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N° 384 - novembre 2010
AIRFA FAN A V
Le magazine de I'aeronautique mi litaire internationale
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48, boulevard des B atignolles 75017 Paris - France T e l. : 01 4293 6724 Fax: 01 42 94 25 40 Parait le 15 de chaque mois Directrice de la pu blication : Mart ine Ca bi ac Redacteur en chef : Olivier Cabiac Correspondant de la redaction aux USA : Rene J. Francillon
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Ont partlclpe ce numero: Regis Biaux, Jean-Luc Fouquet, Rene J. Francillon, Jean-Pierre Gillet, Henri-Pierre Grolleau, Sam Pretat, Diego Ruiz Palmer, Philippe Roman Rogier Westerhu is
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Directrice commerclale : Martine Cabiac Abonnements : il nos bureaux PubIleite : anos bureaux
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De I'Arctique ci l'Afghanistan par Diego Ruiz Palmer 1990-2010: les fm'ces aeriennes alliees Nord-Europe. EVAA
par Regis Biaux Du CAP232 cl I'Extra 3305C.
Depöt legal 4' trimestre 2010 Commission paritaire n° 0 112 T Bl 06B
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All contents © AIR FAN 2010 Toute reproduction meme partielle est interdite sans accord prealable. La revue Air Fan n'est pas responsable des textes, photos, dessins et illustrations qui lui sont envoyes sous la seule responsabilite de leurs auteurs.
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Air Fan est edite par Edimat, Sari au capilal de 67 500 € Gerante : Martine Cabiac RC Paris B 314-056-243 Sirel 314 056 243 000 12 ISSN 0223-0038 CCP Paris 21 167 56 C 020
49 TRENTE-TROI S IEME ANNEE
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En couvertu re : I'Extra 330SC n° 04 (F-T GC I) amoryant une boucle, suivi par son panache de fumigim e. Apres I'epoque CAP, ces nouveaux avions et leurs pilotes porte nt haut les couleurs de la France et de I'armee de I'Air sur les circuits nationaux et intern ationaux de vollige aerienne. © EVANAdc Hubert Lecinski
Ala 78 par Henri-Pierre Grolleau L'ecole espagnole d'helicopteres.
Alat ci la colombienne (l" partie) par Rogier Westerhuis La gloire en perspective ! Le Pacifique en feu ! (6' partie) par Rene 1. Francillon De Pead Harbor cl la baie de Tokyo : I'aviation navale americaine contre les forces de I'Empire... Revue de presse par I'equipe de la redaction Les nouveautes de I'edition. Analyse des nouveautes par l'equipe de la redaction Les dernieres maquettes sorties.
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par Diego Ruiz Palmer
Dans quelques jours, les 19 et 20 novembre, les pays de /'Otan se reuniront au plus haut niveau Lisbonne pour approuver un nouveau concept strategique. L'ambition de celui-ci est de tirer les lefons des evolutions straMgiques de ces dix dernieres annees et d'offrir une perspective consensuelle sur le role central de /'Alliance dans la securite de ses membres, mais aussi de trouver un nouvel equilibre entre la detense collective des Allies, dont la mission de police du ciel est un aspect important, et les operations de gestion de crise acaractere expeditionnaire en soutien de la communauM internationale, comme celle menee par /'Otan en Afghanistan avec un appui aerien important.
