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N° 324 - NOVEMBRE 2005 - 5,50 €
Sommaire Vingt-huitieme annee
N° 324 Novembre 2005
Le magazine de I'aeronautique militaire internationale
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Evenements par Frederic Lert Le Zephyr n' 14 revole". Cinema par Bruno Jolivel Les nouveaux « Chevaliers du eiel·, le film de Gerard Pires.
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Les Aigles de I'Oregon par Rene J. Francillon Exerciee « Senny Eagle 05 • : au pays des pieds palmes".
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« Frame
05)} par Christian Boisselon Le Charles-de-Gaulle dans la cour des grands!
Lartigue-Tafaraoui (3' partie) par Rene Bai! Les bases de /'Aeronautique navale en AFN. Retours de manivelle Le eourrier des leeteurs. Revue de presse par l'equipe de la red action Les nouveautes de /'edition. Analyse des nouveautes par l'equipe de la red action Les dernieres maquettes sorties.
En couverture : ma i 2005, la croisiere « Frame 05 )} debute et I'activite bat son plein sur le pont d'envol du PAN Charles-de-Gaulle OU I'on se prepare Ei la ncer les Rafale de la flottille 12F. Alors que le n° 3 est pare sur la catapulte laterale, le n° 6 attend son tour pour la catapulte avant (Photo Christian Baisse/on).
Les flottiIIes du GAE par Christi an Boisselon Les 4F, 35F, llF et 12Fa bord du PAN pendant« Frame 05".
Directrice commerciale : Martine CABIAC Gestion des abonnements:
a nos bureaux
Publicite : a nos bureaux (tel. .01 42936724) Photogravure : PRESTIGE GRAPHIQUE Impression : LEONCE DEPREZ, zone industrielle, 62620 Ruitz Depot legal 4' trimestre 2005
All contents © AIR FAN 2005 Reproduction meme partiel le interdite Commission paritaire : 0107 T 81068 Distribution par les NMPP Imprime en France/Printed in France
I~ I PRESSE PAYANTE
2003
AIR FAN est membre de l'Office de justification de la diffusion
Redacteur en chef: Olivier CABIAC Correspondant de la redaction aux Etats-Unis: Rene J. FRANCILLON Principaux collaborateurs Christian BOISSELON, Alain BOSSER, Jean-Loup CARDEY, BenoTt COLlN , Philippe COLlN , Alain CROSNIER, Eric DESPLACES, Jean-Luc FOUQUET, Michel FOURNIER t , Jean-Bernard FRAPPE, Christ GARCIA, Henri-Pierre GROLLEAU, Jean-Pierre HOEHN, Christian JACQUET, Stephane MEUNIER, Jacques MOULIN, Stephane NICOLAou, Alain PELLETIER, Jean-Jacques PETIT, Sam PRETAT, Marc ROSTAING, Jean-Pierre TEDESCO, Bernard THOUANEL, Patrick VINOT-PREFONTAINE Collaborateurs etrangers Denis J. CALVERT, Christophe DONNET, Jim DUNN, Giuseppe FASSARI, Paul JACKSON, Theo VAN GEFFEN, Robert E. KLING , Hans KONING, Peter B. LEWIS, Hugo MAMBOUR, Dave MENARD , Vincent PIRARD, Herman J. SiXMA, Peter STEINEMANN, Richard L. WARD
Evenements L'ACTUALITE AERO
Le Zephyr n° 14 revole ... ersion marine du Fouga GM 170 Magister, equipee d'une crosse d'appontage et d'une verriere coulissante, le GM 175 Zephyr effectua son premier volle 31 juillet 1956. Pendant un peu moins de quarante
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ans, tous les pilotes embarques de l'Aviation navale furent form es au delicat exercice de I'appontage et du catapultage sur I'elegant petit bireacteur. L'appareil fut finalement retire du service actif le 1" decembre 1994. A
cette occasion, le n° 14 regut une etonnante livree ou figuraient en bonne place la tortue et le canard de I'ancienne escadrille 598. Appartenant aujourd'hui a JeanGlaude et Jean-Frangois Galvet, cet avion est recemment sorti d'un chantier de remotorisation (remplacement des Marbore 11 d'origine par des Marbore VI
offrant plus de puissance et plus de securite en pompage), puis mis a la disposition de I'association Dassault Passion qui lui a fait reprendre I'air et s'occupera desormais de son entretien. Basee dans le plus ancien hangar de I'aeroport de BordeauxMerignac, a un jet de pierre de I'usine ou sont assembles les Rafale et Faleon, cette association s'est fixe pour objectif de valoriser le patrimoine non seulement de I'avionneur de 8aintGloud (notamment en federant les efforts des collectionneurs de MD 311 /312/315), mais aussi celui de toute I'aeronautique frangaise. Dans ce hangar se trouvent actuellement un Mirage 1118 de la Force aerienne suisse en cours de refection et un Flamant qui devrait rejoindre la flotte des six ou sept avions de ce type qui volent deja en France. Pour Gerard David, directeur de la communication de Dassault Aviation et cheville ouvriere de ce projet (parmi tant d'autres ... ), « I'idee que les raeines du futur sont dans le passe est aujourd'hui bien integree par la direetion. Gelle-ci a desormais deeide de s'impliquer plus avant dans la preservation de son patrimoine. » Une excellente nouvelle! ~ F. Lert
Ci-dessus : photographie sur l'aeroport de Bordeaux-Merignac au mois de septembre dernier, le Zephyr n° 14 vient d'effectuer, aux mains de Gerard David, l'un de ses premiers vols avec les reacteurs Marbore VI. Ci-contre : le remplacement des moteurs a necessite le changement des capots. En arriere-plan, le Rafale Air Cl04 est prepare pour des essais de roulage agrande vitesse avant son premier vol.
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C INEMA:
Les
nouveaux
((
Chevaliers
du
eiei))
par Bruno Jolivel
Action, intrigue sur fond de terrorisme, manipulation et images en vol sublimes, le film de Gerard Pires frappe tres fort! Air Fan vous fait decouvrir les coulisses du tournage.
'est en 2002 que Laurent Brochand reflechit aI'idee de produire un long metrage consacre aux pilotes de chasse fran~ais. 11 propose alors ala societe Mandarin Films de s'associer au projet, laquelle releve le deti en 2003, bien decidee a creer une nouvelle reterence en la matiere, superieure aTop Gun! Le realisateur retenu pour gagner ce pari est Gerard Pires, I'ecriture du scenario etant confiee aGilles Malen~on, fils d'un pilote de I'armee de l'Air. Avec un budget de pres de 20 millions d'euros, le projet commence aprendre forme. Mais il prend toute son envergure lorsque la production parvient aobtenir le concours de I'armee de l'Air qui n'a pas ete longue a mesurer I'impact que pourrait avoir un tel film aupres des jeunes, et les enormes retombees dont elle pourrait beneticier en cette periode de recrutement difficile.
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U.,e .,ouvelle approche Exit Tanguy et Laverdure, place aMarchelli et Vallois ! Comme souvent dans le cinema, des divergences sont apparues entre le scenariste, qui souhaitait faire renaitre les deux heros mythiques sur grand ecran, et le realisateur et la production qui voulaient des chevaliers du ciel a I'image des pilotes d'aujourd'hui, lesquels, selon eux, n'ont plus rien a voir avec les personnages de Jean-Michel Charlier que les jeunes ne ~ 5j ai
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En haut: Gerard Pires en conversation avec le commandant Garnier (Sirpa air), conseiller technique aupres du realisateur et du scenariste, et !'interface avec les differents commandements et bases concernees par le tournage. 11 a aussi appris aux acteurs comment se comporter autour et aux commandes d'un chasseur pour etre credibles dans leur röle de pilotes. Ci-contre : les Mirage 2000C du 1/5 ayant servi au tournage etaient tous codes en 5-NZ et sans nom sous le cockpit pour faciliter leur disponibilite et les differentes configurations de vol requises. A droite, en haut: le pseudo-demonstrateur Mirage 2000-10 de Dassault vole ä Farnborough est, en fait, le 2000C n° 20 du 1/5. Les mecaniciens de I'escadron lui ont applique une livree imaginee par Pires et son decorateur.
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Capitaine Antoine Marchelli (Benoit Magimel). Pilote surdoue, reflechi et assez froid, vivant pour son metier. A I'origine, il devait s'appeler Navarre, mais I'acteur a prefere Marchelli. Oe meme, son nom de guerre etait « rehe », transforme par la suite en « Walk and Read », puis « Walk'n ».
Capitaine Estelle Kass (Alice laglioni). Pilote douee, jolie et tres determinee, prete ä tout pour etre la meilleure. Son nom de guerre, « Pitbull » lui va vraiment comme un gant...
connaissent pas! Toutefois, on retrouve ici et 18 des similitudes, tout comme dans le scenario ou quelques scemes rappellent certains albums. l:histoire, qui se deroule dans le contexte actuel du terrorisme, repose sur le vol d'avions de combat afin de commettre un attentat majeur. Un choix excellent qui permet de situer une grande partie de I'action en France. D'une duree de 1 h 42 mn, Les chevaliers du ciel devaient comporter 30 %de sCfmes aeriennes. « Mon premier script etait un reve ; le dernier, un document de travail po ur realiser le film », confie Malenl/on. Entre les deux, le scenario a Me corrige une vingtaine de fois avec le commandant Garnier, du Sirpa air, afin de tenir compte des realites tech-
Capitaine Sebastien Vallois (Clovis Cornillac). Excellent pilote, extraverti, fonceur et dragueur invetere, c'est le trublion de I'escadron. Nom de guerre « Fahrenheit ». Une amitie indefectible le lie ä Marchelli depuis son enfance. Les deux hommes possedent les memes qualifications.
niques et economiques, mais aussi de la securite, et ne conserver que les scemes indispensables. Deux ans de labeur, en passant de I'euphorie 8 la frustration, pour aboutir 8 la version finale.
