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Le
magazine
de
N ° 257 - AVRIL 2000 - 35 F
I'aeronautique
militaire
internationale
Sommaire Vingt-deu xie me annee
avril2000
5
6 8 12 22 30
Le magazine de I'aeronautique militaire internationale
LI: ~~t.:i~'~~ll;I~!~~:~II~ .. ...-. L -._~
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Note aux lecteurs. La Posle a decide d'ajouler un Cedex cl nolre code postal qui devient dorenavant 75850 Paris Cedex 17. Le reste de notre adresse demeure inchange.
Evenements Les Mirage IIIRS suisses restent po ur ['instant sans successeur.
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Des Marchetti haute visibilite par V. Pirard et R. Simon Nouvelle livree po ur les SF 260 de la Force aerienne beige.
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« Gabon 2000 » par Yves Debay Mise en application du concept Recamp. L'Aviation tegere des armees gabonaise.
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ERS 1/91 « Gascogne » par Christian Boisselon Reconnaissance strategique cl Mach 2.
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Lutte ASM par E. Desplaces et P. Roman Tir torpille avec les Lynx de la flottille 31F B-52H, B-IB et B-2A par lean-Louis Prome Objectif 2050 pour les bombardiers strategiques americains.
Axalp par H. Mambour et V. Pirard Le plus haut champ de tir d'Europe ! Retours de manivelle Le cowTier des lecteurs Revue de presse par l'equipe de la red action Les nouveautes de ['edition. Simulation par lean-Christophe Pluviaud Flanker 2. O. Analyse des nouveautes par l'equipe de la red action Les dernieres maquettes sorties.
En couverture . depuis le 1" juillet 1996, les Mirage IVP de I'armee de l'Air se consacrent uniquement 11 la reconnaissance strategique au sein de I'ERS 1/91 « Gascogne ». (Photo Claude Haller/Sirpa Air).
Directrice commerciale : Martine CABIAC Gestion des abonnements: Publicite:
a nos bureaux
a nos bureaux (tel: 01
All contents © AIR FAN 2000 Reproduetion meme partielle interdite Numero de eommission paritaire . 61086 Distribution par les NMPP
Ci? DI.'U.IC!~
1998
Correspondant de la redaction aux Etats-Unis : Rene J. FRANCILLON
42936724)
Photogravure : PRESTIGE GRAPHIQUE Impression: HERISSEY, ZI n° 2, rue Lavoisier, 27000 Evreux Tel. . 0232282930 Depot legal 2' trimestre 2000
AIR FAN est membre de l'Offiee de justifieation de la diffusion
Redacteur en chef: Olivier CABIAC
Principaux collaborateurs Rene BAlL, Christian BOISSELON, Alain BOSSER, Jean-Loup CARDEY, Beno1t COLlN , Philippe COLIN, Alain CROSNIER, Erie DESPLACES, Jean-Lue FOUQUET, Michel FOURNIER, Jean-Bernard FRAPPE, Christ GARCIA, Henri-Pierre GROLLEAU, Jean-Pierre HOEHN, Christian JACQUET, Stephane MEUNIER, Mare-Erie MINARD, Jaeques MOULIN , Stephane NICOLAOU, Alain PELLETIER, Jean-Jaeq ues PETIT, Mare ROSTAING, Jean-Pierre TEDESCO, Bernard THOUANEL, Patriek VINOT-PREFONTAINE Collaborateurs etrangers Denis CALVERT, Christophe DONNET, Jim DUNN, Giuseppe FASSARI, Paul JACKSON, Theo VAN GEFFEN, Robert E. KLING, Hans KONING, Peter B. LEWIS, Hugo MAMBOUR, Dave MENARD, Vineent PIRARD, Herman J. SiXMA, Peter STEINEMANN, Riehard L. WARD
Evenements L'ACTUALITE AERO
Mondial des patrouilles pres la premiere ed iti on qui s'etait tenue EI Evreux ~ il Y a deux ans, 11Aero~ club de France et ]'armee de l'Air organisent le second " MonE dial des patrouilles » sur la base ::11 :i aerienne 102 de Oijon. @ Une quinzai ne d'eq ui pes so nt altendues, dont certaines ne se sont encore jamais produites en ~
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les Mirage IIiRS sans successeur ? 'une etude recente du Groupement de I'armement su isse, il ressort que I'acqu isition d'un lot de hui t EI onze biplaces F/A-180 supplementaires - la Force aerienne su isse aligne ac tuellemen t vingt -six F/A -18C et sept F/A-180 -, pour pourvoir au remplacement des se ize derniers chasseurs de reconnaissance tact ique Mirage II IRS mis en oeuvre par les FISt 3,4 et 10, est desormais impossible. En effet, la fabrication des versions C et 0 du Hornet vient de se terminer (au profit de la seule production des modeles E et F Super Hornet) et aucun exem plaire bip lace de cet apparei l n'est ou ne sera prochainement disponib le sur le marche de
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I'occasion . Oe surcroit, la transformation, un moment envisagee avec I'avionneur Boeing, de modeles B plus anciens en modeles 0 s'avere trop one reuse, techniquement risquee et prendrait beaucoup de temps. L'achat d'apparei ls de secon de main, meme presente pour I'instant comme impossible, est toutefois maintenu comme option et laisse donc en suspens le remplacement des derniers Mirage 111 en service en Europe. {> H. Mambour/AviaScribe
En haut: F/A -18D au roulage 0, Payerne en 1998. Les ailes sont repliees pour le seul benefice des photographes presents ce jour-la.
France. Celte manifestation sera aussi le rendez-vous des pratiquants des sports aer iens, toutes disc iplines confondues, qui trouveront, EI celte occasion, une large exposition de materiels. Celte grand messe de I'aviation se tiendra les 15 et 16 juillet prochains . {>
Decoration de Noal Les Italiens aiment bien les jolies decos. Cet AB 205 du 27" Gruppo Squadroni « Mercurio » du 5° Reggimento AvEs « Rigel », base cl Carsara, a re~u une belle livree avec le mat Sylvestre, bien connu des amateurs de dessins animes, pour celebrer les fötes de la fin de I'annee derniere. (© AZonal)
Air expo our la treiz ieme annee consecutive , Air Expo deco llera le 14 mai prochain du terrain de Muret-Lherm.
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© M Fourn,.,
Gratu ite et cha leureuse , celte manifestation est devenue un rendez-vous incontournable dans la region tou lousa ine , auquel assistent regu lierement une dizaine de milliers de personnes. Rappeions que ce rassemble ment est organise tradi tionnellement tous les ans par des etudian ts passionnes de trois grandes ecoles toulousaines , l'Enac, l'Ensica et I'ESCT, et qu'il reunit generalement un plateau original et varie propre EI satisfaire les fanas comme les noninities. Le programme de celte annee prevoit la participation de Canadair, Stearman PT 17, Pilts, Caudron 760, Waco , TBM 700 , paramoteurs, autogyres , Vampire, T-6, Mustang et L-29 Delphin ainsi que de quelque cinquante parachutistes. Oe quoi passer une agreable journee. {>
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du cfJ,Hee/tt ~ecaHt/t Occidentaux soutenaient cette force avec des moyens logistiques, assurant surtout le transport aerien .
Le soutien aerien occidental
'Afrique doit desormais se debrouiller toute seule ! Depuis la fin de la guerre froide, les Franr;:ais ont cherche a reduire considerablement leur presence militaire sur le continent noir, souvent au grand dam des Africains eux-memes. Une garnison franr;:aise representant souvent un gage de stabil ite et un apport economique non negligeable dans la vie 10cale. Ne disposant plus des moyens necessaires a I'entretien de contingents permanents, la France, neanmoins, ne souhaite pas couper tous les ponts avec ses anciennes colonies et tient a favoriser leur engagement dans la voie de la securite et de la stabilite du continent. C'est dans ce cadre que s'inscrit le concept Recamp (Renforcement des capacites africaines de maintien de la paix), a travers lequel Paris, Londres et Washington cherchent a aider les pays africains qui le desirent a s'organiser pour assurer eux-memes la paix dans un contexte sous-regional. Ce concept s'appuie sur trois volets : la for-
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En haut : ce Transall du « Poitou » vient d'atterrir sur la piste en laterite de Lambarene pour debarquer un detachement de paras et un AML. Troi s C 160 ont participe ill'exercice et, pour ces vieux routiers de l'Afrique que sont les pilotes de la Force aerienne de proj ection, le poser d'assaut est indissociable des operations sur le continent noir. Ci- contre : la force aerienne gabonaise dispose de deux C-130, actuellement immobilises (I'un en revision en Afriqu e du Sud, I'a utre bloque au Portugal pour detaut de paiement des pie ces de rechange). Au ssi, c'est sur I'unique Casa 235 que re pose le transport aerien gabonais. 8 AIR FAN
mation de soldats professionnels au savoirfaire du maintien de la paix ; l'entralnement des unites instruites sous forme d'exercices multinationaux a environnement sous-regional ; le prepositionnement de materiels et d'equipements. Sur le terrain , Recamp s'etait deja concretise en 1998 par" Guidimakha ", un exercice qui s'etait deroule dans l'Afrique saharienne. Cette annee a vu I'organi sation de " Gabon 2000 " et le deploiement, du 24 au 28 janvier derniers, de 600 soldats africains en zone equatoriale. Sous commandement gabonais, ces derniers, venus du Burundi, du Cameroun, du Congo, de la Republique centrafricaine, du Tchad, de la Guinee equatoriale et de Sao Tome et Prfncipe, constituaient un bataillon Recamp qui fut deploye dans la region de Lambarene pour y simu ler une operation de maintien de la paix dans un Etat fictif sortant tout juste d'une guerre civile et tribale (Ie parallele est a faire avec la situation au Congo). Les
Les aeronefs engages dans " Gabon 2000 " provenaient de sept pays. La France participait avec trois C 160 Transall (deux bases sur place en support des forces franr;:aises au Gabon et un venu en renfort de N'Djamena), trois Cougar du 1" RHC et un Fennec station ne au Gabon ; la Belgique, avec un C-130 du 15' Wing ; l'Espagne, avec un Casa 235 de l'Ala 35 ; les Etats-Unis, avec deux C-130E Hercules, I'un du 171st Airlift Squadron/127th Wing de la Michigan Air National Guard et I'autre du 135th Airlift Squadron/175th Wing de la Maryland Air National Guard ; l'ltalie, avec un Fiat G-222 du 20 Gruppo ; le Portugal, avec un Casa 212 de l'Esquadra de Transporte 502 ; et, enfin, la Grande-Bretagne, avec un C-130 du No 30 Squadron de la Royal Air Force. L'armee de I'air gabonaise etait egalement presente avec un unique Casa 235, pilote de main de maHre, qui assura des liaisons entre Libreville et Lambarene. Dans un premier temps, les apparei ls allerent chercher les differents contingents pour les ramener a Libreville. Ainsi , les C-130E americains rejoignirent N'Djamena, le C-130 beige le Cameroun et le C-130 anglais le Congo, tandis qu'un Transall rallia Bujumbura. Dote d'une
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Au-dessus, gauche : revetue d'une belle livree blanche, cette Alouette 111 de l'Ala quitte le PC avance de I'exe rcice « Gabon 2000», installe Lambarene.
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Ci-dessus : un Cougardu 1" RHC vient de deposer une equipe de paras gabonais qui partiront la recherche de retugies isoles dans la foret.
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autonomie plus courte, les Casa portugais et espagnol se rendirent respectivement a Sao Tome et Prfncipe et en Guinee equatoriale. Pour les pilotes de I'Otan, peu habitues a l'Afrique, ce type d'exercice constituait une experience tres enrichissante, comme nous le confia un guardman du Maryland : " lei, pas de probleme d'encombrement de /'espace aerien, mais voler pendant des centaines de kilometres au-dessus de la foret equatoriale a quelque chose d'angoissant. Du "persil" a perte de vue, sans aucune trace de vie a /'exception de quelques villages le long des cours d'eau. En cas de crash dans ces arbres de trente metres de haut, meme si vous survivez,
la canopee se refermera definitivement sur vous et on ne vous retrouvera jamais ! " La phase active de la manCBuvre se tint en pleine jungle, dans la region de Lambarene, apres que l'Onu et I'OUA aient donne le feu ve rt pour le deploiement d'une force d'interposition. Dans un premier temps, I'imperatif fut de s'emparer d'une infrastructure aeropor-
tuaire. S'etant infiltres en pirogue, les commandos marine gabonais s'assurerent que le terrain de Lambarene convenait. Trois C 160 Transall frangais larguerent alors le bataillon parachutiste gabonais. Une seconde vague deposa ensuite un peloton blinde d'AML au cours d'impressionnants posers d'assaut. Une foi s securise, I'aeroport devint le centre logistique de I'exercice et un mini-pont aerien fut etp,bli pour y amener le bataillon Recamp. A partir de cette plate-forme, des Puma de I'armee gabonaise et trois Cougar du 1" RHC partirent a la recherche des refugies ou participerent a des operations d'intimidation a I'encontre de miliciens hostiles. Voila, dans ses grandes lignes, le theme de I'exercice. Si, dans I'absolu , le concept Recamp est une heureuse initiative, on peut toutefois s'interroger sur ses chan ces de survie face aux realites africaines ... En attendant, des avions et des helicopteres ont vole au-dessus de la ~~.
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Au dessus: equipage du Bel1412 gabonais. Trente ans apres I'independance de la majorite des anciennes colonies, une nouvelle generation de pilotes africains est desormais operationnelle.
point fixe
Ci-contre : Casa 235 de l'Ala 35 au Lambarene. Un decor inhabituel pour les pilotes espagnols.
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Le Phoenix renait de ses cendres 11 Y a un an, pratiquement aucun helicoptere ne volait au Gabon et les machines achetees a I'epoque du boom petrolier croupissaient dans le fond des hangars, faute de maintenance appropriee. Pourtant, l'Alat gabonaise a bel et bien existe. La premiere voilure tournante arriva en 1968, deux ans avant que ne soit mise sur pied I'escadrille legere d'helicopteres de I'armee de I'air. Grace a I'argent du petroie, un nouveau pas fut franchi avec I'acquisition de materiels et la creation de l'Ala (Aviation legere des armees) en tant que corps independant regroupant tous les helicos. Mais, lentement, le potentiel de ces appareils s'effrita au rythme des saisons des pluies (avec un taux d'humidite de 90 %, le climat equatorial est particulierement severe pour les machines), par manque de specialistes et de moyens financiers.