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Oe I'Arctigue aI'Afghanistan
1990-2010 :les lorees aeriennes alliees Nord-Europe Dans notre n° 372 de novembre 2009, nous evoquiqns la perspective d'un ajournement conceptuel et operationnel des missions du Commandement des forces aeriennes alliees Centre-Europe (AAFCE) suscite par la chute du mur de Berlin en novembre 1989. La fin de la confrontation militaire Est-Ouest et la montee des conflits dans les Balkans, consecutive Ei I'eclatement de la Yougoslavie, de ~ vaient placer I' AAFCE dans une situation doublement paradoxale. D'une part, alors que ce dernier avait joue un role moteur (depuis sa reactivation Ei Ramstein en 1974) dans la formu lation du concept de campagne aerienne, c'est en Irak, et non en Europe, que ce concept fut finalement mis Ei I'epreuve lors de « Tempete du desert » en 1991 , dans le cadre d'une coalition hors Otan, avec la participation d'avions de combat americains, britanniques, frangais, canadiens et italiens. D'autre part, bien qu'il fut considere comme primus inter pares, c'est Ei AIRSOUTH, son homologue pour l' Europe meridionale, que furent confiees des 1992 la planification et la 8 AIR FAN
conduite des operations aeriennes de l'Otan dans les Balkans. Ce n'est qu'Ei partir de 2006, lorsque l'Otan etendit la mission de la Force internationale d'assistance Ei la securite (FIAS) Ei I'ensemble de l'Afghanistan, que le commandement aerien de Ramstein commenga Ei jouer un role operationnel. Entre-temps, sa tache principale fut de faciliter la mise Ei niveau au standard Otan des forces aeriennes des anciens pays du pacte de Varsovie, au travers du Partenariat pour la paix, mais aussi d'assurer la veille de defense aerienne elargie Ei l'Aliemagne reunifiee et aux territoires des nouveaux membres de l'Alliance atlantique dans la moitie nord de l' Europe (Pologne et Republique tcheque, puis Slovaquie et pays baltes), et de gerer la transition d'une planification des operations centree sur la defense commune du theatre Centre-Europe face Ei une menace sovietique desormais disparue vers les operations de projection outre-mer dans le cadre de la Force de reaction de I'Otan (NRF pour NATO Response Force).
n juillet 1993, dans le cadre de la premiere refonte des commandements allies apres la fin de la guerre froide , les 2' et 4' ATAF furent dissoutes et les bunkers abrita nt leurs PC de guerre Maastricht (Pays-Bas) et Kindsbach (Allemagne) fermes et abandonnes. Pour sa part, I'AAFCE reprit Ramstein I'appellation d'AI RCENT qui avait ete la sienne Fontainebleau entre 1953 et 1966. Parallelement, les Allied Tactical Operations Cent res (ATOC) et les Sector Operations Centres (SOC), respectivement devolus la conduite des operations aeriennes offensives et defensives durant la guerre froide, fusionnerent au sein de quatre nouveaux Interim Combined Air Operations Centres (centres interimaires multinationaux d'operations aeriennes), en attendant les CAOC definitifs au standard Air Command
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En haut : deux des quatre Mirage 2000C de I'escadron de chasse 1/12 « Cambrllsis » deploves de janvier avril 2010 sur la base aerienne lituanienne de Siauliai.
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Ci-contre : F-16AM de la Force aerienne rovale danoise I'atterrissage sur la base aerienne de Keflavik, en Islande, en mars dernier.
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Ci -dessou s: depart en mission d'un F-16AM de la Force aerienne rovale neerlandaise base Kandahar, dans le sud de l'Afghanistan.
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Ci-contre: un L-39ZA litu anien et un MiG-29 du I" esc adron aeri en ta ctiqu e polon ais en patrouille dans les cieu x baltes. En bas: F-16C Bloc k 52 de I'arm ee de I'air polon aise iI I'atterrissa ge pendant I'exercice BAST-E 11 en avril 2009.
