 effectuent encore sur AB-206 les instructions d'atterrissage en rase campagne et vol en formation. Avec le Jet Ranger, cela peut etre plus
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simple et avant tout meilleur marChEl. Ce n'est q u'alors qu 'a lieu la formation specifique sur AB-212 ou 204. L'echelon d 'atterrissage en haute montagne (I 'atterrissage en haute montagne est defini comme etant un atterrissage en montagne, au -dessus de la limite des arbres) est considerablement plus difficile a obtenir. La frequentation des deux parties du cours d 'atterrissage en haute montagne est organisee ainsi : 150 heures de vol et un examen portant sur la maitrise certaine des differents comportements d ' urgence. A cela s'ajoute un cours alpin en ete ou en hiver, qui "doit familiariser les pilotes d'helicopteres avec la conduite appro priee a la haute montagne (en particulier lors des atterrissages forces) et avec les conditions meteorologiques et les donnees du milieu (chutes de pression , avalanches) dans ces re gions. Pendant les deux parties de ces cours d 'atterrissage en haute montagne, les eleves doivent accomplir, sous la surveillance d 'un instructeur, 1000 atterrissages dans des endroits definis comme etant de haute montagne. Mais dans la pratique , la plupart effectuent plus de 2000 atterrissages. La condition pour obteni r
sa capacite en vol a basse altitude est de pouvoi r faire etat de 200 heu res de vol aux commandes ; dix exercices avec exactement quinze heures de vol (entre 5 et 20 m d 'altitude) sont prevus , et entre les periodes d 'exercice so nt necessaires des phases de mGrissement. L'etape finale est constituee par deux vols d ' lnspection supervi ses par le commandant d 'escadre.
L'un des tout derniers AB 204 des Forces Armees Autrichiennes vu en mai 1982 avant son retrait definitif du service. One of the last AB 204s to soldier on with the Austrian Air Force is pictured in May 1982 lifting off from a forest clearing .
Les berets rou ges Le beret rouge est le signe visible de I'appartenance au 25eme Bataillon de chasseurs. Le bataillon qui stationne a Klagenfurt appartient aux troupes d ' intervention (Ies troupes d ' intervention sont les «sapeurs-pompiers des crises », toujours prets a I'action, sans qu'on ait besoin de les mobiliser) et est affecte depuis 1973 aux operations aeroportees: il est le seul bataillon de chasseurs en Autriche forme specialement pou r cette tache. A cote de la formation de fan tassins normale pour les chasseurs et d 'une instruction tres intensive de haute montagne (ete comme hiver), les «Vingt-cinquiemes » forment des specialistes de I'atterrissage, en col-
Ci-contre, lors d 'un exercice en montagne, un AB 21 2 du 1./HSG3 depose des chasseurs alpins sur un terrain d 'altitude. At left, a platoon of «Jäger» helitransported 10 an Alpine site disembarks from an AB 2 12. Assault riffes can be seen next to the helicopter's skids .
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L 'AB 212 5D,HF du lIHSG3 s'Eiieve au-dessus d ' une D.Z. alpine lors d ' une sortie d' automne Hochfilzen en septembre 1983.
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50.HF, an AB 212 01 1IHSG3, lilts off Irom an improvised drop zone at Hochfilzen in September 1983. Page ci-contre, un AB 204B du 1/HSG3 utilise pour I'entrainement des jeunes pilotes est vu a Hörsching en juin 1976. Les helicopteres d 'entrainement ont leur queue peinte en orange anti-collision . Opposite page , upper, an AB 204B training machine 01 1IHSG3 seen at Hörsching in June 1976.
Ci-dessous , une volee d'helicopteres decolle d' une D.Z. improvisee lors d'un exercice avec les .. Berets Rouges .. du 25' bataillon de chasseurs alpins de I' armee de terre autrich ienne a Klagenfurt . Ces AB 212 appart iennent au 1/HSG3 . Below, a flock 01 AB 212s takes off lrom a O.Z. near Klagenlurt while on a training exercise with soldiers 01 the JgB 25 in June 1983.
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laboration avec les unites d 'helicopteres de transport. Dans une formation fondamentale d'atterrissage, les soldats apprennent le comportement a adopter dans un helicoptere et a proximite , les reflexes de securite en cas de besoin; ils enregistrent des indications sur les appareils , le chargement d'armes lourdes et de munitions: alors que dans la suite de la formation , c 'est I'accomplissement de la mission ordonnee, apres I'atterrissage, qui passe au premier plan. Avec une formation complementaire d'encadrement, cela signifie , a cote de divers exercices dans le cadre des troupes d'intervention , la collaboration la plus etroite, environ six semaines par an, avec la 1ere et la 3eme Esca-
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drille d 'helicopteres. Par ailleurs, les so ld ats qui contractent un engagement militaire plus long , suivent une formation de parachutistes. Cela sert avant tout a la format ion de cadres de parachutistes pour des tflches speciales , comme la reconnaissance et la protection de zo nes d 'atterrissages. Wollgang HAINZL (traduit de I'allemand par A. Gannier) L'auteur remercle le Commandant de 18 111 0 Elcadre d'hellcopteres, le Lleulenanl-Colon el Walter Hauilieiner el Io n elal-malor, aln l l que le I deux escadrlllel, 10U S les ordr81 du Capllalne SIeglIch el du Lleulenant Stern, pour leur loutlen el leur collaboratlon. 11 convlent aUlsl de remercler partlculh\remenl l e Commandanl du 3eme Reglmenl Aerlen, le Colonel Franz Gullahr, le Colonel de re u rve Joul Slangl, les Lleulenanll-Colonels Helnz Hrul chka el Olkar NIlseh, le 3eme Reglmenl Aerlen elle commandemenl de la Dlvilion Aer lenne.
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Un des gros porteurs Sikorsky S-650 du 21HSG3 a Langenlebarn en septembre 1980. En plus de leurs missions militaires ces machines accomplissent un nombre eleve de täches de service public. One 01 the Sikorsky S-650e heavy-lilters 01 the Langenlebarn-based 21HSG3 detachment pictured in Sept. 1980.
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LES AlLES FUANCAISES DE
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n creant durant I'annee 1983 I'association a but non lucratif «Les Ailes Fran9aises de la Chasse » membre de la federation «Ailes Anciennes », le tres connu aerophile et millionnaire Ro land Fra issinet a donne de reelles raiso ns d 'esperer aux fanatiques et amis de I'aeronautique fran9aise qui depuis plusieurs annees ava ient perdu tout espoir de voir naitre dans notre bel Hexago ne un mouvement de preservation d 'aeronefs sur le mode le de ce qu i existe d~puis deja fort longtemps dans les pays anglosaxo ns.
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A gauche. le Myslere IV A n0315 (ex -Armee de I"AIr) apparten anl aux Al les Fran<;alses de la Chasse vu sur la BA 115 d 'Orange le ler juillel1984. (JMG ). Ci-con l re , Roland Fraissinel (en lenue de vol) avec son mecano c ien Yves Portejoie discule avec les Generaux Burelei de Chassey (de dos 11 g.) el Mahlberg (11 d .). anc iens des Myslere IV el respecliveme nl Co mmandanl de la Defense Aerienne el Inspecleur Genera l de l'Armee de l'Air (J MG). Ci- desso u s, le Spilfire P.R.XI PL983 de la Shullieworth Colleclion rach ele ni cemmenl par R. Fraissinel esl vu sur la B A 102 de Dijon le 9 seplembre dernier.' (PB ). The Fren ch benevolent asso ciation - Les Ailes Frant;aises de la Chasse » (Fren ch Fighter Wings) now o wns two airc ralt of ,mportance In the modern history of the Armee de I'Air: the Mystflre IV A n 03 15 and the ex-Shuttleworth Collection Spitflfe P.R.XI PL983 ,G-PRXI. Largely sponsored by Roland Fra issinet , an ex- Free Fren c h fighter pilot and weil known sp ritely 60 year old milliona ire (pie tured in f/Ylng suit in the above right photo).
CHASSE par Jean-Michel Guhl
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Meme si la chose reste difficile a avaler pour les Franyais toujours si fiers de leur histoire, disons sans ambages que ce n'est certainement pas en France, durant ce siecle qui a vu I'essor de I'aeronautique mondiale, que I'effort maxi mal a ete fait en vue de preserver pour la posterite un maximum d'aeronefs significatifs en etat de vol. Paradoxalement, cette aptitude a preserver de beiles machines s'est bien concretisee dans le domaine automobile ou les co ll ection neurs franyais figurent dans le peloton de tete. C'est pourquoi I' initiative de Roland Fraissi net, ancien pilote des Forces Aeriennes Franyaises Libres et de l'Armee de l'Air, se doit d'etre rappelee aujourd ' hui a I'attention de tous. Preserver, preserver a tous prix en etat de vol des machines ayant marque I'histoire de nos ailes , seul un homme de la trempe et de la stature de Roland Fraissinet pouvait le faire en creant «Les Ailes Franyaises de la Chasse » dont le siege social est installe a Courchevel en Savoie et dont I'objet social presente dans les statuts est de: «Maintenir en etat de vol pour les presenter au public dans les manifestations aeriennes une collection d 'aeronefs choisis parmi ceux ayant le plus fortement marque I'Armee de I'Air, I'Aeronava le et I'Aviation Legere de I'Armee de Terre depuis I'origine de la Seconde Guerre Mondiale. Perpetuer dans les memoires et le coeur de tous les Fran9ais, le souvenir des principaux aeronefs militaires ayant iIIustre les ailes nationales depuis 1940, et des hommes qui les ont conduits, souvent au peril de leur vie, po ur la defense de notre pays».
