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N ° 290 - JAN
Sommaire Vingt-cinqu i eme annee
Le magazine de I'aeronautique militaire internationa le
N° 290 jonvier
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30 38
2003
Evenements par Hugo Mambour Sem'eh and Rescue suisse.
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« Herach~s » Manas (fin) par E. Desplaces et P. Roman Les guerriers de la « Trois » sont rentres.
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Saudi Hawks par Stefan Degraef et Edwin Borremans Les Faueons du desert. Super Homet par Luigino Caliaro Premiere eroisiere operationnelle pour les F/A-J8E ii bord de I'USS Abraham Lineoln.
Revue de presse par l'equipe de la red action Les nouveautes de /'edition. Analyse des nouveautes par l'equipe de la red action Les dernieres maquettes sorties.
En couverture: ce F/A-18E Super Hornetvient d'accomplir une mission dans le cadre de « Enduring Freedom ". Durant six mois, du 20 juillet 2002 au 20 janvier 2003, les nouveaux chasseurs-bombardi ers de I'US Navy ont real ise leur premiere croisiere operationnelle cl bord de I'USS Abraham Lincoln (CVN-72) naviguant au large du Pakistan, puis dans le golfe Persique. Affectes cl la VFA-115 et integres au sein du Carrier Ai r Wing 14, les appareil s ont effectue leurs premi ers tirs d'armements en operations au mois de novembre dernier, larguant des bombes JDAM sur deux sites de missiles sol-air irakiens
« Frisian Hag» par Sebastien Buyck Frisson sur les eotes frisonnes...
Alouette, Puma et Cougar suisses par H. Mambour et V. Pirard Au service de I'armee et de la nation.
(Photo Luigino Caliaro).
Di rectrice co mmerciale : Martine CABIAC
Redacteur en chef: Olivier CABIAC
Gestion des abonnements : a nos bureaux
Correspondant de la redacti on aux Etats-U nis : Rene J. FRANCILLON
Publicite : a nos bureaux (tel. : 01 4293 67 24) Photogravure : PRESTIGE GRAPHIQUE Impression: LEONCE DEPREZ, zone industrielle, 62620 Ruitz Depot legal 1~ trimestre 2003 All contents © AIR FAN 2003 Reproduetion meme partielle interdite Commission paritai re : 0107 T 81068 Distribution par les NMPP Imprime en France/Printed in France
AIR FAN est membre de l'Office de justification de la diffusion
Principaux collaborateurs Christian BOISSELON, Alain BOSSER, Jean-Loup CARDEY, Benoit COLlN, Phil ippe COLlN , Alain CROSNIER, Eric DESPLACES, Jean-Luc FOUQUET, Michel FOURNIER, Jean-Bernard FRAPPE, Christ GARCIA, Henri-Pierre GROLLEAU, Jean-Pierre HOEHN, Christian JACQUET, Stephane MEUNIER, Jacques MOULIN , Stephane NICOLAOU, Alain PELLETIER, Jean-Jaeques PETIT, Sam PRI~TAT, Mare ROSTAING, Jean-Pierre TEDESCO, Bernard THOUANEL, Patrick VINOT-PREFONTAINE Collaborateurs etrangers Denis J. CALVERT, Christophe DONNET, Jim DUNN, Giuseppe FASSARI , Paul JACKSON, Theo VAN GEFFEN, Robert E. KLING, Hans KONING, Peter B. LEWIS, Hugo MAMBOUR, Dave MENARD, Vincent PIRARD, Herman J. SiXMA, Peter STEINEMANN, Richard L. WARD
Evenements L'ACTUALITE AERO
Search and Rescue suisse n vertu des conventions internationales de I'ICAO, chaque Etat a I'obligation de garantir un service de recherche et de sauvetage heliporte. Depuis 2002, les Forces aeriennes suisses so nt devenues les principales responsables en
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matiere de SAR sur le territoire helvetique, une mission au paravant confiee a l'Office federal de I'aviation civile (OFAC). Si les operations de ce type sont donc desormais essentiellement du re ssort des militaires, ell es n'excluent cependant pas la par-
ticipation d'appareils de I'OFAC ou de la Rega , societe privee suisse de secours qui dispose de moyens medicaux specialises. Celte derniere gere d'ai lleurs le central d'alerte a Zurich-Kloten. Les missions SAR so nt pour la plupart ass ure es par les helicopteres Super Puma, dont un exe mpl aire , le T-316, a ete equipe d'une toure lle Fl ir de
recherche montee sous la porte cargo gauche (voir photo ci-dessous). ~ H. Mambour/AviaScribe
Un heros s' est eteint
(es deux (H-149 (ormorant des forces armees canadiennes (n" 149911 el 149912) unI eIe pholagraphies lars d' une male dans I'Hexagone, alors qu'ils effectuaienlleur val de canvoyage depuis l'llalie (usine Agusla) jusqu'au (anada, via la France, le Royaume-Uni el 1'lslande.11 s' agil des onzieme el douzieme exemplaires livres sur une serie de quinze helicopleres commandes. Dolees de deux Ireuils de secours el d'un crochel d'empOrl sous elingue, ces machines loullemps el degivrees sonl deslinees ci equiper les uniles canadiennes de SAR (escadrons 442 de (omox, 424 de Trenlon, 413 de Greenwoad eIl 03 de Gander), en remplacemenl des venerables (H·113 Labrador.
Ne en Alsace, engage volontaire dans la RAF et rallie au general de Gaulie le 15 aoOt 1941, Jacques Remlinger s'est eteint le 10 octobre 2002. Pour tous les lecteurs du Grand Cirque, ecrit par son ami et ailier Pierre Clostermann, I'homme evoquait une certaine idee de la France libre. A-t-il ete le plus Iran9ais des aviateurs britanniques ou le plus an gl ais des pilotes des FAFL ? Lui-meme s'etait toujours interdit de choisir entre ses deux patries. Ne vivait-il pas en France alors qu'un de ses lils, pilote egalement, lut le plus jeune general de la Royal Air Force. Convivial, chaleureux, plein d'humour et tres discret, il cultivait de charmantes ambiguHes. Par exemple, comment parvenait-il a concilier sa passion pour deux sports tres differents : le rugby - il etait president d'honneur du club de Baumeles-Dames (Doubs) - et le goll ? Difficile egalement d'imaginer que ce retraite sympathique avait pu rechercher la castag ne en lan9ant son Spitfire au ras des arbres ou dans des combats aeriens impitoyables. Des missions au cours desquelles il lut touche a quatorze reprises par la Flak et abattu une lois ; et qui lui valurent la croix de guerre avec sept citations et d'etre nomme commandeur de la Legion d'honneur. Jacques Remlinger est mort et il n'aura pas eu le temps de linir de rediger ses memoires. Qu'importe, il reste parmi les plus grands heros de la Deuxieme Guerre mondiale, a qui les generations actuelies doivent beaucoup. 11 est triste, ce pendant, de ne devoir rendre hommage aces hommes que lorsqu'ils ne sont plus la pour entendre combien nous sommes en admiration devant le courage dont ils ont lait preuve. AIR FAN 5
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Securite des vols et deroutements La securite des vols a sans nu l doute ete I'u n des soucis permanents de I'armee de l'Air durant toute la duree de sa participation aux operations aeriennes en Afghanistan. En effet, le survol en monomoteur de regions inhospitalieres, marquees par des reliefs tres eleves , des vallees dont le fond culmine 3 000 metres et des temperatures nocturnes flirtant couramm ent avec les - 30 oe, n'a pas ete sans sou lever quelques problemes." Encore par temps c/air, meme de nuit sous JVN, on peut esperer trau ver une
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En haut : apartir de la mi-avril 2002, le ravitaillement sur les B707 australiens a ete une grande premiere pour les equipages de Mirage 20000. Non remotorises, ces appareils etaient particuliereme nt limites au decollage par temps chaud. Ci-contre : inaugure pour le deploiement au Kirghizistan, I'adaptateur bibombe AUF2 ventral s'est revele un outil tres adapte aux mi ssions de I'operation « Enduring Freedom ». Une version capable d'emporter la nouvelle munition A2SM a guidage GPS devrait iHre produite en serie dans les mois qui viennent. 6 AIR FAN