Le fourttage Le tournage a dure vingt-trois semaines en tout, dont seize pour les acteurs ettreize pour les sci'mes aeriennes, sur les ba ses d'Orange, de Djibouti, de Villacoublay, de Chäteaudun et de Taverny, mais aussi aux Salons de Farnborough (2004) et du Bou rget (2005). dans des locaux officiels 8 Paris ainsi qu'll la Ferte-Alais. Pires a fait construire une replique AIR FAN 7
Ci-contre : image emblematique du toumage des Chevaliers du eief, un 2000B (filme ur) et un 2000C (acteur) d'Orange. Au-dessous: le Mirage 2000B n° 519 de retour de tournage avec le pod abritant les quatre cameras utilisables en simultane, permettant de filmer vers I'avant, I'arriere, les cotes et ä la verticale sous cinq positions et une quinzaine d'angles en tout. Ci-dessous: installe en place arriere d'un 2000B equipe du pod, Eric Magnan controlait les cameras par un boitier radio gräce ä un renvoi d'image sur un ecran monte ä la place de la VTH. Soixante-dix pour cent des images ont ete realisees ainsi, en majorite avec des focales de 17 et 21 mm.
de cockpit de 2000 fixee sur verin avec camera integree, capable de monter jusqu'ä 10 m, de reproduire un maximum de mouvements et d'effectuer des 360 0 en une seconde ! Les acteurs y etaient soumis ä des amplifications assez fortes et ä des temperatures elevees afin d'obtenir des images realistes (passages en vol dos avec sangles qui pendent et sueur sur les visages). Le tour de force a Me de recourir le moins possible aux effets speciaux et aux simulations en 3D. Tourner le maximum de plans en vol a necessite I'emploi d'un pod specifique certifie aeronautique, equipe de quatre cameras et installe en point ventra l d'un Mirage 2000B. Cet outil a ete fabrique par Dassau lt ä partir d'un reservoir pendulaire de 2000 I. Son exploitation a Me confiee ä Eric Magnan, realisateur d'i mages aeriennes jouissant d'une solide notoriete dans I'armee de I'Air, qui a travaille 8 AIR FAN
durant deux mois et demi, avec Pires et le Cdt Garnier, ä la preparation de six cents plans aeriens. « Les seules contraintes de volliees au pod etaient de ne pas depasser 500 nmuds et 5 G», ind ique le Cne Prats. « 11 tallait aussi se positionner par rapport cl la lumiere et augmenter le taux de roulis pour donner des effets d'image », ajoute le Lt Rallet. Pour assurer le coup, Magnan s'est aussi entoure d'une equipe de choc constituee de Craig Hosking, specialiste des films d'aviation aux USA, et de Tom McMurty, la legende des pilotes d'essai de la Nasa! Aux commandes de leur Learjet 25, capable d'effectuer des bar-
Ci-contre : Captain Leslie Hedget (Rey Reyes). Pilote de I'USAF en echange au 115 « Vendee ». Belle et sympathique, elle apporte une touche de sensualite et de fantaisie dans le film. Nom de guerre « Stardust )).
Ci-contre : le passage du mur du son en TBA par Marchelli aux commandes d'un Mirage 2000D a ete toume au-dessus du terrain de secours de Chebbeley, 20 km de Djibouti. Si le bang est susceptible de briser des vitres et de crever les tympans, il ne peut en aucun cas provoquer les degäts montres dans le film. De plus, dans la realite, avec ses deux bidons de 2 000 litres, le chasseur-bombardier est limite Mach 0,95 !
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Les aviot1s du fit",
riques au-dessus des Mirage et dote de deux cameras ä periscope pivotant sur 360°, ils ont realise 20 % des images en vol. Magnan a egalement fait appel ä la Corvette d'Aerovision basee ä Toulouse et equipee d'une camera mobile avec periscope sous le ventre. Pilotee par Patrick Pialat, elle a notamment filme les Airbus, l'Awacs ou les formations du detile du 14-Juillet, soit 10 % des images. En complement, un 2000B a re~u une camera dans le poste arriene afin d'obtenir des plans des pilotes en place avant. Les prises de vues etaient effectuees töt le matin et en fin de journee pour beneticier d'une
belle lumiere, les vols en TBA se deroulant audessus de la mer de fa~on ä limiter les nuisances. En tout, soixante-dix heu res de vol pour trente minutes de sequences aeriennes dans le film! Chacune des scenes a Me analysee et preparee avec les pilotes lors de briefings ou la securite etait la priorite. « Nous
avons exploite les capacites de chacun et adapte nos moyens afin de repondre au mieux aux demandes du realisateur, tout en restant dans le domaine du possible )), explique le Cne Mateo. Certaines d'entre elles ont meme ete preparees sur simulateur. Une fois en I'air, la prise avait lieu entre les niveaux 100 et 400, en fonction de I'arriere-plan souhaite et de la lumiere. Mais une fois le top depart donne, il fallait aller vite, car les cameras ne permettaient que 260 s de tournage chacune ! « La
difficulte permanente a ete de ne pas sortir du cadre des cameras, d'autant que, pour obtenir des images spectaculaires, on devait se rap pracher. Dans le film, les seimes de combat ne sont pas le reffet de la realite », confie un pilote. A Djibouti, ou vingt-six vols ont ete effectues durant un mois et demi, la chaleur a ete le gros probleme, y compris pour le pod.
Pe la realite ala fictiOt1 Les chevaliers du ciel est un film ou tout est ä la fois. « Je suis parti de choses existantes DU plausibles, et lai derive de 10 % vers la fiction », explique Malen~on. Alors
vrai et faux
Lieutenant Didier Boubakeur (Jean-Baptiste Puech). 11 vole en musique, poussee au maximum, d'ou son nom de guerre « iPod )). Dans la realite, cette pratique n'esttoleree que lors des longs vols de convoyage, et faible volume !
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essayons de faire le tri. Une presentation aerienne avec de I'armement reel, teile que montree dans le film, n'estjamais pratiquee. En revanche, dans le premier combat aerien, les leurres thermiques peuvent effectivement etre tires avant le depart du missile adverse. L:EMS (Escadre des missions speciales) est une escadre imaginaire : « Je me suis inspire du
GAM 56 base cl Evreux, charge de certaines interventions delicates », confie le scenariste. Idem pour les EVL (Exercices
ä vulnerabilite
La plupart des scenes aeriennes ont ete tournees au depart d'Orange, les autres a Djibouti ou les Mirage 2000 du 4/33 ont pris le relais. La production a utilise les aeronefs suivants : V' les 2000C n" 1, 3, 4, 8, 14, 18 et 34 de I'EC 1/5, neo 107 et 109 de I'EC 4/33; le pseudo-demonstrateur Mirage 2000-10 de Dassault, vole au Salon de Farnborough, est en fait le 2000C n° 20 du 1/5, repeint par les mecaniciens de I'escadron (livree imaginee par Gerard Pires et son decorateur) ; le 2000C demonte et charge dans I'avion-cargo est le 2000 « evenementiel » du Sirpa air ; V' les 2000D n" 630, 653, 625 et 656 des EC 3/3 et 4/33 ; V' les 2000B n" 516, 519 et 528 de I'EC 2/5 ; V' l'Alpha Jet n° 143/312-RS de I'EPNAA de Salon-de-Provence ; V' l'Awacs n° 203 et le C-135FR n° 735 ; V' deux Transall (un de I'ETOM 88 et un d'Orleans) sans marquages, codes UN pour le film; V' un A340-600 de la Qatar Airways et un A320 appartenant Airbus ; V' un Falcon 900 et un Falcon 2000 ; V' le Gorsair n° 22 et le Boeing Stearman n° 4273 bases a La Ferte-Alais, terrain qui simule celui de Royan-Medis dans le film ; V' un Pilatus PC-6 et le Jet Ranger personnel de Gerard Pires.
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Les pitotes Plusieurs pilotes de I'armee de l'Air, mais aussi de I'aviation civile, ont participe au tournage des sequences aeriennes dont : V' 2000C du 1/5 : lieutenant-colonel Madrange, patron de I'escadron, capitaines Antoniou, Crosnier, Mateo, Meffre et Trimaille, chefs de patrouille, et Sqn Ldr Denton (RAF), en echange a Orange ; V' 2000C et D du 4/33 : capitaines Giraud, Trastour, Mortel et Darocha, entre autres ; V' 2000B : capitaines Prats, Belliard et Auvray, et lieutenant Rallet, instructeurs au 2/5 ; tous ont continue le tournage Djibouti, sauf le Cne Belliard ; V' « demonstrateur » 2000-10 : capitaine Forget du 2/5 (presentateur Alpha en 2004), puis certains des pilotes du « Vendee » cites plus haut ; V' Alpha Jet : capitaines Boulay et Fricker, et lieutenant Vallet, tous trois moniteurs a Salon-de-Provence. Guy Magrin, pilote d'essai du constructeur Airbus, etait aux commandes des A340 et A320, Philippe Tarrade a celles du PC-6, tandis que G. Pires pilotait son Jet Ranger.
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limitee). 11 existe toutefois des exercices programmes par le CCOA dans lesquels un appareil effectue un trajet en coupant son IFF afin d'entrainer toute la chaine de commandement de la Detense aerienne. L'indicatif « Mandrin 01 » utilise dans le film est d'ailleurs celui du chef du CCOA. Chaque Mirage 2000 emporte bien une carte PMCIA et une cassette Hi-8 de restitution de vol. mais, ä Orange, il n'est pas possible de suivre en direct sur un ecran I'evolution d'un combat aerien simule. Seule I'installation d'un pod de restitution sur les chasseurs, lors des exercices ACMI en mer du Nord et au large de la Sardaigne ou ä I'AWC (Air Warfare Center) d'alDhafra, aux EAU, permet d'acceder ä cette technologie. La notion de restriction de vol n'existe pas dans la realite : les pilotes sont autorises ä voler ou pas. Les jeunes sont neanmoins prives d'Opex tant qu'ils ne mai-
trisent pas parfaitement la technique du ravitaillement en vol. Les termes de combat « secteur 3-Charlie/3-Delta » sont fictifs, les chasseurs parlant de mission Magie 2 en Three-Nine-Nine. La notion de « kill -ratio zero» n'existe pas non plus. En revanche, au cours des exercices de combat ä 1 contre 1, chaque pilote accumule des points (Combat Ladder) et un va inqueur est declare. La figure executee par Marchelli, le « John Derry Turn », est bien connue des voltigeurs. L'avion vole ä plat ou en montee ä 45°, effectue un debut de tonneau, puis inverse son sens de virage. Plutöt academique, elle peut etre pratiquee en
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Ci-dessus : toutes les sequences aeriennes ont fait /'objet de briefings tres precis avec ordre des prises de vues, positionnement et etagement de chacun, travail sur les parallaxes et mouvements autour des avions. Ci-dessous : certains lieux de la base d'Orange ont ete reamenages pour les besoins du film, comme la salle d'operations DU, ici, le bar de I'EC 2/5.
En haut: Maelle Coste (Geraldine Pailhas). representante du Premier ministre aupres de /'Escadre des missions speciales (EMS). Elle croit en son metier et la justice.