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En haut: ces deux Alouette 111 de l'Aviation legere des armees ont participe ä I'exercice « Gabon 2000 ». Elles furent engagees dans des missions de reconnaissance et de transport VIP. Ci-dessus: l'Ala ne dispose plus que de deux Puma operationnels. t:exemplaire illustre ici arbore une livree blanche, tandis que I'autre est revetu d'un camouflage vert. Ci-contre : I'acquisition la plus recente en matiere de voilures tournantes est ce superbe Bell 412 utilise ä la fois comme helicoptere de combat et de transport VIP.
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Une mission d'assistance militaire et technique fran<;:aise reprit alors vigoureusement les choses en main, tout specialement au niveau de I'entretien. « Les Gabonais ne manquent pas de pilotes qualifies. C'est au niveau de la maintenance et de la gestion des stocks de pieces de rechange que le probleme se pose .. . ", nous expliquait un technicien fran<;:ais. Le resultats ne se firent pas attendre, et c'est une Ala renovee, disposant de huit machines, quinze pilotes et vingt-sept mecaniciens, qui a ainsi pris part a « Gabon 2000 ". Le parc actuel comprend trois helicopteres de transport (deux Puma et un Bell 412) et trois de combat (Gazelle armees), ainsi que deux Alouette 111 reservees a la reconnaissance. Durant I'exercice, Gazelle et Alouette ont ete chargees de reconnaitre I'axe Libreville-Lambarene, emprunte par un convoi routier. Les Gazelle, equipees d'un pod roquettes de 60 mm ou d'un montage de quatre mitrailleuses, sont aussi intervenues dans la prise de I'aeroport et ont fourni des escortes armees aux Puma gabonais et aux Cougar fran<;:ais lors des missions de recherche de rMugies. Y. Debay
Ci-contre : durant « Gabon 2000 », les Gazelle armees ont ete utilisees pour la reconnaissance d'itineraires ou pour intimider, par leur seule presence, les miliciens. Ci-dessous: ne faisant pas partie du parc de l'Ala, cet Ecureuil est mis en ceuvre par la gendarmerie gabonaise.
Ci-dessus: cette vue de profil nous montre le pod roquettes de 60 mm monte sur une Gazelle armee de rAla. Cet equipement est identique ä celui en service dans I'armee de l 'Airfran~aise. Ci-contre : en Afrique, l'Alouette 111, solide et rustique, reste une valeur sOre sur tout le continent. Si les pilotes gabonais sont en general motives, competents et courageux, leur action est souvent compromise par des difficultes logistiques et de maintenance.
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one FAS, base aerienne 118 de Mont-de-Marsan. L'equipage du Mirage IVP " Charlie-Hotel " termine rapidement sa visite prevol, puis escalade les echelles pour prendre place dans I'avion, assiste de deux pistards, tandis que I'on se prepare a demarrer les deux Snecma Atar9K. Compte tenu du vent arriere qui souffle sur le parking, il faut masquer la sortie des tuyeres par un cache metallique, le temps de lancer les reacteurs qui atteignent vite le regime de ralenti. SilOt le groupe de demarrage deconnecte, le Mirage IVP roule vers la piste sans marquer d'arret au point d'attente. Decollage eclair dans le fracas des postcombustions et, bientot, ne reste nt dans le ciel que deux points rouges qui s'eloignent rapidement. Lourdement charge avec ses deux bidons de 2 500 I, I'appareil se dirige vers la mer Noire, puis la Roumanie et la Pologne . Nous ne sommes heureusement plus au debut des annees 1970, en pleine guerre froide , mais en 1999, dans le cadre d'une mi ssion " Javelot " d'entrainement au
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par Chrisfian Boisselon vol longue distance lancee par I'escadron de reconnaissance strategique 1/91 " Gascogne ".
Reco strategique depuis juillet 1996 Une page a effectivement ete tournee le 1" juillet 1996 lorsque I'EB 1/91, derniere unite des FAS a etre dotee de Mirage IVP, laissa la mission de dissuasion nucleaire aux escadrons de Mirage 2000N. Depuis , sous sa nouvelle appellation d'ERS 1/91 , le " Gascogne " se consacre exclusivement a la reconnaissance strategique, une mission qu 'il avait deja assuree auparavant en role secondaire, alors qu'elle etait encore tres confidentielle et peu mediatisee, et que le CFAS a conservee au profit de la DRM (Direction du renseignement militaire), permettant ainsi le maintien en ligne des IVP, utilisables jusqu 'en 2005 environ , et du tandem forme avec les C-135FR. A vrai dire, en 1996, la DRM n'avait pas
encore pris conscience qu 'elle disposait la d'un vecteur aussi performant qu 'efficace , equipe de capteurs de grande qualite et couvrant un large domaine. Certes , des recos Mirage IV avaient deja eu lieu depuis longtemps (en fait, depuis 1972) sur bon nombre de points chauds, ou instables, et avaient permis de rapporter de precieux renseignements a nos decideurs. Mais elles s'etaient toujours deroulees dans des conditions de confidentialite extremes. Ce n'est veritablement qu'en 1995-1996 que I'on commen<;a a pari er ouvertement de ces missions alors conduites sur la Bosnie , dont la 100· fut celebree le 24 janvier 1995 (avec retour de I'appareil sur la BA 110 de Creil, aux portes de la ORM). La consecration intervint, semble-t-il , en 1998 a I'occasion de I'operation " Aladin " realisee sur l'lrak pour le compte de l'Onu, I'ERS 1/91 et son personnel ayant su convaincre et s'imposer dans le creneau tres specialise de la reconnaissance strategique.
Un creneau tout a fait complementaire a I'activite de reconnaissance tactique assuree par les escadrons de Mirage F1 CR de la FAC , et au recueil d'informations d'origine satellitaire. Sauf cas exceptionnel , comme lors de I'operation " Trident" Oll la cadence etait fort soutenue, a I'ERS 1/91 , on ne travaille generalement pas contre le temps. II s'agit plut6t de sorties planifiees au profit d'entites diverses et variees comme , par exemple, I'armee de l'Air, I'armee de Terre, la Marine, la ORM , la OGSE, la OST et la gendarmerie. La finalite est la constitution de dossiers a caractere strategique , utilisables a plus ou moins court terme , mais dont le politique ou le militaire n'ont pas necessairement besoin en temps ree!.
Le « Gascogne » au quotidien Actuellement aux ordres du lieutenantcolonel Jean-Bernard Garineau, seconde par le Lei Franck Passet, I'ERS 1/91 aligne
Ci-contre: le Mirage IVP « Alpha-Juliet» en vol basse altitude. On remarque la petite lampe d'Aladin peinte sur le nez de I'avion, hauteur du pa re-brise, souvenir des missions « Aladin ».
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Ci-dessous: sur le parking de I'ERS 1/91, en attente de mission. Lorsqu'ils ne volent pas,les appareils sonttoujours abrites sous hangar ou hangarette, car les cellules n'apprecient pas I'humidite.
cinq Mirage IVP ainsi qu'un Alpha Jet utilise pour les missions de liaison rapide, de servitude et d'entra'lnement. Mais le parc Mirage IVP du CFAS comprend encore trois autres appareils qui evoluent entre I'ESTS (Escadron de soutien technique specialise, ex-Germas) de Bordeaux-Merignac et la base de stockage de Chateaudun . Cette rotation des avions, rendue possible en fragmentant et en etalant les visites periodiques , permet d'exploiter au mieux la flotte, Quatre bireacteurs sont ainsi toujours en ligne a Marsan, le cinquieme etant en maintenance legere dans les hangars de I'escadron. D'autre part, I'ERS dispose des huit conteneurs photographiques CT 52 herites de
I'ancien CIFAS 328. Monte sous le fuselage , ce pod transforme le Mirage IVP en fantastique avion de reconnaissance. Le personnel navigant compte six pilotes et autant de navigateurs/operateurs systeme d'armes. Trois pilotes et deux navigateurs abonnes viennent aujourd'hui completer I'effectif. Les anciens des FAS et du Mirage IV font egalement place a quelques nouveaux arrivants qui doivent se transformer sur I'avion sans vol de preparation sur Mirage IIIB, ces derniers ayant ete retires de I'armee de l'Air il y a deja quelques annees. Un entrainement sur Mirage 2000B, aux commandes electriques et aux parametres de vol trop ditterents, n'est pas utile et les
nouveaux pilotes passent directement sur IVP, mettant a profit leur experience prealable sur avion d'armes - comme celle acquise sur F1 , dont le comportement, en configuration atterrissage sans volets, est comparable a celui du bireacteur a I'atterro, Chaque pilote totalise une activite annuelle d'environ 160 h de vol, auxquelles s'ajoutent 45 h sur Alpha Jet (vols de liaison rapide pour le transport de films a Creil par exemple, ou, tout simplement, vols d'entrainement). Alors que le " Gascogne " etait encore une unite de bombardement, le principe d'echange d'escadrons avait ete instaure avec le 384th BW de McConnel1 AFB (Kansas) , dont un Lancer et son equipage avaient ete re9us a Marsan du 16 au 22 octobre 1993. Un autre echange eut lieu en 1995 avec la meme unite, qui s'etait traduit par I'envoi d'un IVP et d'un C-135FR McConnell du 21 au 28 juin, et par la visite retour d'un B-1 B du 10 au 17 juillet suivants. En 1996, peu de temps avant I'abandon de sa mission nucleaire, le " Gascogne " reitera I'experience avec le No 39 Squadron de la RAF, unite dotee de Canberra reco, Un detachement anglais etait ainsi venu a Marsan avec un PR.9 et un TA (conversion operationnelle) du 27 mars au 5 avril, tandis que la base de Marham rendait presque immediatement la politesse en accueillant deux Mirage IVP du 28 avril au 3 mai. Le dernier echange, avec le 123 Escuadr6n espagnol de la base de Torrej6n , equipe de RF-4C , intervint du 6 au 10 septembre 1999 lorsque quatre Phantom furent re9us par I'ERS 1/91
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Nouvel environnement geopolitique Les profonds changements qu'a connus l'Europe ces dernieres annees ont permis a
Ci-dessus : un equipage du « Gascogne » au retour d'une mission d'entraTnement. Oe gauche ä droite : le lieutenant-colonel Garineau, patron de I'ERS 1/9 1, mais aussi fidele lecteur d' Air Fan, et le capitaine Faugeron, navigateur. Les cockpits sont ä plus de trois metres de hauteur ! Ci-contre : la silhouette du Mirage IV a toujours ete d'une grande purete. On distingue, sous le ventre, le CT 52, ä I'endroit ou etaient loges la bombe AN 52, puis le missile ASMP.
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I'ERS 1/91 d'envisager, en toute legalite, le survol de territoires consi deres comme franchement hostiles il y a encore dix ans. Les missions " Javelot " consistent en un entrainement aux vols longue distance et longue duree, pouvant attei ndre 7 heures avec ravitaillement en vol, dont la finalite est le recueil lointain de renseignements. Les vols sont programmes en fonction de la meMo et avec I'accord des pays survoles, neutres ou amis. Le " Gascogne " a ainsi deja pu evoluer au-dessus de la Bulgarie, la Roumanie, la Repub li que tcheque , la Pologne , l'Aliemagne (dont I'ex-RDA), la GrandeBretagne, l' lslande, le Danemark et une
bonne partie du bassin mediterraneen dont l'Espagne, le Portugal, l'ltalie, la Grece, la Turquie, l'Egypte, Chypre, la Tunisie et le Maroc (officiellement sans CT 52 pour ce dernier). Suivant les possibilites , des prises de vues sont realisees sur un certain nombre de sites particuliers, vi lles, ports et autres installations definies a I'avance, permettant egalement une mise a jour de la cartographie existante. Ces activites se passent generalement bien, grace a la bonne volonte des pays traverses et a I'action des attaches de defense fran9ais qui contribuent largement a resoudre les inevitables difficul -
Au bas mot, la moitie des moyens de I'ERS se trouvait aSolenzara pendant I'operation « Trident », a savoir trois Mirage IVP, trois pilotes et trois navigateurs (releves par rotation d'un mois) et, bien sGr, une partie du personnei : mecanos, officiers renseignement et interpretateurs, photographes, etc. Au mois d'avril1999, Ia mauvaise meteo a limite le nombre de missions, mais, des mai, deux avions s'envolaient quotidiennement vers I'ex-Yougoslavie : decollage de Zara en subsonique, tra nsit par Rome, Pescara, puis l'Adriatique ou intervenait un premier ravitaillement en vol au niveau 250 (25000 pieds, soit environ 8 000 m). Au debut du conflit, un seul C-135FR avait ete alloue aux Mirage, mais ils furent par la suite deux, ce qui demontre bien l'importance accordee aux missions photo. 11 faut dire que I'ERV etait alors fort sollicite... Apres ce premier ravitailiement,les deux bireacteurs grimpaient au -dessus du niveau 300 pour quitter I'espace inferieur sature par I'armada aerienne (strike, chasse, etc .) et se retrouver seuls avec les U-2 americains. La, les choses serieuses commen~aient : acceleration a Mach 1,8/1,9 et montee aux niveaux 450/500, cap sur le Kosovo ou la Serbie. Les accelerations et les axes de penetration s'effectuaient sans contrainte, surtout a partir du moment ou le survol du Montenegro fut autorise. Apres traitement de leurs objectifs respectifs, les Mirage IVP regagnaient a nouveau I'Adriatique, parfois a moins de 80 NM, tout en freinant serieusement et en redescendant aux niveaux 250/300 pour proceder a un second ravitaillement. Les avions etaient depourvus de bidons, mais affichaient une forte consommation de carburant du fait des vols supersoniques. Ils se sont tres bien
tes toujours possibles. 11 peut arriver que certains vols soient ecourtes, voire supprimes si des autorisations de survol so nt annulees. On ne manquera pas d'observer les remarquabl es capacites de projection du Mirage IVP. En prenant pour hypothese un vol a Mach 0,9 au depart de Marsan, une mission de 8 heures aller et retour avec I'avion ravitaill eu r permet de couvrir un rayon de 1 700 NM , dont un temps passe sur zone de 40 mn (soit, par exemple, la zone de Dakar). Suivant les memes parametres, un vol de 12 heures aller et retour avec deux ravitailleurs (a considerer comme
comportes malgre ce regime eleve et prolonge. A I'issue de ce deuxie me ravitaillement, c'etait soit le retour aSolenzara soit une nouvelle penetration sur un autre objectif, avec le meme profil de vol et un dernier ravito . Un ren dez-vous manque avec un C-135FR n'etait cependant pas dramatique dans la mesure ou de nombreux deroutements su r l'ltalie restaienttoujours possibles. Une fois les appareils poses, les films etaient confies aux photographes et aux officiers renseignement. Compte tenu de I'altitude, les CT 52 etaient configures en HA avec trois Omera 36 montees en focale de 600 mm et la Wild en 152 mm. Comme toujours dans ces cas-Ia, le navigateur dirigeait I'arrivee sur I'objectif, sachant que la visibilite horizontale du pilote etait de 10 NM et que sa visi verticale etait nulle. Les Mirage IVP emportaient un lance-Ieurres Boz 103 et un Barracuda en points externes, et disposaient d'equipements internes de CME comme le Serval. Le navigateur etait charge de gerer le long terme, la navigation, les CME et autres mesures preventives, les reglage s et les declencheme nts des cameras HA, tandis que le pilote traitait le court terme et les manoeuvres evasives apres les eventuels departs missiles adverses. Le s tirs missiles sont difficiles a reperer s'ils viennent de dessous. Les detecteurs n'indiquent pa s les departs, mais I'eclairage et I'accrochage eventuels par un radar de tir, sachant qu'il n'y a pas grand interet a eclairer et a accrocher sa ns tirer le missile ... Au-dessus de 15000 pieds, les principales mena ces (gen era lement plus faciles a lo caliser) etaient les SA-6 et les SA-8, bien que ces derniers soient mobiles. C'est en dessous de 15000 pieds que les risques se multipliaient avec les SA-7, SA-9, SA-13 et SA-14, mais aussi avec les ca nons et les engins portable s. En plus, dans les Balka ns, le relief n'arrange rien, avec des zones comportant de no mbreux endroits dont I'a ltitude depass e 2000 m et qui peuvent etre equipes de moye ns de defense sol-air. c. Boisselon
Ci-contre : le detachement de l'ERS 1/9 1 sur l'un des parkings de la BA 126 de Solenzara, pendant I' operation « Trident ". Cette photo a He prise par le troisieme Mirage IVP lors d'un passage basse altitude.