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val/ee pour s'ejecter correctement en cas de panne grave, confie un pilote. Mais lorsqu'on evolue au-dessus de montagnes de 6000 metres noyees dans les nuages, il taut envisager de sauter 8 I'altitude de securite du transit (20 000 pieds partais). Et 18, c 'est la loterie ! S'il y ades "parpaings", on
j J!JJj ) » j!JjJ j" J~jJjJ~j ./ risque la tracture 8 I'arrivee ; si on a la chance de tomber sur une val/ee, il taut se tarcir plus de cinq minutes de descente sous voile avant de s'y poser; 8 - 20 oe, c 'est I'hypothermie assuree ! " Afin de garanti r la meilleure survie possib le aux aviateurs, les specialistes de
Ci-contre : au CCEur de I'hiver, les equipages frangais ont dG survoler des regions de haute montagne, avec des sommets a plus de 6 000 m et des creux de vallee a 3 000 m, ou la temperature nocturne descendait 30°C,
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En bas : symbole de la cooperation multinationale
a Manas, un F-18D de I'USMC, en mission de cou-
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verture, se prepare ravitailler sur I'un des deux 8707 deployes par I'Australie au Kirghizistan,
soleil , il fallut se resoudre aalleger les tenues, puis, des I'ete, a adopter finalement les combinaisons de vol sable,
Le concept RESAL
Mont-de-Marsan avaient concocte un paquetage adapte a la haute montagne, Oe plus, les PN se munissaient de divers vetements de reserve (moufles et chausseltes) et, au debut, la plupart d'entre eux volaient meme avec le sous-vetement thermique
" babygro " normalement porte sous la combinaison etanche lors des survols maritimes, Ainsi saucissonnes, ils prenaient de jour un serieux coup de chaud avant le decollage, Vers le mois de mai, la temperature en cabine alteignant facilement 45 °C au
La recuperation d'un equipage ejecte en haute montag ne elant de la plus haute importance , la France a developpe le concept experimental RESAL (recherche et sauvetage aerolargue), A I'instar des Parajumpers americains , un groupe a ete constitue a Oouchanbe, associant chuteurs operationnels des commandos de I'air, gendarmes de haute montag ne et medecin, Embarquee dans un C-130 dote d'un kit oxygene, celte equipe d'intervention etait a meme de sauter avec son materiel sur une zone situee jusqu'a 3 000 m d'altitude, a proximite immediate des survivants si possible, puis de descendre ou grimper a pied pour les secourir, La recuperation devait ensuite etre
effectuee par les Super Puma espagnols bases a Manas ou les MH-60 americains de Combat SAR deployes en Ouzbekistan. Mais, au-dela de 2 500 m d'altitude, limite d'emploi de ces helicopteres dans ces conditions particulieres , il etait prevu de faire appel aux Mi-8 tadjiks ou kirghiz qui, eux, sont capables d'operer jusqu'a 4500 m. Cette experimentation a donc permis aux Franyais de defricher le domaine de I'aerolargage SAR, mais aussi de collaborer etroi tement avec les militaires presents sur le theatre. Outre Oouchanbe (Tadjikistan), aeroport de deroutement principal, les equipages de Mirage 20000 ne disposaient, une fois sur zone , que d'un unique terrain de secours, Kaboul, accessible de jour et par beau temps seulement. En mission dans le sud (Kandahar) ou dans I'est (Khost) de l'Afghanistan, les chasseurs en etaient quand meme eloignes de plus de 400 nautiques (740 kilometres), soit, en cas de panne, envi ron cinquante minutes de vol en regime subsonique. Un equipage en fit d'ailleurs I'experience en avril 2002. Confronte a de tres fortes vibrations moteur, il fut contraint de se derouter a Kaboul ou son appareil fut ensuite depanne avant d'etre rapatri e a Manas , ravitaille par un C-135FR.
Ci-dessus, ä gauche: herites de I'ere sovietiq ue, de grands pylönes d'eclairage jalonnent le parking des gros porteurs ä Manas ou, aux cötes des avions de transport civil des lignes regulieres, stationnent tankers, Airbus A300, OC -8 et C-130 militaires. Ci-dessus : retour de mission pour un e patrouille de Mirage 20000 . Les bombes GBU-12 sont toujours en place sous les avions. Le roulage de precaution est de rigueur sur le parking etroit et encombre de la zone « chasse ». Ci-contre : exercice de securite incendie avec des pompiers americains intervenant sur un Mirage 20000 de I'armee de l'Air, I'eq uipe medicale de premiers secours en piste etant, elle, fran~a i se et I'höpital coreen !
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A droite : douze F-1 80, dont trois RF-1 8 dotes d'un nez reco, etaient deployes par la VMFA(AW)-121 venue de sa base de Miramar, en Californie. Ces appareils sont repartis le 23 septembre, un e semaine avant les Mirage fran 9ais.
[rl Ci-contre: comme la majorite 1l1l.r---.--.;....-:._-~--- ~ des avions de combat ameri~ cains (ä I'exception des A-lO ~ et des AV-8Bl,les F-18D sont '§ capables d'emporter des ~ bombes dotees d'un kit de guidage GPS JDAM. A partir des coordonnees transmises directement par le FAC, parfois en automatique, le tir peut iHre realise en aveugle avec une precision decametrique.
En dessous: ambiance de releve sur le parking ensoleille de Manas, les arrivants raccompagnant les partants qui leur ont passe les consignes en quelques heures. Avec I'echange d'un equipage ä chaque releve, l'ERVa assure sur le theatre une continuite de la competence franQaise en matiere de ravitaillement vol.
La meteo a Douehanbe faisait done I'objet d'un suivi permanent." En mission d'appui sol (GAS), on devait faire attention Ei toujours garder la quantite de kerosene necessaire pour rallier /'aeroport tadjik et anticiper ainsi un eventuel echec lors du ravitaillement en val, eonfie un navigateur. Dans ce cas, la decision devait etre prise en quelques minutes, surtout quand on savait que la meteo n'etait pas favorable. " Cet imperatif obligeait les equipages interrompre leur travail pour aller ravitailler des que leur reserve de earburant atteignait un eertain niveau (entre 4 t et 3,6 t selon les endroits , sur 6,2 t en plein eomplet). Durant " Anaeonda " , eertaines patroui lles engagees et sur le point de tirer leurs armements se retrouverent avee le petrole minimum pour rentrer Manas, sans tanker dispo-
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Ci-contre: durant I'Me 2002, les
~ avions embarques de I'US Navy,
~ ici un F-18C, sont venus epaul er ~ les chasseurs de Manas au·E dessus de I'Afgh anistan. ~
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En dessous : huit A-10 sont deployes Bagram, au nord de Kaboul, pour offrir une repon se aerienne rapide aux troupes au sol en cas d'accrochage. Limites aux vols de jour, les Thunderb olt sont aujourd'hui aides par huit AV-8B Night Attack de I'USMC, capables d'intervenir en basse ou moyenn e altitude de nuit
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En bas : le concept du bipl ace tactique a fait ses preuves lors des missions longues et complexes confiees aux equipages de la « Trois », aussi bien sur le plan de I'appui reel que pour la sec urite permanente des vo ls.
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nible proximite . Elles firent alors le choix de rester sur zone afi n de garantir le meilleur appui aux forces terrestres , puis de se derouter Oouchanbe.