and Control System (ACCS). Ces ICAOC furent implantes a Finderup, au Danemark, et a Kalkar, Sembach et Messstetten, en AIlemagne. Finalement, AIRCENT et son comtutelle , mandement interarmees de AFCENT, abandonnerent en decembre 1994 le bunker « Erwin » a Börfink (Ieur PC de guerre depuis 1977) , lequel fut remis a l'Aliemagne, nation höte, qui le demilitarisa en decembre 2002 avanL de le mettre en vente sur le marche civil, eliminant ainsi I'un des derniers vestiges de la guerre froide sur le theatre Centre-Europe. En mars 2000, a la suite d'une nouvelle reorganisation , le Commandement des forces aeriennes alliees Nord-Europe (AIRNORTH ) fut cree a Ramstein par fusion d'AI RCENT avec le Commandement des forces aeriennes alliees Nord-Ouest Europe (AIRNORTHWEST) de RAF High Wycombe
(Royaume-Uni) qui fut dissous. Parallelement, les ICAOC furent transformes en CAOC et prirent la numerotation de CAOC 1 a Finderup, CAOC 2 a Uedem (en remplacement de Kalkar) et CAOC 4 a Messstetten. S'ajouterent le CAOC 3 a Reitan, pres de Bodo (Norvege), et le CAOC 9 a High Wycombe. L'ICAOC de Sem bach disparut avec la dissolution du 36th FW americain de Bitburg et I'abandon par les Etats-Unis de leurs responsabilites en Europe en matiere de defense aerienne . Entre-temps, les forces aeriennes britannique, canadienne et franc;:aise stationnees en RFA pendant la guerre froide avaient quitte leurs derniers lieux d'implantation. Seule I'USAF conserva une presence en Allemagne, a Ramstein et a Spangdahlem. Une troisieme et derniere refonte de la structure de commandement de l'Otan eut
lieu au debut des annees 2000. Elle porta sur le changement d 'appellation d 'AIRNORTH , rebaptise Allied Air Component Command (AACC) le 1·' juillet 2004, et sur la reduction , de cinq a deux, des CAOC subordonnes a Ramstein. Ainsi , les CAOC 3, 4 et 9 furent dissous au cours de 2008, ne laissant que ceux de Finderup et d'Uedem pour gerer les missions de police du ciel , de defense aerienne et de condui te des operations aeriennes sur une zone s'etendant depuis l'lslande a I'ouest et la NONege au nord jusqu'aux pays baltes a I'est et la Slovaquie au sud . Au terme de ces reorganisations successives , le nombre d'etats-majors all ies de commandement et de conduite des operations aeriennes dans la moitie nord de l'Europe est passe de douze a la fin de la guerre froide a trois aujourd 'hui (Ramstein, Uedem et Finderup) , mettant a mal la these selon laquelle l'Otan aurait rate sa reconversion en une structure plus legere et reactive.
Ouverture
a I'Est
Rapidem(lnt apres la dissolution du pacte de Varsovie, au printemps 1991 , I'un des röles prioritai res de Ramstein fut de former aux procedures Otan non seulement les forces aeriennes des anciennes democrati es populaires d'Europe de l'Est et des exRepubliques sovietiques, mais aussi celles d 'Etats neutres comme la Finlande et l'Autriche. Au programme, seminaires et exercices dont I'objectif etait de rend re ces pays aptes a participer a des operations multinationales de maintien de la paix pilotees par l'Otan , qu'ils aient manifeste ou non leur intention de devenir membres de l'Alliance. Ainsi , a I'instar d'AIRSOUTH en charge des exercices « Cooperative Key » , Ram-
Ci-dessus : F-4F de la Jagdgeschwader 71 de Wittmund au cours d'un vol d'entrainement au-dessus de la Lituanie. La JG 71 est la derniere escadre de la Luftwaffe ä voler encore sur Phantom.
I'Union europeenne , mais aussi nation partenaire de l'Alliance, accueillit sur la base de Kallax des appareils de combat et de transport appartenant Ei huit pays allies, ainsi qu'Ei la Finlande , illustration du haut niveau d'interoperabilite avec l'Otan acquis par les armees de I'air suedoise et finlandaise .
Ci -c ontre : panneau de bienvenue de la JG 71 « Richthofen » ä I'entree de I'aire de cantonnement
des detachements allies sur la base de Siauliai. En bas : decollage hivernal ä Siauliai pour ce Mirage 2000C du « Cambresis ».
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Police du ciel en Lituanie et en Islande
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stein devait organiser les « Cooperative Chance". Le premier eut lieu en Hongrie en 1996 avec pour theme les procedures de recherche et de sauvetag e (SAR). Le second se deroula deux ans plus tard sur la base de Sliac , en Slovaquie. Plus ambitieux, il portait sur les operations de defense aerienne et reunit pour la premiere fois des MiG-29 allemands, hongrois, pol on ais et slovaques, des Saab Viggen suedois ainsi que les chasseurs allies habituels, Mirage 2000C fran<;ais et Tornado F.3 britanniques, appuyes par un Awacs de la Force de veille lointaine de l'Otan (NAEW&F).