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limite du potentiel humain) permeltrait d'atteindre l'Alrique c;les grands lacs et certains pays ayant lait I'actualite en 1994, en supposant possible le survol de I'une des lrontieres de l'Algerie .. Techniquement, le Mirage IVP est ravitaillable en vol par les C-135FR Iran<;:ais, mais aussi par les KC-135 americains, les VC-10 et les TriStar de la RAF, pourvu que I'operation se deroule plus de 300 nceuds. Rappeions egalement que I'ex-bombardier nucleaire peut etre mis en ceuvre sans groupe auxiliaire electrique ou pneumatique, ce qui olfre une certaine souplesse d'emploi. Ces dernieres annees, des missions parti culieres ont ainsi ete conliees au 1/91. Operation « Condor " . En decembre
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1995, l'Erythree entreprit d'occuper 171e principale de I'archipel des Hanish, contr61ant I'acces la mer Rouge, dont la souverainete etait contestee par le yemen. Ce conllit lut soumis I'arbitrage de l'Onu qui demanda la France de realiser des reconnaissances photo sur le secteur. Un Mirage IVP lut donc deploye a Djibouti en mars 1996 pendant environ une semaine, puis nouveau en juin suivant pour la meme duree. Operation « Aladin ». C'est encore l'Onu qui sollicita la France pour elfectuer des vols de reconnaissance photo au-dessus de l'lrak en 1998. Un Mirage IVP et une equipe complete lurent detaches sur la base saoudienne Prince Sultan AB , I'est d'AI Kharj (100 km au sud de Riyad) , pendant deux
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lois quarante-cinq jours (juin-juillet 1998, puis septembre-octobre-novembre de la me me annee). Compte tenu de la relative absence de menaces (accord des Irakiens pour les survols programmes), les vols photo, d'une duree de 4 5 heures, lurent realises en subsonique. Si I'endroit manquait un peu de distractions, au dire des interesses, la climatisation des villages de toile etait lort appreciee sachant que les temperatures exterieures relevees en juilletaoOt dans celte region depassent 50° C ! Au cours des deux detachements, les avions se sont lort bien comportes, dans un environnement certes depourvu d'humidite mais charge de poussiere de sable. La prola Iran<;:aise " avait encore une tection «
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Ci-dessous: ä peine rentre de mission, I'avion est pris d'assaut par les photographes qui recuperent les rouleaux de pellicule. Ces films seront developpes dans I'heure qui suit pour iHre ensuite exploites par I'equipe des officiers renseignement et des interpretateurs photo, ainsi que par I'equipage. Les photographes et les mecaniciens doivent cohabiter autour de I'avion, sachant que le CT doit etre d'une grande proprete, les verres de qualite optique devant notamment etre totalement exempts de toute trace de gras, liquide hydraulique ou autres produits,
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Ci-dessus: comme tous les appareils ä aile delta, le Mirage IVP se pose tres cabre, avec une forte incidence. La vitesse d'atterrissage est tres rapide et le pilote utilise le parachute-frein ä chaque fois que cela est possible. Ci-dessous: egalement dans les attributions des IVP, la reconnaissance poststrike. Ici, un pont au Kosovo, tablier detruit apres le passage des chasseurs-bombardiers allies durant « Trident ».
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fois fait ses preuves ! C'est a I'occasion de I'operation " Aladin " qu'ils ont reyu sur leur derive les lettres blanches UN en grand format et qu'une lampe d'Aladin a ete dessinee sur le nez du Mirage IVP n° 11 . Les excellents resultats obtenus lors de I'operation ont revele I'ERS 1/9 1 aux hautes autorites, y voyant par ailleurs une source d'informations hors influence americaine permettant aux decideurs d'avoir une autre vision des choses. D'autant plus que le desert irakien ressemble parfois celui du Nevada. Mais comment pourrait-on imaginer un echange malencontreux et involontaire de documents ? Operation « Trident ". Encore dans toutes les memoires, cette operation contre la Serbie a commence au debut de I'annee 1999. C'est des le depart que le dispositif de reconnaissance fran yais fut mis en place sur la BA 126 de Solenzara, avec un detachement de six Mirage F1 CR de I'ER 2/33 , complete par trois Mirage IVP de I'ERS 1/9 1. Si les F1 CR travaillaient plutot dans le
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domaine du renseignement electromagnetique, les IVP restaient pour leur part charges des missions photo, toutes realisees haute altitude et vitesse supersonique compte tenu des menaces serbes omnipresentes. Generalement, on comptait deux vols Mirage IVP par jour, avec chacun deux penetrations sur la Serbie ou le Kosovo, ce qui faisait quatre missions debriefer quotidiennement. Au bout d'un mois, I'officier de renseignement de I'escadron , seul au depart, fut epaule par un second OR ; tous deux etaient assistes d'interpretateurs photo. Lorsqu 'on les rencontrait en fin de journee, les yeux roug is de fatigue, il etait inutile de leur demander quelle specialite ils appartenaient.. Sitot les films developpes Zara, les OR et les IP isolaient immediatement les passages interessant les etats-majors. Ces selections partaient ensuite tres rapidement par Alpha Jet Vicenza, siege de I'etatmajor allie (CAOC, Combat Air Operation Center). Des que cela fut possible, la na-
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Ci-contre : le CT 52 nous reveIe ses secrets. De droite a gauche : le compartiment avant avec ses quatre Omera 35 ; le compartiment central avec la Wild, puis les trois Omera 36 ; et, enfin, la prise d'air du compartiment arriere qui ren ferme le systeme de conditionnement du pod. En dessous: I'ERS 1/91 dispose de huit CT 52, montes sur les avions ou stockes sur chassis pour reconditionnement et maintenance. Celui-ci a ete prepare dans la configuration la plus courante, avec huit cameras (quatre dans le compartiment avant et quatre dans le compartiment central). Ci-dessous: ici, la Wild et les trois Omera 36 du compartiment central ont cede la place au Super Cyclope, un ensemble de detection infrarouge fournissant des donnees thermographiques. Cet equipement est identique a celui mis en reuvre par les F1CR.
C'est en 1964 que I'armee de l'Air a exprime le besoin de doter le Mirage IVA d'une capacite de reconnaissance, afin de profiter de son allonge exceptionnelle. Les douze derniers exemplaires de serie (n° 51 ä 62) re~urent ainsi, sur chalne, les dispositions pour I'emport d'un pod photo dont le developpement avait Me confie conjointement ä Hurel-Dubois, Dassault et Dmera. Designe Conteneur technique CT 52, ce pod, dont I'encombrement est semblable ä celui du reservoir central supersonique de 1 600 I, s'installe sous le fuselage, dans le logement de la bombe. Le premier CT 52 vola sur le Mirage IVA n° 61 des octobre 1968, et la premiere phase d'experimentation se deroula ä Mont-de-Marsan du 22 octobre 1969 au 29 avri11970. Mais les mises au point s'avererent delicates et les huit CT 52 ne furent officiellement verses au CIFAS 328 de Bordeaux-Merignac qu'en 1972. Plus tard, tous les Mirage IV transformes en IVP beneticieront de la capa cite reco. A la dissolution de I'EB 2/91 « Bretagne » en 1996, I'EB 1/91 « Gascogne », rebaptise ERS 1/91, devint I'unique depositaire des huit pods photo. Pesant pres de 800 kg, le CT 52 comprend deux compartiments differents : - le compartiment avant BA, abritant quatre cameras Omera 35 utilisees pour la basse altitude : une nasale et deux obliques montees avec une focale de 150 mm, et une verticale (focale de 75 mm). Elles sont chargees avec des films 114 x 114 mm et disposent d'un systeme de compensation de file (compte tenu de la vitesse de detilement du sol) efficace de 0 ä 5000 pieds. En assemblant les photos, la largeur couverte peut etre egale ä huitfois I'altitude de survol. Ces quatre cameras sont declenchees indifferemment par le pilote ou le navigateur. - le compartiment central HA, accueillant une camera verticale Wild RC8F montee en focale de 152 mm (films 240 x 240 mm), completee partrois Omera 36 equipe es en focale de 600 mm (films 114x 114 mm): une verticale etdeux obliques calees selon des angles permettant de restituer le relief par vision stereoscopique. Ces quatre cameras sont reservees aux prises de vues ä haute altitude (par exemple de 5 000 ä 25 000 pieds pour la Wild et ä partir de 20000 pieds pour les Omera 36) et sont toutes exclusivement declenchees par le navigateur. Chaque camera peut prendre jusqu'ä 300 photos sur negatif noir et blanc (50 ä 200 asa selon les conditions). Une derniere option permet de realiser une detection thermographique ä
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I'aide d'un ensemble Super Cyclopefonctionnant en basse altitude. Cet equipement, qui commence toutefois ä dater et n'est plus guere utilise aujourd'hui, est alors installe en lieu et place des cameras haute altitude. Tous ces systemes optiques sont d'une grande sensibilite et ne fonctionnent correctement qu'ä une temperature stabilisee, d'environ 30°, obtenue gräce ä un dispositif de conditionnement loge dans la pointe arriere du pod. Au sol, lors de la mise en CEuvre du CT 52, un gradient de montee en temperature de I'ordre de 8° par heure ne doit pas etre depasse, afin d'assurer une montee progressive jusqu'ä 30°. 0 C. Boisselon
Ci-dessus : une antenne photographiee par une Omera 35 laterale lors d'un passage BA a 500 pieds en mission d'entrainement. Ci-dessous : prise en HA par une Wild en 1996, au-dessus de la Bosnie, cette photo represente le terrain de Glanoc.
vette aerienne fut remplacee par la messagerie informatique Opsnet (dispositif intranet developpe au CEAM , puis teste et mis en service en conditions reelles) , les photos etant scannees Ei Zara et rec;;ues quelques minutes plus tard Ei Vicenza et aussi Ei Creil. Parall element, les fi lms continuaient Ei EHre expedies en totalite au CF31 (Centre de formation et d'interpretation interarmees d'imagerie) de la BA 110 de Creil , travaillant pour le compte de la DRM. Jusqu'Ei la fi n juin 1999, les vols photo sur la Serbie et le Kosovo ont pu montrer la quasi-absence de degats collateraux et aussi le resultat des bombardements allies ainsi que la forte reactivite des Serbes Ei reparer certaines infrastructures militaires , ou encore Ei disperser et camoufler MiG-21 et MiG-29 (reeis ou repliques en bois ?) en bordure des routes, Ei pres de 4 Ei 5 km des pistes d'envol. Operation « Chistera ». Dernier detachement en date, un Mirage IVP fut envoye durant quatre Ei c inq jours Ei Dakar, puis Ei Librevi lle pour la meme duree, pendant la deuxieme quinzaine d'octobre 1999. Un
En haut : non, le Mirage IV n'est pas un mangeur d'hommes ! De s le retou r de mission, un meca no rentre dans chaque veine d'entree d'air pour verifier I'etat des ailettes de turbine du premier etage, avant que la chaleur residuelle des reacteurs n'ait eu le temps de se propage r. Ci-contre : I' Alpha Jet E 112 est utilise par I'ERS 1/91 pour les liaisons rapides, les vols d'entralnement et le transport des films lorsque la situation le necessite. Ci-dessous : dans les Balka ns, photo poststri ke d'une piste et du parking avions apres une attaque de I'aviation alliee.
Ci-contre : sur cet appareil au break, on distingue parfaitement le pod CT 52 ainsi que les lance-cartouc hes Alkan montes dans les soutes arriere. Ci-dessous: le poste ava nt du IVP, la place pilote. On remarque I'arete centrale du pa re-brise, caracte ristique de I'avion. A droite : le poste arriere du IVP, la place navigateur. On note la taille reduite de la ca nopee et, au centre du tableau de bord, le scope radar ainsi que, ä gauche, I'element optique permettant d'avoir une vision verticale sous I'avion. Tous les elements sensibles lies ä I'activite nucleaire ont ete deposes. En bas : I'insigne de I'ERS 1/91 aujourd'hui, avec les deux lions photographes sur fond blan c.
certain nombre de photos de plages, de villes ou de sites particuliers ont ete real isees dans celte region de l'Afrique, permetta nt notamment quelques mises jour cartographiques et la correction ou I'elaboration de certains plans d'evacuation.