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Ci-dessus : /'idee d'integrer deux femmes parmi les pilotes de chasse colle la realite d'aujourd'hui dans /'armee de /'Air. lei, la scene DU le capitaine Kass et le Captain Hedget arrivent Orange.
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Ci-contre : moteur ! Prises de vues au sol sur la BA 105. Le film a necessite vingt-trois semaines de tournage, dont seize pour les acteurs et treize pour les sequences aeriennes. ]! =::~~=:II' ~ ai
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dogfight, mais ne constitue pas une super manrnuvre comme voudrait nous le faire croire le film. Peut-on vraiment charger un 2000 demonte dans un Transall ? Non, les specificites d'emploi du bimoteur de transport I'interdisent. Est-il possible de voler en place arriere d'un 20000 sans canopee ni siege? En theorie oui, a condition que le pilote ne monte pas trop haut et n'aille pas trop vite. A la fin du film, il est impensable que le 2000C detourne puisse ainsi s'integrer dans un box de 2000N lors du detile du 14-Juillet, ou tout est sous contröle. Le depart de Marchelli et de Vallois pour !'intercepter n'est pas non plus realiste puisque ce sont necessairement les PO de Creil ou de Cambrai qui decolleraient. O'ailleurs, Malen'fon avait prevu la scene avec les deux pilotes en alerte a Creil, courant vers leurs appareils. Voila quelques-unes des petites anomalies que nous avons relevees. 11 y en a d'autres, mais n'oublions pas que c'est un film d'aventures qui nous est propose, et non un documentaire. Neanmoins, Gerard Pires a atteint un degre de realisme ja mais vu en matiere de films d'avia-
tion. Si les chasseurs Mirage 2000 sont la pour assurer le spectacle avec des images a couper le souffle, c'est avant tout une histoire humaine ou les heros sont les pilotes. Seul be mol, la bande originale qui ne nous a pas convaincus. Oeja commande par plus de quarante pays, ce film a tous les ingredients pour susci-
ter des vocations, comme Tanguy et Laverdure en leur temps. A I'instar de leurs glorieux aines, ces nouveaux Chevaliers du eiel sont determines, passionnes et font preuve de courage et d'abnegation, a !'image des pilotes de I'armee de l'Air. Abus de heros ne nuit pas! 0 Bruno JOLlVEL
En haut: certains regretteront peut-etre I'absence de chasseurs etrangers dans les combats aeriens. Pi res et Malenlfon souhaitaient obtenir la participation de Su-27, voire de F1 marocains, mais ont dii y renoncer devant les problemes logistiques et financiers. Ci-contre : les capitaines Crosnier, Mateo et Trimaille (de gauche iI droite), trois des pilotes du 1/5 ayant participe au film, de retour d'un vol en fin de journee. Les heu res de vol qu'ils ont effectuees dans le cadre du tournage ont ete prises sur leur quota annuel...
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Amicalement surnomme le « pays des pieds palmes » par la Californie voisine en raison de ses fortes precipitations, I'Oregon est le neuvieme Etat des Etats-Unis par sa superficie (248 647 km 2 ), s'etirant sur 575 km le long du Pacifique, mais seulement le vingt-huitieme par sa popu lation (3,7 millions). 'oregon accueille deux escadrans de chasse au sein de la Garde nationale, tous deux equipes de F-15 niveau: le 123rd Fighter remis Squadron base Portland, I'une des principales vi lles de l'Etat, et le 114th FS stationne Kingsley Field. En mai 2005, le premier a toutefois echappe de peu la dissolution, Donald Rumsfeld ayant preconise sa fermeture pure et simple. Heureusement, la commission mandatee par le Congres pour evaluer les recommandations de I'impopulaire secretaire d'Etat americain la defense (surnomme par certains " Rumsteck trap cuit » . . ) a decide de passer outre. Oui plus est, apres le fiasco de la reponse I'ouragan Katrina, il est probable que les parlementaires vont desormais ceuvrer afin de permettre la Garde de reprendre du poil de la bete , ce au grand dam de I'active et de I'administration Bush.
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Ci-d essus: la sentinelle (Sentry en anglais) reste le symbole des citoyens sold ats de la Garde. En haut: un F-15B biplace et un F-15A monopiace du 11 4th Fighter Squadron en vol au-dessus du Klamath Lake, juste au nord de Kingsley Fi eld. Page de droite, en bas: un F-15A modernise du 123rd FS decolle cap au sud pour intercepter les intrus du 194th FS de Fresno. Depui s de nombreuses annees, les Oregoniens cherc hent desesperement a enrayer la migration des Californiens qui fait monter le cout de I'immobilier dans leur Etat. C'est peut-etre la une solution ... 12AIR FAN
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La Garde de Portland Neuf mois apres I'armistice de juin 1940 qui mit fin a la campagne de France, et
quelques mois apres que les pilotes de la Royal Air Force eurent triomphe de la Luftwaffe pendant la bataille d'Ang leterre , l'Amerique etait encore en paix. Mais, le gouvernement du President Franklin Delano Roosevelt ne s'y trompait pas. Elle al lait bientöt etre happee par la tourmente. En prevision de I'inevitable, la praduction d'armement fut acceleree et de nombreuses unites aeriennes vi rent le jour, tant dans I'active que dans la Garde nationale. C'est ainsi que le 123rd Observation Squadron fut cree le 18 avril1 941 sur le terrain de Swan Island, Portland . Commande par le Major G. Robert Dodson et equipe d'un petit nombre de monomoteurs d'observation (Doug las 0-46 voilure parasol et train fixe , North Ameri can 0-47 aile mediane et train escamotable, et Stinson 0-49 aile haute et train fixe), cet escadron fut appele au service actif' des le 18 septembre, soit sept semaines
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1. Rappe/ons que fes unites de /a Garde dependent du gouverneur de /eur Etat en temps de paix et du President des Etats-Unis en temps de guerre ou quand eI/es sonl en service fMera/.
avant I'attaque japonaise et I'entree en guerre des Etats-Unis, et rejoignit alors le 70th Observation Group Gray Field , Fort Lewis (Etat de Washington). 11 changea ensuite plusieurs fois de bases et de designations tout en continuant ses missions de surveillance cotiere et de lutte anti-sous-marine le long de la cote americaine du Pac ifique . Devenu 35th Photographic Reconnaissance Squadron le 11 aoOt 1943 alors qu'il se trouvait sur le terrain de Redmond (Californie) , il fit peu apres mouvement vers le Texas , puis l'Oklahoma et effectua sa transformation sur Lockheed F-5 (la version reco photo du P-38 Lightning) . C'est arme de ces bimoteurs monopiaces qu'il partit pour les Indes en avri11944, d'ou il realisa ses premieres missions reco au-dessus des territoires birman et chinois au mois de septembre. 11 fut ensuite affecte a la 14th Air Force en Chine (a I'exception de quatre petites semaines en aoat 1945) . Base Nanning la fin de la Seconde Guerre mondiale, il y laissa ses F-5 et son personnel fut rapatrie aux Etats-Unis au cours de I'automne 1945. 11 fut finalement dissous Camp Kilmer (New Jersey) en novembre 1945 , I'Oregon etant alors autorise reconstituer son unite. Le 123rd Fighter Squadron obtint sa nouvelle accreditation federale le 30 aoOt 1946
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Ci-contre : le 123rd FIS fut I'un des sept escadrons d'i ntercepteurs de la Garde a avoir vole sur McDonnell Voodoo. lei, le F-101 F-ll1-MC 58-0338 photographie aPortland le 3 juillet 1974. Ci-dessous : le 123rd FIS vola sur Convair F-102A de janvier 1966 a mars 1971 . Voici I'avion du commandant d'escadron, vu en juillet 1968. A I'arriereplan, le cone enneige du Mont St. Helens qui perdit 400 m lors de I'eruption du 18 mai 1980.
et re<;ut en dotation des North American P-5 1D Mustang. Sollic ite au moment de la guerre de Coree, il fut alors redesigne 123rd Fighter Interceptor Squadron , mais resta base Portland IAP d'ou il continua assurer, du 1er mai 1951 au 1er decembre 1952, la couverture aerienne du nord-ouest des USA, tout d'abord avec ses vieux F-51D, puis avec les premiers North American F-86F de I'USAF. Repassant ensuite sous le controle de l'Etat, il fut successivement equipe de F-51 D (decembre 1952 septembre 1953), de F-86A (decembre 1953 a octobre 1955) , de F-94B (a partir d'octobre 1955), de F-89D/H/J (de juin 1957 janvier 1966), de F/TF-102A (de janvier 1966 mars 1971) et de F-101B/F (de mars 1971 1982). C'est au cours de I'annee 1971 que debuta I'ere des F-4C Phantom, une ere qui allait durer dix-sept ans et qui s'acheva avec le retrait du dernier appareil de I'ANG le 24 octobre 1989, un an apres celui des ultimes T-33A uti lises comme plastrons par le 123rd FIS. Depuis, le 123rd Fighter Squadron (rebaptise ainsi le 15 mars 1992 tandis que
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I'unite administrative dont il dependait depuis juillet 1976 fut renommee 142nd Fig hter Group) vole sur McDonnel1 Douglas F-15A/B. Ces Eagle, bien qu 'ayant ete remis niveau , sont maintenant bout de souffle. Ce qui n'a pas empeche les " pieds palmes " de flanquer des trempes aux pilotes de I'active lors du dernier " William Tell ". Mauvais joueurs, ces derniers ont bien failli avoir leur revanche en persuadant Donald Rumsfeld d'inclure le 123rd FS parm i les unites devant etre dissoutes afin de trouver les fonds necessaires a la poursuite des operations en Irak. Heureusement, les membres du comite charge d'avaliser ces recommandations ne sont pas tombes dans le panneau . L'escadron et ses Eagle resteront donc encore Portland. Du moins pour quelque temps.
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La Garde (( vexee
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La fin des operations de guerre en Asie du Sud-Est, en aoat 1973, puis la mise en service du F-15 dans I'USAF, partir de
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Ci-dessus: le 123rd FIS fut le dernier escadron de la Garde voler sur T-33A et sur F-4C, ces deux types d'appareils ayant ete retires du service respectivement le 6 octobre 1988 (moins de trois mois aprils que cette photo ait ete prise au -dessus de la cote du Pacifiquel et le 24 octobre 1989.
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Ci-contre : les appareils et les installations du 114th TFTS etaient maintenus dans un remarquable etat de proprete, comme en temoigne ce F-4C dans son hangar Kingsley Field en juillet 1988.