Plus recemment, en 2007, Ramstein organisa en Georg ie I'exercice aerien « Cooperative Archer " axe Ei nouveau sur les procedures SAR, avec la participation d'aeronefs en provenance d'Aliemagne, de Hongrie , de Turquie , des Etats-Unis et, en plus de la Georgie elle-meme, de sept pays partenaires : l'Albanie , l'Azerba'idjan , la Bielorussie, la Croatie, I'ancienne republique yougoslave de Macedoine, la Moldavie et l'Ukraine (l'Albanie et la Croatie ayant depuis adhere Ei l'Otan). Enfin, au printemps 2009, dans le cadre de I'exercice « Loyal Arrow " , la Suede, pays neutre membre de
Comme rappele dans notre n° 368 de juillet 2009, la defense aerienne de l'Europe occidentale fut unifiee Ei partir du 1"' juillet 1961 dans le cadre du NATO Integrated Air Defence System (NATINADS). En vertu de cette decision , des le temps de paix, les pays allies deleguaient au Commandant supreme des forces alliees en Europe (SACEUR) la responsabilite de la police du ciel et lui confiaient le commandement operationnel des forces de defense aerienne (stations radar, batteries de missiles sol-air et intercepteurs en alerte H24). La reunification de l'Aliemagne en 1990 et I'adhesion Ei l'Otan de la Pologne et de la Republique tcheque en 1999, puis de l'Estonie, de la Lettonie, de la Lituanie et de la Slovaquie en 2004, conduisirent AI RNORTH Ei etendre sa zone de responsabilite au titre du NATINADS. Ainsi la Jagdbombergeschwader 35 de la Lu ftwaffe (future Jagdgeschwader 73) quitta Pferdsfeld, en Rhenanie-Palatinat, pour s'instailier sur I'ancienne base aerienne est-allemande de Laage, tandis que, progressivement, les armees de I'air polonaise , tcheque et slovaque se chargerent de la mission de police du ciel au-dessus de leurs territoires respectifs, chacune avec leurs .;; MiG-29 herites de I'epoque sovietique. Les
e- trais Etats baltes n'ayant pas d'aviation de
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combat, la responsabilite de la defense de AIR FAN 11
Ci -c antre : en avril dernier, ravitaillement en val de deux F-16C/D du 52nd Fighter Wing de Spangdahlem par un KC-135R du 100th Air Refueling Wing de RAF Mildenhall.
leur espace aerien fut confiee EI l'Otan EI partir de 2004, diverses nations alliees deployant EI tour de role un detachement d'intercepteurs sur la base aerienne de Siauliai, en Lituanie. Le premier creneau fut pris EI la fin mars par la Belgique qui envoya quatre F-16. En juillet, le Danemark prit le relais , avec des Fighting Falcon egalement. La :: u: France assura elle aussi cette mission entre -; ef le 1 avril et le 31 juillet 2007, avec des ~ u:: Mirage 2000C en provenance de Dijon. A ~ I'epoque, ce deploiement avait constitue @ une importante innovation politique et opedu NATINADS. L'armee de l'Air a de nourationnelle puisque, pour la premiere fois veau assume cette responsabilite entre le depuis son retrait de la structure militaire de l'Otan en 1966, la France contribuait EI 1'" janvier et le 30 avri l 2010, cette fois avec I'alerte de defense aerienne dans le cadre quatre Mirage 2000C de Cambrai .
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La Russie vole anouveau ... epuis ces trois dernieres annees, en matiere de police du ciel, les chasseurs allies, plus particulierement ceu x stationnes en Norvege, en Grande-Bretagne et en Islande, ont note un accroissement continu des vols il longue distance effectues par I'armee de I'air russe en direction de l'Amerique du Nord ainsi que vers l'Atlantique nord, parfois jusque dans le golle de Gascogne ! Ces vols incluent le plus souvent, en sus des bombardiers strategiques Toupolev Tu-95MS Bear H et Tu-160 Blackjack, des MiG-31 Foxhound d'escorte, des ravitailleurs en vol lIiouchine JI-78 Midas et des avions radar d'alerte lointaine Beriev A-50
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Ci-dess us : appartenant au No XI Squadron ba se a RAF Coningsby, ce chasseu r Typhoon escorte un bombardier a long rayon d'action Tu -95MS Bear H au-dessus de l'Atlantique nord en avril 2007.