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Quel successeur pour le Mirage IVP ?
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Actuellement, drones, avions de recon- ;g naissance tactique et strategique et 8atel- ~ lites espions jouent des röles complementaires dans le domaine du renseignement et de I'image. Si les capteurs numeriques evoluent rapidement en termes de performances et de qualite, ils demandent encore une place importante dans les avions de meme que de grandes capacites de calcul. Bientöt viendra le temps Oll les drones se tailleront la part du lion, tant sur le plan de la qualite que sur celui de la souplesse d'emploi , sans perdre de vue qu'un drone (quelle que soit sa taille) vole sans pilote , avec toutes les 20 AIR FAN
Les huit derniers Mirage IVP (tin 1999) N' 11 25 36 53 61 23 59 62
Coile code AJ code AX code BI code BZ code eH code AV code CF code CI
Affectation ERS 1/91 ERS 1/91 ERS 1/91 ERS 1/91 ERS 1/91 ESTS DU EAA ESTS DU EAA ESTS DU EAA
possibilites d'utilisation que cela permet d'envisager. 11 est egalement question d'equiper quelques Mirage 2000 et Rafale de conteneurs photo numeriques (transmission de donnees en temps reel ou dittere, pour s'affranchir d'eventuels brouillages). Mais, l'autre element complementaire est la montee en puissance du renseign ement sate llitaire avec , notamment pour la France, I'exploitation d'Helios lance depuis Kourou en 1995, en partenariat avec l'ltalie et l'Espagne. Toutefois, le niveau de definition des images recueillies par satellite n'atteindra jamais cel ui des cliches rapportes par le 1/91 " Gascogne ". Fascinant et irrempla9able, le Mirage IVP sera-t-i lle SR-71 fran9ais ? 0 Christian BOISSELON
Merci aux Lei Garineau et Passet et au Cne Pintat pour leur accueil et leur aide lors de ce reportage, ainsi qu'au Cne Mantel du Sirpa et ac. Cepeda, ancien des FAS et peintre de talent.
Tir tor pille avee les Lynl de la
flottille 31 F " All, this is "Dipper Hote/", attacking in 30 seconds, stand-by for drop. Over. ,, 1 Dans le Lynx en stationnaire a 65 pieds , sonar immerge, la concentration est maximale. Quelques instants auparavant, I'operateur El bor, assis a I'arriere, a confirme la fenetre de portee sur la cible sous-marine. Le commandant d'aeronef doit regler le cap de tir de la torpille Mk.46 et lancer son gyroscope (en stationnaire , la torpil le est larguee face au vent et non vers I'objectif) . " Attention pour le tir. " Machinalement, le pilote en place droite a decale I'helicoptere de deux metres , lateralement ; ainsi , pas de collision possible avec le sonar.
" All, this is "Dipper Hote/", attacking now, now, now. Out. ". Liberee par I'impulsion du chef de bord, la torpille pionge, orientee a I'oblique par I'action de son parachute, et disparait dans une gerbe d'ecume. Allege de quelque 230 kg, le Lynx remonte, aussit6t contre par le pilote. L'Elbor passe brievement en mode ecoute du sonar pour s'assurer que le moteur s'est mis en route, puis retourne en mode normal. Sous I'eau, la Mk.46 a debute sa recherche acousti que, spiralant en descente jusqu'a epuisement du carburant.
" All, this is "Dipper Hote/", attack compie ted, one CObra, loose bearing 090, at time 09.00Z. Over. ,, 3 En fonction de la situation tactique et des menaces , I'helico reste alors en stationnaire , pour verifier I'impact ou continuer la traque, ou rejoint une autre position de veille . Ce travail ASM constitue le cceur de I'en-
Ci-dessous: l'Elbor en travail ASM sur le poste de commande et I'ecran de contröle du sonar DUAV-4A. La situation tactique est ensuite tenue ala main, en ASM comme en antisurface.
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trainement sur Lynx. Mais a la 31F, comme dans beaucoup d'unites navales d'helicopteres de par le monde, de nombreuses autres missions sont realisees.
La lutte ASM et antisurface
Creee le 1"' aoOt 1956, a Setif (Algerie), ~ oe @ comme flottille de transport d'assaut sur 22 AIR FAN
Vertol H-2 1C, la 31F possede une longue experience de la lutte ASM puisque, des son transfert a Saint-M andrier en 1961 , elle s'y consacra avec ses HSS1. Et, depuis 1978, son histoire se confond avec cel le du WG 13 Lynx, premier helicoptere veritablement ASM et comp letement adapte pour operer sur les BPH (batiments porte-helicopteres) .
mis en CBuvre par le pilote en place gauche, qui donne les contacts Ei l'Elbor, lequel est responsable de la SurPic (surface picture) globale. Mais ils n'emportent aucune arme antinavire, Ei la difference des Lynx de la Royal Navy. « Nous operons comme piquet avance du navire, nous confie un marin aviateur, et pouvons realiser son profit la designation transhorizon pour un tir MM 39 Exocet. "Cote navigation, le calculateur de bord peut EHre assiste d'un GPS, qui reste un moyen manuel et secondaire de validation. Particulierement stable, dote d'un centre de gravite tres bas, le Westland est bien adapte aux operations Ei bord des batiments. Grace Ei son harpon , situe entre les atterrisseurs principaux, sous le fuselage , il peut manCBuvrer jusqu 'Ei 15° de roulis , bien qu'il soit limite Ei 7° par securite. Une fois pose, le couple rotor, cal e Ei - 5°, permet de
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Ci-dessus: une des machines de la 31 F en courte finale sur sa base de Saint-Mandrier. Le Lynx est I'un des plus petits helicopteres de lutte ASM en service dans le monde, et c'est pourtant I'un des plus efficaces. A gauche: « Dipper Hotel attacking now ! ». La torpille Mk.46 vient d'etre larguee, orientee par son parachute. Elle va pionger et debuter sa traque acoustique de la cible sous-marine. Ci-contre : intense activite sur le parking. Alors qu'un equipage quitte son Lynx, une seconde machine se presente ä I' atterrissage.
Aujourd'hui, la mission de la flottille s'est etendue Ei la lutte antisurface, au contre-terrorisme maritime , au soutien Ei la force navale et au secours en mer. La 31 F aligne douze machines, toutes au standard Mk.4 qui beneficie , notamment, du traitement JVN de la cabine, de I'autoprotection Saphir B zero (32 cartouches IR Ei declenchement manuel) et du nouveau plan fixe arriere tronque pour I'utilisation des nouvelles pales en composite. Optimise pour la traque sousmarine, le systeme de navigation et d'attaque est construit autour du sonar Thomson-CSF DUAV-4A qui , manCBuvre par l'Elbor, dispose de 140 metres de cable (la
profondeur d'immersion variant avec les conditions thermiques des diverses couches marines). Le Lynx peut aussi larguer douze bouees hydrophones passives, dont les donnees sont alors retransmises au centre tactique du BPH. Dans ce cas, il utilise le kit ETBF, couple Ei celui du bateau, pour le recueil des signaux de basse frequence. Quant Ei I'armement ASM, il consiste en deux torpilles Mk.46. Les WG 13 sont egalement en mesure d'effectuer de la detection de surface, Ei I'instar de leurs homologues britanniques dont c'est la mission principale. Le radar ORB-31, Ei I'origine un radar meteo, est alors
plaquer I'helicoptere sur le pont. Un interrupteur deverrouille la roulette avant et I'oriente Ei 90° ; I'appareil est alors capable de tourner sur 360° autour du harpon. Pales et derive peuvent etre repli ees en dix minutes par une equipe de six personnes , et
1. " A taus de "Dipper Hote/", attaquons dans 30 s, attention pour le largage. Termine. " 2. " A taus de ''Oipper Hote/", attaquons maintenant. Termine. " 3. " A taus de "Dipper Hote/", attaque terminee, un Cobra (tir autonome en stationnaire), relevement moyen 090, a 09.00Z. Termine. "
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Ci-dessus: retour de vol estival. Lorsque la temperature de la mer depasse les 19°C, les equipages ne portent plus la combinaison etanche de survie, mais une simple mae west. L'Aeranautique navale a adopte la combinaison temps chaud de I'armee de l'Air ... qui, elle, en interdit I'utilisation en metropole ! En haut: les raues principales sont ici en position « castoree » ä 2r, une caracteristique qui permet de tourner autour du harpon une fois ä bord. Ci-contre : maintenance en ligne sur le n° 623, I'un des premiers ä avoir re~u la nouvelle peinture de rad6me. Con~u pour operer sur les navires, le Lynx integre de nombreux composants qui peuvent ihre contr61es et remplaces en un temps minimum.
tout a ete con<;:u pour faciliter I'entretien a bord. Les trains droit et gauche sont identiques , comme les deux turbines , ce qui reduit les stocks de rechange. Avec le mode Main Drive, le moteur n° 1 (gauche) n'est plus couple au rotor et peut fournir I'alimentation electrique et hydraulique pour la maintenance autonome dans le hangar. La navalisation poussee se retrouve dans les dispositifs de survie . N'ayant pas de mission terrestre et operant presque exclusivement en mer 4 , les Lynx possMent desormais tous la flottabilite de secours (quatre ballonnets) activable manuellement ou par detection saline. Enfin , I'helicoptere est tres bien motorise et dote d'un pilote automatique performant couple a un radar Doppler. Au decollage
4. Par un singulier revers du destin, c 'est pourtant sur terre, pres de Cuers, que la flottille a ete victime d'un tragique accident le 27 decembre 1999, entrainant le deces du commandant d 'aeronef.
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avec effet de sol , I'equipage affiche 2 x 100 %, 5° d'angle au rotor et, apres 3 s, il peut voler sur un moteur. Tres fiable , le PA permet la prise de stationnaire en autonome jusqu'a 40 nceuds de vent. De nuit, tous les stationnaires sont realises en automatique. De par ces caracteristiques, les Lynx so nt en mesure d'evoluer en parfaite securite loin du bateau , en pleine mer, de jour comme de nuit.
Les detachements embarques Les detachements embarques sont la raison d'etre des equipages operationnels. Quand les batiments sortent en mer, ils suivent. " Avec 12 ou 13 equipages, nous confie un pilote , nous armans quatre navires : les fregates Dupleix, Montcalm, Jean de Vienne et La Motte-Picquet. A cela s'ajoutent depuis peu trais detachements par an sur les fregates allemandes type 122 Bremmen . Chaque detachement est consti-
tue de deux equipages et de deux Lynx, plus dix techniciens. Sur les bateaux allemands, on emmene en plus du personnel de pont d 'envol. " A bord, le Lynx est considere comme un systeme d'armes du navire, au meme titre que les canons ou le systeme MM 39. L'alerte normale est de 30 mn de jour et de 45 mn de nuit. Elle peut progressivement etre reduite a 15 ou 10 mn, voire meme a 5 mn , avec I'equipage breie dans I'appareil sur le pont d'envol. C'est toujours le bateau qui decide de I'utilisation de I'helico et du niveau d'initiative qui lui est laisse. En mode passif, apres immersion des bouees sur guidage du centre ASM du bateau , le Lynx peut tirer en mode Vectac, c'est-a-dire en translation a 200 ft/90 kt, au top donne par le batiment, sur une cible qu'il n'aura lui-meme jamais detectee. Forte de 170 personnes , la flottille doit en premier lieu gerer la formation du personnel et la disponibilite des moyens . La mainte-
nance est organisee en trois niveaux. La 31 F realise elle-meme le 1er niveau en continu une machine n'est jamais bloquee plus de 6 heu res. La VIS (Visite d'integrite structure, controle de la corrosion) de 2e niveau est effectuee toutes les 600 h (soit tous les 24 mois environ) par le SMA (Service de la maintenance aeronautique) de la BAN, qui centralise aussi les VIS des Lynx de la 34F. Enfin , tous les 78 mois, I'AIA de Cuers realise le 3e niveau - dit industriel - au cours duquelles machines re<;:oivent, entre autres, une nouvelle peinture integrale grise (radome compris). Pour les equipages, toute la difficulte est d'adapter I'entrainement au rythme des detachements embarques. Dans l'Aeronautique navale, la formation des pilotes de Lynx est celle qui dure le plus longtemps, car elle est la plus complexe : trois ans pour qualifier un pilote jour/nuit. Pour la jeune recrue, la route est longue avant la qualification CHOC (Commandant d'helicoptere ops confirme) , I'ultime niveau tactique qui lui permettra de conduire une patrouille de deux helicopteres de nuit dans toutes les missions (voir encadre). L'entrainement tactique repose, bien sOr, en priorite, sur les exercices Casex de lutte ASM et Surfex de lutte antisurface. Chaque pilote realise un minimum de 240 h par an (30 de plus pour les jeunes PC). Le tir torpille est particulierement important puisqu'il represente I'aboutissement de la mission principale. Deux torpilles d'exercice sont utilisees la Marconi , en bois, depourvue de moteur et de systeme de navigation, et la Mk.46 d'exercice, identique a la version operationnelle, mais avec un enregistreur a la place de la charge militaire. La premiere sert a mecaniser la sequence de tir. Apres largage, elle plonge
a - 15 metres, puis remonte. Elle est alors repechee au treuil. La seconde permet de totalement simuler le tir et la poursuite de la cible. Son enregistreur est depouille a Toulon , puis etudie a la section pyrotechnique de Brest (fonctionnement moteur et trajectographie) C'est I'analyse d'un tir Mk.46 qui valide le niveau tactique de I'equipage. Dix a quinze Marconi et une dizaine de Mk.46 sont tirees chaque annee. Quelques exercices sont realises en collaboration avec un batiment de la Marine ou
Les qualifications pilote PO : apres six mois, peut iHre second pilote sur tous les vols ; PC (pilote confirme) : apte 8 realiser les missions simples de maniabilite ; CHE (commandant d'helico confirme) : capable de gerer toutes les missions de jour; CHO (commandant d'helico operationnel) : qualifie appontage ettreuillage de nuit; CHOC (CHO confirme) : apte 8 conduire de nuit une patrouille de deux Lynx dans toutes les missions.