Deux avions celebres Pour Roland Fraissinet tout a recommence par une histoire d'amour un jour de I'annee 1983 en Angleterre a Duxford: la redecouverte de son
de l'Armee de l'Air un chasseur Mys te re IV A, les derniers avions de ce type etant alors depuis quelques mois.retires du service actif et stockes a Chateaudun . Le 18 juillet 1983, par decision du Ministre de la Defense, M . Charles Hernu, Roland Fraissinet au x nom de I'association «Ailes Anciennes » se voyait confier pour une somme symbo lique le Mystere IV A n0315 afin que celui - ci puisse etre preserve et entretenu par la societe aeronautique de M. Fraissiriet (par ail leurs president du Secours Aerien Franyais) dans ses installations de Marseille - Marign ~lne . Le 28 novembre 1983, a Marignane justement, ce Mystere IV A etait remis au x «Ailes Franyaises de la Chasse », nouvellement creees, par le General Lauzeral, commandant la 4e Region Aerienne, en presence du maire de Marseille, des commandants de plusieurs bases aeriennes et esc;3.dres de chasse, du General Faivre, commandant les Eco les de l'Armee de l'Air (dernieres utilisatrices de I'avion) , de I'attache de I'air indien (as sur Mys te re IV Ade la guerre indo-pakistanaise de 1965) et de plusieurs pilotes d'essais celebres, dont Jean-Marie Saget des Avions Marcel Dassault. Acette occasion I'avion recevait officiellement le nom de bapteme de «Colo nel Rozanoff», prestigieux pilote d 'essais franyais mort en 1956 aux commandes du prototype du Mystere IV B.
Premieres sorties C'est au cours de I'annee 1984 qu'ont eu lieu les premieres presentations en vol du Mystere IV, la premiere a I'occasion du Rassemblement National des Reserves sur la BA 114 d'Aix-Les Milles, le 2 juin 1984, en presence du General, Capillon, Chef d'Etat-Major de l'Armee de l'Air. Le 17 juin, sur la BA 110 de Creil , le Mystere IV etait une nouvelle fois montre en vol devant
Un e tres belle silhouette qui redeviendra prochainement fa miliere dans le ciel de France gräce a la tenacite de Roland Fraissinet. Le Spitfire Mk.XI/G-PRXI des «Ailes Franyaises de la Chasse .. sera normalement presente lors de tous les meetings nationaux de la saison 1985. A beautiful silhouette soon to become more familiar to the French spotters and air show visitors. Roland Fraissinet's newly acquired Spitfire Mk.XI was first displayed in France at the Dijon . Open-House» on Sept. 9 last, but is due to appear, as of next Spring, during the whole of the «Open-Hause» season in France.
ancien avion d'armes, le Spitfire pour le nommer, celui sur lequel il volait quarante ans plus tot alors que pilote au W340 Squadron de la RAF, alias Groupe
un parterre d'anciens et d 'amis reunis, en presence du General Mahlberg. Inspecteur General de l'Armee de l'Air, pour le cinquantieme anniversaire du Cercle de Chasse de Paris. La premiere participation a une manifestation publique n'a eu lieu que le 24 juin suivant sur I'aeroport de Toulouse- Blagnac. C'etait a I'occasion du meeting international organise dans le cadre de la fondation de I'academ ie internationale de I'air et de I'espace dans une ville consideree aujourd ' hui comme la capitale aerospatiale de l' Europe. Le 1er juillet, sur la BA 115 d'Orange-Caritat (cf. AF n071) , en presence du Ministre de la Defense et du Chef d 'Etat- Major de l'Armee de l'Air, Roland Fraissinet effectuait une nouvelle presentation en vol du Mystere IV des «Ailes Franyaises de la Chasse » en levee de rideau a
I'unique spectacle ae ri en offert en Fran ce par la ce lebre patrouille acrobatique americaine des «Thunderbirds» sur F-16. Le 22 juillet suivant, a partir de I'aerodrome de Gre noble-Saint-Geoirs, c'est dans le ciel de Me ribel que le Myst(He IV etait une nouvelle fois p resente , cette fois-c i pour le plais ir des spectateurs reunis pour le meeting aerien local. Les «Ai les Franyaises de la Chasse » presentaient egalement ce jour-la un helicoptere SA 342 Ga zelle. Le mois d'aout allait voir, en terre anglaise, la re naissance du Spitfire sur lequel , I'annee precedente, Roland Fraissinet avait place une forte option d'achat. Entierement restaure et remis en etat de vol par la societe Trent Aero et le concours benevole du Battle of Britain Memoria l Flight, le «Spit» G-PRXI effectuait les 9, 10 et 11 aout ses premiers vols apres plusieurs annees d'immobilisation. Les 12 et 13 aout a Ouxfo rd , I'avion etait presente , en vol devant un pa rterre nombreux dont C. MitcheII, fils de I' in ge ni eur R. Mitchell concepteur du celebre chasseur SupermarineSpitfire, et de G. Quill qui fut, de 1937 a 1944 , le premier et le dernier pilote d'essai des quelque vingt versions differentes d u «Spit». L'apres-midi du 13, aucune des encheres fai tes chez Christie's pour le rachat du Spitfire P.R. Mk.X I G-PRXI n'ayant atteint I'option posee p realablement par Roland Fraissinet, les «Ailes Franyaises de la Chasse » devenaient finalement proprietaire de I'avion apres plus d' un an d'in ce rtitude. Les 18 et 19 aout, a partir de I'aerodrome de Geneve ou etait egalement stationnee la Patrouille de France et ses Alpha Jet, le Mystere IV effectuait a nouveau deux presentations en vol au meeting national d'Annemasse tandis que la Gazelle etait egalement exhibee au public venu t res nombreux. Le 9 septembre, sur la BA 102 de Oijon et par un temps execrable , le Spitfi[e XI et le Mystere IV A etaient pour la toute premiere fois presentes ensemble en public. Acette occasion des passes de tir furent effectuees par le «Spit» sur un Junkers 52 immatricule en Angleterre repeint aux couleurs de la Luftwaffe et dote d' une toure lle dorsale a partir de laquell e un mitrailleur t irait a blanc sur le G-PRXI. Les rafales etaient meme audibles du public en raison de la basse altitude a laquelle ces man oeuvres eta ient reali sees! Le 30 septembre, une derniere presentation en vol au meeting organise sur le terra i n varois de Cuers-Pierrefeu mettait un terme a une saison d 'activite assez importante des «Ailes Frany aises de la Chasse».
Un bilan positif 1984 aura ete pour les AFC I'annee des de b uts. Oebuts certes modestes si on les compare a ce qui se fait communement chaque saison Outre-Manche ou bien Outre-Atlantique , mais debuts 0 combien empreints d'espoir pour les amou reu x des vieux avions qui desesperaient de voir un jour en France voler des avions an cie ns a hautes performances. Oe I'avis meme de Roland Fraissinet, le Mys te re IV A n0315 a commence a remplir le role que les AFC lui avaient assigne , en depit des pro b lemes de navigation crees par son avionique actuelle (un seul VHF en tout et pour tout!) dont le cote rudimentaire necessite a chaque convoyage en IFR que I'avion soit accompagne par un autre avion areaction . A cet effet, d'ailleurs et en prevision de la saison 1985, il est prevu de proceder cet hiver a la revision gene ra le du Mystere IV ainsi qu'a I' installation d'un ense mble de radio -navigation mieux adapte au x ex igences de la circulation aerienne genera le.
Le Spitfire P.R. Mk.XI serial PL983 qui vient d 'etre mis en service par les AFC est dedie a la memoire du Commandant Rene Mouchotte, commandant du W341 Squadron de la RAF (alias Groupe «Alsace » des Forces Aeriennes Franyaises Libres) , mort en 1942 aux comman des d'un Spitfire Mk.IX. Par rapport au Mk.IX qui est une version de chasse pure du «Spit », leP.R. Mk.XI acquis cette annee par les AFC est une version de reconnaissance photographique derivee du «Mark Nine » avec tres peu de modifications . Entierement reconstruit aux frais des AFC, le «Spit » a ete rep eint dans ses couleurs d'origine - c 'est-a- dire en PRU Blue - et avec les cocardes de la RAF sous les couleurs desquelles tomberent ta nt de pilotes franyais libres entre 1942 et 1945 . Une Croi x de Lorraine rouge ce rclee de blanc, identiqu e a celles qui figuraient sur les «Spit» des G.C . «Alsace» et ,die de France » en 1942, ainsi que le nom du Commandant Mouchotte sont ega lement peints sur le cote du fuselage . Cet appareil presente une valeur historique emouvante car, contrairement a d'autres appareils du meme type remis en etat de vol depuis la guerre, il a effectivement realise en 1944 et 1945 de nombreuses mi ss ions sur l'Aliemagne au cours desquelles il fut, nou s a-t'o n indique, endomm age par la Flak . Et pour les projets d 'avenir? Roland Fraissinet ne s'en cache pas: il souhaiterait pouvoir obtenir de l'Armee de l'Ai r qu 'apres le retrait detinitif des derniers Mirage 111 C, I'un de ceux- ci soit preserve en etat de vol pour les «Ailes Franyaises de la Chasse ». Apres tout, le Mirage 111 n'est-i l pas le plus ce lebre des avions de combat moderne jamais construit en France?
Ci-dessus, Roland Fraissinet (il droite) prend possession du Spitfire P.R. Mk.X I/G-PRXI achete il la Shuttleworth Collection de Duxford pour le compte des uAii es Franc;;aises de la Chasse " . Roland Fraissinet (at right) getting ready to lea ve Du xford after having purchased the ex-Sh uttleworth Collection recce Spitfire Mk.XIIG-PRXI in la st August.