Mainstay, demontrant une nouvelle capacite russe il planilier et conduire des missions aeriennes comp lexes. Bien que ces vols ne constituent pas une menace pour I'Otan, compte tenu des relations de partenariat entre l'Alliance et la Russie, le role de surete qu'assume Ramstein conduit chaque fois le CAOC de Finderup il faire decoller des chasseurs maintenus DRP en alerte (hot scramblel pour aller identilier ces visiteurs particuliers .•:. 12 AIR FAN
Afin de mettre EI I'epreuve ce montage original et d'affirmer la presence aerienne alliee dans les trois pays baltes EI des fins dissuasives, I'etat-major de Ramstein organise periodiquement depuis 2008 des " manifestations " denommees Baltic Air Sovereignty Training Events (BAST-E), puis Baltic Region Training Events (BRTE), destinees EI renforcer le dispositif EI Siauliai. Ces BAST-E et BRTE impliquent des intercepteu rs venant de pays allies voisins (Pologne, Republique tcheque , Danemark) et de I'USAFE, qui met aussi EI disposition des Boeing KC-135 du 100th Air Refueling Wing base EI RAF Mildenhall , ainsi que des Awacs de Geilenkirchen . Sans, toutefois, que ces renforts ne se pose nt EI Siauliai. Les BAST-E et BRTE I EI VII se sont tenus en octobre 2008, en avril, juillet et septembre 2009 ainsi qu'en mars, juillet et novembre 2010. Par ailleurs, le depart en octobre 2006 des forces americaines station ne es sur la base aerienne de Keflavik, au terme d'une presence continue longue de plus d'un demi-siecle, a amene le gouvernement islandais EI demander EI l'Otan de prendre le relais et d'assurer la responsabil ite de la defense aerienne de 171e qui ne dispose pas de forces armees. Cette requete a conduit l'Otan EI raccorder le reseau radar islandais au NATINADS et EI positionner trois fois par an des chasseurs allies EI I
Ramstein cl I'heure de la NRF Outre la pol ice du ciel et la defense aerienne, missions contraignantes EI caractere permanent, I'AACC soutient la Force de re-
action de l'Otan (NRF) creee en 2002. D'une part en preparant un etat-major deployable de commandant de la composante aerienne d'une force interarmees multinationale (Joint Force Air Component Commander), et des forces aeriennes qui seraient mises a sa disposition par les pays membres de l'Otan et, le cas echeant, par des Etats partenaires comme la Finlande ou la SuMe. Cet etatmajor pourrait s'appuyer sur un centre multinational d 'operations aeriennes deployable arme par du person ne I du CAOC fixe d'Uedem et du 32nd Air Operations Group des USAFE. D'autre part en assurant la prise d'alerte pendant une periode de six mois, renouvelable une fois. L'AACC a ainsi assure le creneau JFACC au cours des deux premieres rotations de la NRF entre octobre 2003 et juillet 2004, puis entre juillet 2006 et juillet 2007 (NRF 7 et 8) ainsi qu'entre juillet 2009 et juillet 2010 (NRF 13 et 14), dans ce dernier cas aux ordres du Commandement interarmees allie de Lisbonne dirige par le general de corps d'ar-