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JDAM... et canon ! Du 16 avril au 23 septembre 2002 , les Mirage cotoyerent sur le tarmac six, puis douze F-180 du VMFA(AW)-1 21 de I'USMC. Ils partagerent avec eux les creneaux H24 dans la zone, les Hornet jouant en plus le ro le d'Airborne FAC. L'engagement aux cotes des aviateurs californiens (vingt-deux pilotes et dix-sept WSO) fut I'occasion de comparer les methodes de travail et les equipements en dotation . Biplace d'attaque tout temps , le F-1 80 se rapproche du Mirage 20000 par bien des aspects. Sur les douze appareils , neuf etaient, en fait, armes et prets au vol, les trois autres servant d'avions de reserve. Capa bl es d'emporter leurs charges externes en configuration dissymetri que, les Hornet adopterent rapide-
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ment une panop lie mixte de GBU-1 2 et de JOAM. Ourant I'operation " Enduring Freedom ", la tendance a ete I'emploi des arm ements guides par GPS (precision de dix metres) qui permettaient de tirer tra-
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vers la couverture nuageuse, reportant la responsabilite du tir sur le FAC qui fournissait les coordonnees de la cible. Par beau temps , surtout sur des objectifs mobiles , I'uti lisation de bombes guidees laser s'avere cependant plu s precise. Aucune fo rce aerienne en Europe ne disposant de munitions teiles que la JOAM, les Mirage 20000 de I'armee de l'Air n'etaient armes que de GBU-12, tout comme les F-16 de I'EPAF actuel lement deployes Manas. L'autre grande legon tiree des operations aeriennes en Afghanistan concerne I'emploi du canon , toujours d'actualite pour I'appu i sol! Ainsi les A-1 0 stationnes a Bagram , au nord de Kaboul, mais aussi les F-1 6CG ou les F-1 8 americains , ont-il s ete amen es realiser du strafing au plus pres des troupes au sol . Une option reservee aux situations d'extreme urgence et qui n'a pas concerne les equipages frangais. L'usage des ro~ quettes, que les pilotes des Marines appre~ cient beaucoup, n'a pas ete possible depuis ~ Manas pour des raisons de securite des ·E avions armes au sol . 0
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12 AIR FAN
Eric DESPLACES et Philippe ROMAN
lest 6 h 30, et il fait deja tres chaud (27°) en cette matinee de fin septembre a Muharrak (Bahre·in). Un loadmaster de la VRC-30 nous presente brievement le C-2 Greyhound qui doit nous transporter sur le porte-avions USS Lincoln (CVN-72) croisant en mer d'Oman, dans les eaux internationales au large du Pakistan pour etre plus precis. Apres avoir ecoute attentivement les conseils preliminaires de securite, nous nous instalions dans la cabine dotee de huit fauteuils au confort spartiate, essayons le casque de protection en kevlar et decouvrons le fonctionnement du gilet de survie ainsi que les procedures d'evacuation de I'appareil en cas d'amerrissage. Nous realisons alors que le voyage que
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A gauche: vue plongeante sur I'un des ascenseurs de I'USS Lincaln. Sur la plate-forme qui descend au pont inferieur, un S-3B et le courrier achemine par l'E-2C, I'avion COD charge des navettes entre la terre et le PA ä la mer. Ci-dessous: un nouveau F/A-18E Super Harnet au roulage vers la catapulte n° 2 situee devant nlo1. L:appareil appartient ä la VFA-115. En bas : ce F-14D Tamcat porte haut les couleurs de la VF-31 « Tomcatters ». D'ici quelques annees, le mythique « matou » de Grumman aura detinitivement deserte le pont des porte-avions americains. o rn
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nous alions effectuer est assez different des autres deplacements aeriens auxquels nous sommes habitues. Apres trois heu res de vol, le COD (Carrier On-board Delivery) amorce sa descente. C'est du moins I'impression que nous ressentons , car nous n'avons pas la moindre vue sur I'exterieur, le puissant et trapu bimoteur de transport ne disposant en tout et pour tout que de deux minuscules hublots de carlingue. Bient6t, les deux loadmasters presents a bord se levent pour verifier les procedures d'appontage apres avoir endosse leurs gilets de sauvetage. Nous sommes assis face a I'arriere, dans le sens contraire de la marche, pour mieux absorber le choc de I'impact : une position qui , loin de tranquilliser, favorise I'emission d'adrenaline. On nous invite a coiffer le casque de protection et a verifier le harn ais de securite maintenu boucle depuis notre depart. Cinq minutes passent, le regime des moteurs change, signe que nous approchons de notre objectif ; il est temps de se rememorer la procedure d'urgence. Regard sur la manille de blocage (en esperant que nous n'aurons pas a I'utiliser pour mesurer son efficacite en cas d'amerrissage) et nouveau contr61e du harnais quatre points. Le " On y va ! " hurle
par le loadmaster s'accompagne de I'allumage du signal " Appontage » sur un panneau lumineux et d'un virage serre sous 2,5 G qui permet au pilote de se mettre cl la bonne vitesse pour I'etape finale. Ensuite, tout va tres vite. Bien cale sur son plan de descente, I'appareil accroche I'un des brins d'arret et la vitesse decro1t brutalement de 200 km/h cl pratiquement zero en moins de trois secondes, une deceleration au cours de laquelle nous encaissons 4 cl 5 G. Les sensations ressenties lors du catapultage sont rad icalement differentes. Arriver par les airs sur un porte-avions constitue une entree en mati ere ideale pour
Ci-eontre : le pont d'envol est un end roit partieuli erement dangereux et le travail des personneis de pont est regi par des regles de seeurite tre s strietes. lei, la mise en route d'un E-2C Ha wkeye de la VAW-113. Ci-dessous: bien qu'affeetes au Carrier Air Wing, les COO ne passe nt jamais la nuit ä bord. Ceux de I'USS Lincoln, lequel navigue aetuellement dans le golfe Persique, operent depuis Bahre·in d'ou ils rea lisent deux vols quotidiens. Le Greyhound assure un lien vital entre le PA et la terre, aehemina nt rapidement eourrier, fret leger et passagers.
nAIRFAN
comprendre la vie cl bord d'un tel batiment de guerre, veritable ville flottante qui deborde d'activite. En tenues colorees, portant tous leur casque avec visiere rabattue pour se proteger des projections diverses (solides ou liquides), les hommes von t et viennent en un eclair afi n de liberer le pont d'envol au profit des jets qui appontent ou decollent cl I'aide des quatre catapultes cl vapeur. Dans les entrai lles du monstre d'acier, teile une veritable fourmi liere, s'ag itent sans discontinuer, dans un dedale de ponts et de coursives , plus de 5 000 personnes affectees cl des taches precises et regroupees au sein d'equipes , de sections, de services ,
d'unites et de centraux. C'est, en effet, la population des Supercarriers de la marine des Etats-Unis, un qualificatif auquel repond I'USS Abraham Lincoln.
Au large du Pakistan Aux ord res du Captain Doug las K. Dupoy, le CVN-72 a leve I'ancre le 20 jui llet 2002 pour une croisiere de six mois en mer d'Arabie. Ouatre jours plus tard le rejoignait son groupe aerien, le CVW-14, commande par le Captain Kevin C. Albright, seconde par le Captain Scott Swift, et compose des VF-31 " Tomcatters » sur F-1 4D Tomcat,
VFA-11 3 " Stingers » et VFA-25 " Fist of the Fleet " sur chasseurs-bombardiers multiröles F/A-18C Harnet, VFA-1 15 sur les tout nouveaux F/A-18E Super Harnet, VAO-139 " Cougars " sur EA-6B Prowler de guerre electronique et de suppression des defenses antiaeriennes, VAW- 11 3 " Black Eagles " sur Awacs E-2C Hawkeye, VS-35 " Blue Wolves " sur S-3B Viking de surveil lance maritime et de ravitaillement en vol et HS-4 " Black Knights " sur helicoptere SH-60F de lutte anti-sous-marine et HH-60H de SAR/Combat SAR. A ce parc aerien s'ajoutent aussi deux C-2 Greyhound de la VRC-30" Providers ", utilises pour le transport de personnel et de charges moyennes entre le bätiment et la terre. En passe de s'achever I'heure de la parution de cet article, cette croisiere reste ra dans les annales de I'aeronautique navale
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En haut: I'avion du patron de la VAQ-139, sur la catapulte n° 4. Cet EA-6B Pro wler arbore une grosse t8te de cougar sur sa derive, embleme de la flottille. Au milieu : derniere check-list avant la mise en route des reacteurs pour ce pilote de la VFA-25, bord de son F/A-18C.
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Ci-contre : ce S-3B Viking de la VS -35 « Blue Wolves )) se positionne sur la catapulte. Au premier plan, en vert, I'officier cha rge de la mise en ceuvre de la catapu lte regle la puissance du tir en fo nctio n du poids de I'appareil.