Jee n-M lch el GUHL AIR FAN I NOVEMBRE 1984 I PAGE 29
par Claudio Toselli
Le 15 0 Starma SAR de l'Aeronautica Militaire Italiana et ses helicapteres de secaurs : un arganisme militaire au service de taus . n temps de paix , l'Aeronautiqu e Militaire Italienne participe avec les autres forces et corps ar mes de l' Etat au x operations de rec herch e, de secours et de sauvetage de tous ceux qui se trouvent en danger immedi at pour ca use naturell e ou acc id entei le. Pour le compte de I'AMI , ces missions sont devolues au 15° Stormo dont les appareils sont identifiables au premier coup d'oeil grace au sigle S.A.R. d'audience internationale (forme des in itiales de «Search And Rescue »). Ces caracteristiq ues font du 15° Stormo un e unite particuliere et roitem ent inseree dans le contexte national. En alerte permanente, ell e est paree cl repondre dans les meilleurs dei ais cl qu iconqu e requiert son intervention. Carr iere singu li ere aussi qui distin~u e cette uni te des autres formations de I'AM I. Initi alement creee pour le bombardement diurne, ell e passe ra ensuite dans I'ap pui tactique avant de se special iser SAR. Ce dernier role lui permettra de g laner nombre des decorations qui decorent son drapeau.
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La naissance du SAR en Italie L'histoire du Secours Aerien est relativement recente. Son origine se situe en 1941, alors que de nombreuses m issions de guerre etaient menees par des avions terrestres peu adaptes cl I'amerrissage d 'ou la necessite de recupe rer les equ ipages, amis ou ennem is, tombes en mer. En fa it, I'avion sanita ire se trouvait cl I'etude au
terme de la Premiere guerre mondiale mais c'est au cours de la campagne d ' Ethiopie qu ' il fit ses debuts operationnels . Lorsque fut constitue le Service dans le cou rant de 1941 , les appare il s qui lui echurent ne possedaie nt pas de specifications propres cl la specialite . Pour les dist inguer, on les peignit en blanc avec de grandes croix rouges sur les ailes et le fuselage . L' utilite du Service ne fit que croTtre et malgre de frequentes rencontres avec la Royal Air Force, les incidents resterent quasi in existants. A I'e ncontre de beaucoup d'autres formations volantes, le Service de secours aerien ne connut pas d 'eclipse cl la fin de la guerre. Tant s'en faut. Ayant demontre son utilite, il chercha une efficience accrue par I'acquisition d 'aeronefs idoines, d 'equipements (sans omettre le systeme D) , et en s'organ isant sur le plan international. Le 14 avri l 1947, le Service de Recherches et de Secours employait une vingtaine de C.R .D.A. CANT. Z.506S (sanitaires) qui constituaient le nerf des unites SAR de I'AMI. Ces hydravions ne seront retires du service qu 'en 1960 avec I'arrivee des HU-16. En septemb re 1951 , quinze Piaggio P.136 vinrent renforcer le parc aerien du SAR . Different de la version commerciale par I'a llong ement du fuselage et des amenagements interieurs plus spartiates, le Piaggio P.136 ne se revelera jamais cl la hauteur du CANT Z .506S d 'o u sa relegation cl des missions d 'entrainem ent et d ' interventions rapprochees. 1953 ' marque I'avenement des voilures tournantes au sein du 15° Stormo: deu x Westland-
Page ci-cont re, I' helicoptere vedette des services de secu rit e-sauvetage (SARl italiens : l'Agusta-Sikorsky HH -3F Pe lican. Tous ces apparei ls affectes aux missions de secours au profit des organismes tant civi ls que militaires dans I'e nsemble de la Botte sont mis en oeuvre par les differents gruppi du 15° Stormo SAR de l'Aeronautica Militare Italiana dont I'etat-major est implante a Rome-Ciampino . Opposite c%ur page, standard helicopter 01 th e 15° Stormo SAR 01 the /ta/ian Air Force the Agusta-built HH-3F Pe/ican is presently in service lor sea rch and resc ue task s with the lour different grupp i 01 the 15° Stormo whose head-quarters are at Rome-Ciampin o and whose responsabi/ity extends to the who/e 01 the /ta/ian peninsula . Ci-desso us, un helicoptere Agusta-Bell AB- 204B du 15° Stormo SAR detache sur la base de Cameri-Novara pour assu rer la secu rit e sa uvetage aupres des F-104S du 53° Stormo C.B. I (Pholos de I' auleur~ Below, an Agusta-built AB-204B rescue helicopter 0 1 the 15° Storm o SAR detached at Gameri air base pictured on stand-by next to the Starlighters 01 th e 53° Sto rm o.
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Sikorsky WS-51 " Oragonfly» en version saniBenito d 'ou ell e mene une activite operationtaire pouvant emporter deux brancards arrimes nelle reduite pour se consacrer principa lement a parfa ire I'entraineme nt des pilotes. Le 11 deaux flancs de la cabine. En 1960 commence la livraison de douze Grumman HU-16 " Albatros » cembre, malgre une effici ence encore restre inte particulierement adaptes aux missions de separ un desastreux bombardement, le Stormo cours et dotes d ' une infrastructure radio et raest deploye d'urgence sur le terrain "Z 1" du dar performante, d ' un rayon d'action appreciafront af ri ca in. L'offensive terrestre des forces du ble et d'une bonne capac ite de charge. Un pre, Commonwealth est irres istible et contraint le curseur avait rejo int l'ltali e en mars 1958 quan1 iL 15° a suivre le reflux des troupes italiennes. Le ne restait plu s qu ' un e dizaine de CANT 506S 15 decembre, on levoita Sidi Magrum eta "T4" . operationnels. .. ' A partir de ces bases, les S.79 accomplissent de Aux HU -16 s'ajo uterent quelques Sikorsky nombreuses missions et le drapeau du 15° H-190 que supp lanteront ulte ri eureme nt des Stormo, le 3 avril 1937, recevra une medaille Agusta-Bell 47J-3. Ces machines se reve lerent d'argent de la Valeur Militai re. Au premier jan inad aptees pour les missions SAR en raison de vier 1941 , I'unite opere de Martuba. Suivant leur faible puissance. Avec le retrait des AB , toujours les fluctuat ion s du front, elle se retrouve a Sidi Magrum . Oebut fevrier, le Stormo 47J -3, I' unite fu t dotee peu apres d ' un autre quitte la Cyrena'ique pour Zuara puis s'etablit a helicoptere de pro duction nation ale: l'AgustaZavia. Rapatrie peu apres sur Vicenza, il s'y Bell AB .204B, exce ll ent par son propulseur et sa conf in e au perfect ionnement des pilotes au vol capacite de charge. de nuit, au tir et au largage de parachutistes. Ces diverses activites sont assurees par des bi Res ume histori que moteurs Caproni Ca.313. Le 8 mai 1942 , le 15° Stormo devient Stormo Sa creat ion remonte au 1er juin 1931 . A I'epoda Combattimento puis 15° Stormo Assalto. que, la denomination officielle eta it 15° Stormo Pour ce role de chasseurs-bombardiers, iI perAeroplani Bombardamento Diurno , correspongoit des biplans Fiat CR.42. Quittant Vicenza dant a la fonction du gros et rap ide monomoteur pour I'Afrique septentrionale, il entame un nou Fiat BR.3 qui I'eq uipait. Base a Ciampino, le veau cycle operationnel a partir du terrain " K1 " Stormo s'articulait en deux groupes: le 46° (20a de Bengasi pour I'etat-major et le 47° Gruppo et et 21a Squadriglie provenant du 13° Stormo Bu Amud devient le siege du 46° Gruppo. A parB.O) et le 47° (53a et 54a Squadriglie de formatie de ces terrains de campagne partent des tion recente) avec comme premier objectif sa missions contre les co lonnes blindees alliees participation aux manoeuvres aeriennes de cherchant a investir I'oasis de Gialo transforme I'ete. Le 10 octobre 1931, sa co nst itution devient en place forte et contre les unites navales de offi ciell e et le Stormo est transfere sur I'ae ro faible tonnage tentant de debarquer des sabodrome de Ferrara. Certaines de ses unites pri teurs sur le littoral tenu par I'Axe. rent part a la Journee de l'Air a Rome en mars E Le 5 fevrier 19431e Stormo reintegre Vicenza 1932 ; d'autres aux man oeuvres ae riennes esti pour y subir une reorganisation et recevoir des val es dans la province d'Ombrie et a un exercice Fiat G.50bis AS . Le 21 mai , le Stormo se pose en de protection aerienn e de la cap itale en sepSardaigne a I'exception des 20a et 53a Squadri tembre. En 1935 le 15° Stormo assure I' instrucglie depechees a Bocca di Falco d 'ou ell es partion de personn eis destines a l'Afrique oriental e ticiperont a la detense de la Sicile. Au mois et donn e naissa nce au 15° Stormo Bis qui prit d'aoGt, I'etat-major et quelques unites combatpart aux operations offensives de la campagne tantes rejoignent Florence pour participer a la d'Ethiopie sur des appareils bien plus modernes detense de la Toscane. Le potentiel aerien se que ceu x de I'unite mere : les trimoteurs SIAIcompose de bric et de broc et eng lobe meme Marchetti SM.81. plusieurs Oornier OO.217J. Les sort ies se pourEn septembre d e la meme annee, le Stormo suivent jusqu'au fatidique 8 septembre 1943, " metropolitain » demenage pour Montecelio ou date de la disso lu tion de I'unite . I'attendent des SM.81 en remplacement des antiques BR .3. En fevrier 1936, le 47° Gruppo re gagne temporairement Ciampino sud. Ourant L'actuel 15° Stormo SAR juin 1936, le 46° Gruppo est affecte a Castel Benito ou le rejoint le 47°. En septembre le L'organisation SAR de l'Aeronautica Militare Stormo s' initie au vol de nuit et participe a d'im Italiana est creee conformement a I'annexe 12 portantes man oeuvres aeriennes comprenant le de I'O.A.C.I. afferente a I'article 25 de la bombardement reel d' un fortin, brillamment Convention de Chicago de 1944 souscrite egaexecute devant les plus hautes autorites politi lement par l'ltalie. La clause prevoit que chaque ques et militaires de la nation . La periode d 'e nsignata ire s'engagera, dans la mesure du possi trainement fut rondement menee et le degre de ble, a fournir assistance atout aeronef en dan preparation, individuel comme collectif, se ger sur son territoire et dans la limite de ses concretisa lors de bombardem ents (fictifs) eaux territoriales. Et pour elargir sa vocation diurnes et nocturnes sur la Sicile en aoGt 1937 et humanitaire, l'ltali e sign a un accord avec la pendant les man oeuvres de mai 1938. France et l'Espagne stipulant la reciprocite du Grace a la polyvalen ce des SM.81 qui s'affirsecours dans le cadre d'interventions de grande merent aussi comme avions de transport, le 15° envergure pour lesquelles les moyens natioStormo assura I' importante tache de I'entrainaux seraient insuffisants. Des accords ultenement au saut des parachutistes libyens, prerieurs seront sign es avec la Grece, la Vle Flotte miere unite organique des troupes aeroportees US et 1'1'Ie de Malte concernant des operations des forces armees italiennes. En mai 1940 le SAR en Mediterranee centrale. Dans le contexte Stormo pen;:oit des S.79 avec lesq uels il rejoint national , le 15° Stormo peut effectuer des misTarhuna, aux confins tunisiens. Le 13 juin, il se sions humanitaires en collaboration avec l'Arporte a Benina sur le front de Cyrena'ique pui s mee de terre, la Marine, les Carabinieri, la Guaropere de Maraua des juillet. Le 15° Stormo acdia di Finanza, le CIRM (Centro Internaz ion ale complit des reconnaissances et des bombarRadio Medico), la CRI (Croce Rossa Italiana), le dements sur des objectifs terrestres et navals, CNSA (Corpo Nazionale Soccorso Alpino) , le particulierement sur Marsa Matruh et Sidi BarCAI (Club Alpino Italiano) et le Ministero della rani ainsi que jusqu 'a Alexandrie. En quelques Protezione Civile ; en fait, interventions en tous semaines, I' usure du materiel volant conseculi eux et cond itons requerant du personnel et tive au rythme des sorties et a un bombard edes eng ins hautement qualifi es pour sau ver des ment anglais sur Maraua necessite une revision vies humaines en peril, rechercher et sauver les rad icale des avions. eq uipages d'aeronefs ou d 'e mbarcations naLe 8 septembre 1940 I'unite regagne Castel vales en perd ition ou accidentes.