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En bas : quand le 114th TFTS obtint ses premiers Fighting Fa/con, ceux-ci etaient encore au standard Block 15 d'or igine. Ici, deux appareils en patrouille a proximite de Kingsley Field. ~ ~
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novembre 1974, permirent de transferer progressivement les Phantom II de premiere generation dans I'ANG, la transformation des pilotes et radaristes sur F-4C et F-4D ayant lieu dans I'active, avant que cette mission ne soit reprise au sein meme de la Garde par le 8123rd Fighter Interceptor Training Squadron, une nouvelle unite creee le 1"' janvier 1983 cl. Kingsley Field , tout pres de Klamath Falls, dans le sud de l'Oregon . Comme sa designation numerique I'indique, le 8123rd FITS' etait rattache au 123rd FIS, d'ou un certain complexe d'inferiorite pour son personnel qui se plaignait d'etre sous la botte de Portland. D'ailleurs, I'unite se baptisa elle-meme « SORE ANG ", jouant sur le double sens du mot SORE, abreviation de Southern Oregon et signifiant vexe en americain ! Ouvrant ses portes aux deux premiers equipages le 1"' fevrier 1983,
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2. Dans le systeme americain, les escadrans tempo-
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raires re90ivent des designations numeriques quatre chiffres, les trais derniers etant ceux de /'unite mere.
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Ci-dessus : le premier F-16 au standard ADF (Air Defense Fighter) arriva ä Kingsley Field le 1" mars 1989. La conversion sur ADF fut achevee au cours de I'automne suivant. Ci-contre : Etat devenu majoritairement hispanique, le Nouveau-Mexique est le royaume de la cuisine Tex-Mex, d'oll le nom de « Tacos » donne au 188th FS de la Garde. C'est aussi le territoire du roadrunner, un oiseau ä I'honneur dans un celebre dessin anime et choisi comme mascotte par I'escadron pour embellir la derive de ses F-16C. En bas : pour compliquer la täche des chasseurs, les organisateurs de « Sentry Eagle 05 » avaient fait appel ä la flottille VAQ-133 qui ne dis pose plus que de trois EA-6B Prow/er. Pour les operations en Irak, les Etats-Unis ont commence ä racler les fonds de tiroirs. 11 n'est donc pas surprenant que !'Iran et la Coree du Nord se permettent de faire les marioles ...
I'escadron disposait alors de trois instructeurs et de deux F-4C. Les effectifs et le parc avions prirent rapidement de I'ampleur, permettant la creation le 1er fevrier 1984 d'une unite permanente , le 114th Tactical Fighter Training Squadron 3 . Ouatre ans et demi plus tard, afin de subvenir aux besoins de la Garde dont les escadrons commen<;:aient a passer sur Fighting Fa/con et sur Eagle, le 114th TFTS fut transforme sur F-16A, recevant d'abord des F-16A/B non modifies, puis des appareils mis au standard ADF. Redesigne 114th Fighter Squadron le 15 mars 1992, il fut reequipe en 1998 de F-15A/B, devenant I'unite de transformation sur Eagle pour I'ensemble de I'ANG (une fonction rempl ie jusqu'alors par le 325th Fighter Wing de I'USAF base a Tyndall AFB, en Floride). Puis , au grand bonheur des " vexes " de Klamath Falls , le 173rd Fighter Wing vit le jour a Kingsley Field le 27 juin 1996, mettant ainsi fin a la tutelle du 142nd FG de Portland. Aujourd'hui, le 114th FS est la seule unite a mettre 16 AIR FAN
Ci-contre : Eagle des deux escadrons de la garde de I'Oregon (un F-15C du 114th FS ettrois F-15A modernises du 123rd FS) en compagnie d'un KC-135R du 116th ARS de la Washington ANG lors de I'exerc ice « Sentry Eagle 05 ».
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Ci-dessous: 18 t I'arrache ! Le patron du 110th FS ne perd pas de temps pour escamoter le train de son F-15C au decollage de Kingsley Field. La participation « Sentry Eagle 05 » de cette unite du Missouri (dont I'histoire remonte 1923) pourrait etre un baroud d'honneur, car elle est dans le collimateur du tres impopulaire secrEltaire d'Etat la Defense Donald Rum sfeld. Toutefois, il reste encore un peu d'espoir puisque le gouverneur du Missouri vient d'intenter un proces pour empecher sa dissolution.
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en ceuvre simultanement des F-15A, B, C et D. L'avenir semble donc prometteur pour les vingt pilotes des" Eager Beavers ,, 4 de feu la " SOR E ANG ".
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Sentry Eagle ))
Si le 173rd FW a pour vocation premiere la transformation sur F-15, il veille egalement ce que ses instructeurs restent au mieux de leur forme en les envoyant croiser le fer avec d'autres pilotes de la Garde et de I'active (y compris ceux de la Navy et du Marine Corps) dans le cadre de I'exercice " Sentry Eagle ,,5. Celui-ci eut lieu pour la premiere fois en 1986 Kingsley Field et au-dessus du haut plateau aride du sud-est de l'Oregon , alors que le 114th TFTS volait encore
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sur F-4C. D'autres rencontres furent organisees les quatre annees suivantes, mais celles prevues en 1991 et 1992 furent annulees en raison de la guerre du Golfe. " Sentry Eagle " reprit en 1993, mais il devint necessaire de passer un rythme bisannuel, car de nombreuses unites continuaient etre deployees I'exterieur pour des operations de guerre , notamment " Northern Watch " et " Southern Watch " en Irak,
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" Deny Flight " et " Determined Effort " en Bosnie , " Allied Force " et " Determined Force " au Kosovo, " Endu ring Freedom " en Afghanistan et " Iraqi Freedom " . C'est donc la douzieme edition qui s'est tenue cette annee Kingsley Field , du 9 au 14 aoOt. Comme pour les precedentes, les participants etaient en majorite des unites de la Garde, provenant de Fresno ANGB/ Californie (194th FS/144th FW sur F-16C) ,
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3. Les escadrons de la Garde sont numerotes de 101 210. Le deuxieme escadron de /'Oregon ANG a repris le numero laisse vacant par la dissolution, le 14 fevrier 1958, du 114th FIS, une unite de la New York ANG basee Floyd Bennett Field et equipee de F-94N B.
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4. En americain, /'expression " Eager Beaver " (litteralement castor impatient ou desireux de faire ...) identifie une personne zelee. Quel meilleur surnom pour une unite de transformation situee dans un Etat dont le castor est le symbole et dont les rivaux de Portland ne sont que des" Beavers " ? .. 5. La sentinelle (Sentry) reste le symbole du citoyen soldat servant dans la Garde
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Ci-dessus : « Sentry Eagle» est fini. Apres avoir vide les dernieres canettes avec les copains de la Garde, il est temps de rentrer ä la maison pour ces quatre pilotes de F/A-18C de la VFA-151, survolant les contreforts des sierras sur le chemin du retour ä NAS Lemoore. Ci-contre : engages ä fond dans les operations en Irak, les Marines se limiterent ä I'envoi de deux F/A-18A+ du VMFA-134 et un KC-130R du VMGR-352, une participation fortement reduite par rapport aux annees precedentes. Ci-dessous: l'E-2C de la flottille VAW-126 guidait les chasseurs des deux camps tout en assurant la securite en vol pendant I'exercice.
de SI. Louis ANGB/Missouri (1101h FS/ 131 sI FW sur F-15C) , de Kirtland AFB/ Nouveau-Mexique (188th FS/15Oth FW sur F-1 6C), de Fairchild AFB/Etat de Washington (116th ARS/141 st ARW sur KC-135R) et, bien sur, de Portland IAP (1 23rd FS/ 142nd FW sur F-15A1B moderni ses). Si I'USAF brilla par son absence, la Navy depecha des F/A-1 8C de la VFA-151 de NAS Lemoore (Cal ifornie), un E-2C de la
6. Precisons que fa VAQ-133 " Wizards ", tout comme fes VAQ-128 " Fighting Phoenix ", VAQ-134 " Garudas " et VAQ- 142 " Gray Wofves ", est une unite normafement basee a terre pour fournir fes moyens efectroniques necessaires aux corps expMitionnaires de f'USAF
Ci-dessus: en position, a gauche d'un ravitailleur du 116th ARS, trois F-16C du 194th FS attendent leur tour a la perche. Avec une hausse de 86 % en un an du prix du kerosene, nombreux sont les contribuables qui se demandent si des exercices comme « Sentry Eagle» sont justifies. D'autres sont toujours prets a les justifier en raison de la « guerre contre le terrorisme »... Ci-contre : plein fait, ce F-16C de la Garde de Californie glisse sous le tan ker pour repartir au-dessus du la c Al kaly a la recherche de ses adversaires.
VAW-126 de NAS Norfolk (Virginie) et un EA-6B de la VAQ- 133 de NAS Whidbey Island (Etat de Washington). En raison des ex igences operati onnell es, les Marines durent renoncer a envoyer des F/A 180 du VM FA-225 comme il avait ete prevu , leur participation etant reduite a deux F/A-1 8A+ du VMFA-134 et un KC-130R du VMG R-352, deux escadrons bases a MCAS Miramar (Cal ifornie) . Le volet aerien se deroula du 11 au 13 aoUt avec deux missions quotidiennes, une le matin et une I'apres-midi. Comme souvent dans les exercices de ce type, aux EtatsUnis aussi bien qu'en Europe, une force bleue (Ies F-15 de l'Oregon et les F/A-1 8 de la Navy et des Marines) etait chargee de proteger les objectifs attaques par une force rouge (Ies F-1 6 de Californie et du NouveauMexique et les F-15 du Missouri) . Oeux KC-135R etaient mis a la disposition des agresseurs et des defenseurs, ces derniers beneficiant en outre d'un KC-1 30R pour ravitailler les Harnet. Pour corser les choses, l'EA-6B de la VAQ- 133 6 brouillait les transmissions des uns et des autres ce pendant que l'E-2C de la VAW-126 assurait la securite des operations en guidant les adversaires
et en vei llant a ce qu 'aucun apparei l civil ne soit mis en danger. Beaucoup moins complexe que « Red Flag ", « Sentry Eagle " ne se consacre quasiment qu'au combat aerien et s'apparente donc plus aux entra'lnements pratiques a « Top Gun ". Oe ce fait, il est tres recherche et apprecie par les pilotes de chasse pure. Pour le public et les photographes, il oltre une occasion inegalee d'admirer de pres des appareils militaires au rou-
lage sur les taxiways et le tarmac . Un plaisir dont ils sont de plus en plus prives depuis le 11 septembre 2001 , les Etats-Un is vivant dans la hantise du terrorisme, hantise attisee ades fins politiques par l'Administration republicaine . 0 JimDUNN
Traduit et adapte de l'americain par Rene J. Francillon Thanks to all "Sentry Eagle OS" participants and especially the crew oJ "Expo 82" Jrom t/ze 116th ARS at Fairchild AFB, and Col. TllOmas R. Schiess, Commander oJ the 173rd Fw.