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americaine puisqu'elle aura marque le premier deploiement operationnel des nouveaux Super Hornet attribues la VFA-115, premiere unite de la marine etre dotee du nouveau piege de chez Boeing depuis fevrier 2001. Apres une annee de transition , la flottille a ete declaree " combat ready" et affectee au CVW-14. A I'ere des satellites et des missiles de croisiere, I'US Navy parie encore sur la flexibilite et la puissance de feu de ses aerodromes flottants. Pour optimiser son potenti el offensif, I'USS Lincoln est integre dans un groupe de combat (Ie Cruiser Oestroyer Group Three) qui, aux ordres du contre-amiral John M. Kel ly, est constitue , outre le porte-avions, des croiseurs lance-missiles USS Shiloh (CG-67) et USS Mobile Bay (CG-53), des destroyers lance-missiles USS Fleteher (00-992) et USS Paul Hamil-
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En ha ut: quelques secondes avant le depart D'un geste de la main, le pilote de ce Harnet de la VFA-25 a annonce qu'il etait pret Quand les doigts du ponev (en ja un e) touc heront le pont, I'operateur (en vert) de la catapu lte poussera le bouton declenchant le tir. Au milieu: la Mecanique a pris possession de ce F-14D plut6t colore, porte-d rapeau des (( Tomcatters ", et le prepare pour une nouvelle mission. Ci-contre : sur F/A-18C, le rythme des mi ssions est soutenu. Au pied de I'echelle, un pilote attend que san col legue descende de I'avion pour prendre sa place, tandi s que I'a ppareil est ravitai lle en ca rburant moteurs tournant
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ton (DDG-60), de la fregate lance-missiles USS Reuben James (FFG-57), du sousmarin nucleaire d'attaque USS Honolulu (SSN-718) et du petrolier ravitailleur d'escadre USS Camden (AOE-2). A bord , le po nt d'envol est litteralement recouvert d'avions et d'helicopteres. Les diverses equipes qui y operent portent chacune un maillot de couleur vive distinguant leur specialite : rouge pour les pompiers et les armuriers, vert pour les hommes affectes a la securite des vols , blanc avec la classique croix rouge pour le personnel medical, jaune pour les adjoints aux operations, bleu pour les tractoristes, violet pour les
pompistes et marron pour les patrons d'appareil (qui contrölent si tout est en ordre avant de donner le feu vert aux pilotes). Les quatre catapultes sont commandees depuis un central a I'abri duquel du personnel verifie scrupuleusement, a chaque instant, leur bon fonctionnement de fa90n que le lancement soit conforme aux normes de securite. Malgre la parfaite organisation des activites sur le pont, reglees comme une choregraphie, I'incident peut survenir atout moment Ouatre helices a cinq pales, entraTnees par deux propulseurs nucleaires , impriment a ce batiment long de 320 metres et depla9ant plus de 95 000 tonnes une vitesse
superieure a 30 nceuds. Lance en novembre 1984 et entre en service en novembre 1989, " ABE ", comme il est affectueusement surnomme, est toujours reste affecte au groupe naval du Pacifique et compte a ce jour, avec la presente croisiere, sept deploiements operationnels d'une duree moyenne de six mois chacun.
Le F/A-18E Super Hornet Le but de ce bref embarquement etait d'observer pour la premiere fois le nouveau bireacteur F(A-18E en action sur porteavions. Meme s'ils obeissent a une censure
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Ci-contre : ailes repliees, cet E-2C rejoint son aire de stationnement Avec ses quelque 25 metres d'envergure, le Hawkeye n'est pas un appareil facile a I'appontage. De plus, I'approche sur le plan de descente est rendue difficile par les turbulences aerodynamiques generees par le radar, et se presenter avec une aile droite est un exercice delicat Ci-dessous: amortisseur avant bande, ce F-14D Tomeatde la VF-31 est pret a etre catapulte. Heritiere de la VF-l B creee en juillet 1935 sur Boeing F4B, renommee VF-3 durant I'annee 194310rsqu'elle fut equipee de F6F Hel/eat, cette unite est I'une des deux plus anciennes flottilles de I'US Navy. o ro ro
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Ci-contre : F/A-18E porteur de bombes montees en configuration dissymetrique. C'est au mais de novembre 2002 que les Super Hornetont effectue leur premier tir d'armements en operations, larguant des bombes JDAM sur deux sites de missiles sol-air irakiens. Ci-dessous, ä droite : dates de quatre catapultes, les Supercarriers americains sont en mesure de mettre en I'air rapidement une bonne partie de leur graupe aerien embarque. Ci-dessous: ce F/A-18C de la VFA-113 vient d'accracher I'un des trois brins d'arret.
CARAGERISTIQUES ET PERFORMANCES DES
F/A-18E/F
Moteurs : 2 x General Electric F414-GE-400 de 6 325 kg de poussee unitaire ä sec (10000 kgp avec postcombustion) Langueur 18,32 m Hauteur 4,88 m Envergure (avec AIM-9) 13,62 m Envergure ailes repliees 9,33 m Surface alaire 46,45 m' Paids ä vide 13864kg Paids maxi au decollage 29937 kg Paids maxi ä I'appontage 19459 kg Carburant interne 80631 Vitesse maxi > 1915 km/h au-dessus de 9150 m Vitesse ascensionnelle 254 m/s Rayon d'action mission air-air 780 km avec 2 x AIM-9M et 2 x AIM-120A R~on d'actian mission air-sol 880 km avec 2 x AIM-9M et 4 x bombes Mk.83 Temps sur zone mission CAP 1 h 48 mn avec 2 x AIM-9M et 4 x AIM-120A (ä 370 km du PA) Armement interne 1 x canon M61Al de 20 mm (400 coups) Charges externes: 8 t maxi sur 11 points d'emport (missiles AIM-9M Sidewinder, AIM-120A, AGM-65E/F Maverick, AGM-88B HARM, AGM-84 Harpoon, bombes Mk.83, GBU-lO (930 kg), GBU-12 (280 kgl, GBU-16 (500 kgl, JDAM (1 000 kgl, AGM-154 JSOW, nacelle de designation laser FLlR-LTD/R, trais bidons pendulaires de 1 250 I ou de 1 817 I).
comprehensible quant aux missions effectuees dans le cadre de I'operation « Enduring Freedom " , les commentaires des pilotes traduisent leur haut degre de satisfaction. Apres quelques troubles de jeunesse, maintenant depasses, le chasseur est bien au point. Par rapport au F/A-18C , il dispose de onze points d'attache pouvant recevoir jusqu 'a 8 000 kg d'armements, soit une charge militaire superieure de plus de 20 %. En outre , ses dimensions accrues ont permis d'augmenter la capacite des reservoirs internes (de I'ordre de 33 %), d'ou un plus grand rayon d'action que celui du Hornet dont c'est I'un des points faibles. Globalement, selon les pilotes , si le E est exterieurement similaire a son aine , il n'en est pas moins un appareil completement different tant au niveau des performances que de I'eventail des missions qu'il peut realiser. Une polyvalence qui eng lobe jusqu'a la mission de ravitaillement en vol grace a I'emport de la nacelle AlA42R-1 lui permettant d'epauler les S-3B Viking dans leur role de « nounous ". Au cours de notre visite sur I'USS Lincoln, I'activite aerienne de la VFA-115 fut superieure a celle des autres formations embarquees. Non sans une pointe de regrets, il faut bien le dire , puisque les Super Hornet sont destines a remplacer progressivement les F-14 qui commencent a ressentir le poids des ans. En 2003, I'hegemonie du nouveau chasseur de Boeing s'affirmera encore davantage avec I'embarquement sur I'USS Nimitz du CVW-11 auquel sont affectees , outre les trois groupes « normaux " de F/A-18C , la VFA-41 et la VFA-14 qui ont echange leurs Tomcat contre des biplaces F/A-18F et des monopiaces F/A-18E respectivement. 0 Luigino CALIARO traduil de I'ilalien par Jean-Pierre Gil/el
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ans le domaine aeronautique, ce qu i vient des Pays-Bas porte en general I'un de ces deux noms • Fokker ou spotter. Si le prem ier a presque cesse d'exister, le second est toujours bien present sur toutes les bases d'Europe. Pourtant, il serait reducteur de ne pari er de ce petit Etat que pou r evoquer son celebre constructeu r d'avions ou ses innombrables ressortissants armes de leurs dr61es de binoculaires. La KLu, par exemple, est le modele type de la force aeri enne discrete, tres efficace et toujours tournee vers I'ameliorati on de ses techniques de combat. Elle le prouve avec " Frisian Flag ", bapti se ainsi parce qu'il se deroule partir de la base frisonne de Leeuwarden et qu'il ressemble, dans le principe , aux autres "Flag" d'outreAtlantique En fait, il s'agit pour la KLu de proposer a d'autres forces aeriennes de venir s'entrainer pendant deux semaines dans des conditions proches de cel les rencontrees Nellis (" Red Flag ,,) et Goose Bay (" Maple Flag ,,). Bien que plus modeste, tant par I'importance des moyens engages que par le nombre de participants,
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En haut: pour « Frisia n Fl ag », I'armee de I'Air avait deploye quatre Mirage F1 CR de I'ER 1/33 « Belfort », engages aux cötes des forces bleues (amies). Ci -contre: au decollage de Leeuwarden, un F-16AM du 323 Squadron, I'unite de la KLu chargee de mettre sur pied I'exercice. 30 AIR FAN
Tous les ans, sur sa base de Leeuwarden, la KLu (Koninklijke Luchtmacht) organise un exercice aujourd'hui appele « Frisian Flag », auquel participent plusieurs nations, membres de l'Otan ou non. J .},
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Ci-contre : I'un des cinq JA 370 Viggen deployes par la Force aerienne suedoise durant I'exercice. Ces appareils etaient stationnes sur la ba se hollandaise de Twenthe et integres dans les forces rouges (ennemies). lei, le 27 s'apprete cl partir en mission. En dessous: la participation finlandaise cl « Frisian Flag » etait constituee par six F-18C Harnet, dont deux avions spare. C'etait la deuxieme fois que I'aviation militaire finlandaise prenait part cl I'exercice .