Le territo ire t ransa lpin se subdivise en deux SSR (Region i di Ricerca e Soccorso) a I' interieur desquelles les operations SAR sont coordonn ees, d irigees et contra lees par deux RCC (Centro di Coord inamento e Soccorso) et deux RSC (Sottocentro Coordinamento e Soccorso). Les deux RCC sont localises a Monte Venda et a Martin a Franca tandis que Roma-Ciampino et Cag li ari-E lmas se partagent les deux RSC. Les d irectives operat ion nell es et les procedures d 'inte rv ent ion pour I'ensemb le du Secours Aerien (RCC, RSC, unites SAR) emanent du commandement de la 2" Regrion aerienne qui cu mu le la fonction d'organisme central du SAR.
Actions prioritaires Recherches etJou sauvetages de naufrages et de navires en difficulte. Recherches etJou sauvetages de personneis militaire et civil egares ou en difficu lte dans des sites inaccessibles ou desertiques. Transports d'urgence sur des hapitaux de ma lades et de personnes victimes de graves traumatismes. Assistance et secours aux pop ul ations civ il es toucMes par des calamites.
Actions secondaires En outre, il existe une gamme d'activites qui bien q ue n'obeissant pas a la vocation du Sto rmo n'en sont pas moins familieres a ses eq uipages: Recuperation de cib les radio -commandees dans le secteur du polygone inter-armes de Sa lto di Quirra. Largage de parachutistes de I'AM I. Participat ion ades spectacles aeriens. Rec upe rat ion de stagiaires de cours de survi e. Tra nspo rt de VI P/IP. Part icipation a la lutte co ntre les in cendies. Lors de sa co nst itution en octobre 1965, le 15° Stormo comprenait deux Gruppi: les 84° et 85° avec leurs escadri ll es respectives: 140a, 287a et 142a, 288a sur Grumma n HU-16 et helicopteres AB-204B et AB-47J bases a.Ciampino plus ses deux detachements SAR, le 1° a Linate sur AB204B et le 3° a Grottaglie sur HU -16A et AB 204B . A la mise en service du nouvel helicoptere HH-3F et a la radiat ion de l'Albatros, une restructurat ion nouvell e du 15° permit de couvrir la tota lite du territo ire nat iona l dans un laps de temps ecourte. A I' heure actuell e, le Stormo se compose d'un Gruppo et de trois Ce ntri di Volo sur HH-3F et AB-204B: le 85° Gruppo base a Ciampino, le 82° Ce ntro a Trapani, le 83° Centro a Rim ini et le 84° a Brindis i. En co mp lement acette ordonnance , il existe six centres secondaires rattaches a I'etat-major du Stormo ou au commandement local des aerodromes de Camer i, Villafranca, Istrana, Grosseto et Amendola qui abritent ces ce ntres. Operant sur AB-204B , ils sont destines a recevoir sous peu des AB -212. Le centre seco ndaire de Decimomannu en compte deja quelq ues exemp laires qu i assurent les m iss ions SAR au prof it de I' un ite AWTI (A ir Weapons Traini ng In stall ation).
Le 83° Centro SAR et l'Agusta-Sikorsky HH-3F -Pelic an» Le 83° Gruppo Ricognizione Marittima Lon tana vit le jour a Augusta le 12 octobre 1925. Durant les annees anterieures au second conflit mondial , le Gruppo participa a de nombreux meetings et man oeuvres et remporta la coupe de Pinedo pour sa victo ire dans la croisiere en Mediterranee occ identale. A I'ouverture des hostilites , le 83° se specialisa dans la surveillance des forces navales adverses en Med iterranee centrale. Les archives relatives aux act ivites de I'unite en 1943 ont dispa ru mais il est reconstitue le 15 mai 1944 et partic ipe a la guerre de Liberation parmi les
forces italiennes co-belligerantes. Le 1er aoOt 1948, il devient une composante du commandement' du Secours Aeri en de Brin disi . Transfere le 15 juin 1950 sur I'aerodrome de Tarente , il est dissous le 1er janvier 1959 en tant que formation volante et prend la designation de Centro Coordinamento Soccorso. Le 30 octobre 1980, il est a nouveau reconstitue a Rimini en se mettant s'o us la tutelle operationne ll e et administrative d'u 15° Stormo et de pendant du 5° Stormo pour la logistique. Le 83° occupe actuellement'la zone sud-est de I'aeroport de Rimini-Miramare ;, il dispose d 'une villa abritant I'etat-major et les officiers, d'un hangar avec une aire de stationnement et des voies de roulement utilisees conjointement avec la 605a Squad riglia Coll egamenti du !5 0 Stormo. A partir du 1er octobre 1982, en consequ ence des reductions de personn el et des ca pacites operationnelles, le service d 'alarme de Rimini assure une capacite de reaction de trente minutes de 8h a 20h et de deu x heu res entre 20h et 8h. Plus tard, lorsque les huit equipages prevus seront disponibles et satisfaites les exigences technico-Iogistiques, un helicoptere d 'alerte aura un temps de reaction de trente minutes sur une periode de 24h tandis qu ' un second sera pret a decoller deux heu res plus tard . Dernier developpement de la serie reussie des S-61 , les Agusta-Sikorsky HH -3F constituent les engins les plus modernes en dotation au 15° Stormo SAR. Derive du S-61 R, le «Pelican » est celui qui correspond le mieux au surnom choisi par les US Coast Guards. Amphibie, il est capable d'affronter une houle de force 4 gräce aux ballonets de flottabi lite et en conservant sa propulsion pour maintenir la navigabilite. Sa porte laterale permet le largage d'une embarcation de sauvetage et la recuperation de naufrages a I'aide d'un treuil qu i peut sou lever des charges de 272 kg . Un second treuil interieur permet de charger ou de deposer par la rampe d 'acces des materiels precieux en zone eprouvee par une catastrophe naturelle: groupe electrogene , dispositif photo-electrique, hapital de campagne, caisses de vivres et de medicaments, tentes etc. La capacite de stockage de la soute equivaut a 2.926 m 3 . Des charges inferieures , ouvrab les a terre, en vol et sur I'eau afin de faci liter la manutention dans des cas extremes, peuvent completer I'ensemble. Avec un equipage de cinq hommes, le «Pe lican » transporte 26 passagers ou 15 allonges plus deux assistants ou encore 10 passagers assis et six brancards ou enfin, 3.600 kg de charge interne ou arrimee. Mais c'est surtout I'avion que qui fait du HH-3F un engin idoine de secours aerien et un veritable «systeme SAR ». TACAN , VOR et ILS lui assurent une capacite tous-temps; une centrale asservie au radar Doppler ou a une station VORI TACAN fournit au pilote la route et la distance a partir d'un point quelconque de reference , apres avoir ind ique toutes les coordonnees de la zone a ratisser, I'angle et I'amplitude du c ircuit de recherche evitant ainsi a I'equipage le risque de perdre sa position. Le «Pelican » emporte deux radars de navigation meteo avec la possibilite d'individualiser a une distance de 277 km tout objet de taille moyenne a la derive ; un troisieme radar de recherche a haute resolution repere a 37 km des objets de 2 a 3 m 2 . Pour la radio , il est equipe d ' un dispositif UHFI VHF/AM avec fonction de radio -assistance et de radiogoniometrie sur cinq bandes en UHF/ADF. Enfin, un systeme de projecteurs et de phares auxiliaires aident a la recherche nocturne. Ces amenagements presiderent au choix de I'AMI dans I'acquisition d'une machine conc;:ue pour le secours aerien au detriment de la modification d'un modele d 'Mlicoptere deja en service. L'arrivee des premiers HH -3F «Pelican » dans les rangs du 15° Stormo inaugura une ere nouvelle pour le Secours Aerien qui , plus que ~ AIR FAN I NOVEMBRE 1984 I PAGE 33
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jamais, devient apte EI sauver des vies humaines sans distinction d' uniforme ou de race dans les pires conditions. En tant que composante operationnell e du Stormo, le 83° Centro SAR s' insere parfaitem ent dans ce contexte . CLAUDIO TOSELLI (tradult de I'ltalien par J .-P. Glllet)
L'outore rlngrozla 11 5° Reparto Documentazione e ATT. Pro mozionali dello SMAM; iI Maggiore LU CCHI Coman danle 1"83' Cenlro S.A.R .; il Capita no BETTINI de11'83° Ce ntro S.A.R. e tutta il Personale per I'amicizia dimostrata e per la collabo razi one per la real iz zazione di questo servizio.