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Ci-contre : un armurier au travail sur le lance-Ieurres infrarouges. Notez la jambe de train, 'identique 8 droite et 8 gauche, et le ballonnet de la flottabilite de secours.
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En dessous: responsable de la navigation et de la gestion tactique globale, le commandant d'helicoptere, en place gauche, dispose notamment du calculateur de navigation (panneau centrall. du radar de surface (8 gauche) et du boltier GPS (en haut).
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En ba,s : les missiles infrarouges sont la principale menace pour les helicopteres. lei, I'equipage execute un tir d'entralnement de leurres IR. Le lance-Ieurres Alkan Saphir B zero contient 2 x 161eurres commandes exclusivement en mode manuel par le pilote puisque le Lynx ne possede pas de detecteur d'approche missile.
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un Atlantique de la Patmar. Dans ce cas , un - sous-marin tient le role de la cible au profit du dispositif. Mais, pour I'entrainement plus ~ basique, la 31F utilise I'EMATI (Expandable ~ Mobile Antisub Training Target) , un outil de ~ simulation tres astucieux fabrique par la @ societe Sippican. C'est un petit module submersible de 90 cm , pesant 10 kg , capable de fonctionner 3 heures. Lance a la main depuis la porte cargo , il simule la signature sonore d'un sous-marin , permettant I'entrainement au pistage autonome. -
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Les autres missions Les Lynx assurent diverses autres taches. Grace a leur treuil, capable de sou lever 270 kg , ils sont parfaitement adaptes au SAR en mer ainsi qu'au transport de personneis sur les navires depourvus de pont d'envol. Sous elingue, ils peuvent acheminer jusqu'a 1 000 kg (generalement pas AIR FAN 25
Ci-contre : le sonar est descendu par l'Elbor, pendant que le pilote en place droite maintient I'helicoptere en vol stationnaire. C'est dans cette position que le Lynx est le plus vulnerable, notamment face aux sous-marins de derniere generation qui disposent de senseurs pour la detection au-dessus de la surface. Ci-dessous: ingenieux et peu couteux, I'EMATI permet de simuler en autonome un sous-marin et de s'exercer la traque sonar comme au !Ir torpIlle.
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plus de 500 kg) en mission de liaison pour le compte de la force navale. Mais leur role le plus original est sans doute celui de contreterrorisme et de police maritime. En corde lisse, un Lynx est a meme de deposer trois commandos marine. A deux machines, le noyau constitue est suffisant pour une mission anti-terroriste. Cest durant la guerre Iran-Irak qu'est nee une seconde exigence : avoir une capacite minimale d'autodefense pour I'escorte des supertankers franc;;ais. Cet imperatif a depuis ete confirme par les operations de controle de I'embargo en Adriatique. Les helicos so nt alors equipes de lance-Ieurres infrarouges et d'une mitrailleuse AA 52 de 7,5 mm montee en sabord. Chacun des Elbor tire deux bandes de 100 cartouches tous les deux mois pour rester qualifie. Les Lynx etant a mi-vie, les modifications a ven ir ne concernent plus que des points mineurs de leur systeme d'armes et de navigation. Outre I'integration du GPS dans le calculateur, envisagee a moyen terme, se pose ra sans doute la question de I'adaptation de la nouvelle torpille MU90. Une des dernieres nouveautes techniques reside dans les pales en composite , introduites a I'initiative des Britanniques. Plus legeres, elles sont dotees d'extremites elargies et profilees qui autorisent une vitesse superieure (de 135 a 160 nceuds). Moins sensibles a la corrosion, elles sont a controler toutes les 100 h seulement, contre 10 pre28 AIR FAN
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Ci-dessus: la 31 F met en ligne douze helicopteres pour douze treize equipages constitues. En tenant compte des detachements et des maintenances, cinq six machines sont disponibles pour I'entrainement journalier.
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Ci-contre : entraTnement au tir AA 52 depuis la porte gauche. Chaque Elbor doit etre qualifie pour les missions antiterroristes et de police maritime, et s'exerce au moins une fois tous les deux mois.
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cedemment. La 34F les utilise depuis trois ans deja et la 31 F s'en equipe progressivement (les pales metalliques ne so nt plus fabriquees). Revers de la medaille, si la vitesse maxi est accrue, le stationnaire est en revanche un peu plus delicat a tenir. Pour le reste, la machine devrait evoluer assez peu puisqu'elle est encore aujourd'hui unanimement appreciee. Et si I'option du
demenagement des helicopteres a Hyeres se confirmait, ce la ne changerait normaleme nt rien dans I'organisation et I'activite de la flottille. 0 E. DESPIACES et P. ROMAN
Merci aux personnels de la 31F, parmi lesquels son ancien pacha, le CF Gaueriaux, le CC de Cointet et le LV Sauei. Merci egalement au Sirpa marine pour la coordination du reportage.
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s-r n;\-r E G J Cl UES par Jean·Louis Prome
L'USAF, plutöt que de meUre ses bombardiers strategiques a la casse, entend les transformer en un efficace moyen de combat capable d'assurer des frappes conventionnelles puissantes et precises en n'importe quel point du globe. C'est la Global Power. Pour ce faire, des sommes considerables sont englouties afin d'adapter ces vecteurs aux nouvelles armes air-sol. Et la campagne du Kosovo a permis de realiser quelques experimentations.
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ne fois encore, apres les operations en Irak, la campagne aerienne du Kosovo a permis a I'USAF de faire la demonstration de I'utilite, dans un contexte non nucleaire, de sa flotte de bombardiers strategiques. En effet, une douzaine de B-52, cinq B-1 B et six B-2A effectuerent un certain nombre de frappes, dont certaines de tres grande precision et par tous les temps comme ce fut le cas avec I'emploi de la nouvelle bombe JDAM a guidage GPS emportee par les B-2, appareils qui enregistraient la leur premiere participation a un conflit. Toutefois, cette participation demeura, dans les faits, extremement reduite. Ne serait-ce que parce que ces avions, pour la plupart, ne sont pas encore equipes pour recevoir ces nouvelles armes conventionnelles qui, d'ailleurs, commencent a peine a iHre livrees. Mais le sens de la manceuvre etait clair : mettre au point les futures doctrines d'emploi des bombardiers strategiques, dependant de la 8th Air Force, dans le domaine classique. Cette ambivalence entre le conventionnel et le nucleaire se trouve d'ailleurs confirmee par leur integration relativement recente au sein de l'imposantAir Combat Command qui rassemble egalement de nombreux F-15 et F-16. C'est la reussite de ce pari qui assure a I'USAF le maintien d'une force strategique qui aurait vraisemblablement, au cours des dernieres annees, purement et simplement disparu si elle s'etait revelee incapable d'elargir son champ d'action au-dela de la dissuasion nucleaire.
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OBJHTIF : 130 BOMBARDIERS EH lIGHE Aujourd'hui, la flotte des bombardiers strategiques americains reunit, dans ses unites de premiere ligne, 110 avions operationnels. L'objectif affiche par le Pentagone, a la suite des recentes demonstrations en Irak et au Kosovo, est de remonter, des 2004, ce total a 130 avec soixante-dix B-1 B (vingt-quatre a Ellsworth, six a Mountain Home, huit de I'ANG a McConnell, huit de I'ANG a Robins et vingt-quatre a Dyess), seize B-2A (Whiteman AFB) et quarante-quatre B-52H (douze a Minot et trente-deux a Barksdale, dont huit de I'AFRES). Ce renforcement va se reveler possible gräce a I'aug- ~ mentation de la flotte des B-2A qui , des le printemps @ 30 AIR FAN
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Ci-dessus : gräce a sa furtivite. le B-ZA. dont 21 exemplaires ont ete produits. devrait s'averer capable. pour encore quelques annees. de penetrer sans trop de risques en des zones hostiles tres fortement defendues. Ci-dessous : le B-52H. deja quadragenaire. devrait encore avoir une bonne cinquantaine d'annees a vivre. Et son apparence debonnaire est trompeuse. En effet, jamais il n'aura ete militairement aussi efficace gräce a I'emport de missiles de croisiere ou de bombes de grande precision.
Ci-contre : chargement de bombes classiques Mk.82 dans rune des soutes d'un 8-18, sur sa base britannique, quelques heures avant qu'il ne decolle ä destination du Kosovo. En dessous: gräce ä sa vitesse elevee et ä sa manreuvrabilite ä basse altitude, le 8-18 s'avere routil ideal pour penetrer de nuit et par tous les temps au sein de lones de combat ä faibles ou moyens risques. En bas : les 8-18 ne sont plus assignes ä la mission nucleaire. IIleur faudra neanmoins patienter jusqu'en 2002 pour pouvoir emporter des missiles de croisiere ä charge conventionnelle (jusqu'ä 24 JASSM) ou des bombes JSOW (jusqu'ä 12) de grande precision. Pour rheure, ils doivent se contenter de bombes classiques ou guidees G8U-31 JDAM (24 reparties dans les trois soutes).
specialises dans la penetration d'ouvrages betonnes. Mais I'USAF n'a pas vraiment pu en profiter au Kosovo, ses stocks d'AGM-86C etant en effet, apres les diverses actions en Irak, au plus bas. 11 n'en resterait qu'une soixantaine. Les industriels travaillent actuellement a la transformation d'AGM-86B acharge nucleaire en missiles conventionnels. Mais, meme ainsi, ces armes coOtent fort cher et ne peuvent veritablement etre employees en nombre. Or, I'interet de posseder une flotte de bombardiers lourds reside bien evidemment dans I'effet de masse qu'ils peuvent assurer. Ce qui signifie le recours a des armes qui, malgre leur efficacite, doivent demeurer peu coOteuses. Ainsi adapte-t-on ces bombardiers au tir des nouvelles armes air-sol conventionnelles de precision. Parmi elles, le missile de croisiere JASSM (Joint Air-to-Surface Stand-off Missile) de 1 020 kg (tete militaire de 453 kg) et environ 200 km de portee. Ou encore les bombes de type GBU-37 de 2 130 kg, destinees aux seuls B-2A, les JDAM (Joint Direct Attack Munition) et autres AGM-154A JSOW (Joint Stand-off Weapon). Ces armes so nt de type « tire et oublie » gräce a leur guidage inertiel couple GPS leur assurant une tres grande preci-
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@---------prochain, va atteindre son niveau definitif de seize machines operationnelles en premiere ligne (contre quatorze en 1999), et surtout du fait d'une remontee en puissance de la flotte des B-1 B qui, en deux ans, de debut 2003 a fin 2004, sera accrue - en piochant dans les stocks et en transformant une unite d'entralnement en formation de premiere ligne de pas moins de dix-huit B-1 B. La flotte des B-52H, elle, ne devrait pas evoluer. Toujours est-il que disposer de ces 130 bombardiers justifiera toujours un parc de 190 machines, puisque, a ceux operationnels, il conviendra d'en ajouter vingt-quatre dedies a l'entralnement (douze B-52H a Barksdale et douze B-1 B a Dyess) et deux aux essais, tandis que quatorze seront conserves en reserve pour combler I'attrition et vingt autres en stockage longue duree pour gerer harmonieusement le vieillissement du parc ou permettre la realisation des chantiers de modernisation. Et il est vrai que la flotte des bombardiers strategiques beneficie, depuis quelques annees, a la suite des frappes aveugles des B-52 au cours de la guerre du Golfe en 1991 , d'importantes mises a niveau destinees a la transformer en un outil parfaitement adapte aux frappes conventionnelles de precision.
NOUVHlH ARMES Car I'emploi des bombes classiques non guidees Mk.82 (225 kg) ou Mk.84 (450 kg), voire des clusters CBU-87/89, meme ameliorees par I'adjonction de kits WCMD, ne repond plus vraiment a I'efficacite exigee aujourd'hui par les opinions publiques et les autorites politiques occidentales. Certes, les B-52H disposent deja de la capacite de tir de missiles de croisiere Ei charge conventionnelle de type CALCM AGM-86C (de 950 km de portee et particulierement precis) ou AGM-142 Have Nap
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sion par tous les temps et de nuit (13 m d'ecart circulaire probable pour la JOAM). Les JSOW, de 483 kg, emportent des sous-munitions (145 BLU-97 ou 6 BLU108 selon la nature des cibles visees) et so nt tires a distance de securite (de 24 a 64 km selon I'altitude de lancement). Les JOAM, quant a elles, so nt constituees par assemblage d'un kit de guidage sur des Mk.83, Mk.84 ou BLU-109 et ont une portee inferieure a 24 km. La modification des bombardiers pour I'emport des JOAM a commence en 1998 et se terminera fin 2002. S'agissant du JSOW, l'Air Force a decide de privilegier en priorite son adaptation sur les B-2. Les premiers chantiers d'integration demarrent actuellement. Oebut
Ci-contre : une fois integnles les nouvelles armes air-sol de precision, le B-2A se revelera un outil redoutable, notamment dans les premieres heu res d'une campagne aerienne, lorsqu'il s'agira de desorganiser la defense aerienne de I'adversaire. Ci-dessous: les bombardements massifs en aveugle ont demontre leur quasi-inefficacite militaire au cours des guerres du Vietnam, puis du Golfe. ~--------------------------------------------------~ ~
~ 2001, ce sera au tour des B-52H de suivre, puis, a partir de 2003, a
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celui des B-1B ; la totalite des B-52H et B-1 B en ligne etant compatible JSOW respectivement fin 2002 et fin 2004. Quant au missile de croisiere JASSM, les travaux d'amenagement ne seront pas entames avant la mi-2002. Tous ces chantiers d'adaptation de la flotte strategique a la guerre conventionnelle de precision modeme portent aussi sur I'integration de systemes de contre-mesures encore plus performants, tels les brouilleurs infrarouges OIRCM a effet dirige avec precision par « effet de chat » sur les autodirecteurs des missiles adverses ALR-56, qui commenceront a equiper les B-1 B a partir de fin 2002, ou encore, pour les B-52H, sur des equipements de navigation plus precis (centrale inertielle en 2005), etc. Ces travaux fondamentaux ont demarre voici cinq ans et ont deja coOte 3,6 milliards de dollars a I'USAF. Et, cette annee, 800 millions so nt encore prevus. Soit I'equivalent de I'achat de vingt-six Mirage 20000 ! Ce n'est pas rien. Mais le pic est atteint. Oes I'annee pro-
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UNE FLOTTE DU TROISIEME AGE ? Les etudes rendues publiques par le Pentagone font aujourd'hui etat - sur la base du maintien d'un parc de 130 bombardiers en premiere ligne, de conditions d'emploi sans changement et de la validite des modeles previsionnels actuels en termes d'attrition et de resistance des cellules - de la necessaire entree en service operationnel d'un nouveau bombardier a partir de 2037. L'extinction complete des flottes de B-IB, B-2A et B-52H intervenant quant a elle en 2050 ! Ce qui signifie que les reflexions apropos des missions a confier a leur eventuel successeur devraient debuter des 2013, la phase exploratoire du concept en 2016, le lancement du developpement vers 2019 et de la production en 2034. Ce qui laisse encore quelques annees de repit a l'USAF. Encore faudra-t-il que le parc actuel tienne e ffectivement jusque-la. Ne serait-ce qu'en matiere de resistance structurelle des 32 AIR FAN
cellules. S'agissant des B-52H, la partie de la cellule au potentielle plus reduit est bien l'extrados de la voilure dont la duree de vie est aujourd'hui estimee a ~ seulement » 32 500 h de vol, avec une extension possible a 37500. Le fuselage disposerait d'un potentiel supplementaire de 10 000 h. Selon l'USAF, une bonne gestion du parc devrait assurer le maintien en service de 62 appareils jusqu'en 2044. Apres quoi, il s 'eteindra en quelques annees. En ce qui concerne les B-IB, c'est l'intrados de voilure qui, avec une duree de vie de 15200 h de vol, constitue le facteur limitant de la vie de la cellule. La flotte commencerait a decroftre lentement des 2018, puis tres vite a partir de 2035. Pour autant que l'on continue a leur imposer les actuels vols a basse altitude, extremement penalisants po ur leur structure.