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i les militaires americains et fran9ais etaient depuis longtemps favorables a la mise sur pied de grosses manceuvres conjointes, les instances politiques furent plus longues a se decider. Heureusement, grace a la perseverance des attaches de defense, mais aussi a une amelioration des relations diplomatiques entre les deux nations, le principe de " Frame " put etre valide a temps. En effet, la planification d'un tel deploiement, qui impliquait la mise en ceuvre de nombreux moyens lourds, ne pouvait etre lancee sans la certitude d'obtenir un volume d'activites operationnelles significatif. Place sous le commandement du viceamiral Jacques Mazars, patron de la Task Force 473 , le groupe naval constitue autour du PAN etait compose de la fregate anti-
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aerienne Jean Bart, de la fregate lance-missiles Duquesne (celle-ci quittant la formation apres le passage du detroit de Gibraltar), du petrolier ravitailleur Meuse, du sous-marin nucleaire d'attaque Rubis (deja sur place dans la zone Antilies, il fut releve en cours de croisiere par le SNA Perle), de la fregate anti-sous-marine Tourville et de la fregate antiaerienne anglaise HMS Nottingham (temoin des liens privilegies qu'entretiennent les marines fran9aise et britannique) , ces deux derniers batiments rejoignant la TF 473 en Atlantique. Vingt-six aeronefs etaient embarques sur le porte-avions, soit douze Super Etendard de la 11 F, huit Rafale de la 12F, deux E-2C Hawkeye de la 4F, deux Dauphin et une Alouette 111 de la 35F, sans oublier un Puma Resco de I'armee de l'Air appartenant a I'EH 1/67. Un detachement du CEIPM
(Centre d'entralnement, d'instruction et de preparation des missions) de Landivisiau etait egalement present a bord. Les premiers jours furent surtout consacres a la mise en condition et a l'entralne-
Ci-dessus : vision futuriste du Graupe aerien embarque qui, dans quelques annees, ne campte ra plus que des Rafale et des Hawkeye. Les SEM devraient rester en service au-deli! de 2010. A droite, en haut: le SEM n° 35 en sortie de catapulte laterale. Apres avoir subi une acceleration d'environ 4 G, le pilote peut maintenant reprendre la main. A droite : le Hawkeye n° 3 vient de s'immobiliser sur la piste oblique, crosse d'appontage encore engagee dans I'un des trois brins d'arret. On remarque, i! I'arriere-plan, le systeme Dala s avec ses telepointeurs, ainsi que l'Alouette 111 Pedro evoluant i! la meme vitesse que le PAN .
Le Charles-de-Gaulle dans la cour des grands ! a
Le 4 mai 2005, peine rentre de I'exercice « Trident d'or », le PAN Charles-de-Gaulle reprenait la mer pour un deploiement de deux mois en Atlantique, puis en Manche, dans le cadre d'un vaste programme d'entrainement avec des porte-avions de I'US Navy et des bätiments et aeronefs de la marine canadienne, programme baptise « Frame 05 » (pour France-Amerique).
Ci-contre : deux Super Etendard peuvent iHre descendus simultanement sur I'un des deux ascenseurs avions du Charles-de-Gaulle. Par mer formee, il n'est pas rare d'embarquer un peu d'eau quand la plate-forme est en position basse. Au-dessous: le Rafale n° 6 a effectue plusieurs touch and go sur le pont de I' Eisenhawer, le 25 mai 2005. En bas : trois porte-avions nucleaires participaient ä « Frame 05 », dont le Charlesde-Gaulle et I'USS Dwight Eisenhawer illustres ici. Outre la difference de taille des batiments, on note I'architecture du PAN francais avec son I10t tres en avant.
ment du groupe aerien qui devait etre au top avant d'entrer dans les « blue waters ", plus aucun terrain de degagement n'etant possible pour les appareils apres le passage des Ac;;ores ... Le voisinage des cates espagnoles permit donc de s'echauffer avec des F/A-18 et Mirage F1 M de l'Ejercito dei Aire, ainsi qu'avec des AV-8B+ de l'Armada, avant de se froUer aux unites americaines et canadiennes qui attendaient les Franc;;ais de pied ferme. A proximite de Rota' , le VA Mazars eut I'honneur de recevoir bord du PAN le vice-amiral Jose Martinez SainzRozas, commandant la force maritime espagnole (COMSPMARFOR), en presence de M. Claude Blanchemaison, ambassadeur de France a Madrid. Avant de quitter le groupe naval, la fregate Ouquesne effectua un tir d'entrainement de huit missiles Masurca en Atlantique, sous la surveillance d'un Hawkeye et de deux Super Etendard.
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Exercice (( MNME )) L'arrivee au large des cates americaines, dans la matinee du 22 mai, fut marquee par la visite bord du PAN de trois avions de I'US Navy un E-2C Hawkeye, un C-2 Greyhound et un F/A-18C, ce dernier appartenant la VFA-131 deployee sur I'USS Eisenhower au sein du Carrier Air Wing 7. Plusieurs marins de cette escadre (officiers d'appontage, chiens jaunes, etc.) furent d'ailleurs detaches sur le Charles-de-Gaulle pour assister le personnel fran c;;ais lors de I'appontage et du catapultage de ces appareils. En contrepartie, le Rafale n° 6 realisa le
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1. Principale base aeronavale espagnole situee pres de Cadix. 2. Une quinzaine de marins franr;;ais charges de la mise en ceuvre des Rafale et des E-2C passerent cette occasion 24 heures bord de lEisenhower.
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25 mai une serie de touch and go sur I' /ke, tandis que le Hawkeye n° 3, lui, s'y posa carrement'. Ces cross-decks permirent d'evaluer le degre d'interoperabilite existant entre les deux marines. Organise du 23 au 27 mai au large de Norfolk, I'exercice maritime multinational (MNME-05-1) rassemblait une armada impressionnante. Outre trois PA (Ie Char/esde-Gaulle et les USS Eisenhower et Rooseve/t) , deux SNA (Ie Rubis et I'USS Norfo/k) et le PR Meuse, celle-ci comptait, en effet, douze batiments de guerre de premiere ligne, savoir les fregates Jean Bart et Tourville (France) , San Jacinto, Oona/d Cook, Oscar Austin et Stoot (Etats-Un is) , Nottingham (Grande-Bretagne) , A/varo de Bazan (Espagne) et Athabaskan, Ville de Quebec, St Johns et Halifax (Canada). A I'issue des manoeuvres , le fer de lance de la Marine nationale effectua une escale de cinq jours (jusqu 'au 1"' juin) NAS Norfolk, accompagne par le Rubis, ce dernier mouillant dans la zone reservee aux sousmarins nucleaires. Cela faisait plus de trente ans qu'un porte-avions fran<;ais ne s'etait pas amarre au quai d'un port militaire americain . Quant aux autres navires, ils rela-
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cherent New York du 27 mai au 2 juin. Apres avoir quitte Norfolk, dix avions fran<;ais ne purent regagner le Char/es-deGaulle en raison des mauvaises conditions meteorologiques. Contraints de se derouter vers la terre , ils se virent refuser I'autorisation d'atterrir McGuire AFB (New Jersey) et durent se poser « short petrol " sur I'aeroport civil d 'Atlantic City ! Une equipe fut acheminee sur place par le Puma de I'armee de l'Air pour assurer I'avitaillement des
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appareils, apres mise au point des conditions de reglement du carburant...
Exercice (( Canfrex )) La TF 473 mit ensuite le cap sur le Canada 00 I'attendait, au large des cates acadiennes, I'exercice « Canfrex " (CanadaFrance Exercice). Le tres mauvais temps rencontre sur zone ne facilita malheureusement pas les operations. Le PAN fran<;ais
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En haut: le 22 mai 2005, ce F/A-18 de la VFA-131 apponte sur le Charles-de-Gaulle avant d'etre recatapulte vers I'USS Eisenhower. Une grande premiere pour le PAN franyais ! Ci-contre : vu en sortie de pont au catapultage, le Rafale n° 10 est le dernier Fl pris en compte par la 12F. Les avions suivants seront au standard F2. AIR FAN 23
En haut: ignorant encore qu'il vient d'accrocher le brin d'arret n° 3, le pilote de ce SEM remet pleins gaz, au cas oU ... Au toucher des roues, les pneus souffrent moins que sur piste, meme si un peu de gomme part en fumee. Ci-contre : pie ces et rechanges sont stockes dans le grand hangar du PAN, y compris les reacteurs. lei, un M88-2 de Rafale sur son berceau. Un bane d'essai moteur est installe I'arriere du navire.
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put neanmoins travailler une nouvelle fois avec les quatre fregates canadiennes citees plus haut, mais aussi avec des patrouilleurs rapides et des CF-18 de la RCAF, avant de relacher Ei. Halifax du 8 au 13 juin en compagnie des autres batiments. Un accueil particulierement chaleureux fut reserve aux marins franyais lars de cette escale. Puis, la flotte fit route vers Saint-Pierre et Miquelon, ou elle jeta I'ancre durant la journee du 14 juin avant de retraverser l'Atlantique. Escorte par le HMS Nottingham, le Charles-de-Gaulle effectua un passage Ei. Cherbourg les 22 et 23 juin, puis remonta jusqu'Ei. Portsmouth afin de prendre part, avec le Jean Bart, la Meuse, la Perle et les voiliers-ecoles Belle Poule et Mutin, Ei. l'lnternational Fleet Review, le 28 juin. Cette grande revue navale, qui rassemblait cent soixante-sept batiments en provenance de trente-cinq pays allies, revetait un caractere particulier qui ne se limitait pas Ei. la seule commemoration de la bataille de Trafalgar. La participation de la Marine nationale Ei. cet evenement etait Ei. I'image de la dimension maritime de l'Europe de la Defense, tout en s'inscrivant dans la continuite des celebrations du centenaire de I'Entente cardiale en 2004. A I'issue des festivites , le porte-avions transita par Brest du 30 juin au 2 juillet, puis 24 AIR FAN
Ci-contre : le Puma n° 1311 de I'EH 1/67 « Pyrenees » assurait les missions logistiques pendant taute la duree de « Frame 05 ». Ci-dessous,
agauche: prets
a embarquer a bord de leur
Hawkeye, deux Tacae de la 4F dont, gauche, un Navy Flying Officer (NFO) de la VAW-120 en echange pour quelques mais. Si les equipements de val fran~ais sont au standard americain, la combinaison, elle, est differente.