En haut, le 15° Stormo SAR met actuellement en oeuvre un e vingtaine de HH-3F dont les premiers exe mplaires sont entnis en service en 1977 . Ceu x-ci ont remplace comp letement en 1980 les derniers amphibies Grumman HU-16A Albatross rec;: us en 1960 (ci-dessus) . Th e 15° Stormo owns a fleet 0 1 20 HH-3Fs which have totally repla ced the early . HU- 16A amphibians used until the early 80s. AIR FAN I NOVEMBRE 1984 I PAGE 35
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Gayal /'abordage au Tonkin
Ci-en haut, les Chance Vought AU-1 Corsair des .. Corsaires u de la Flottille 14F sur le parkifl9 de Bach Ma'i au printemps 1954. I (ECPA). Above, the Chance Vougnt AU-1 attack Corsairs of Flottille 14F of the French Aeronava/e pictured at Bach Mai (Ton kin) in the spring of 1954.
ans la premiere partie de cet article, nous avons retrace la periode embryonnaire de la 14F aux Etats-Unis, sa formation en Tunisie, sa designation impromptue et son envoi express en Extreme-Orient .. . sans ses avions. A cette epoque, la guerre d' lndochine, apres huit ans de combats, est entree dans une phase decisive qui oppose les meilleurs elements du corps expeditionnaire a la quasi totalite du corps de bataille viet-minh que commande le general Giap. Le camp retranche de Dien Bien Phu, rebaptise curieusement G.O.N.O . (1) vit des moments des plus difficiles. Encerclee depuis fin decembre 1953, harcelee durant les deux mois suivants, la garnison a brutalement decouvert le 13 mars 1954 que la plupart des meilleures divisions viets etaient la , tout autour, sur les cretes qui enfermaient la vallee de Dien Bien Phu , doMes d'une artillerie terrestre et anti-aerienne admirablement camouflee. En deux nuits, deux points d'appui importants sont enleves par les Viets et, progressivement, ceux-ci vont investir le perimetre detensif en creusant durant la nuit un reseau tentaculaire tous azimuts entre les P.A. en s' approchant au plus pres des detenses de /' objectif qui devait etre attaque au cours des heures suivantes.
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Le 22 avril , lors de I'arrivee de la 14 F sur la base de Bach Mai , un des deux terrains d' Hanoi , I'autre etant Gia Lam, le sort du camp retranche parait irreversible. Les batteries viets pilonnent continuellement les positions frangaises , les parachutages de personnel et de ravitaillement sont fortement genes par la DCA dont la densite des tirs a deja provoque des pertes au parc aerien. En outre , I'impossibilite d'evacuer les blesses est I'un des problemes permanents les plus graves. AIR FAN I NOVEMBR E 1984 I PAGE 36
Le 22 avril , au debut de I'apres-midi , un SO30P «Bretagne» embarque a Tourane un echelon d'accompagnement de la 14F pour le transporter a Bach Ma"i OU, le lendemain , 16 Corsair doivent les rejoindre. Les mecaniciens ont tout mis «a raser le pont » et ainsi, 21 appareils so nt disponibles, portant la fameuse cocarde «a hamegon» (2). Le 23 avril au matin, les pilotes et mecaniciens de piste levent les yeux vers le ciel .. . un vrai ciel breton (3); les escargots allaient encore baisser au cours de l'Argus. Au Service Operations , on annonce QGO sur le Tonkin et particulierement sur Bach Mai. Le depart est remis, temps permettant, au debut de I'apres-midi et chacun de baguenauder en combinaison pres des avions de l'Armee de I'Air ou a cheminer lentement sur les parkings comme les peniches sur le canal du Nord. A midi , les pilotes ingurgitent rapidement un casse-croute et une biere au restaurant de I'escale OU, soudain, la porte s'ouvre sous la poussee d'un matelot: - Les pilotes aux avions .. . Decollage! Peu apres , les moteurs sont lances, du moins sur 13 appareils car 3 autres se montrent reti cents. 11 n'y a pas de temps a perdre et comme on a maintenant des avions, autant changer tout de suite , les trois pilotes delaissent les avions retractaires et grimpent a bord d'autres plus dociles. Quarante minutes plus tard, les avions ont decolle et se regroupent par patrouille . (1) G.O.N .O.: Groupe Operationn el du Nord-Ouest. (2) Cocard e a h a m e~o n : expression courante c hez les Pingouins pour desig ner la coca rd e frappee d'une ancre; Ping ouin designant un marin de I' aeron autique naval e;
(3) Ciel breton appelti ainsi de f a~o n nostalgique par les Bretons qui. une fois retou rnes au pays. par nostalgi e de I'lndoc hine parlai ent de eiel tonkinois en voya nt les masse s nuageuses. En rapp elant qu'en
Bretagne. iI ne pleut jamais; toute c hute d 'eau etan t baptisees ..g rai n .... .
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,Le ciel est quand meme envahi par les nuages et il faudra remonter en suivant la cöte . A Tourane , avec les equipes d 'entretien chargees de remettre les derniers appareils en etat , il y a 6 «Marines», un lieutenant et 5 mecaniciens, detaches aupres de la 14F comme conseillers techniques. Tout en ayant la carrure et de bonnes «gueules» de boxeur, ils sont sympathiques et cooperatifs ; il est evident qu 'ils sont aussi ecoeures que leurs homologues franyais en voyant en quel etat ont ete livres les AU-1 . Des la sortie de visite des derniers appareils , ils rejoindront la 14F Bach MaL En arrivant sur le delta du Tonkin, les autres AU- 1 prennent de I'altitude, une couche continue de nuages bas leur annonce clairement... q u' il faudra percer pour atterrir et, rien qu'en entendant ce qui se passe la radio , il y a du monde qui se bouscule au portillon. Tous les
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avions qui rentrent de Dien Bien Phu , sont souvent limite de carburant et, de ce fait, priori taires. Les renseignements echanges entre les pilotes de la 14F et le contröle sont tellement evidents de clarte que chacun perce au hasard et suivant son initiative dans la plus belle pagaie. Le moustachu Nicod emo se retro uve ainsi environ 500 pieds la verticale du pont Do um er, suivi de sa patrouille , puis de celle du Pacha, tandis que celles de Pioger et Vuillermoz descendent sur la pointe des pieds pour se degager de la crasse . Surprise brutale quand ils en sortent. Partis la meme altitude et au meme ni veau , I' un droite, I'autre gauche , ils realisent qu ' ils ont fröle la catastrophe et se demandent comment ils ont pu eviter la collision . La base de Bach Mai est commandee par un colonel que I'on surnomme «Dede la peinture »;
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La base aeri enn e de Bach Ma"! photographiee par un Grumman FBF-1 Bearcat de l'Armee de l'Air le 25 mai 1954. On distingue au premier plan des Morane MS 500 Criquet. I (EROM 80). Bach Ma i air base as pictured by an overflying re cce Bearcat of the French Air Force in Ma y 1954.