Quant aux B-2A, les essais de resistance structurelle deja entrepris tendraient a demontrer que, avec les profils de vol actuels, la cellule devrait pouvoir tenir aux alentours de 40 000 h. Au niveau de l'attrition, les etudes du Pentagone tablent sur la perte d'un B-2A par decennie. Le constat n 'en est pas moins fort clair : les bombardiers lourds de l'USAF sont promis, en l'etat actuel de la question, a une tres longue carriere. Lors de l'extinction de la flotte des B-52H, par exemple, ceux-ci seront largement octogenaires, tandis que les B-IB seront quand meme entres dans le troisieme age. Une longevite qui, a elle seule, constituera un incroyable record. Mais un tel parc, meme modernise, demeurera-t-il veritablement capable de faire effica cement face aux nouvelles menaces (capacites d'interception) et aux evolutions technologiques (capacites de detection ameliorees reduisant l'efficacite de la furtivite des B-2A) du prochain demi-siecle ? La question est posee! JLP
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Mais cela implique de fournir en temps resl
a chaque
@ bombardier les donnees necessaires acquises par
chaine, les moyens alloues Ei ces modernisations tornberont de moitie, avant de se fixer, en hypothese basse, aux alentours de 200 millions par an Ei partir de 2003.
QUAND UN B-~2 SE
«
PAlE» UN
MIG-29 !
Toutefois, les militaires, soucieux d'accroltre Ei la fois I'efficacite de leurs avions et leurs capacites de survie, font dejEi valoir que d'autres ameliorations seraient souhaitables. Ainsi, par exemple, I'installation de la liaison 16 Ei bord des 6-18 et 6-2A. En effet, le 27 mars 1999, un missile de croisiere lance depuis un 8-52 volant Ei distance de securite frappait un MiG-29 serbe sur le parking de la base de 6atajnica. Ceci, gräce Ei I'exploitation en quasi temps reel d'images fournies par un U-2S. Une teile attaque d'objectifs d'opportunite n'a constitue qu'une experience unique, une demonstration. Mais une experience qui s'est revelee tout de meme largement concluante et qui conduit le Pentagone Ei souhaiter que la gamme des cibles, jusqu'ici limitee aux objectifs fixes ou peu mobiles, soit elargie Ei des vehicules. Ce qui serait le gage d'une plus grande efficacite, voire d'une reelle dissuasion non conventionnelle en menac;:ant, par exemple, certains dirigeants lors de leurs deplacements.
des senseurs emportes par d'autres avions (E-8 J-STARS, U-2fTR-1, F-22, drones, etc.). Et donc d'installer la liaison 16, qui permet de tels echanges de donnees, sur toute la flotte. CoOt ? Environ 600 millions de dollars devraient etre depenses pour ce faire au cours de la decennie. D'autres ameliorations so nt egalement envisagees, parmi lesquelles un nouvel ensemble d'ecrans de visualisation pour les 6-16, I'integration d'un systeme numerique (Ei la place de I'actuel analogique) de controle pour les reacteurs des 6-2 et I'installation des 1 760 interfaces requises pour I'emport des nouvelles armes air-sol « intelligentes » dans les soutes Ei bombes des Stratofortress. Ces dernieres ne peuvent aujourd'hui, ou Ei terme proche, les recevoir que sous leurs pylones externes. Ce qui limite les capacites d'emport. Avec I'« interfac;:age » des soutes Ei bombes, un 6-52 pourrait alors embarquer jusqu'Ei vingt JSOW ou JASSM. Le tout representant 450 millions de dollars supplementaires Ei investir. Au-delEi de 2015, car tout ceci se prepare longtemps Ei I'avance, I'USAF prevoit la mise Ei niveau du radar SAR des 6-16, dont I'actuelle resolution de 3 m devrait etre amelioree d'un facteur dix autorisant I'emploi en autonome, et avec une precision chirurgicale, des armes air-solles plus precises. Les 6-2A devraient voir leurs ordinateurs de bord modernises et leur furtivite encore augmentee, tandis que les 8-52 pourraient enfin beneficier d'une capacite Ei modifier en vol leur mission en integrant en temps quasi reelles evolutions de la situation tactique.
LA PLANEH POUR THEÄTRE L'USAF est donc parvenue Ei conserver sa flotte de bombardiers strategiques alors meme que les evolutions geopolitiques ne justifient plus son maintien. En fait, I'« astuce » a consiste Ei transformer un outil de dissuasion nucleaire en un systeme d'armes conventionnel mais qui, par I'ampleur de ses effets, joue un role strategique evident. Les fameux bombardements de terreur effectues par les 8-52 sur les soldats irakiens, en 1991, s'apparentaient aux raids de la Seconde Guerre mondiale. Leur efficacite semble, selon les etudes les plus recentes, avoir ete des plus reduites. En revanche, les frappes dont seront capables sous peu les bombardiers lourds americains associeront effet de masse et precision extreme. Le champ des missions de frappes conventionnelles ouvertes aux bombardiers strategiques va donc nettement s'elargir (la mission nucleaire demeure, sauf pour les 6-16, mais ne constitue plus aujourd'hui qu'une activite marginale). Jusqu'ici plus ou moins confines aux attaques dites strategiques portant sur des cibles fixes importantes (usines, unites militaires, etc.) frappees par des bombardements de saturation de zone plus ou moins efficaces, les bombardiers lourds vont de plus en plus, gräce Ei leurs nouvelles armes, participer Ei la suppression des defenses sol-air ou Ei la destruc-
En haut: le B-1 B peut aisement s'integrer dans des raids combines comprenant des avions de combat classiques. Ses trois soutes a bombes lui permettent I'emport, au cours du meme vol, d'une gamme variee d'armes, Ci-contre : le deja quadragenaire B-52H - le 102' et dernier « H » a ete livre en 1962 - s'avere ideal comme camion a
missiles de croisiere, Tires a distance de securite (plusieurs centaines de kilometres), ces missiles permettent a I'avion de rester largement hors de portee des defenses adverses,
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Ci-contre : les B-52H pourront egalement etre utilises efficacement, avec des bombes guidees courte portee, au-dessus de theatres d'operations faibles risques.
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En dessous: durant les operations du Kosovo, les B-1B souffrirent du manque de rechanges. t:un des cinq deployes dut meme etre cannibalise pour maintenir les quatre autres en service!
tion au sol de I'aviation adverse et de ses centres de contröle et de commandement, a I'interdiction du u. champ de bataille (attaque des infrastructures logis- ~ tiques et de communication), ainsi qu'a I'appui rappro- @ .....;..;~;;;:::::.;~..:.:.~-....::::::.==::=::..::.::.:.::....;;.:-...:.._=~__.:::=:..:.:~_....:..____ che (destruction des chars, pieces d'artillerie, etc.). Avec, par rapport aux autres vecteurs aeriens, deux avantages indeniables. A savoir, d'une part, la possibilite de frapper - au cours d'une seule et meme sortie, et avec une grande precision - de nombreux objectifs eloignes les uns des autres. Mais aussi, d'autre part, la capacite a intervenir a de tres longues distances. Les B-2A ont ainsi attaque (avec seize JDAM) les forces serbes le 24 mars 1999, en decollant de leur base de Whiteman, dans le Missouri, et en revenant s'y poser, sans effectuer la moindre escale. Gette capacite a frapper n'importe quel point du globe - eventuellement depuis une base situee sur le contine nt nord-americain, dans le cas des B-2A, et, en tout etat de cause, a partir des bases americaines outremer - , constitue un atout incomparable. Deja, I'USAF integre les bombardiers strategiques au sein de ses forces expeditionnaires (Aerospace Expeditionary Forces) qui comprennent egalement des avions de chasse et so nt destinees a fournir a un commandant de ~ theatre d'operations un ensemble integre et flexible de ~ . moyens aeriens. Les procedures actuelles prevoient plusieurs modes d'emploi possibles. moins une semaine d'operations. Vers 2002, quatre sites devraient avoir En premier lieu, I'alerte avec deploiement de detachements de bombarainsi ete equipes hors des Etats-Unis : Andersen AFB a Guam, Diego diers sur des bases avancees. Ge qui constitue une gesticulation evenGarcia dans I'ocean Indien, un autre en Europe et un dernier au Moyentuellement dissuasive pour I'agresseur potentiel. Ensuite, la realisation Orient. Leur emploi n'excluant pas I'utilisation de plates-formes plus de frappes depuis des bases avancees disposant d'equipements, de proches du theatre des operations. Toujours est-il que ces bases arriere rechanges, de stocks d'armes et de carburant suffisants pour assurer au assurent aux B-52H et B-1 B, voire aux B-2A, une capacite d'intervention mondiale tout en limitant le recours aux ravitailleurs en vol. Enfin, la realisation de frappes a partir du territoire americain au cours de longues missions pouvant atteindre 40 heu res de vol sans escale. Des missions fort couteuses en tankers et qui exigent une parfaite coordination avec les moyens du theätre d'operations. Les B-2A de I'USAF realiserenl 50 sorlies au cours selon le Penlogone, de I'ordre des 89 %. Ainsi, On le constate, I'USAF tente de demontrer sa de la campagne du Kosovo. Des missions non-slop loul en n'accomplissanl que cinquonle des 37 500 capacite a assurer a volonte une frappe glooparlir de la base de Whileman, aux Etals-Unis. sorlies reolisees par I'Alliance au cours de celle bale sur n'importe quel point du globe sans Ce qui represenlait 0 chaque fois un vol sans campogne (O, 13 %), les B-2A parliciperenlloul avoir a dependre d'autorisations d'Etats plus ou escale de 30 heu res. Mais le Penlagone se refusa de me me 0 hauleur de 11 %du lonnoge 10101 de moins allies et plus ou moins retifs. En definiolenler le diable en complanllrop sur 10 furlivite bombes larguees. Ce qui n' esl pas rien s' agissonl tive, le moyen de faire aussi bien que les portede ses machines (la perle d'un F-117 juslifio ceren plus d'armes Ires precises utilisables en olliavions de I'US Navy ? En fait, de completer loinemenl celle ollilude), elles B-2A beneficielude de securite el, 0 la difference des armes 0 plutöt leur action. Et d'instituer une sorte de disrenlloujours de I'accompognemenl d'ovions de guidoge loser, molgre 10 presence de denses suasion a base d'armes acharges conventionbrouillage EM. couches nuogeuses. En oulre, cerlains rapporls nelles mais aprecision extreme. Reste a savoir Les B- 2A peuvenl emporler seize bombes fonl elol de ce que les B-2A ovoienlla copacile, si les investissements necessaires au maintien JDAM, guidees por GPS, de 900 kg ou bien huil une premiere ou sein de I'USAF, de recevoir en en service de ces machines se reveleront suffide 2 260 kg po ur 10 penMration des abris belon volles donnees concernonl de nouvelles cibles sants pour eviter leur totale obsolescence au nes. IIs pouvoienl les lorguer por lous les lemps. non pnlvues ou decolloge el de progrommer cours des prochaines decennies. Ginquante Au 10101, quelque 5000 650 JDAM furenl utililes JDAM en vol pour les fropper. .:. ans a tenir, face aux evolutions accelerees de sees, soil 453 0 590 lonnes, ovec une precision, JLP la technique, c'est long ! 0
LES B-2A AU KOSOVO : UNE DEMONSTRATION REUSSIE
Jean·Louis PROME
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Le plus haut chantp de tir d'Europe ! par Hugo Mambour et Vincent Pirard/AviaScribe
,eXigU'fte patente du territoire comme de I'espace aerien de la Confederation helvetique, de meme que son relief montagneux, a depuis toujours impose sa real ite I'aviation militaire locale . Ainsi n'existet-il en Suisse que tres peu d 'espaces libres ou de polygones dont la taille permette I'entra7nement au bombardement ou au tir airsol avec des munitions dites " bonnes de guerre ". Une contrainte que les aviateurs helvetes ont pall ie de longue date par la pratique tres reguliere du tir au canon - avec des munitions d'exercice - sur des cibles flottantes posees sur des lacs , comme Neuchätel, en face de la localite de Forel . Si,
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a diverses
reprises, au cours des annees 1970 et 1980, de petits contingents de chasseurs de combat de la Force aerienne suisse se rendirent a Vidsel, sur le cercle polaire arctique, en Suede, pour y effectuer des campagnes de tir comprenant un volet air-sol, ces deploiements garderent toujours un caractere assez experimental'. Cependant. la Suisse recele plusieurs champs de tir air-sol dont la plupart sont aujourd'hui fermes (comme ceux de Hongrin, dans le canton de Vaud , et du Monte Gesero, au-dessus de Bellinzona, dans le Tessin), I'exception notable du plus im pressionnant d'entre eux, qui est egalement repute etre le plus difficile et le
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plus haut d'Europe occidentale, celui de l'Ebenfluh , mieux connu sous son nom presque magique d'Axalp . Sis dans les Alpes bernoises, ce dernier est implante a quelque 2 300 m d'altitude, une vi ngtaine de kilometres I'est de la grande station de sports d'hiver d'lnterlaken, sur les hauteurs dominant la rive meridionale du lac de Brienz, plus precisement au sud du village dont il tire I'un de ses deux noms, Axalp. Cette zone de haute montagne non cloturee constitue une reserve naturelle confederale ou la chasse est strictement interdite. Elle est tres frequ entee par les touri stes et les randonneurs en ete, periode durant laquelle le polygone est ferme. En service depuis la Deuxieme Guerre mondiale , il a subi, au cours de ses bientot soixante ans d'existence, de nombreux amenagements.