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Ci-dessous : alors que le SEM n° 1 entame sa course sur la catapulte laterale, le n° 47 roule vers la catapulte avant. On distingue, ecrit a la craie sur I'entree d'air, le poids estime (11,5 1) de I'avion en fonction duquella catapulte sera reglee .
regagna son port d'attache de Toulon le 6 juillet, etape finale de cette grande croisiere.
Debut de carriere bien rempli Avec un deplacement a pleine charge plus de deux fois inferieur a celui des plus gros porte-avions americains, le Charlesde-Gaulle ne joue pas moins dans la cour des grands depuis son admission au service actif le 18 mai 2001 . A la suite des attentats du 11-Septembre, il fut immediatement engage dans I'operation frangaise " Heracles " de lutte contre le terrorisme
international , dans le cadre de la riposte alliee en Afghanistan. Oeploye dans I'ocean Indien entre decembre 2001 et juillet 2002, il participa activement aux missions aeriennes de la coalition et au contr61e du trafic maritime. La presence simultanee de I'USS John C. Stennis en mer d'Oman donna lieu a la realisation des premiers cross-decks entre Hawkeye'. Le navire enchaina ensuite plusieurs exercices avant de subir un entretien programme de quatre mois partir de juillet 2003. Les nouvelles helices n'etant alors toujours pas disponibles (elles ont finalement ete livrees en fevrier 2005 , mais ne seront ins-
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tal lees qu 'en 2007 lors du prochain arret longue duree), il conserva celles provenant des stocks de reserve du Clemenceau et qui le limitent a 24 nceuds au lieu des 27 contractuel s. Apres une periode d'essais et d'entrainement en Mediterranee, le PAN appareilla en fevrier 2004 pour I'ocean Indien afin de prendre part a " Agapanthe " avec les marines saoudienne, emiratie et indienne.
3. Appontage et catapuftage d'un E-2C de la VAW-112 sur le Charles-de-Gau lle le 28 levrier 2002, envoi d'un avion de la 4F sur fVSS Stennis le 14 mars, puis accueil d'un C-2A Greyhound sur fe PAN Iram;ais fe 10 avrif.
AIR FAN 25
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Ci-dessus: ä la tombee de la nuit, les techniciens s'affairent autour du Rafale n° 7 prevu pour une mission nocturne. Ci-contre : quand cela est possible, les avions sont rentres dans le hangar ä I'issue des vols. On mesure bien la taille de I'ascenseur et de la porte d'acces.
Puis , en avri l dernier, il participa au large de la Corse a " Trident d'or ", un exercice franco-italien d'importance qui permit a la France de rejoindre le club ferme des pays (Grande-Bretagne , Italie et Espagne) aptes a commander la composante navale de la Force de reaction rapide de l'Otan (NRF). Avec son groupe aerien aujourd'hui totalement operationnel , le Chartes-de-Gaulle (numerotation R91) joue un r61e majeur dans la prevention et la gestion des crises ou des 4. Lorsque les derniers SEM auront ete retires du service, le parc avions, alors constitue uniquement de Rafale, sera vraisemblablement rMuit du lait de la difference de taille entre les deux chasseurs.
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conflits, apportant reactivite et souplesse indispensables aux operations de projection de puissance. Deplac;ant " seulement ., 40 600 tonnes en charge, il offre des capacites a la mer particulierement elevees grace, entre autres, a deux equipements complementaires tout a fait innovants, le Satrap (Systeme automatique de tranquillisation et de pilotage) et le Dalas (Dispositif d'aide a I'appontage au laser). Le Satrap sert a virer a plat et a stabiliser le pont d'envol afin de permettre I'activite aero jusqu'a force 6. 11 comprend des detecteurs de mouvements (roulis , lacet et embardees induits par la houle ainsi que glte generee par le vent et les girations du bati-
ment), un calculateur et une serie d'actionneurs (quatre ailerons de stabilisation, une paire de safrans et un dispositif unique au monde de transfert de lest solide sur rails lateraux) agissant de fac;on coordonnee. Les installations aviation sont prevues pour accueillir et mettre en ceuvre un groupe aerien d'une quarantaine d'avions de type Rafate et Super Etendard' , plus deux E-2G. Le hangar de 4 000 m' est dimensionne pour abriter plus de la moitie des appareils embarques et faciliter leur entretien courant. 11 est divise en deux parties separees par une porte coupe-feu et desservies chacune par un ascenseur lateral a tri bord d'une capacite de 36 t (soit deux SEM ou un Rafate ou un E-2C). Le pont d'envol presente une superficie de 12 000 m' (contre 8 800 m' pour celle du Fach ou du Ctemenceau). II est dote de deux catapultes C13-3 de 75 m (identiques a celles des plus recents porte-avions americains et alimentees en vapeur par les chaufferies nucleaires) , chacune capable de lancer un appareil de 8 a 25 t toutes les minutes (5 G d'acceleration longitudinale et jusqu 'a 260 km/h en sortie de pont). La piste oblique de 203 m est equipee de trois brins d'arret (course de freinage de 90 m) et d'une optique d'appontage classique combinee au Dalas exploitant une double visee laser et infrarouge. Destine a I'officier d'appontage (OA), cet outil d'aide a la decision affiche en temps reel (de jour comme de nuit) la vi-
de I'energ ie et de la propulsion , celte derniere ayant ete annoncee comme etant classique sur le PA2 par souci de standard isation maximum avec les Anglais. Mais, un retour a la filiere nucleaire est-il pour autant definitivement ecarte 7 Si des etudes ont montre que les couts d'exploitation cumu les projetes sur quarante ans seraient superieurs de 10"10 avec ce type de propulsion, qui , aujourd 'hui, est a meme de dire ce qu 'il adviendra du prix du baril sur une duree aussi longue 7" Le programme PA2, dont la phase de conception a demarre au debut de 2005 , est defini autour d'un bätiment de 284 m de long, 72 m de large et deplac;:ant 60 000 t (contre respectivement 262 m, 65 m et 40 600 t pour le Charles-de-Gaulle) , dote d'un pont d'envol de 14 300 m2 , de deux catapultes de 90 m, d'un hangar d'une su-
En haut : gräce aux commandes de vol electriques et ä la souplesse des reacteurs Snecma M88-2, les pilotes de Rafale gagnent en regu larite et en precision lors de leurs appontages. Ci-contre : le train avant des SEM est surgonfle. lei, le personnel de pont s'apprete ä accrocher I'elingue de lancement au sa bot de la catapulte.
tesse de rapprochement de I'avion , sa position par rapport au pont d'envol et les ecarts de trajectoire.
Programme PA2 On sait que la faiblesse du systeme franc;:ais reside dans la non-permanence a la mer du groupe aeronaval puisque la Royale ne dispose plus aujourd'hui que d'un seul porte-avions , lequel est regulierement place en lEI (Indisponibil ite pour entretien intermediaire) pour quatre a six mois, sans parler des IPER (Indisponibilites periodiques pour entretien et reparation) qui ont lieu tous les sept ou huit ans et durant lesquelles le bätiment est immobilise plus de douze mois
pour notamment recharger le cceur des reacteurs nucleaires. C'est pourquoi il a ete decide de construire un second navire (PA2) dont la mise en service devrait intervenir en 2014, au moment de la seconde IPER du Charles-de-Gaulle. La concomitance du programme PA2 avec le projet britannique d'acquisition de deux porte-avions de 50 000 tonnes a permis d'envisager une cooperation avec la Grande-Bretagne. Presentant I'avantage d'offrir des gains financiers par simple effet de serie, celte cooperation interviendrait, entre autres, au niveau de I'habitabilite, des dispositifs d'appontage, des ascenseurs avions et munitions, du systeme de commandement et de communication , du radar,
perficie superieure de 20 "10 et d'une plage avant capable d'accueillir une vingtaine d'apparei ls. Cote groupe aerien , il sera tai lle pour embarquer jusqu'a quarante aeronefs , dont trente-deux Rafale F3, trois E-2C et cinq helicopteres NH90. Mais, il pourra aussi meltre en ceuvre des JSF (F-35 par exemple) . Enfin, le bätiment est prevu pour fonctionner avec un equipage reduit d'environ neuf cents personnes gräce a une automatisation encore plus poussee des postes de travail. 0 Christian BOISSELON
L'auteur remercie le LV Christelle Haar (Sirpa mer) ainsi que le personnel du PAN et des jlottilles embarqwies pour leur amabilite et leur disponibilite, et taut particulierement le commissaire David Boles et /'EVMarc Sendra. AIR FAN 29
Les flottilles du G-roupe aeriet1 etMbarque
Les flottilles du
~roupe
aeriett etMbarque
Les bases de I' Aeronautique navale en AFN Lartigue..rafaraoui 3- partie
Partir de juillet 1953 , en application du Mutual Defense Ass istance Pact, la Marine receptionna un certai n nombre de P2V-6 Neptune, premiers patrouilleurs anti-sous-marin s modernes. Bien que transforme pour la lutte ASM , le bimoteur de Lockheed conservait encore ses deux tourelies de canons de 20 mm jumeles (I'une nasale, I'autre de queue) et ses deux mitrai lleuses dorsales, heritage de son passe de bombardier. Croisant EI la vitesse moyenne de 180 nceuds, il etait considere comme plut6t lent, ce qui ne nuisait en rien EI la recherche electronique et EI la veille optique, mais jouissait d'une autonomie en vol de dix-huit heures. Son radar APS-33B, emettant sur trois centimetres de longueur d'onde, lui permettait de capter les echos les plus reduits comme le periscope d'un sous-marin , sauf par mer agitee ou les cretes des vagues produisaient des brillances parasites sur I'ecran de I'operateur quand celui-ci donnait trop de gain (intensi-
A
tel· Sur la base de Lartigue, les Neptune etaient mis en ceuvre par deux nouvelles flottilies, les 21 F et 22F, qui les utiliserent de fayon intensive en Afrique du nord . La premiere, constituee le 1-' juillet 1953 et dont le commandement fut confie au capitaine de corvette Goullet de Rugy, reyut seize appareils dont six de reserve. La seconde, creee trois mois plus tard et placee sous les ordres
par Rene Bail
du capitaine de corvette Arnaud - lequel avait pris part aux negociations avec les Americains pour la livrai son des trente et un P2V-6 destines EI l'Aeronautique navale , et s'etait occupe des formalites de convoyage vers la France, puis l'Algerie -, en receptionna pour sa part quinze dont cinq de
reserve. L'entrainement debuta en 1954. Six equipages de la 22F partirent ainsi suivre un stage GASM en France du 25 avril au 20 mai. Un avion de cette flottille fut d'ailleurs perdu le 13 mai lors d'u n crash au decollage de Marseille-Marignane, heu reusement sans dommages pour ses occupants.