L'une de ses taches est de fournir aux pilotes de F-16 hollandais l'entra7nement operationnel necessaire Ei I'emploi optimal de leur machine. II est egalement en charge de la formation des instructeurs sur F-16AM, ta nt pour la KLu que pour les autres forces utili sant cet appareil (Belgique , Oanemark, Norvege), via le FWIT (Fighter Weapon Instructor Training). Fort de son experience et des moyens dont il dispose, c'est donc logiquement qu'il s'est vu confier - depuis quelques annees - I'organisation de cet exercice qui , officiel lement, a pour objectif d'ameliorer le travail en commun des forces 0.. aeriennes de l'Otan et I'interoperabi lite avec :g; les autres composantes des forces armees neerlandaises (terre et mer). " Frisian Flag " ~ doit aussi servir Ei promouvoir I'image de la ~ KLu hors des frontieres nationales. Enfin , il s' inscrit dans la recente montee en puissance des escadrons de Fighting Fa/con c 'est pourtant loin d'etre un exercice au hollandais, liee Ei I'envoi d'une force eurorabais. En effet, les Hollandais font le maxipeenne de dix-huit avions au Kirghizistan. mum pour le rendre le plus interessant possible, mobilisant, entre autres, deux de leurs bases (Leeuwarden et Twenthe), un grand Leeuwarden, site privih~gie nombre de leurs chasseurs et une log istique En 2002 , I'exercice s'est deroule du 7 au lourde pour recevoir plus de vingt appareils 17 octobre et, pour la premiere fois, deux de combat etrangers et leurs techniciens de bases furent mobilisees pendant toute sa maintenance, ainsi que de larges portions duree. Comme d'habitude, c'est Ei Leeudes espaces aeriens hollandais, danois et warden, lieu d'attache du 323 Squad ron, allemand. Le but etant d'instaurer, annee que la majorite des appareils engages etait apres annee, une rencontre profitable Ei tous stationnee. Un choix logique, car cette base pour une depense mod ique. Les finances est dol8e de deux pistes de taille respeceta nt toujours le nerf de la guerre, une partitable, d'un grand tarmac pour les invites et cipation Ei " Frisian Flag " coOle infi niment d'un complexe tres moderne de preparation moins cher que de traverser l'Atlantique et de debriefing de mission. Oe plus, elle est avec ravitaill eurs et avions de souti en. situee Ei quelques minutes de vol du champ Preuve du succes de cet exercice, certains de tir de Vliehors et de la mer du Nord. pays y reviennent plusieurs fois, le consideL'autre plate-forme impliquee, celle de rant comme tres rentable au vu des opporTwenthe, dans I'est du pays, accueillait, 0tunites offertes. quant Ei elle, cinq Viggen venus d'Öster:g; " Frisian Flag " est organise par le sund, en Suede. Les participants prove323 Squadron , une unil8 Ei part dont I'equiu; -; valent fran<;:ais serait un superescadron naient, bien sur, des Pays-Bas (Fighting :i @ reg roupant I'EC 2/5, le CEAM et le CEV Fa/con des Squadrons 322 et 323 de
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(E-3A Awacs du NAEW&CF). Quelq ues autres appareils, com me les A-10 de Spangdahlem , etaient egalement prevus pour " pimenter " les missions, mais, par rapport aux annees precedentes, il y eut finalement peu d'interventions d'unites exterieures. Oe meme, les attaques de bateaux
croisant en mer du Nord (missions TASMO) furent moins nombreuses. En fait, les organisateurs font avec les moyens du bord; si un ravitailleur ou une cible potentielle sont disponibles, ils I'utilisent dans le scenario. Dans le cas contraire, ils doivent se rabattre sur un profil de mission plus classique en-
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tralnant, en general, un raid sur la base de ~ Leeuwarden DU une passe de tir sur le range de Vl iehors ou le site de Marnewaard ~ (situes tous les deux dans I'extreme nord du :z: pays). Cette liste d'objectifs peut paraitre @ reduite en regard des ambitions d'un tel exercice, mais les scenarios sont principaleme nt orientes vers le combat aerien et non vers le bombardement. La presence d 'appareils d 'attaque au sol permet surtout de creer des situations d'affrontement entre les differents groupes d'intercepteurs. C'est uniquement dans la partie septentrionale des Pays-Bas que se joue " Frisian Flag ", un choix dicte par la necessite de ne pas engorger les cieux hollandais deja tres satures et de pouvoir atteindre rapidement les zones d'entralnement, mais aussi par les possibilites de vo l en regime supersonique au-dessus de I'eau sans occasionner de nuisances aux populations civiles. Afin de realiser du combat aerien en toute securite , les Neerlandais reservent a I'avance des portions de I'espace aeri en situe au-dessus de la mer du Nord, entre les lies britanniques a I'ouest, les cates frisonnes au sud et le Danemark a I'est. La difficulte est que cet es pace de plusieurs centaines de ki lometres est place sous la responsabilite de differents organismes de contröle. Au cours d'une meme mission , les equipages peuvent donc survoler les zones allemande
Leeuwarden, du Sq uadron 312 de Volkei, mais detaches su r la base fri sonne , des Squadrons 313 et 315 de Twenthe, plus des missiles Hawk et Patriot) , de France (F1 CR du 1/33 " Belfort ,,), de Suede (JA 3701de la F4), de Finlande (F-1 8C de la HävLLv 21) , de I'USAFE (F-15C du 493rd FS) et de l'Otan
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~ 0-100, danoise BR1 et, bien sOr, holland ai se
1 FIR TRA/1 a 8 (plus les abords des champs ~ ~
de tir de Vliehors et de Marnewaard ainsi que I'approche de Leeuwarden). En regle En haut : les six F-15G deployes 11 Leeuwarden par I'US Air Forc e appartiennent au 493rd FS ba se 11 Lakenheath (GrandeBretagne), la derniere unite dotee d' Eagle en Europe. Au milieu: bien que specialises dans la reconnaissance photo, les Mirage F1GH n'effectuerent aucune mission de ce type durant « Frisian Flag ». Les pilotes eta ient venus pour s'entrainer au GAS (Glose Air Support), le röl e sec ondaire du « Belfort ».