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La-haut sur la montagne L'etablissement d'un champ de tir air-sol en montagne trouve son origine dans la volonte exprimee par I'armee suisse de pouvoir disposer d'une zone specifique pour © H. Mambour/AviaScribe
I'entrainement de ses pilotes au support aerien des troupes alpines. Le site de l'Ebenfluh sera decouvert et selectionne au cours de I'ete 1942, a I'issue de plusieurs vols de reconnaissance. En raison de I'urgence des besoins d'entrainement, nes de la guerre qui faisait alors rage en Europe, le nouveau polygone fut tres rapidement equipe et mis service. Sa premiere activation eut lieu du 7 octobre 1942 la fin du mois d'avril 1943. Sept mois au cours desquels y defilerent les appareils de pas moins de dix-huit compagnies d'aviation (Flieger Kompanien). Celte premiere campagne de tir s'avera aussi une veritable epreuve pour son personnel au sol, un detachement en provenance de la base proche de Meiringen. Une journee de travail l'Ebenfluh signifiait, en effet, 15 16 heures de service ininterrompu dont la majeure partie se passait dans la neige et
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Ci-contre : ce Super Puma, specialement decore pour le vingt-cinquieme anniversaire de la TrSt 8, approche de la plate-forme pour helicopteres situee pres du PC. A I'arriereplan, ä droite, on distingue les panneaux orange qui constituent la cible n° 3. En dessous : un F-5E Tiger degage ä I'issue d'une passe sur la cible n° 1. Les volets sont legerement sortis pour augmenter la manreuvrabilite de I'appareil.
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dans le froid. Presents sur site, 2 250 m d'altitude, de 9 16 heures, ces hommes rejoignaient ensuite, pied ou ski, le village d'Axalp d'ou une partie d'entre eux repartaient aussitöt en vehicule Unterbach pour le compte rendu des tirs de la journee et la preparation de la suivante. Plus tard, dans la soiree, ils rentraient passer la nuit a Axalp pour pouvoir, des les premieres lueurs de I'aube, remonter l'Ebenfluh. Un trajet aller et retour quotidien de pres de 24 kilometres qui, pour sa seule partie pedestre, durait environ six heures et representait un denivele total cumule de quelque 3 400 m ! Une premiere etape vers un peu plus de confort, mais aussi de securite, fut franchie le 23 mars 1944 avec la mise en service de deux Fieseier Fi 156C Storch pour la rea- ~ lisation de vols de liaison et de soutien . Captures un an plus töt, le 19 mars 1943, E ~ apres qu'ils aient atterri par erreur Samedan (Grisons) , ces deux appareils @ decollage et atterrissage courts utilisaient une simple bande neigeuse, degag·ee, de d'un reservoir d'eau potable, cette construc80 metres par 20 , situee a proximite des insla vallee par un telephetion etait reliee tallations du champ de tir, sur les pentes du rique destine au transport du materiel. Hinterhorn. Chaque automne, avant que ne debute la En 1945, le champ de tir de l'Ebenfluh fut periode de tir qui durait de septembre mai, dote d'un poste de commandement et de ce telepherique servait acheminer contröle permettant d'y accueillir son perI'Ebenfluh 10 000 litres d'eau, du combussonnel. Equipee d'une centrale electrique et tible pour la centrale electrique, des
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1. Pour I'entrainement au fir air-air. la Force aerienne suisse dispose d'une zone specifique, le Dammastock, un espace aerien situe entre les cols de Grimsel, de Susten et de Furka, dans le triangle des cantons de Beme, du Valais, d'Uri et du Tessin, environ 15 km au nord-est du Gothard. Mais, c'est principalement sur le polygone de I'ACMI, en mer du Nord, que les pilotes de chasse helvetiques s'en vont acquerir aujourd'hui une partie de leur experience au combat aerien, apres avoir pu profiter. entre 1985 et 1989, des facilites offertes par le polygone Otan de Decimomannu, en Sardaigne. La Force aerienne suisse deploie en effet regulierement, depuis 1990, ses appareils sur la base britannique de Waddington qui abrite le principal centre de conduite et d'exploitation des donnees recueil/les par les balises de ce grand polygone maritime. Les modalites de ces campagnes d'exercice, qui autorisent les delegations helvetiques col/aborer avec les partenaires d'autres armees de /'air presents en Grande-Bretagne, sont reglees par un protocole d'accord valide par le Conseil fMeral et similaire ceux signes depuis la fin de la guerre froide avec une serie de pays occidentaux.
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groupes electrogenes de secours, des equipements d'entretien ou de rem placement des cibles, ainsi que des vivres non perissables pour I'ensemble de la saison de tir. Les deplacements du personnel contipied et nuaient neanmoins de se faire n'etaient d'ailleurs, en raison de la nature abrupte et assez instable du terrain, pas depourvus de dangers. C'est pourquoi plusieurs postes de telecommunications furent installes tout au long du trajet menant de la vallee au pe. Des mesures de securite qui n'empecherent toutefois pas la mort accidentelle, le 4 janvier 1951 , du chef du detachement, Hans Hutter, lors d'une de ces transhumances vers l'Ebenfluh. Generalement commis pour une semaine complete , le detachement montait au champ de tir le lundi matin avec des vivres
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frais pour la sem ai ne et n'en redescendait que le samedi suivant. En 1946, I'on proceda, en contrebas du pe, EI la construction d'une piste de 250 m par 15 permettant, en periode d'ete, I'atterrissage et le decollage des avions de liaison legers tels les Fieseier Storch et autres Piper Super Cub. Une seconde, plus courte, plus pentue , mais surtout plus proche du pe, fut egalement amenagee pour utilisation en periode hivernale, lorsque la quantite de neige etait suffisante. Les Storch, equipes de patins, I'utiliserent regulierement et contribuerent ainsi grandement au developpement de I'aviation sur glaciers en Suisse. Hormis la mise en place et I'entretien des cibles, le detachement devait refaire les
Pour se familiariser avec ce champ de tir EI nut autre pareil, les pilotes disposaient, sur leurs bases, d'une maquette du site, sur laquelle etait tres precisement re porte I'etat du relief au niveau des approches et des cibles. Grace EI cet outil didactique et EI un travail de preparation minutieux, les resultats et la precision des tirs enregistres sur l'Ebenfluh etaient veritablement exceptionnels. Aujourd'hui encore, ils ne manquent d'ailleurs jamais de faire I'admiration des visiteurs etrangers. Ainsi, il y a quelques annees, le general Tedder de I'USAF declara, EI I'issue de I'une de ces demonstrations, qu'aux Etats-Unis il aurait fallu utiliser dix fois plus d'appareils pour obtenir un resultat equivalent. Des la premiere campagne de tir des Vampire, il devint evident que I'emplacement du pe n'etait plus adapte aux nouvelles trajectoires suivies par ces avions. De fait, une partie des tirs de roquettes et des
marquages de la piste d'envol et en tasser la surface EI I'aide de skis apres chaque forte chute de neige.
Avions areaction et nouveau pe Les premiers essais de tir par des avions EI reaction, en I'occurrence des chasseurs De Havilland Vampire, debuterent EI l'Ebenfluh en 1949. La manceuvrabilite et la vitesse ascensionnelle de ces nouveaux appareils se revelerent parfaitement adaptees EI I'environnement montag neu x du polygone. Neanmoins, les performances superieures qu'ils affichaient necessiterent une adaptation des trajectoires d'approche des cibles.
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Au-dessus, ä gauche: deux Alauette IIllltaient presentes ä Axalp, assurant une couverture SAR en cas d'accident. Lune d'entre elles prit egalement part aux demonstrations en vol. Gi-dessus : le PG de tir vu depuis le Super Puma ä I'atterrissage. Gette photo est ä comparer avec celle de la page 37, en haut. Elle a en effet ete prise selon un axe identique, mais ä I'extremite opposee. La cible n° 3 est dans le dos du photographe (voir photo page 38). Gi-contre : gräce ä I'humidite ambiante assez importante lors du premier jour de la campagne de tir, les evolutions des appareils, et en particulier des Harnet, avaient un caractere encore plus spectaculaire.
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Ci-contre : les Hawk, armes tout comme les Mirage IIIRS de canons de 30 mm, prenaient principalement pour objectif la cible n° 4 en beton, mieux adaptee pour encaisser de tels impacts, Ci-dessous: ce Mirage IIIRS, en evolutions au fond de la vallee, s'echappe apres un tir reussi, Cette derniere precision est neanmoins superflue, car tous les tirs atteignaient invariablement leurs buts,
largages de bombes ne pouvaient plus etre parfaitement observes et I'estimation des corrections apporter aux trajectoires des appareils sur certaines cibles etait devenue aleatoire, En consequence, la decision fut prise de construire un nouveau pe, legereme nt en retrait, sur une crete situee en face du batiment originel, entre les sommets du Tschingel et de l'Axalphorn, Les premiers releves en vue de son edification furent executes en decembre 1957, Les travaux de terrassement ne purent toutefois debuter qu'au printemps 1959, Parallelement, I'on proceda a la pose d'une ligne de telecabine qui fut inauguree le 23 mars 1960, En attendant la fin du chantier, I'ancien poste de contröle de l'Ebenfluh, sur la face nord du WlI.gerst, resta operationnel, permettant la poursuite des tirs durant la campagne de 1959-1960, L'amenagement du nouveau
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Des Frelons interdits de tir au canon Depuis le mois de fevrier 2000, les F/A-18 de la Force aerienne suisse sont ö nouveau autorises ö tirer des munitions d' exercice avec leur canon de bord hexatube de 20 mm, de type M61 AL tinterdiction d'utiliser des munitions de combat reste cependant, et jusqu'ö nouvel ordre, maintenue. Une situation qui releve d' une mesure preventive prise en 1998, ö la suite de I'explosion accidentelle d'un obus de combat ö la sortie du canon d'un Hornet finlandais et de I' ecrasement en mer Mediterranee d'un F/A-18 de I'US Navy, avec perte de son pilote, sur· venu peu apres un tir au canon avec des munitions d'exercice. t:epave, recemment repechee, de ce dernier a neanmoins permis de mettre I'arme de bord hors de cause. (oncernant I'accident qui s' est produit en Finlande, I' ori·
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gine du dysfonctionnement de la munition de combat n' a pas encore ete entierement elucidee et fait I' objet d' un examen technique approfondi par son constructeur norvegien. Les rectifications ö apporter ö celle-ci se feront dans le cadre de la garantie donnee par le four· nisseur. Une situation qui n'est guere consideree comme critique par les autorites militaires suisses, les F/ A·18 helvetiques etant exclusivement utilises en mission de deo fense aerienne. En effet, dans ce röle, leurs armements principaux sont le missile ö guidage radar ö longue portee AIM·120 AMRAAM et le missile infrarouge AIM·9P-14 Sidewinder, et non leur canon de bord dont I' eventualite d' emploi en combat aerien reste extreme· ment rare.
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H . Mambour et V. Pirard
poste de commandement de Tschingel s'acheva au printemps 1960 par la realisation d'une premiere plate-forme pour helicopteres, La mise en service de cette nouvelle infrastructure intervint finalement au mois d'octobre, soit pour le debut de la campagne de tir de 1960-1961, Entre autres avantages, elle offrait desormais aux personneis la possibilite de rentrer tous les soirs domicile grace la telecabine la reliant la vallee,
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Hunter et Mirage sur I'Ebenfluh La cible pour canons n° 2, aussi appelee cible des roches , souffrit beaucoup des lors que debuterent, en 1959, les tirs au canon de 30 mm avec les nouveaux chasseurs Hunter. Accrochee par des cables metalliques, en avant de la paroi rocheuse, dans une zone peu accessible, elle devint trop
Ci-c ontre : un F-5E degage vers l'Axalphorn, sommet pardessus lequel il va passer avant de replonger derriere en executant un demi-tonneau, Les detlecteurs des canons sont encore en position de tir. En dessous: les demonstrations cl l'Ebenfluh debutent toujours par un passage de reconnaissance cl la verticale du PC, effectue par une paire de Mirage IIiRS.
souvent indisponible et fut donc remplacee en 1965 - non sans difficulte d'ailleurs - par un nouveau dispositif, compose de plaques de blindage en acier attachees sur la roche, qui donna entiere satisfaction. La campagne de tir de 1967, qui vit I'introduction du Mirage 111 , exigea I'i nstallation de moyens de transmission UHF en complement des radios VHF plus anciennes. S'ajouta egalement cette annee-Ia un systeme automatique de comptabilisation des impacts. Entre 1970 et 1972, trois nouvelles aires de poser pour helicopteres furent erigees a I'est du PC. Ce dernier, apres quelques ameliorations successives teiles que I' installation d'un chauffage central au mazout, subit un nouveau chantier en juin 1975. Des travaux qui, de tergiversations en modifica-
tions diverses, durerent plus de deux ans et necessiterent la construction d'une vigie provisoire afin de permettre la tenue des trois periodes de tir suivantes. Le PC de Tschingel ne redevint totalement operationnel qu'en 1978, ce qui ne I'empecha pas, deux ans plus tard, en 1981, de troquer sa vigie en forme de cristal taille contre une nouvelle, de forme cubique et aux vitres isothermes. Cette meme annee, la cible n° 1, situee juste en contrebas du PC , par trop degradee par les impacts des obus de 20 et de 30 mm, fut reconstruite en beton. Champ de tir air-sol, l'Ebenfluh servit, en avril 1985, de zone de tir air-air sur cibles tractees . L'objectif avoue etait de pouvoir y organiser des demonstrations. Mais cette tentative en resta au stade experimental.