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il est efffcace et jusqu'ici sa base n'a pas ete Bach MaL Les armuriers, manquant de materiel , attaquee par des commandos viEHs. C'.est une rodent dens la base en quete de chariots a bombes, puis de bombes elles-memes, de caisses a veritable ruche operationnelle, les avions s'entassent sur des parkings qui en semblent etrimunitions, d'outillage, etc ... 11 ne leur faut guere ques; partout des barbeles, miradors, factionde temps pour s'approvisionner du necessaire, au detriment, naturellement, d'autres services. naires, rondes, etc ... Un eventail aeronautique: Le 25 avril au matin, Nicodemo decolle avec Bearcat, NC 701 «Siebei», Beaver, Dakota des G.T., cribles de trous, Helldiver de la 3F. De, Thomas, Saint-Quentin et Ruytinx pour une partout cela vole, roule, decolle et atterrit.. . c'est . mission sur Dich Son, a I'est de Hai Dong. L'obla guerre. jectif, malgre le manque de precision, du a plafond relativement bas, est neanmoins detruit a A la tombee de la nuit, des hommes grees tle 70%. Au debut de I'apres-midi, Menettrier, le parachutes, harnaches, equipes, embarquenta «Pacha» emmene une patrouille comprenant le bord de C-47 dont le dessous a ete grossieregrand Arnal, Lanteaume, un bon vivant et Vuilment repeint en noir, afin d'etre moins facilelermoz, en direction de la Haute Region ou la ment reperable par les servants de la DCA, car ces hommes sont des volontaires, souvent du ,.14F penetre pour la premiere fois. L'indicatif «premier saut», qui vont sauter sur Dien Bien radio de la flottille est «Gayal» (4); encore inPhu, faible renfort dont on attend beaucoup ... connu jusqu'ici, il envahira bientot les ondes. La c'est la guerre. patrouille doit traiter une coupure de route baptisee «Robinson 8», situee au nord de Gia Phu. Des le depart, les avions sont obliges de grimper Les Corsair entrent dans la danse a travers la brume seche et ils emergent a 6.000 Les premiers jours sont consacres a I' instalpieds, voyant arriver vers eux deux Helldiver de lation du personnei; les officiers dans des hotels la 3F au retour de Dien Bien Phu; les avions se requisitionnes, les officiers-mariniers et I'equicroisent de tres pres. Une trouee a proximite de page, dans des baraquements, et a I'amenageI'objectif permet d'effectuer la mission. Les ment des aires de travail. bombes instantanees de 500 livres tombent Une fois loges, les pilotes sont convoques a peut-etre sans aucune precision, mais lorsque I'etat-major des Forces Terrestres du Nord Vietles avions quittent la zone, la route accuse deux nam (F.T.N.V.) ou des officiers de renseignecoupures importantes. ments leur font un expose sur les operations en Le lendemain matin, le crachin regne sur le cours. En conclusion, il n'y a pas de quoi etre Delta et la 14F que I'on juge insuffisamment optimiste. La situation de Dien Bien Phu se deprete, ne reyoit pas de mission. C'est a ce mograde de plus en plus, le camp retranche vit ment que le second detachement, parti par Glovraisemblablement ses derniers jours, quant bemaster, arrive le 23 a Tan Son Nhut, doit deaux operations menees dans le Delta ou sur les barquer a la base. 11 est temps, car les effectifs Hauts Plateaux d'Annam, elles ne se revelent presents sont debordes de travail avec tous les guere favorables a nos armes. ennuis que les AU-1 leur causent. . Du cote des hangars, toutes les equipes de mecaniciens s'activent a retaper les AU-1 qui ont ete eprouves lors du voyage de Tourane a (4) Gayal : nem d·un beeu! de rinde semi-demestique.
Transferes de Tan Son Nhut a Tourane par le meme Globemaster, les 57 hommes que commande Delorme ont embarque a bord du paquebot Gascogne qui doit les amener a Ha'lphong, avec les dernieres equipes restees a Tourane. Le Gascogne accoste le 28 avril a Ha'iphong . Les mecaniciens sont aussitöt separes des aut res et envoyes a Cat Bi ou les attend un C-47 qui les transporter rapidement a Bach Ma'l; le reste du detachement ralliera par convoi routier. C'est au cours de cette liaison, en faisant une halte a Hai Duong, que se produit un incident dramatique. Le premier-maitre mecanicien Di losquer, en embarquant dans son camion , fait tomber sa mitraillette Sten; un seul coup part, t uant net I'officier-marinier. Combien triste sera I'arrivee a Bach MaL Montpellier, maintenant retabli , et Vuillermoz descendu a Tourane par un avion civil , ramenent de'ux AU-1 a Bach MaL Le 28 avril, le temps s'est redresse . Le «Pacha» decolle avec trois autres appareils, ainsi que Pioger, egalement a quatre, pour traiter les points sensibles, charges de 4 x 500 livres; aujourd'hui ce sont «Corinne» et «Colette» qui vont subir des coupures. Le 29 avril , 10 Corsair doivent participer avec des B-26, des SB2C-5 a I'operation «Surcouf» dont le but est d'ecraser le regiment V.M. 45 qui a deja ete serieusement eprouve 6 mois auparavant. Actuellement, il semble stationne, d'apres les renseignements, a Mau Lam, dans le nordouest de Vinh. L' inconvenient reside dans le fait que cette operation est prevue et remise depuis trois jours et que les Viets ont facilement la bougeotte. Les AU-1 decollent avec 4 x 500 livres et un belly tank, sous les ordres de Menett rier. Le village, apres le passage des differentes patrouilles, est litteralement rase ; le tout est de savoir si les bo do'ls etaient encore la.
L'apres-midi, le commandant repart avec Peroz, Lanreaume et Langevin effectuer une mission en Haute-Region dont «Robinson 10» aura les honneurs; elle est a 4 km au sud-est de Son La. Les appareils emportent 1 x 1000, 2 x 500 et 4 x 200; le bombardement termine , les appareils ont ete prevus pour une mission assaut-reconnaissance (MAR.) sur la Route Principale41 (R.P.41) jusqu '.a Tlfan Giao ou les Viets ont installe leurs plus importants depots de materiel, d'armement; de vivres, etc ... en provenance de Chine. Un bombardement sans histoire .. . la MAR commenye. La patrouille survole de beaux paysag es verdoyants, des pitons calcaires herisses, des cours d'eau sinueux et tran-quilles ... la reverie est brutalement interrompue par des flocons noirs et des eclatements; les servants de la D.C.A. de Mercure saluent a leur fayon les pilotes de «Gayal », qui prennent instantanement de J'altitude. Sur un coup de colere, ils piquent a suivre et effectuent deux passes de straffing. Cette prestation guerriere terminee, la patrouille ren tre a Bach Ma'i en passant par Cho Bo, ou le «Pacha» arrose en passant le bac qui relie, a cet endroit, les deux bords de la riviere Noire. Montpell ier, a peine arrive de Tourane, redecolle avec Mann ; sa future victime est «David », au nord du Delta (XJ 252-745).
«Gayal» sur «Castor» 30 avril 1954. La Legion Etrangere commemore Camerone, meme a Dien Bien Phu . A la 14F, une vingtaine de sorties sont prevues au tableau des vols, temps et moteur permettant. D'abord Nicodemo et Petitfour, envoyes en appui d'une operation de l'Armee de Terre contre le village de Trung Mau, sur le canal des Rapides, a 13 km d'Hanoi. Ensuite, Montpellier part a
Devin ez ou est I'objectif? Typique des condition s operationn ell es du th M tre indochinois, les mi ssion s de coupure de route etai ent repetitives et presque sans effets sur I'acheminem ent des renforts c ommunistes. lci: Mercure en VJ 170-370.. . I (ER OM 80).
A typical targ et lor th e Corsa irs 01 14F: ro ad cutting and straling . Th e Ho Chi Minh trai! was in th e making ... lor same lang years 01 use.
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6 appareils, bombarder «Corinne » que les Viets ont rouvert EI la circulation depuis deux jours. Une heure apres, elle est de nouveau coupee . U n peu plus tard, Menettrier, Pioger, de SaintQuentin et Caneau decollent et mette nt le cap EI I'ouest; la premiere mission de la 14F sur Dien Bien Phu . Une heure apres , Saint-Quentin est de retour, il a eu des ennuis de circuit d 'essence et n'a pas reussi EI passer sur belly-tank ; Toricelli (5) lui a donne un objectif de degagement pour larguer ses bombes, Quant au x trois au tres, ils ont assure leur mission en bombardant un objectif designe, une batterie d'artillerie placee EI une dizaine de km dans I'est du PA central. Resultats non observes. Surprise des pilotes en s'entendant appeler EI la radio par le lieu tenant de vaisseau Klotz , pilote de la 11 F, abattu le 23 avril par la D.CA et recupere en force , EI la barbe des Viets par la 10e compagnie du 111/13 DBLE du capitaine Philippe ; en attendant des jours meilleurs, iI est adjoint au commandant Gu erin au P.C.I.A. , indicatif «Torri Rouge " .
1er mai. La meteo est mauvaise; QGO sur la «cuvette " ou le «bidet " comme I'appellent les aviateurs, si ce n'est que cela convient parfai tement avec le G.O.N.O. Vers midi , Montpellier entraine une patrouille sur la route de I'ouest ; bombardement de batteries d'artillerie. En attendant, il faut grimper EI 12.000 pieds EI cause des «cunimbes". En arrivant au dessus de la vallee de Dien Bien Phu , une trouee dans les nuages leur permet de se reperer; on arrive EI distinguer le reduit central, la riviere Nam Youn et des centaines, des milliers, peut-etre, de corolles multicolores; les parachutes de personnel et de materiel qui n'ont pas ete ramasses. Bombardement d 'objectifs au nord du camp retranche et retour dans les nuages, avec I'accompagnement des flocons noirs de la D.C.A. Lanteaume , qui a amorce sa ressource, räle EI la radio ; son appareil «rame » lamentablement. II (5) Torieell i: Indieati! du GATae Nord
a Hano'i.