mee franc;: ais Philippe Stoltz. Celte mission de mise sur pied d'un JFACC; deployable est partagee, par rotations, avec I'etat-major aerien allie d'lzmir qui a appuye les NRF 3 et 4 entre juillet 2004 et juillet 2005 et les NRF 9 et 10 entre juillet 2007 et juillet 2008, et avec les etats-majors de JFACC mis en place par I'armee de l'Air a Lyon Mont-Verdun et par la Royal Air Force a High Wycombe. Au-dela des aspects SIC (systemes d'information et de communication) , le soutien a la NRF comporte une mission d 'entra'ineme nt a la conduite d'operations aeriennes composites (COMAO) et de verification de la disponibilite operationnelle des unites par le biais d'evaluations tactiques (TACEVAL) sans preavis. A celte fin , Ramstein organise regulierement I'exercice « Bold Avenger " qui rassemble sur un aerodrome designe une soixantaine d'avions de combat allies ainsi que des aeronefs de soutien (transport, ravitaillement en vol , alerte lointaine et guerre electronique). Les deux premiers ont
se sont tenus sur la base nONegienne d'Orland en 2005 et en 2007 tandis que le troisieme s'est deroule en septembre 2009 a Karu p, au Danemark. « Bold Avenger " est le successeur lointain des anciens « Tactical Air Meets " (TAM) , dont la derniere edition eut lieu en 1995 a Nancy-Ochey et Toul-Rosieres . En effet, peu apres la creation d'AIRNORTH , le TAM et le « Tactical Fighter Meet ", respectivement parraines par Ramstein et par High Wycombe , ont fusionne pour donner naissance au « NATO Air Meet " . Le premier NAM s'est deroule a Saragosse en 1998 et le dernier a Konya (Turquie) en 2004 , laissant ainsi la place a « Bold Avenger " I'annee suivante. La conduite de COMAO est aussi le theme d'autres exercices aeriens tels que « Frisian Flag " et « Spring Flag ", le premier organise par les Pays-Bas, le second par l'ltalie, et du venerable « NATO Tiger Meet " dont la cinquantieme edition aura lieu en mai 2011 a Cambrai-Epinoy, peu avant la fermeture de la base . Dans de nombreux cas, ces exercices font appel aux facilites offertes par le polygone de guerre electronique mis en CBuvre par la France , l'Aliemagne et les Etats-Unis de part et d'autre du Rhin. A noter que, au fil des reorganisations successives du commandement aerien de Ramstein et de son adaptation au nouvel environnement international ne de la chute du mur de Berlin , les grands exercices emblematiques de la guerre froide , comme « Central Enterprise " pour la defense aerienne et « Cold Fire " pour I'appui aerien aux forces terrestres, ont disparu. Le premier a survecu quelques annees sous la forme de « Clean Hunter ", mais la priorite donnee aux operations de gestion de crise, Au-dessus: KC-135R Stratotanker du 100th ARW ravitaillant un F-15C Eagle du 48th FW de RAF Lakenheath dans le cadre de la mission de police du ciel en Islande. Ci-contre : deux Mirage 2000C de I'EC 2/2 « Cote d'Or » pnlts , pour une mission au depart de la base aerienne de Karup, au Danemark, pendant I'exercice « NATO Air Meet » en septembre 2000.
AIR FAN 13
Ci-contre : Soukho·i Su -22M-4K Fitter de I'armee de I'air polon aise de retour d'une mission ä Ka rup lors de I'edition 2000 du NAM. En bas : Mirage 20000 de I'armee de l'Air en mission au-dessus de l'Afghanistan au mois de mai 2006.
consecutive au retour d'experience des Balkans et a la creation de la NRF, a signe son arret de mort face a une menace aerienne majeure desormais ecartee (Ies " Datex .. et " Odax .. franc;;ais ont connu un sort similaire).