Des la fin de I'ete, les deux unites participerent ades exercices interallies au depart de la base marocaine de Port-Lyautey. En 1955, la 21 F vi nt renforcer le dispositif Surmar des cotes d'Algerie mis en place par AIMed' et compose de cinq Catalina a Lartigue , de quatre TBM-3W aAlger et de deux autres aBone. Ainsi, a partir du mois de juin, la Mediterranee se retrouva sous surveilEn haut : le 22F-7 a perdu de I'altitude a I'approche de la base de Lartigue, survolant ici les contreforts du djebel Murdjadjo. Ci-contre : aprils un exercice GASM, ce Lancaster de la 5S salue le sous-marin S-610 naviguant en surface. Des membres de I'equipage prennent I'air dans le kiosque. A gauche, en haut: au retour d'une mission en Mediterranee occidentale, le 22F-2 survole le port de Mers el-Kebir dont la partie militaire est en pleine construction. Dans le fond, au milieu de la ville, I'eglise Saint-Michel. A gauche: I'un des premiers P2V-6 arrives des Etats-Unis sur la base de Lartigue, en juillet 1953.
lance radar et veille optique de Gibraltar a Bizerte', soit une distance de 750 NM en suivant les itineraires codes d'apres les axes de recherche. Celte mission allait de pair avec celle des batiments de surface des avisos anciens revenus d'lndochine et reclasses en escorteurs - qui patrouillaient deja depuis quelques mois de jour comme de nuit, epau les par d'autres navires (ex-
destroyers d'escorte americains) venus de Toulon et qui se relayaient tous les soixante jours environ . Parallelement, les deux flottilles de Neptune continuaient a s'entrainer en effectuant des Casex' avec les sousmarins fran<;ais. Ces exercices etaient, en fait, un paravent derriere lequel elles s'abritaient pour realiser la Surmar, une activite qui leur etait interdite pour I'instant en raison de leur integration dans l'Otan, mais qu'elles purent officiellement pratiquer a partir de 1958.
Les coups payants de la Surmar Premier bateau important signale sur la liste des suspects, l'AthoS" fut arraisonne le 16 octobre 1956 par I'escorteur Commandant de Pimodan et le patrouilleur cotier Cimeterre, puis deroute a Mers el-Kebir. Celte action resultait de I'envoi deux jours plus tot, par les Operations de la BAN de Karouba, du Privateer 28F-5 5 qui , au cours d'un vol de plus de huit heures, avait fini par
1. Amiral Mediterranee. Poste tenu par un vice-amiral d'escadre ou un amiral en poste aAlger, ayant la double casquette Marine nationale/Otan. 2. Les premieres surveillances maritimes furent effectuees a partir du 15 novembre 1954 par deux PB Y-5A Catalina de la IS de Lann-Bihoue, J'un etant base a Lartigue, J'autre a Karouba (Bizerte). 3. Mot code designant les exercices anti-sous-marins. 4. L'Athos etait un ex-dragueur canadien (Ie SaintBriavels), a ne pas confondre avec J'Athos 11, un vieux transport de troupes.
5. Equipage: EV Suret (chef de bord) et EV Bourgenot (navigateur). Pour avoir deniche J'Athos, Suret rec;:ut du tribunal des prises une prime de 500 F ..
AIR FAN 35
Ci-contre : deux Private er de la 28F en vol de groupe au-dessus de l'Oranais. Ces appareil s assuraient des missions depuis Karouba, Telergma et Lartigue. Ci-dessous : un Lancaster en mission Surmar, dans le sillage d'un petrolier britannique pour identifier son nom et son port d'attache. En bas : le Private er 28F-5 au parking Telergma. Au premier plan, des stocks de bombes de 55, 115 et 125 kg, ainsi que des caisses de munitions.
a
debusquer le suspect. Le lendemain , deux Neptune (I 'un de la 21 F, I'autre de la 22F) avaient pris la releve en se rendant sur la position estimee du " client " en fonction de sa route et de sa vitesse. La decouverte a bord du navire de 2 000 fusits Lee-Enfield, 190 Mauser 98 et 250 mitraillettes Beretta (Iivres discretement par I'armee egyptienne) fut une veritable recompense pour les equipages des batiments et des avions de Surmar. Puis, vint le tour du Juan IIlueca, un cargo charge de 150 tonnes d'armes diverses qu 'il devait livrer a Tetouan (Maroc) et qui fut deroute a Ceuta par la marine espagnole le 19 juin 1957. Ensuite, ce fut I'epoque des navires yougoslaves comme le Sbridja, dont la cargaison fut saisie le 1" aoOt 1957 par I'armee marocaine, sur insistance de la
France , ou le Siovenija arraisonne le 18 janvier 1958 par I'escorteur d'escadre Cassard, aide du Kabyle, et deroute a Mers elKebir ou les 300 tonnes d'armes et de munitions presentes dans les cales furent stockees dans le vieux fort. Quelques mois plus tard , le cargo tchecoslovaque Lidice fut lui aussi escorte jusqu'a Mers el-Kebir. Oeclarees sur le manifeste comme etant des marchandises diverses, ses 584 t d'armements purent alors etre saisies, conformement aux lois internationales. Malgre les reticences diplomatiques formulees par le quai d'Orsay ou certains hommes politiques, I'amiral Geli , prefet maritime de la IV· region , donnait I'ordre d'arraisonner, puis de confisquer la cargaison et les documents de bord : journal de navigation , manifeste, plan de chargement et assurances L10yds ; tout devait etre microfilme afin de pouvoir reagir aux plaintes eventuelles des armateurs. Oe toute fac;;on , la repon se de la prefecture maritime etait toujours la meme : batiment arraisonne dans les eau x territoriales, sans autre commen-
En haut: le 16 oetobre 1956, I'ex-dragueur eanadien Saint-Briavels, rebaptise Athos et reeonverti dans le tralie d'armes, est arraisonne par un eseorteur et deroute sur Mers el-Kebir par I'equipage de prise.
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En haut, droite : en navigation vers les eötes italiennes avee sa eargaison de eigarettes amerieaines de eontrebande, la vedette Manolita (type Fairmile) est survolee par un P2V-7 de Surmar. Au milieu : le petit eargo danois Granita, arraisonne le 26 deeembre 1957 au large du Portugal, avee 40 t de TNT a bord, entre a Mers el-Kebir. Ci-eontre : les eaisses de TNT dans la eale du
Granita, portant toutes la marque Spinas (le nom du labrieant). Un journaliste en mal de eopie en deduisit que les trafiquants avaient tente de dissimuler les explosifs dans des eaisses d'epinards (spinash en anglais) ... AIR FAN 37
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Ci -dessus: le 22F-2 (134654) encore equipe de son armement avant et arriere, et de sa tourelle dorsale.
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Ci -contre : le service « Action » fit sauter ä Tanger le Bruja Raja et le Barra, deux biltiments utilises par le marchand d'armes Georg Puchert au profit du FLN algerien. Peu apres, Puchert, surnomme « capitaine Morris », disparaitra dans I'explosion de sa Merc edes ä Francfort. En bas : le JRF-5 8S-1 en escale technique ä Lartigue au cours d'une missi on Surmar, le 19 aout 1956.
taire. Meme si ce n'etait pas le cas, comme le petit cargo danois Granita qui fut intercepte au large du Portugal, avec 40 t de TNT a bord .. . Mais les choses devinrent differentes quand les « Affaires etrangeres " reprirent I'initiative a la suite du changement de pol itique, debut 1959.
Les Neptune ASM Au debut de 1955, la 22F envoya des equipages a NAS Alameda (Etats-Un is) pour receptionner et ramener ses cinq derniers P2V-6 en Europe. Deux d'entre eux furent convoyes a Prestwick (Ecosse) le 11 fevrier afin de recevoir un systeme de detecti on d'anomalies magnetiques (MAD) dans la queue, le premier rejoignant la 22F des le 18 mai. Un avion de lutte ASM moderne arrivait dans l'Aeronautique navale, bien que le P2V-6 conservat sa silhouette bel liqueuse avec ses tourelies nasale et dorsale. Le 21 septembre 1955, six appareils des 21 F6 et 22F furent deployes temporairement' sur la BA 157 de Tunis el-Aouina en vue de participer ades exercices interallies 38 AIR FAN
penetrer au Moyen-Orient pour y occuper la place des Anglais. Le 21 mai 1957, la 28F perdit le 28F-5, pilote par le LV Suret, dont nous avons parle plus haut lors de I'affaire de l'Athos. Sur les douze membres d'equipage, sept perirent dans le crash et trois autres, blesses, reussirent a se planquer avant I'arri vee des rebelIes et purent etre recuperes le lendemain. Mais Suret et Josse (le radariste) tomberent entre les mains des" fells " et personne ne les revit.
Ci- co ntre : les Lancaster de la 4S assurai ent aussi la Surm ar afin d'al leger la tac he des Neptune. Ci-d essous: le 22F-6 dans le circuit d'approc he de la base de Larti gue, survol ant les ferm es situees I'est de la piste. l:appareil a perdu sa to ure ll e de queue, remplacee par le MAD. Le s autres armements subsistent encore.
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se deroulant entre Larti gue, Tunis et Malte. Suivirent d'autres detachements, a Istres, pour des exercices et stages d'entrainement GASM. Une activite intense qui permit a la 22F de feter ses cinq mil le heu res de vol le 15 decembre 1955. Le 6 mai 1956, de retour d'un Casex , la 22F perd it un apparei l a I'approche de Lartigue, a hauteur de La Senia. 11 n'y eut aucune victime, sauf le CC D'Arcangues ,
6. Certains Neptune de la 21F lurent dates d 'un prajecteur d'eclairage AVO-2 de 70 mi/lians de bougies, installe dans /'encadrement d'une trappe, qui permettait de phatagraphier verticalement de nuit, 100 pieds.