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n'est pas sür de pouvoir remonter cl 12.000 pieds. Une voix railleuse dit cl la radio: - Ton moteur n'a rien cl voir ... tu as encore t outes tes bombes accrochees .. . II lui faut trouver un objectif de degagement sur le retour. 11 ya un avoir cl regler avec «Mercure» . II passe cl I'attaque ... perpendiculairement cl la route et, s'aperyevant qu ' il a oublie d' allumer son collimateur ... trop tard, il largue au juge et... place ses deux grosses bombes sur la route. Les autres en ont le souffle coupe . En fin d'apres-midi, Nicodemo part cl son tour. Une patrouille de 6 AU -1 a ete envoyee pour re gler le sort de «Colette», re.cemment reparee. Les «cantonniers» viiHs peuvent recommencer cl boucher les crateres. 2 mai 1954. Pour les diverses corvees de bombes et autres manutentions, la 14F s'est fait affecter des tirailleurs marocains et algeriens, des malades ou des blesses en fin de convalescence. IIs so nt plein de bonne volonte et ne pensent qu'cl une chose: devenir des «specialistes». En attendant, ils estiment appartenir pleinement cl la 14F. Un Bearcat, gravement touche par un obus de 37 mm, se presente au dessus de Bach MaL 11 est visible qu ' il est en difficulte. Les tirailleurs ont cesse le travail pour observer les manoeuvres du pilote. Soudain , le sergent donne un ordre en arabe; tout le monde reprend le travail. Intrigue,
Menettrier qui avait remarque la scene , demande cl un des tirailleurs: - Qu 'est-ce-qu'il vous a dit le sergent? - Que I'avion n'etait pas de la 14F. I)ue ce soit cl l'Armee de l'Air, aux autres flottilles de l'Aeronavale, hormis la 14F qui n'a pas encore eu cl la subir de trop pres, I'art illeri e viiH, surtout les 37 et 20 mm, provoquent des degats sensibles et meme des pertes. L'enseigne de vaisseau Patris, garyon sympathique, calme et discret, pense pouvoir donner quelques conseils cl ses collegues. Pendant la Deuxieme Guerre mondiale, comme Alsacien , il a ete in corpore de force dans la Luftwaffe et a servi cl la Flak comme servant d 'une batterie de D.C.A. , sous les bombardements de P-47 , de P-38 et combien d 'autres appareils allies. Comme ti reur, il se souvenait que malgre les appareils qui bombardaient , ils avaient la discipline d'atten dre le dernier sur lequel convergeaient les tirs croises; ce qui ne donnait guere de chance cl I'avion. On pouvait inverser la manoeuvre et les avions attaquer en passes croisees. Maintenant, le rythme est pris cl la 14F et les missions sur Dien Bien Phu se succedent ; attaques cl la bombe , cl la roquette , au canon de 20 mm contre les batteries de D.C.A., en protection des C-119 «Flying Boxcar ». D'apres «Torri Rouge », Nicodemo et Berger ont une batterie de 37 cl leur actif.
En haut, a gauche, deu x d.es principaux acteurs du drame de Dien Bien Phu: le General Cogny (a droite), commandant des FTNV, et le Colone l de Cast ries, commandant le camp retranche (ECPA). Autre acteur, ci-dessus, le L.V. Menettrier, «pacha " de la l4F, ici photographie fatigue et soucieux aux commandes d'un AU - l. 1 (via R , B,~ Above, lelt, Colonel de Castries and General Cogny, two 01 the main commanders during the Dien Bien Phu dramatic lightings against the Viet-Minh . Above, L. V. M(mettrier, CO 01 Flottille 14F.
En bas , les AU-l MaL I (ECPA~
a Bach
Belo w, the AU-ls 01 14F at Bach Mai.
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Page ci-contre, de haut en bas, l 'O.E.l Nicodemo de la 14F devant son AU-l sur lequel travaillent les mecanos. I (ECPA). Au centre, depart en mission depuis la salle «ops .. pour le «pacha .. (L.V. Menetlrier), I'aspirant Pioger, le L.V. Caneau et le S.M. Peroz. I (ECPA). En bas, chargement de bombes sur un AU-l de la 14F. I (via R,B.). Opposite page, operational scenes at Bach Mai with the personnel of Flottille 14F of the French A{uonavale. En bas, des bombes, des bombes et toujours des bombes... I (ECPA). Ground crews seen loading Heldivers and Corsairs with G.P. 500 Ib bombs.
Les AU-1 , comme les Hellcat de la 11 F et les de ses plans et lui coupe la parole. Tout le Helldiver de la 3F, sont tres sollicites et I'efficamonde grimpe pour se mettre hors de portee ; il cite des equipes de mecaniciens qui prennent y avait bien une douzaine d'armes automati jusqu 'a sur leur temps de repos pour «sortir» un ques. Quant au sort du «Criquet »... disparu en avion. Plusieurs fois on a vu un avion quitter le service commande. parking avec des mecaniciens cramponnes au 3 mai 1954. Le ciel est bouche sur Hano"l, sur plan, pour finir de fixer, de visser, et sauter juste Dien Bien Phu ... sur le Tonkin. Les pilotes pietiavant le decollage. nent d'impatience car ils savent que le general Une patrouille de 6 appareils s'engage sur" le de Cast ries, commandant le camp retranche, chemin de roulement pour faire un sort a '«Dademande des interventions aeriennes. Depuis le vid». Les incidents font partie du programme. debut du mois de mai, Giap a nettement relance Saint-Quentin ne parvient pas a decoller, LesI'offensive. Les photos aeriennes prises par les tourgie, son sectionnaire, ne grimpe pas pfus Bearcat de I' E.R.O.M . 80 et fournies aux pilotes haut que 300 pieds ; le moteur tousse lamentaparticipant aux parachutages ou a I'appui , blement. IIlargue ses bombes sur inerte et va au montrent chaque jour que la situation a encore «crash» droit devant, dans I'axe de la piste. In- ,. change au cours de la nuit precedente; les zoquiets, les autres pilotes tournent au dessus des nes tombees aux mains de I'ennemi sont delilieux jusqu'a I'arrivee des secours, puis s'elomitees en rouge et cette couleur a une facheuse gnent pour I'execution de leur mission . tendance a s'etendre sur la carte. De sont cote, Lestourgie , qui patauge lamen «Huguette » a perdu des positions, «Lily » et tablement dans la riziere , apen;:oit brusquement «Claudine » sont harcelees, des «Dominique », il des Vietnamiens en armes ... Des amis ou des ne reste que «Dominique 3» et lazone d'« Eliane Viets? Dans le doute, illes met en joue avec son Haut» a I'est de la Nam Youn est constamment Colt. Heureusement, ce sont des paras des attaquee. Les hommes, qui ne dorment plus deB.P.V.N. (6) venus pour le secourir; ils le ramepuis plusieurs jours, so nt epuises. En outre, les nent a la base. S'il ya un avion en moins a la 14F, vivres, les munitions tombent souvent sur les le patron de flottille ne s'en rejouit pas moins, positions adverses et il est tres difficile et dan car il peut «cannibaliser» I'epave et recuperer gereux de ramasser les colis tombes sur les P.A. a cause des salves d'artillerie. une masse de pieces de rechange. Au cours de I'apres-midi, Montpellier s'envole Une mission de recherche est confie ades Corsair, un Morane-500, que I'on appelle gea la tete d 'une patrouille de 6 avions pour aller neralement par son indicatif «Criquet », a ete «entretenir» la coupure «Narcisse», situee a porte disparu entre Phu Lang Tuong et la cou cote de Yen Bay sur la R.P. 13 bis. En arrivant sur .pure «David», endroit repute pour ses artilleurs les lieux, les pilotes voient une route serpentant viets. Les pilotes de «Gayal» se disposent en a flanc de falaise ; I'affaire est delicate. Les bomrateau et effectuent trois passes de reconnaisbes doivent tomber en plein dessus, car plus sances, de plus en plus bas , rien a signaler. Un e haut, elles feraient tomber seulement des ebou lis de terre et de pierres , faciles a deblayer par quatrieme passe est decidee, a 500 pieds , tran quille jusqu 'a ce que Lanteaume se fasse allu mer. Sur un ton rigolard , Patris commente (6) B.P.V.N.: Bataillon para ehutiste Vi et-n amien. I'evenement a la radio ... une salve eclate au ras
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les coolies et, placees plus bas, cela depend de la nature du sol comme de I'angle d 'attaque. Montpellier place un beau coup au but, les autres jouent au jeu de massacre sur une grande portion de route , avant et apres la coupure . Un resultat, somme toute , satisfaisant. Les «cantonniers» de Giap y passeront quelques jours avant de retablir la circulation, surtout si I'on envisage que des bombes a long retard ont ete larguees dans le lot. Sur le retour, on s'aperyoit que Pioger, sans le vo uloir, en a ramene une qui n'a pas voulu se de crocher. Impossible de retirer les fusees, ni de garder I'avion avec cette bombe aposte. Le «Pacha » decide de repartir avec I'avion et de larguer cette bombe sur un objectif indique par «Toricelli »; il revient , mission accomplie. La nuit precedente , a Dien Bien Phu , les Viets o nt mis en oeuvre un projecteur de D.C.A. installe sur I'ancien P.A. «Anne -Marie». 4 mai 1954. Comme les jours · precedents , le mauvais temps regne sur le Tonkin . Pas de vols prevus le matin. Les mecaniciens en profite nt pour se mettre a jouer et verifier les avions ayant vole les jours precedents. La , etancher les fuites d' huile ou d ' hydrolube, essais de moteurs au point fixe afin de stabiliser les magnetos pour qu'elles ne perdent pas plus de 100 tours. A Dien Bien Phu , 3 bataillons du regiment V.M. 36 et 1 du 88 ont attaque «Huguette 4» durant la nuit. A 3 h 45, ce PA etait enleve par les Viets. Les parachutages de personnel et de materiel continuent malgre tout. Les missions «Banjo », qui designent le parachutage des renforts en personnei, permettent de larguer 121 paras de la 3e compagnie du 1er B.P.C. du capitaine Pouget (7). Une contre-attaque est lancee par des legio nnaires des B.E.P. , sous les ordres du com mandant Guiraud , avec I'appui du dernier char en etat; elle echouera. Les lignes viet-minh sont maintenant a environ 500 mefres du P.C. central de Castries. 5 mai 1954. D'autres elements du 1er B.P.C. sont parachutes ; le colonel Langlais, chef operationnel du camp retranche , les envoie aussit6t en soutien d ' une compagnie du 11/1 R.C.P., sur «Eliane 4». Le Centre de Resistance sud , <
L' uniq ue silhou ette du Pont Doum er sur le Fl euve Ro ug e au no rd de Hano"! survolee par un Bearcat de l'Arme e de I'Air. Tous les pil otes I' utili saient co mm e po int de repere sur la route d u reto ur ve rs Gi a Lam, Bach Ma"! o u meme Cat Bi. I (ER OM 80), Th e very singular silh o uette of the Doumer bridge north of Han oi with an Arm ee de /'Air Grumman FBF-l Bea rca t flyin g by.