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Gi-c ontre : arme de quatre missiles Sidewinder d'exe rcice et emportant deux reservoirs supplementaires, ce F-16AM (J-019) du 323 Squadron rejoint le seuil de pi ste.
generale , tout se passe bien, car un Awacs est souvent disponible pour gerer les eventuels conflits et problemes de procedure.
doute sur le camp des protagonistes " MiG " et" Ivan " etant respectivement attribues aux F-16 et aux Viggen bases Twenthe. Ici , pas de scenarios compliques impliquant un grand nombre de pays fictifs se faisant la guerre, c'est la clarte qui compte : un objectif est vise, des chasseurs doivent le defendre alors que d'autres doivent le detruire. Mais simplicite ne veut pas dire monotonie ; les missions sont variees ,
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(( MiG )) et (( Ivan )) Comme dans tout " Flag " qui se respecte, il y avait d'un les bleus (Ies gentils) et de I'autre les rouges (Ies mechants). Les indicatifs radio ne laissaient aucun
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qu 'elles soient defensives (protection d'une zone en eliminant tous ceux qui s'en approchent), offensives (traque d'un ennemi audessus de son propre pays), de soutien aux troupes au sol (CAS) ou encore qu'elles vi se nt la destruction d'un objectif aerien de grande valeur (Awacs par exemple). De I'avis des pilotes rencontres Leeuwarden, les specialistes du 323 Squadron qui preparent ces missions savent parfaitement maintenir I'interet de I'exercice tout au long des deux semaines. Pour cela, ils utilisent des methodes reconnues comme I'accroissement progressif des difficultes, la multitude des taches pour chaque patrouille et la variete des missions d'un jour sur I'autre. De plus, les equipages ne prennent connaissan ce des objectifs que le matin meme. Une journee type Frisian Flag " se resume donc ainsi : premier briefing a 7 h 00, preparation partir de 7 h 30, briefing general vers 11 h 30, decollage aux alentours de 13 h 30, atterrissage vers 15 h 00 , debriefing par pays dans la foulee , puis debriefing general vers 17 h 00 pour une fin d'activite vers 18 h 30. Acette mission principale quotidienne, il faut ajouter les vols du matin qui sont d'une autre nature, essentiellement du fait de I'absence d'Awacs. 11 s'agit, en fait, de profiter au maximum des zones reservees au-dessus de la mer pour pratiquer des combats aeriens simules. Ce so nt de classiques 2 contre 2 ou 4 contre 4 qui ne demandent que de petites preparations . Tous les pays adoptent le meme fonctionnement : les quatre pilotes engages dans le tour du matin se reposent ensuite , tandis que quatre autres participent la grosse mission de I'apres-midi. Le lendemain , c 'est I'inverse, on change les rales pour que tous n'effectuent pas toujours le meme genre de missions. Bien sOr, des ajustements sont faits Ei la fin de I'exercice de maniere Ei uni-
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~----------------------------------------------------------------~ @ En haut : detaches de la Flygflottilj 4 installee ä Östersund, les Viggen suedois rejoignirent la base de Twenthe le 7 octobre 2002 apres avoir fait une escale ä Ronneby(Suede)pourserav~
tailler en carburant. Le detachement etait place sous les ordres du major Imre Nagy. Au milieu: equipes de bidons supplementaires, les F-15C presents ä Leeuwarden avaient une autonomie suffisante pour remplir toutes les missions. Ci-contre: I'un des six F-18C finlandais ä I'atterrissage ä Leeuwarden. Ces appareils "- faisaient partie des forces :i bleu es et leurs pilotes se montrerent tres aguerris en ~ combat air-air, leur specialite.
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puisqu'un systeme de videoconference permet a tous les acteurs de la J'ournee de com~ '" muniquer meme a plusieurs dizaines de -; I ki lometres de distance. ';ii
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Le ce Be/fort » en terre batave En 2002, c'est I'ER 1/33 " Belfort " qui defendait les couleurs de I'armee de l'Air, apres la participation des Mirage 2000N du 2/4 " La Fayette " lors de la precedente edition. Les quatre Mirage F1 CR venus de Reims n'ont pas effectue de mission de reconnaissance, le theme de I'exercice ne s'y
En haut : si les six F-18C finlandais provenaient principalement de la HävLLv 21 de Tampere-Pirkkala, leurs pilotes ava ient ete preleves parmi les effectifs des trois unites de Harnet des Suomen IImavoimat. Ci-contre : ce F-15C est en train d'etre reconditionne entre deux missions. Pour la mise en ceuvre de ses six Eagle, dont seulement quatre participaient regulierement aux missions quotidiennes, I'USAFE avait prevu pas moins de quatre-vingts personnes. Ci-dessous: durant I'exe rcice, le commandement du detachement fran~ai s, co mprenant quatre avions, dix pilote s et trente tec hniciens de maintenance, etait assure par le lieutenant-colonel Alex Dupuy, patron de I'ER 1/33 « Belfort ».
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formiser les heu res de vol realisees par chaque aviateur, en developpant davantage les sorti es du matin ou en faisant voler un pilote deux fois par jour. On le voit, " Frisian Flag " ne s'apparente pas a une partie de plaisir, les journees sont longues et la fatigue est bien presente lorsqu'i l s'acheve. Si les vols sont re lativement courts (pas de ravitail lement lors de la premiere semaine, par exemple), ils sont assez eprouvants, car les pilotes doivent porter la combinaison etanche, la mer du Nord n'etant pas reputee pour sa chaleur en plein mois d'octobre. Les Neerl andais disposent d'un reseau de radars equipes pour enregistrer les parametres de vol de tous les apparei ls, qu i ne sont donc pas dotes des fameux pods utilises dans d'autres exercices. Lors du debriefing general , on peut donc " revo ir " certains aspects d'une mission et tirer les enseignements pour la suivante. La dispersion des participants sur deux bases n'est pas vraiment un probleme 34AIR FAN
pretant pas vraiment ; ils constituaient, avec des F-16AM hollandais, les forces de bombardement chargees de detruire les objectifs designes. Les pilotes detaches sur place pouvaient donc perfectionner leur capacite a delivrer de I'armement conventionnel, le role secondaire de I'escadron. Oe plus , ce choix a permis de limiter la quantite de materiel et le nombre de militaires deployes a Leeuwarden (quarante-quatre en tout, dont neuf pilotes, un officier renseignement, des armuriers , des pistards et une equipe complete de specialistes), donc de reduire les coUts . Les Fran<;ais ont participe aux scenarios du matin et de I'apres-midi en tirant des obus ou des bombes d'exercice F3 et F4 sur le polygone de Vliehors. Ils representaient souvent " la cible " qu'il fallait atout prix abattre ou proteger selon le camp dans lequel ils se situaient. Les missions s'effectuaient la plupart du temps en moyenne altitude au-dessus de la mer, car il n'est pas tres opportun de descendre au ras de I'eau
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lors de « Frisian Flag ». En effet, col ler au ~ relief n'a de sens que s'il y a du relief; audessus des vagues, pas de possibilite de se ~ cacher, surtout avec un Awacs en I'air et des @ :r adversaires aussi bien equipes en radar que des F-15C , F-18C ou F-16 MLU. Si, en plus , ce radar est couple a des missiles AMRAAM, comme c'etait le cas pour les Finlandais, les Hollandais et les Americains , inutile de rester sur zone quand I'ennemi approche ..
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Frelons venus du froid Pour la deuxieme fois, les Finlandais prenaient part a I'exercice , avec le fleuron de leur aviation de combat, le F-18C. Six Harnet etaient presents en permanence a Leeuwarden , mis en oeuvre par une quarantaine de personnes venues de Scandinavie en Fokker F-27 ou par la route (pour le meme nombre de F-1 5C, I'USAFE avait detache le double de militaires) La participation finlandaise a ce genre de rencontre
repond a un objectif bien precis. Conscient que sa force aerienne (Suomen Ilmavoimat) etait inadaptee a de grandes manoeuvres internationales, le gouvernement d'Helsinki
a prefere qu 'elle change ses methodes de travail avant de I'envoyer hors de ses frontieres (d 'autres nations ont fait le choix inverse, participant actuellement ades misEn haut: decollage avec PC allumee pour le Mirage Fl CR code 33-CD . Lors de la precedente edition de « Frisian Flag », I'armee de I'Air avait deploye des Mirage 2000N de I'EC 2/4 « La Fayette ». Ci-dessus: ce F-18C finlandais rejoint le parking ä I'issue d'une mission de detense aerienne au -d essus de la mer du Nord. Le chasseur emporte deux missiles AMRAAM d'exercice, un sous chaque entree d'air. a. Ci-contre: une paire de :;; Viggen au decollage. Le detachement suedois comptait on cinq appareils, dix pilotes et trente-trois techniciens.