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7. Ce detachement etait place sous le cammandement du lieutenant de vaisseau Vix, pacha" de la 21F
8 . Depuis le 3 septembre 1956, taus les Neptune de la 22F etaient dates du MAD ASO-8.
pacha de I'unite, qui fut blesse . Ouinze jours plus tard, les operations d'Algerie prenant de plus en plus d'ampleur, el le releva la 21 F dans les missions Surmar (qui pouvaient durer jusq u'a douze heures) . D'ailleurs, la 28F, rapatri ee d'lndoch ine avec ses PB4-Y2 Privateer, fut elle aussi affectee a la Surmar ainsi qu'a la reconnaissance photo au-dessus du Maroc. Entre le 31 octobre et le 7 novembre, la 22F deploya quelques appareils· a Bizerte afin de prendre part a la surveillance de la Mediterranee orientale dans le cadre de I'operation " Mousquetaire ", c'est-a-dire I'offensive lancee par la France, la Grande-Bretagne et Israel contre l'Egypte du colonel Nasser apres la nationalisation du canal de Suez. Le debarquement a PortSa·(d et les parachutages furent stoppes sous la menace des Sovietiques et la pression des Americains , chacun cherchant a
Jusqu'au debut de I'ete 1957, des limitations de credits imposerent des reductions d'allocation de carburant, si bien que les Neptune n'assuraient plus de missions audela de 210 heu res par mois. Puis, le quota mensuel remonta a 400/450 heu res, le retour de la 4S et de ses Lancaster venant un peu les soulager. C'est au cours de celte annee que les P2V-6 perdirent leur tourelle canons avant, remplacee par un nez vitre bien plus utile pour la veille optique et la navi gation. Un drame survint le 22 octobre lorsque le 22F-4, en approche GCA de nuit a la Senia, s'ecrasa dans le lac sale de la Sebkra d'Oran , ne laissant aucune chance a son equipage. Parfois , un Grumman JRF-5 Goose de la 8S , revenue egalement d'lndoch ine en juin 1956, faisait escale a Lartigue pendant une mission Surmar. A I'aise sur I'eau , ces AIR FAN 39
amphibies etaient peu adaptes a une utilisati on terrestre en raison de leur train etroit. Deux appareils furent perdus, I'un en Algerie, et I'autre au Senegal, a Tambacounda, le 27 janvier 1961. Ce dernier accident, qui coOta la vie a I'amiral Ponchardier, commandant en Atlantique sud, une figure de choc de la Marine, entraina le retrait definitif des Goose qui ne furent pas remplaces. En 1958, trois des neuf equipages de la 22F furent disperses sur d'autres bases, en raison des travaux de prolongation et de refection de la piste principale de Lartigue. Cela n'empecha pas la flottille d'assurer I'ensemble de ses missions , enregistrant au cours de I'annee 3 111 heu res de vol, dont 660 de Surmar. C'est acette periode que les USA livrerent a l'Aeronautique navale trentetrois P2V-7 , version beneficiant d'ameliorations techniques et d'une vitesse de croisiere plus elevee tout en etant capable d'atterrir sur des pistes plus courtes. En aoOt 1959, les P2V-6 perdirent leur tourelle dorsale, ressemblant desormais a de veritables avions ASM. La 22F se retrouva de nouveau au complet en 1960. Le 13 fevrier, a sept heures du matin, un equipage mixte, avec deux chefs de bord (Ies LV Bacot et Droneau), assista a I'explosion de la premiere bombe A a Reggan e, dans le Sud saharien . Apres avoir depasse le cap des 20 000 heu res de volle 24 juillet, la flottille effectua la premiere mission " Clovis " sur la
frontiere algero-marocaine le 23 septembre. Celle-ci etait I'objet de tentatives de franchissement ou d'attaques de ses postes de garde, et les unites presentes au sol, teile la Demi-brigade de fusiliers marins (ouest Oranais), reclamerent I'intervention des" Clovis ", puis, plus tard, des" Cesars " (indi-
~ DBFM ~
Zone d'action du 3 .... Bataillon oSeramrane
Ci-contre : carte de la partie nord du barrage electrifie algero-marocain, un secteur contröle par le 3' bataillon de la Demi-brigade de fusiliers marins depuis la mer jusqu'ä Bab el-Assa. Ci-dessous: le 22F-4, moteurs lances, s'apprete ä partir en mission, tandis qu'un membre de I'equipage attend le dernier moment pour embarquer.
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catif de la 28F en Indochine). Ces missions nocturnes consistaient a larguer en continu des" lucioles " (fusees eciairantes freinees par un parachute) au-dessus des zones sensibles. A partir de mars 1961 , la situation s'etant aggravee, huit B-26, trois P2V-7 de la 21F et
5 km
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10kml I
cinq P2V-6 de la 22F furent places en alerte permanente et armes systematiquement de bombes de 225 kg pour intervenir dans le sud-ouest d'Ain Sefra (sud Oranais) , un secteur ou I'on re levait de nombreux cas de violation du barrage electrifie. Entraines au
Ci-dessous: le P2V-7 22F-3 (134654) de retour de mission en octobre 1961. Tous les armements defensifs ont disparu. A droite, I'arriere d'un HSS-1. En bas : des equipages de Neptune, qui assurent les missi ons « Clovi s » de nuit sur le barrage frontiere avec des lucioles, visitent le poste de Bab el-Assa, PC du 3/DBFM, observant la ville de Martimprey-duKiss (Marocl, une des bases de la willaya 5 de I'ALN.
Maroc, les katibas (compagnies) ou les faileks (bataillons) de la willaya 5 de I'ALN tentaient regulierement de penetrer en Aigerie pour y renfarcer les wi llayas. Dans I'autre sens, des detachements ou des groupes de I'interieur cherchaient a regagner les camps marocains. La 21 F intervint la premiere fois pour un bombardement de nuit le 2 avril, suivie quatre jours plus tard par la 22F. Afin de mieux se rendre compte de I'impartance de leurs missions « Clovis " , les equipages de Neptune furent invites en zone . ops dans les massifs du Tessala. Amenes sur place en vehicule, ils passerent un ou deux jours dans des postes de garde le long du barrage, avec vue sur les pay-
sages du Maroc et les acces empruntes par les djounouds (combattants de I'ALN). Par ai lleurs, la 21 F regut la charge d 'entrainer les equipages de la 28F sur Neptune, les vieux Privateer ayant ete retires du service en decembre 1960. Cette flottille operait en alternance entre Lartigue et Karouba, respectivement aux ordres du GATAC 2 et du GATAC 1.
Le cessez-Ie-feu Le 28 tevrier 1962 , la 22F effectua sa derniere mission de nuit. La guerre tirait a sa fin. Le cessez-Ie-feu fut annonce le 19 mars , mais, depuis quelques mois deja, une treve
Flottille 22F
Flottille 21F
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Flottille 28F
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Escadrille 85
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unilaterale etait observee dans certains secteurs par les unites fran yaises qui commenyaient a etre progressivement rapatriees en metropole. Le 19 aoO!, alors que l'Algerie etait officiellement independante depuis le 4 juillet,
I'equipage « Alfa " de la 22F real isa sa derniere mission Surmar. Des lors, les vols furent devolus a I'instruction afin de ne pas provoquer les forces algeriennes. Les accords d'Evian, qui laissaient aux troupes franyaises un delai pour quitter des plates-
formes comme Lartigue, La Senia ou Mers el-Kebir, ne furent pas respectes par les AIgeriens qui multiplierent les incidents. Ce qui n'empecha pas la France de continuer a constru ire de nouveaux batiments, sous pretexte qu 'ils etaient prevus de longue date. Ainsi, la nouvelle base de Bou Sfer, implantee a i'ouest de Mers el-Kebir, fut batie apres I'independance. Les Neptune furent modernises ASM (systeme d'ecoute passive « Julie ,,), les equipages ayant largement le temps de se roder aux nouvelles techniques avant de plier bagages le 1er mai 1963 pour s'installer, avec leurs avions, a Nimes-Garons et a Lann-Bihoue, dans I'attente de nouvelles aventures. Dans notre prochain numero, nous traiterons des voilures tournantes basees a Lartigue , celles des 31 F, 32F et 33F operant au sein du Groupement des helicopteres de l'Aeronautique navale n° 1 (GHAN-1). 0
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Rene BAlL
Au-dessus : le P2V-7 22F-1 en mission ASM au mois de juillet 1960. Ci-contre : les Neptune, peu ä peu et suivant la politique de rapatriement des unites ops, regagnerent la metropole et particulierement la BAN de Lann-Bihoue, salues par un sonneur du Bagad. Ci-dessous : les P2 de la 25F effectuerent leur dernier vol officiel au-dessus de la region de Lorient en juin 1983, trente ans apres leur reception par l'Aeronautique navale.
Courrier
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R _ E_T_ O_ U_R _ S_ D_ E_ M _ A_ N_I_V_ E_L_ L_E______)
Lartigue L'excellent article de Rene Bail et ses cliches de « pro " sur la base de Lartigue m'evoquent quelques souvenirs de mes debuts de navigateur a la flottille 6F sur Avenger 3E et 53, en 1954 et 1955. Nos exercices et operations nous conduisaient assez loin de T afaraoui, en particulier lors des embarquements sur porte-avions. Je joins a cet envoi deux phoros que j'ai prises au cours de cette affectation. La premiere (serieuse) montre nos TBM se preparant a decoller sans catapultage du pont de l'Arromanches naviguant au milieu de l'ocean Atlan-
tique le 24 mai 1955 ; c'etait pour l'exercice Otan « New Moon ". Lorsqu'on etait le premier de la pontee, le pont avait tendance a paraitre bien court ... Mais nous savions que le chef avia connaissait son job et que cela passerait... La seconde photo (qui prete a sour ire ) pourrait faire croire que les equipages de la 6F se rendaient au cafe a bord de leurs avions ... En fait, avant de quitter le PA pour Lartigue via Hyeres, alors que nous croisions au large de Cherbourg le 27 mai 1955, notre appareil, le n° 5, rencontra des ennuis moteur. Le delai pour depanner avant l' accostage au
port etant trop court, c'est par grue qu'il fut debarque pour rejoindre par la route l'aerodrome de Querqueville, avec l'aide precieuse de la police et sous l'ceil un peu surpr is des Cherbourgeois. J'avais demande un petit arret devant le « Cafe des flots " afin de prendre ce cliche Oll l'on distingue, de gauche a droite, le second maitre Poire (pilote), le quartier-maitre X (patron de l'appareil) et l e SM Hemery (radio). J'etais le navigateur qui completait l'equipage. Apres changement des magneros, nous avons rallie la base d'Hyeres en 3 h 20 mn, puis Lartigue le
lendema in en a peine plus. Ce vo l cl6turait trois semaines de croisiere pour la 6F. En attendant Agadir, Port-Lyautey, Karouba, Khouribga et nos autres bases en AFN, je vous adresse tous mes compliments pour la qualite d'Air Fan. Robert Brand 79100 Thouars
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