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6 mai 1954. Au cours de la nuit, les C-47 se presentent pour tenter de larguer le reliquat du 1er B.P.C. , mais I'intervention de la D.C.A. empeche de larguer plus de 94 hommes, Les Vi et s attaquent «Eliane 3 .. , mais ils sont repousses , Un Pac ket est gravement atteint au plan fi xe, il parvient EI rentrer EI la base. Un second , pilote par un grand pilote rouquin , figure des «Tigres Volants .. est touche par deu x obus de 37 mm; I'appareil degage par la trouee sud , mais il s'ecrase un peu plus tard EI 120 km de Dien Bi en Phu, EI proximite de Muong Guet. Deux pilotes americains sont tues, trois Fran 9ais, membres de I'equipage, seul un sousli eutenant para sera extrait, blesse , des debris et f ait pri sonnier. Les Dakota et Packett tentent de larguer du ravitaillem ent et des munitions, mais une partie t ombe sur les lignes ennemies. La 14 F envoie trois patrouilles , deux seulement debouch ent sur la cuvette ; ennuis moteur pour deux appareils. En debut de matinee, Saint-Quentin , Vuill ermo z, Petitfour et Thomas sont partis en C-47 pour Tourane ou ils doivent recuperer 4 AU -1 et les ramener EI Bach Ma"l. 7 mai 1954. Le perimetre defensif du camp
retranche? Ce qui en reste est depuis hier soir, soumis EI dure epreuve, car les Viets viennent de mettre en action les «Orgues de Staline .. , rampes mobiles de tubes lance- roquettes, montees en serie et capa bl es de tirer simultanement 12 torpilles. Les legionnaires qui avaient combattu en Russie se souviennent des terribles «Katioucha .. qui partaient avec des sifflements stridents, insupportables pour eclater sechement en boule de feu . La bataille de Dien Bien Phu se terminait pour la garnison , en apocalypse .. , Le calvaire continue .. . le sommet d' «Eliane 2 .. est pulverise par I'ex plosion d'une mine ; 2 ton nes de T.N ,T. ont explose. Elles avaient ete placees dans une galerie creusee sous la colline , comme le faisaient les combattants de la Grande Guerre. «Sonnes .. , enterres , blesses, les survivants voudraient pouvoir s'opposer EI I'assaut des Viets ; ils ne tiendront pas longtemps. Le P.A. «Eliane 2 •• disparait. Les transports n'en continuent pas moins leurs parachutages, mais 3 avions sur 5 sont atteints par la D.C.A. «Torri Rouge .. leur ordon ne QRF, d 'autant plus qu 'il est impossible de ramasser les colis . Les Corsair vont faire 16 sorties sur ce qui
re ste de camp retranche. D'abord , un bombardement sur «Eliane 10» qui vient de tomber. Montpell ier pique sur I'anc ien PA et se fait «allumer» aussitöt par la D.C.A., il est tellement secoue par les explosions au plus pres qu'il largue ses bombes et tire sur le manche pour se mettre hors de portee. Sartori prend la suite. Les artilleurs viets I'attendaient, car a peine a-t-il amorce le pique que les obus eclatent tout autour de lui. Une balle de 12,7 traverse la coque a ras du reservoir, fracasse le tableau de bord dont quelques eclats blessent Sartori a la main droite. 11 annonce a la radio et a la cantonnade qu'il est blesse. Illargue ses bombes et degage. Au debut de I'apres-midi , la cuvette se couvre de fumee ; des incendies ont ete allumes vo lon tairement un peu partout dans le reduit centra l; la visibi lite au sol est difficile, alors que le ciel. .. il n'a jamais ete aussi beau depLiis longtemps. Les rescapes d '«E liane 4» et d' «Eliane 10», paras du 11/1 RCP, du Se B .P.V.N. et du 613 B.P.C., auxquels s'ajoutent un faible effectif disparate de volontaires de differentes armes, parvien nent jusqu'a «Epervier» et au P.C. central. Les Viets s'en prennent maintenant a «Eliane 11 et 12», positions d'«Eliane Bas», ainsi qu'a «E liane 3», dernier barrage a I'est de «Junon" et de la riviere Nam Youn . A 16 heures, il faut reconnaitre qu'il y a beaucoup de monde dans le ciel de Dien Bien Phu, peut-etre a cause du beau temps? La val lee est constellee de parachutes abandonnes. En rodeo tournent les B-26, des Dakota, des Hel ldiver, des Corsair, un Privateer. Le 28F-7 s'apprete d 'ailleurs a bombarder la zone nord et nord-est de la piste sud , a proximiM d',dsabelle». A 30" du «bombing», «Torri Rouge» interpe lle le Privateer: - «Cesar 7» de «Torri Rouge». Stand By, je repete Stand By «Cesar 7». Ordre precedent annule. QRF ... 11 est 17 h 5. Apres une longue conversation radio entre le general Cogny, commandant les F.T.N .V., et Castries, il a ete dec ide que le camp retranche cessera le feu a 17 h 30, precisant bien que le drapeau blanc ne sera pas hisse. Le C.R. «Isabelle» tentera au cours de la nuit prochaine, I'operation «Albatros», c'est-a-dire I'evacuation en force des positions et rep li a travers la brousse en direction du Laos. Au debut, la position centrale avait egalement envisage de tenter une sortie , mais le sort des blesses et la concentration importante des unites viets rendaient impossible un tel projet; iI aurait cause trop de pertes. Maintenant, de partout on entend des explosions, des ordres ont ete donnes de detruire tout ce qui pouvait serv ir a I'ennemi. La patrouille du commandant de la 14F, comprenant Mouchoux, Ruytinx et Mann, assiste a la chute de Dien Bien Phu. Leur chargement de bombes sera largue a 5 km a I'ouest de Son La, sur la coupure «Donald 8»; triste, ensuite, sera la rentree sur Bach Ma"l. .. A la tombee de la nuit, un briefing reunit les pilotes. Tous les appareils disponibles devront etre prets a I'aube pour soutenir la sortie d' «lsabe lle» qui doit normalement s'effectuer dans la nuit. 8 mai 1954. «Isabelle» n'a pas reussi sa sortie. Sa garnison, divisee en deux colonnes, I'une devant couvrir I'autre, s'est trouvee, d 'une part accrochee, de I'autre imbriquee au milieu d'une colonne ennemie. Le repli sur la position ravagee, unites amies et ennemies melangees se revele insoutenable ... Le colonel Lalande est contraint de se rendre. Dien Bien Phu est desormais vraiment perdu. Les communiques de victoire de I'etat-major viet-minh eclatent sur les ondes et il est clair que Giap ne s'en tiendra pas la, car deja il annonce que la glorieuse armee populaire du Viet Nam se
doit maintenant de liberer le reste du territoire. Les troupes du cQrps expeditionnaire doivent egalement se reconstituer, tandis que les unites de l'Armee de l'Air et de l'Aeronavale vont devoir reprendre la bataille des voies de communications, particu Iierement su r la R. P. 41 et la R. P. 13 bis. En fin de matinee, le Privateer 28F-6 est abattu dans la region de Son La. II n'y aura que deux rescapes qui seront faits prisonniers, les seconds-maitres armuriers Keromnes et Carpentier. En fin de journee, Nicoaemo avec 4 appareils et Lanteaume avec 3, bombardent «Donald 4», un defile rocheux qui descend du col des Meos. Un peu plus tard , Montpellier, en patrouille de 4
avions, se «paie» Mo·ise, entre Tuan Giao et Son La . Degats sensibles sans aucune reaction de la D.CA A Bach Ma"i, les «Marines» qui etaient la depuis deux jours, ont rec;:u I'ordre de leur etatmajor de rentrer, via SaYgon, immediatement au Japon . Apparemment, les «Cheyennes» ne tiennent pas a se retrouver sur le sentier de la guerre. D'autres, payes35 dollars de I' heure, ont servi au detachement Packet, sous les ordres du capitaine Soulat, de l'Armee de l'Air. Se jugeant trop exposes au dessus de Dien Bien Phu , ils ont fait «greve» a trois reprises , obligeant les groupes de transport a detacher des pilotes pour armer les C-119 qui portaient plus de charge . Apres la bataille de Dien Bien Phu , le detachement Packet sera envoye a Tourane et un jour, au cours d'une sortie, des Americains qui avaient pris un vehicule militaire et s'etaient rendus a la plage a proximite des Montagnes de Marbre, zone declaree dangereuse, ont prouve involontairement cet avis ... plus personne ne les a revus ... Au Tonkin, une bataille est perdue , certes , mais la guerre est encore la ... Rene BA lL
Au decollage de Bach Ma"i avec un .. belly tank .. et deux bombes de 500 livres accrochees sous le pl an ce ntral. I (ECPA). An AU-1 ot Flottille 14F taking off trom Bach Mai with a single belly tank and two 500 pounders attached under the tuselag e and wings.
La lignee des Corsair de la 14F Bach MaL lei les avions sont armes de roquettes HVAR sous les plans et de deu x reservoi rs ventraux. I (via R.B.).
a
14F's Corsairs on th eir Bach Mai flightline sometime in 1954.
(a suivre) AIR FAN
NOVEMBRE 1984 I PAGE 45
Back cover: Lloyd Hamilton's increc'ible Super Sea Fury nicknamed .Furias». Powered by a ~ .500 hp P&W R-4360 engine this superb aircraft attended the 1984 Reno air races.
Dos de couverture: I'incroyable Hawker Super Sea Fury . Furias» de Lloyd Hamilton equipe d'un moteur Pratt & Whitney R-4360 de 3500 ch presente lors des dernieres courses Unlimited de Reno, Nevada, I (Thlerry Thomassln).