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Ci-contre : durant leurs missions, tou s les Mirage Fl CR presents ä Leeuwarden emportaient en point ventral un lance-bombes pour larguer des projectiles d'exercice. Ci-dessous: au decollage de Lee uwarden, un F-16AM du 322 Squadron. Pour tou s les participa nts ä « Frisian Fl ag », les missions dura ient entre soixante-d ix et quatre-vingtdix minutes et ne comportaient pas de ravitaillement en vol. En bas : parmi la vingtaine de Fighting Fa/con engages par la KLu dans I'exercice, on denombrait qu elques bipla ces d'entrainement F-16BM. lei, un equipage ä bord du J-885 appartenant au 323 Squadron. ...... . . - - - -- - -- - - - - - - - - - - - - - - - - -- -- - - . . . . . ,
cela par leur machine, le F-1 8C , qui represente - avant I'arrivee en masse des Rafale et autres Typhoon - I'u n des meilleurs appareils de combat sur le continent. Quant au combat air-air, leur mission unique en Finlande, ils n'ont plus grand-chose a apprendre (quelques pilotes de F-15, de F-1 6 ou de Viggen peuvent en temoigner I).
Efficace et festif Petit par sa taille et ses moyens, " Frisian Flag " reste cependant I'un des exercices les plus efficaces en Europe. Dans le jargon des militaires, on pourrait le qualifier de " bonne manip ". La KLu mise beaucoup sur lui pour peaufiner ses methodes d'entrainement et donner a ses pilotes une opportunite supplementaire de participer a des missions internationales de tres haut niveau. Si celte ren contre est plus que serieuse dans sa reali sation , elle occasionne egalement quelques moments plus festifs comme la trad itionnelle fete du deuxieme jeudi ou les debriefings" off " (ceux qui se deroulent au bar et qui donnent lieu a de vives discussions apropos des merites , c.. verifies ou non, de chacun des participants). :J: Pourtant, I'ambiance etait plus sage que les annees precedentes, car les Hollandais de~ ploraient la disparition du prince Claus
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~ (epoux de la reine Beatrix), survenue lars de la premiere semaine, et les Finlandais venaient d'apprendre I'attentat sanglant qui avait frappe un centre commercial de leur pays. II n'y aura pas de " Frisian Flag " en 2003 , la KLu devant s'engager a fond dans le soutien de ses appareils envoyes a Manas pour aider les forces internationales en Afghanistan. Rendez-vous donc en terre 0 frisonne en 2004. Sebastien BUYCK L'auteur tient Ci remercier particulierement tout le personnel du bureau des Relations publiques de la base de Leeuwarden. Une {ois de plus, merci Ci Alex pour sa disponibilite et ses precieux conseils.
sions de l'Onu avec des equipages et du materiel peu adaptes). IIlui a donc demande de mettre sur pied une force de reaction rapidement dep loyab le et capable de travai ller avec les autres partenaires europeens sur un thMtre exterieur. Mise en place depuis trois ans, celte nouvelle doctrine doit etre operationnelle pour 2006. Visiblement, les militaires venus du froid apprennent vite, car tout le monde a pu constater les progres realises d'une annee sur I'autre. S'integrer dans un dispositif complexe et organiser des missions regroupant plus de vingt apparei ls n'est pas une tache aisee. Les pi lotes so nt maintenant assez experimentes et ils comprennent de mieux en mieux toutes les subtil ites de la preparation d'une grosse COMAO. Ils sont aides en 36 AIR FAN
Avec les trois cinquiemes de son territoire occupes par les Alpes, la Confederation suisse (41 293 km 2 ) est le pays montagneux par excellence. Pour les forces armees, ces remparts natureis constituent un formidable atout, mais ils necessitent I'utilisation d'un materiel adapte. Ainsi en est-il de I'helicoptere dont la souplesse d'emploi n'a pas d'egale dans un tel environnement. n Suisse , I'apparition des premiers helicopteres militaires remonte 1952 lorsque arriverent trois modestes Hiller 360 (UH-12B), bientot rejoints, en 1958, par quatre SO 1221 Ojinn achetes en France et par les premieres SA 3130 Alouette II dont trente exemplaires au total
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Ci-dessus: bien que plus gros qu'une Alouette 111, le Super Puma n' en est pas moins capable d'operer sur des zones relativement restreintes, comme en temoigne cet appareil en train d'effectuer un atterrissage de precision aproximite du PC du champ de tir d'Axalp. Ci-contre : dotee de patins pour limiter I'enfoncement dans la neige, et porteuse de marquages provisoires rappelant son engagement recent dans des missions au profit des gardes-frontiere, cette Alouette 111 s'apprete se poser pres du Cervin, vers 4 400 m d' altitude.
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A droite : tout comme les
Super Puma,les Alouette 111
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peuvent participer la lutte anti-incendie. Cet appareil est equipe d'un « Bambi Bucket » d'une contenance de 500 I. Les Super Puma emportent, quant eux, des conteneurs d'une capacite de 2 500 I.
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furent acquis. Si le retrait de ces dernieres n'intervint officiellement que le 1er janvier 1994, la demobilisation des Hiller eut lieu bien plus tot, en 1962, suivie de celle des Ojinn en 1963, annee Oll furent alloues des credits destines I'achat de neuf SA 3160 Alouette 111', lesquelles entrerent en service des 1964. Par rapport aux Alouette 11 , ces
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machines beneficiaient d'une capacite d'emport accrue (sept places au lieu de cinq) et d'une motori sation plus puissante particulierement appreciee en montag ne.
Alouette cl profusion Afin de faire face Ei I'accroissement des exigences des troupes au sol, une quinzaine d'Alouette 111 supplementaires furent achetees Ei Marignane en 1966, tandis que soixante autres furent construites sous licence par la Fabrique federale d'avions (F+W) situee Ei Emmen, entre 1972 et 1974. Pas moins de sept escadrilles de tran sport en furent equipees, marquant ainsi un veri table tou rn ant dans I'organisation des Troupes d'aviation. Les vols au profit des gardes-frontiere debuterent en 1966, paral-
lelement Ei la creation d'un service de Sauvetage par helicopteres mi litaires (SHM). Les missions d'aide Ei la population civile ne prirent jamais autant d'importance qu'au moment des catastrophes naturelles, notamment lors des avalanches de 1975 qui ravagerent la Suisse centrale, le Tessin et les Grisons. Sur un plan plus general, les vols de soutien resident le plus souvent dans le transport de charges au benefice d'exploitations situees en montagne, la lutte anti-incendie ou encore le sauvetage. Cependant, certaines missions revetent parfois un caractere particu lier, comme celles consistant Ei simuler des attaques par des helicopteres antichars au cours des seances d'entrainement des troupes blindees, voi re inattendu, Ei I'image de celles qui furent organisees en
avril 1986 afi n de detecter d'eventuelles retombees rad ioactives apres I'explosion du reacteur numero quatre de la centrale nucleaire de Tchernobyl. Malheureusement, les conditions d'emploi en montagne sont rendues dangereuses par une meteorologie changeante (voir encadre) ainsi que par la presence d'i nnombrables obstacies d'origin e humaine (Iignes Ei haute tension, cables de tel esiege, etc.). Dix-sept Alouette 111 , sur les quatre-vingt-quatre livrees, ont ainsi ete perdues lors de crashs ou bien reformees Ei la suite d'accidents heureusement moins tragiques. Aujourd 'hui, six des sept escadrilles de transport de l'Escadre de surveillance sont equipees en totalite ou en partie d'Alouette 111. Mais, dans le cadre du programme Armee XXI, qui vise Ei reduire les
Ci-dessus: cree par trois pilotes issus d'une meme promotion, ce badge circule ä enviran cinq exemplaires. Deliberement redigee de maniere ä etre peu lisible, I'inscription dit « trap de chefs, pas assez d'lndiens », les chefs etant la hierarchie militaire et les Indiens les pilotes relativement indisciplines. Ci-dessus : cette photo illustre parfaitement les dangers qui guettent les pilotes d'helicopt!nes evoluant ä ba sse altitude en Suisse. Toutefois, plus sournois et beaucoup moins vi sibles que les lignes ä haute tension, ce sont les cäbles isoles tendus ä flane de montagne qui constituent les pieges les plu s redoutables. Ci-contre : depuis 2002, les Forces aeriennes suisses sont devenues les principales responsables en matiere de SAR sur le territoire national. Aup aravant, cette mission etait essentiellement du ressort de l'Office federal de I'aviation civile (OFAC).