Sous les cieux afghans Pour I'AACC , si le souiien a la NRF demeure une mission structurante, c'est I'en-
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gagement de l'Otan en Afghanistan , dont il assure I'appui pour le volet aerien, qui soumet hommes et machines a I'epreuve du reel dans un environnement geographique et des conditions climatiques extremes. Certes, du fait de I'eloignement geographique de ce pays et de la forte contribution des Etats-Unis au travers de I'operation de coalition " Liberte immuable .. lancee apres les attaques terroristes du 11 septembre 2001 , I'implication de I'AACC est en dec;;a
du röle de premier plan qu 'avait joue AIRSOUTH dans les Balkans dans les annees 1990. Les elements de planification et de conduite des operations aeriennes depeches a Kaboul , au sein de I'etat-major de la FIAS, et au CAOC americain d'al-Udeid , au Qatar, s'appuient, dans une large mesure, sur les structures de commandement et les moyens de transmission de I'etat-major de la composante aerienne du commandement interarmees americain responsable du Moyen-Orient (US Central Command) . Au cours des annees 2001-2006, les missions aeriennes en Afghanistan , principaleme nt menees depuis des terrains d'aviation situes dans des pays voisins ainsi qu'a partir de porte-avions et de porte-aeronefs croisant dans I'ocean Indien , etaient conduites sous I'eg ide de " Liberte immuable ". Neanmoins, avec I'elargissement de la zone de responsabilite de la FIAS a I'ensemble du territoire afghan en 2006/2007 et le deploieme nt d'un nombre croissant d'appareils de combat et de transport allies sur I'aerodrome de Kandahar, dans le sud du pays, l'Otan a du assumer, par rapport a I'US Central Command , des responsabil ites de commandement etendues. Ainsi , aux appareils detaches a Kandahar par I'USAF et I'USMC se sont ajoutes des avions franc;;ais, britanniques, belges et neerlandais, tandis que l'Aliemagne et l'ltalie ont respectivement deploye les leurs a Mazar-e Charif et a Herat, dans le nord et I'ouest du territoire. Pour sa part , I'aeroport international de Kabou l (KAIA) demeure la plaque tournante pour de nombreux vols de liaison et d'appui 10gistique lies a la presence dans la capitale afghane du quartier general de la FIAS , tandis que la base aerienne de Bagram, implantee au nord de Kaboul , soutient les
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dahar et Ei Bagram , taut en conS8Nant des escales Ei Kaboul , Oouchanbe (Tadjikistan) .~ et al-Ohafra (Emirats arabes unis). A Oouchanbe, qui avait pris le relais Ei partir de c5 2004 de I'aerodrome de Manas (Kirghizis@ tan) comme base avancee pour les avions de combat franc;;ais , puis Ei Kandahar, I'armee de l'Air et la Marine nationale ont deploye Mirage 20000, Mirage F1 CR , Super Etendard et Rafale F2. Les rotations sont devenues plus frequentes , assurant une presence aerienne armee permanente, signe fort de I'engagement politique et militaire de la France en Afghanistan aux cates de ses Allies. ~
!
Laboratoire d'idees
forces americaines qui continuent d'operer, en marge de l'Otan , dans le cadre de « Liberte immuable " . Cest aussi Ei Bagram que sont stationnes les drones MO-1 Predator et MO-9 Reaperamericains ainsi que les SIOM Harfang de I'armee de l'Air. La planification des vols et la gestion de I'espace aerien afghan reviennent au CAOC d'al-Udeid , aussi bien pour la partie FIAS que pour la partie « Enduring Freedom " , la repartition des missions et des moyens engages par
les differentes nations eta nt effectuee selon les besoins operationnels des uns et des autres et la disponibilite des aeronefs et de leurs equipages. Pour la France , le glissement du cadre d'organisation des operations des EtatsUnis vers l'Otan , en parallele avec I'extension de la zone de responsabilite de la FIAS Ei I'ensemble de l'Afghanistan , s'est traduit par I'etoffement et le deplacement du centre de gravite de son dispositif aerien Ei Kan-
Plus, peut-etre, que tout autre conflit depuis la guerre du Vietnam , les operations aeriennes en Afghanistan sont un veritable laboratoire d'idees et un champ d'experimentation technologique sans precedent pour I'emploi de la puissance aerienne . Cela tient Ei plusieurs facteurs, dont I'eloignement geographique, la topographie et le climat de ce pays, la nature asymetrique des combats, la duree sur plusieurs annees de I'engagement occidental , le rythme accelere des missions tactiques , leur concentration presque exclusive sur la dimension air-sol , et la forte imbrication interarmees et multinationale des forces deployees. La gamme des moyens aeriens engages (voilures fixes , voilures tournantes et, de plus en plus, drones), principalement dans des missions de surveillance , de reconnaissance et d'appui feu aux forces terrestres, est le miroir de la panoplie de vecteurs pilotes et non pilotes En haut: Tornado ECR de I'Aufklärungsgeschwader 51 " Immelmann » de Jagel ä I'atterrissage en avril 2007 sur I'aerodrome de Mazar-e Charif, dans le nord de l'Afghanistan. Ci-contre : F-15E Strike Eagle de I'USAF en vol au-dessus des espaces desertiques de l'Afghanistan.