Avec la fin de la guerre froide et la reduction du nombre d'appareils mis en ligne par la Force aerienne suisse, les besoins d'entrainement declinerent et les periodes de tir furent ramenees a trois jours par semaine . A partir de 1990, I'effectif du detachement Ebenfluh/Axalp fut reduit de moitie et passa a un total de six personnes, tous militaires professionnels. Afin de garantir la securite des randonneurs et des animaux, il est indispensable, apres chaque periode de tir et ce , si possible, des la fonte des neiges, de nettoyer la montag ne des eclats de toutes sortes qui la jonc hent. Chaque annee, ce sont ainsi pas moins de 15 a 20 tonnes de dechets metalliques divers qui son t soigneusement ramasses pour etre ensuite transportes par helicoptere jusqu'a la route la plus proche pour envoi en dechetterie. Oe nos jours, I'Ebenfluh n'est plus ouvert que du lundi au vendredi entre 8 h 45 et 16 h 30, du 1"' octobre au 21 decembre et du 9 janvier au 3 1 mai.
Axalp, mode d'emplo; O'entrainement particulier dans un decor grandiose, I'uti lisation du champ de tir de l'Ebenfluh est egalement devenue aujourd'hui I'occasion d'un grand spectacle aerien recurrent. Tous les ans, au debut du mois d 'octobre, deux journees de tir au canon et de demonstration aerienne sont organisees au profit de nombreux invites , attaches militaires et leurs familles, industriels, etc. Un rendez-vous annuel au sommet (dans tous les sens du terme !) qui offre aussi a un public aerophile averti , ou a de simples AIR FAN 41
citoyens en mal de sensations fortes, la possibilite d'assister a un spectacle court - une grosse heure -, mais intense ... a condition que la situation meteorologique s'y prete . Un hic de taille, surtout a certe periode de I'annee, et qui a deja conduit plus d'une fois a I'annulation pure et simple de cette manifestation. Meme si les organisateursJentent d'y pallier en prevoyant systematiquement une troisieme journee de rattrapage, I'incertitude meteorologique reste toujours entiere. Ainsi, par exemple, en octobre 1999, alors que les conditions meteo etaißnt 'parfaites a l'Ebenfluh et sur toute la Suisse en general, un brouillard epais sur la base de depart des avions faillit bien entrainer I'annulation des activites de la seconde journee de demonstration. La seule et unique difficulte pour assister a ce veritable spectacie est de rejoindre le polygone. Deux solutions coexistent', La premiere consiste a etre invite par I'armee suisse qui , avec ses helicopteres de transport AS 332 Super Puma, organise ces jours-la un systeme de navette aerienne entre I'aerodrome d'lnterlaken-Wilderswili et l'Ebenfluh. Embarques par groupe de dixhuit, les hotes de I'armee suisse sont amenes a pied d'ceuvre en cinq minutes de vol a peine. Les helicos effectuent des rotations pendant une bonne heure, permettant a plusieurs centaines de convives de rallier, sans efforts , la " Bergen Party " de l'Ebenfluh. Si la montee est aisee pour ces heureux privilegies, elle est plus ardue pour le public. Le passionne, comme le curieux, doit en effet commencer par se lever tres tot. Bien
que la demonstration n'ait lieu qu'en debut d'apres-midi, des tirs de repetition sont realises des la matinee. Aussi, est-iI imperatif de rejoindre les abords du PC de Tschingel avant que le sentier qui y mene, et qui traverse les axes d'approche de plusieurs cibles, ne soit ferme pour d'evidentes raisons de securite. En d'autres termes, il est donc conseille de debuter son ascension des six heures du matin. Si la route en lacet qui, du village d'Axalp, monte au point de depart de cette randonnee alpine n'est guere longue (deux kilometres tout au plus) et s'effectue en voiture, il faut ensuite pas moins d'une heure a une heure quarante-
cinq de marche, suivant votre condition physique et le poids de votre paquetage, pour parvenir jusqu'au polygone, Un parcours de sante d'environ un kilometre sur un denivele de 1 200 m, rendu souvent tres glissant par la neige et le gel. Cela dit, le spectacle du lever du soleil en montag ne vaut deja a lui seul le detour. Outre la satisfaction d'avoir enfin atteint I'objectif, ce qui attend le randonneur au bout de sa course achevera de le ravir. Certes, les appareils participant a cette manifestation ne sont pas particulierement " exotiques " , mais I'action est belle et bien reelle, tant en ce qui concerne les tirs sur buts terrestres que les manceuvres
En haut: ces deux Mirage IIiRS s'enfoncent · dans la vallee ä I'issue de leur passe de reconnaissance . Ils vont maintenant remonter le long de la paroi rocheuse du Wildgerst avant de disparaltre de la vue du public. Ci-contre : ce Super Puma, sur le point d' atterrir pres du PC, assurait, avec trois autres de ses congeneres, la navette entre Interlaken et l'Ebenfluh, transportant dix-huit passagers ä chaque rotation. L:appareil avait precedemment participe ä I'operation « Alba», au Kosovo, comme en temoignent I'inscription « Swiss Air Force» sur le nez et le marquage UNHCR, efface, dont I'empreinte demeure sur la poutre de queue._
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Ci-contre : les demonstration s a Axa lp se termin ent traditionnellement par une presentation de la Patrouille suisse. Malgre I'environnement pour le moins particulier, le programme standard est realise dans son integralite...
de degagement, generalement epoustouflantes, des chasseurs entre les pics. Apres les repetitions de la matinee, les invites arrivent donc en Super Puma sur le coup de midi. Ces gros helicopteres se leur tour et debarquent posent c hac un leurs passagers, sans arreter leurs rotors,
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sur une des plates-formes de I'est du PC , d'ou ils redecollent aussit6t en effectuant un plongeon vertigineux vers les eaux vertes du lac de Brienz. Aucun d'ente eux ne reste a I'Ebenfluh une fois les navettes terminees. Deux Alouette III de sauvetage sont, quant elles parquees, sur une autre plate-forme
Morts pour La Confederation Oepuis sa mise en service en 1942, le champ de tir d'Axalp a ete le theatre de plusieurs accidents mortels. Comme la plupart des zones de haute montagne, il reste un lieu ou la moindre imprudence ou erreur d'appreciation peut s'averer rapidementfatale. Une dangerosite naturelle que n'ameliore guere, bien entendu, J'usage qui en est fait par les chasseurs de I'aviation militaire suisse. Une stele commemorative, sc ellije dans la fa~ade du PC de Tschingel, rappelle d'ailleurs aux visiteurs les noms de ceux - essentiellement des pilotes - qui ont perdu la vie en ces lieux. Hormis J'ac crochage en vol, le 31 janvier 1967, de deux Venom, I'accident le plus dramatique survenu a l'Ebenfluh est sans conteste J'ecrasement, le 18 avri11968, d'un chasseur Hunterlors d'une session photographique. Ce jour-la, le capitaine Paul Birrer, commandant la FISt 11, lors d'un pa ssa ge de demonstration au plus pres du relief, heurta et tua le lieutenant Ernst Saxer, photographe et pilote a la FISt 10, po ur lequel il executait cette manceuvre. Perdant alors le contröle de son appareil, le capitaine Birrer accrocha une crete et perit dans le crash de son Hunter. Un accident dont les circonstances justifient presque a elles seules les mesures de securite draconiennes qui prevalent aujourd'hui sur le champ de tir de l'Ebenfluh. A ce jour, la Force aerienne suisse a perdu sur ce site, outre le chef de detachement, Hans Hutter, un total de sept pilotes et de neuf avions : 0-3801 J-266 detruit le 23 mars 1945 1" lieutenant Werner Merz (FIKp 131- decede 0-3800 J-30 detruit le 16 fevrier 1946 caporal Alexandre Rigoni (FISt 5) - decede 0-3801 J-243 detruit le 12 octobre 1953 sergent Hans Lavater (FISt 15) - decede Venom FB.4 J-1773 detruit le 6 fevrier 1963 sergent Felix Sauter (FISt 16) - decede Venom FB.l J-1551 detruit le 31 janvier 1967 pilote ejecte sergent Roland Bissegger (FISt 6) - decede Venom FB.l J-1608 detruit le 31 janvier 1967 Hunter F.58 J-4014 detruit le 18 avril1968 capitaine Paul Birrer (FISt 11) et lieutenant Ernst Saxer (FISt 10) - decedes Venom FB.l J-1599 detruit le 18 septembre 1968 pilote ejecte F-5E Tiger J-3078 detruit le 31 octobre 1994 pilote ejecte 11 fauttoutefois noter que I'ecrasement a l'Ebenfluh du F-5E Tiger J-3078, le 31 octobre 1994, n'est pas lie aux activites du champ de tir. Celui-ci n'ayant servi acette occasion que de lieu de destruction pour cet avion qui, au retour d'un vol d' essai apres maintenance, ne pouvait plus atterrir a la suite d'un grave probleme detrain d'atterrissage.
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exigue, entre le PC et la station d 'arrivee de la telecabine , pretes intervenir en cas de necessite.
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1999, un millesime de haute volee Le retrait du service des Hunter, en 1994, a egalement sonne le glas - provisoire ou definitif ? - d'une grande partie des capacites d'appui air-sol de I'aviation militaire suisse. Depuis, seuls des tirs canon sont realises a l'Ebenfluh . Quatre cibles y so nt disponibles : les n°S 1 et 4, situees legerement en contrebas, devant le PC , sur un col reliant les deux versants du champ de tir ; la n° 2 (d ite " des roches,,) et la n° 3, instaIlees flanc de montagne, sur l'Axalphorn, respectivement I'ouest et I'est du PC. La n° 4 est constituee par une sorte de caisson en beton tandis que les nOS 1, 2 et 3 sont signalees par des panneaux de couleur orange et pour partie renforces par des plaques d'acier. Pour des raisons de securite , les tirs de demonstration ne sont pratiques qu 'avec des munitions d'exercice. Si, d'annee en annee , le spectacle reste peu ou prou le meme, le millesime 1999 fut vraiment exceptionnel et caracterise par un ci el bleu, peine strie de quelques cirrus, et une forte humidite de I'air qui soulignait les evolutions des appareils par de tres spectaculaires trainees de condensation. Si le clou du spectacle, identique durant les deux jours, fut bien sOr les diverses
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2. Pour les personnes dont la valldite ne permet ni le transfert a pied ni le deplacement en M/icoptere dans des conditions de securite suffisantes, le service de /'Information de /'armee suisse peut 8gslement, et 11 titre exceptionnel uniquement, orgsniser une eventuelle montee 11 /'Ebenfluh par se lelecablne miltlaire.
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Ci-contre : saisi juste en face ~ du PC, au-dessus des cibles ~ n" 1 et 4, ce Mirage IIIRS entame une rotation pour planger dans la vallee apres avoir tire. En dessous: F/A-18 au cours d'une demonstration en solo. Le pilote utilisait avantageusement les capacites manawvrieres de sa machine, ne se servant de la pleine puissance des reacteurs que lorsque cela s'averait necessaire. Ci-dessous : encore fumante, la cible n° 4, constituee d'un caisson en beton, vient d'encaisser une rafale tiree par le canon Aden de 30 mm d'un HawkT.66. A droite, la cible n° 1 est partiellement visible.
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passes de tir sur buts terrestres, le show debuta par une passe de reconnaissance E ~ effectuee a pres de 800 km/h par deux :i Mirage IIIRS, a la verticale du PC de @ Tschingel, litteralement au nez et a la barbe des spectateurs (Ie terme a basse altitude aux cibles nOs 1, 2 et 3, enroulant cols et pies n'ayant ici plus aucun sens !). Apres cette rocheux de maniere etourdissante. Interdits ouverture tonitruante eut lieu une demonsde tir depuis 1998, les F/A-18 Hornet furent tration de sauvetage, avec helitreuillage les grands absents de ce programme (voir d'homme par une Alouette 111, suivie d 'une encadre). Deux autres Tiger simulerent demonstration d'extinction d'incendie en ensuite I'interception d'un Beechcraft King montag ne par deux Super Puma qui largueAir, avec sommation d'atterrir. Quelques rent le contenu de leurs reservoirs a eau minutes plus tard, les spectateurs ravis pendulaires sur les cibles nOS 1 et 4 . Ayant assistaient a un combat aerien, avec larsaute quelques instants plus tot d'un Pilatus gage de leurres, parfaitement scenarise et PC-6 Turboporter, des parachutistes eclaicommente, entre une paire de Hornetet une reurs de combat atterrirent de la plus belle paire de Tiger. La suite du show consista en fa<;on qui soit sur les pentes enneigees du une demonstration en solo par un F/A-18 Tschingel et de l'Axalphorn. qui se joua des cimes, virevoltant dans les Vinrent, enfin, les tirs proprement dits. val lees et glissant le long des parois Deux Mirage IIIRS et quatre Hawk T.66 rocheuses. Quelques tirs furent encore exeengagerent, selon differents profils, la cible cutes par un quatuor de Mirage IIiRS sur les n° 4, presque immediatement suivis par huit cibles n°S 1, 2 et 3 avant que la Patrouille F-5E Tiger de I'escadrille 8 qui s'attaquerent suisse et ses F-5 rouge et blanc ne mette nt 44 AIR FAN
un point final acette manifestation hors du commun. Peu apres recommen<;a le ballet des helicopteres Super Puma de l'Escadre de surveillance ramenant les invites a Interlaken, tandis que le public reprenait le chemin de la val lee, les yeux et les oreilles encore remplis des images et des sons d'un spectacle assurement sans equivalent en Europe. A recommander sans reserve aux passionnes 0 qui veulent sortir des sentiers battus. H. MAMBOUR et V. PlRARD/AviaScribe Remerciements Q M. Didier Val/on du Service de /'Information des Forces aeriennes suisses, ainsi qu'Q MM. Christoph Kugler et Ce.
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Prochaines demonstrations de tir Axalp les 3, 4 et 5 octobre 2000.