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:g'" Ci-contre : les civils peuvent parfois solliciter le soutien de I'armee qua nd ils vive nt dans i" des regions difficiles d'acces. i Cette Alouette va transporter :I' sous elingue un faisceau de @ piquets de cloture destine 11 une exploitation situee en montagne. ~
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Ci-dessous: en mission de support aux gardes-frontiere dans la region du Simplon. A noter, sur le cote droit de l'Alouette pilotee par le capitaine Pol Ruggli, le panier metallique utilise pour I'emport de materiels divers. En bas : le capitaine Sebastien Bart s'apprete reprendre possession de son Alouette 111 a l'issue d'un ravitaillement en carburant a Interlaken.
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effectifs et les materiels en service au sein -: ~ de I'armee suisse, leur nombre passera de ." soixante-trois (en 2002) a trente-cinq. En contrepartie, chaque machine effectuera en ~ moyenne 200 heu res de vol annuelles :I' contre 160 actuellement. Neanmoins, mal- @ gre cette augmentation du quota d'heures de vol, les engagements en faveur d'autres organismes comme les gardes-frontiere ou la police seront revus a la baisse. Le remplacement des Alouette III est d'ores et deja planifie, mais aucune decision n'a encore ete prise. Oe toute fac;;on , de nouveaux hel icopteres d'entrainement seront necessaires d'ici I'horizon 2010.
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L'arrivee des Super Puma C'est en septembre 1986 que les fonds destines a I'achat de trois AS 332M1 Super Puma furent debloques. Par la suite , devant les resultats tres concluants obtenus lors de I'exploitation de ces appareils - plus grande souplesse d'emploi en montag ne ainsi que dans les missions de lutte anti-incendie et de transport (dix-huit soldats equipes ou six brancards) -, une nouvelle commande de douze helicopteres supp lementaires fu t passee en 1989. Oix d'entre eux furent construits sous licence a Emmen, le dernier exemplaire 2 etant livre en juin 1993. C'est egalement a Emmen que I'on trouve un simulateur de vol ultramoderne, parfois mis
1. Les Alouette 111 lurent choisies de preference a l'Agusta Bell AB-204 et au Kaman H-43 Husky. 2. En Suisse, les Super Puma sont egalement connus sous le nom de Transporthubschrauber (helicoptere de transport) 86 ou TH 86 - le chiffre se rapportant a I'annee de commande - pour les trois premiers exemplaires ("(,311 a "(,313) et de TH 89 ("(,314 a "(,325) pour les douze suivants.
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la disposition d'utilisateurs etrangers, lequel rencontre un grand succes en tournant plus de dix-huit heu res par jour, cinq jours par semaine ! En plus des missions habituelles au profit de I'armee ou de la population civile , les Super Puma realisent des vols periodiques de contr61e du degre de radioactivite au sol. La fin de la guerre froide marqua aussi , pour la premiere fois , la participation des
Ci-dessous: depose de troupes dans une prairie aux environs d'un petit village de Suisse alemanique.
En bas : ce Super Puma a ete photographie lors d'un atterrissage au sommet du glacier des Diablerets, a3 000 m d'altitude.
helicopteres de l'Escadre de surveillance a des exercices organ ises a I'etranger dans le cadre du Partenariat pour la Paix. En outre , entre avril et juillet 1999, trois Super Puma, integres dans la Task Force Alba, prirent part a des operations humanitaires en faveur de la population albanaise , sous I'egide du Haut Commissariat des Nations unies pour les refugies (HCR). Plus recemment, au debut du mois d'octobre 2002, un Super Puma a ete envoye au Kosovo pour le soutien de la KFOR.
Cougar dans les Alpes En 1998, une derniere commande de materiel , portant sur douze AS 532UL Cougar (TH 98 codes T-331 a T-342) , tres
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similaires aux Super Puma, mais equipes d'un cockpit tout ecran , vi nt completer la flotte de voilures tournantes de l'Escadre de surveil ilance. Les deux premieres machines (T-331 et T-333) ont ete achetees neuves chez Eurocopter, tandis que les dix suivantes ont ete assemblees Emmen. Le T-331 est un peu particulier puisqu'il est dote d'une cabine insonorisee, et su rtout climatisee grace a un pod demontable installe I'exterieur du fu selage, sur le cote gauche. Destine au transport de VIP, il est generalement detache sur I'aeroport de 8erne , contrairement ses homologues qui so nt bases a Alpnach au sein de la LTSt 6. Six autres Cougar (T-332 a T-337) ont rec;:u des entrees d'air polyvalentes MPAI (Multi-Purpose Air Intakes), optimisees pour les operations en cond itions givrantes ou dans les nuages de poussiere et de sable. Ouant au T-333, receptionne a Emmen le 16 fevrier 2001, il a entame des le mois d'octobre suivant I'evaluation du systeme d'autoprotection integre
ISSYS (Integriertes SelbstschutzSystem). Produit par la firme sud-africaine Avitronics, mais monte par la societe suisse RUAG Aerospace, I'ISSYS reagit automatiquement aux menaces en tirant des leurres ther-
miques ou electromagnetiques specialement adaptes aux helicopteres. Outre les missiles a guidage IR ou EM , il detecte les pointeurs laser. Afin d'optimiser ses capacites, les deux missiles portables /g/a (SA-18
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En haut: en Suisse, les habitants des petits villages paisibles et bucoliques sont parfaitement habitues lila presence des helicopteres militaires. Au milieu: recuperation reussie d'une patrouille de gardes-frontiere pres de la frontiere italienne. Ci-contre : ce Cougar porte tous ses attributs, 11 savoir les entrees d'air MPAI, les dilueurs de jets, les lance-Ieurres de cha que cote de la poutre de queue et les capteurs laser IR/EM montes de part et d'a utre du nez et derriere les carenages du train. A noter egalement le ca mouflage experimental different autour des echappements,
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quiauffi~pourcafficteristique j r~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~~ de reduire encore davantage ~ la signature IR de la machine. e>
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~ Ci-contre : chasse aux ~ chars Leopard 11 au-dessus ~ du champ de manceuvre de
~ la place de Bure, aproximit8 E de Porrentruy. Bien que non ~ armees, les Alouette simulent @
parfois I'attaque d'Mlicopteres offensifs pour entrainer les troupes au sol. En dessous: apres avoir suivi une formation de base sur monomoteurs civils et un cursus militaire su r Pilatus PC-7, les eleves-pilotes sont transformes sur Alouette 111. lei, un vol d'entrainement dans la region de Lodrino. En bas : les missions d'Mlitreuillage ou de transport sous elin gue font partie du quotidien des equipages d'Alouette 111. Le volontaire installe dans la civiere (photo de gauche) est le cap itaine Pierre de Goumoens, pilote de F/A-18 ä Payerne (et accessoirement membre du groupe de rock su isse Invino !l, en quete d'experience nouvelle ...
Grause) que detient I'armee suisse depuis quelques annees ont ete demontes pour etudier leur technologie et integrer les informations ainsi recuei llies dans sa base de donnees. Cette etude a ete realisee en collaboration avec les Sud-Africains qui possedent de grandes connaissances dans le domaine des missiles sol-ai r sovietiques. Deja cinq appareils (T-333 a T-337) ont ete equipes en 2002 de ce systeme qui, a terme, offrira aux Cougar suisses un niveau de protection identique a celui du nouveau NH90. Huit ISSYS supplementaires seront encore achetes et integres entre 2004 et 2006. Officiellement pris en compte par les Forces aeriennes suisses le 27 septembre 2002, les douze Cougar renforcent ainsi grandement les moyens militaires de transport, moyens particulierement apprecies dans le cas de catastrophes naturelles ou lors d'engagements a I'etranger, ces derniers devant prendre une part plus importante a I'avenir. 0 Hugo MAMBOUR et Vincent PlRARD/ AviaScribe Les auteurs tiennent Ci remercier M Didier Vallon (service d'information des Forces aeriennes suisses), le colonel Mueller (base d'Alpnacil), les capitaines Bart et Ruggli (base de Payerne) ainsi que tout le personnel rencontre lors de leur reportage.
Les unites d'helicopteres suisses en 2003 ./ LTSt 1 : ./ LTSt 3 : ./ LTSt 4 : ./ LTSt 5 : ./ LTSt 6 : ./ LTSt 8 :
Alouette 111 Alouette 111 et Super Puma Alouette 111 Alouette 111 et Super Pum a Alouette 111 et Cougar Alouette 111 et Super Pum a
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