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Ci -contre : en mission dans le ciel afghan, un Tornado lOS du 6° Stormo de l'Aeronautica Militare Italiana bas e aMazar-e Charif. En bas : Rafale de I'EC
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« Provenc e 11 au roulage sur
la base de Kandahar. " est arme de quatre bombes GBU -12 de 250 kg.
en service dans les armees alliees, des bombardiers B-1 B Lancer et B-52 Stratofortress aux helicopteres de combat Tigre et de manceuvre EH-101 Merlin et aux drones Sperwer, en passant par les Rafale, F-16, F/A-18, Tornado, A-10, Harrieret AMX. Les operations aeriennes en Afghanistan ont consacre la renaissance de I'appui ae-
rien rapproche (6 800 missions CAS en 2008) et le retour en force de la reconnaissance tactique , mais aussi I'essor de la collecte Comint (Communications Intelligence) par rapport au recueil Elint (Electronic Intelligence) et I'apport essentiel du ravitailleme nt en vol pour le soutien de missions tactiques pouvant durer en moyenne de trois cl.
quatre heures, mais souvent bien plus, et des rotations d'avions au depart de leurs bases d'origine en Europe et aux Etats-Unis. Le dispositif aerien allie depend egalement de I'apport du transport aerien militaire qui a tisse, cl. part ir de Kaboul, Bagram et Kandahar, une vaste toile d'araignee mondiale reliant l'Afghan istan aux metropoles des
principau x pays contributeurs. Elles ont aussi conduit repenser les modes d'engagement au niveau operatif et introduit de nombreuses adaptations tactiques et techniques. Que ce soit dans la conception , la planification et la conduite des operations aeriennes ou I'execution des missions au niveau tactique, les retours d 'experience so nt innombrables et dans des domaines tres varies. On pourrait citer par exemple le recours de plus en plus frequent une allocation reactive , plutöt qu'uniquement planifiee, des missions (time-sensitive targeting et dynamic targeting) afin de permettre aux moyens aeriens de reagir en vol aux evolutions souvent imprevisibles des operations au sol (troops in contact ou TIC) ; la renaissance de I'orientation et du guidage au sol des missions CAS par appel aux Forward
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En haut: en juillet 2008, mission d'appui feu au profit des forees de la FIAS pour ee A-lO Thunderbolt 11 de I'USAF. . Au milieu: F-16AM de la Composante aerienne beige dans le eiel afghan en deeembre 2008. Les Fighting Falcon belges, eomme eeux des Pays-Bas, sont deployes Kandahar.
a
Ci-eontre : un KC-10 Extender de I'USAF ravitaille au-dessus de l'Afghanistan deux F/A-18F Super Hornetde la VFA-41 embarquee sur le porteavions USS Nimitz naviguant dans I'oeean Indien en oetobre 2009.
AIR FAN 17
Ci-contre : Harrier GR.9 britann iq ue lou rd ement arm e pour une mi ssion de Close Ai r Supp ort au depart de Kandaha r en decem bre 2008. Au milieu : en vol au-dessus de l'Afg hanista n en nove mbre 2002, un E-3D Sentry d'a lerte ava ncee et de conduite des op eration s aerienne s (Awacs l de la RAF. En bas : panneau de bienvenue sur la ba se aerienne de Ramstei n, sie ge du Comm and ement aerie n allie pour l'Europ e du nord et du quartier general des Force s aerienn es americaines en Europ e.
Air Controllers (terminologie Otan) et aux Joint Terminal Air Controllers (terminologie americaine) integres dans des equipes de guidage plus vastes denommees Tactical
Air Control Party ; I'impact operationnel de I'usage de plus en plus etendu de la technologie ROVER (Remote Operations Video Enhanced Receiver) de retransmission vers
le sol d'images video enregistrees en vol ; la numerisation cartographique ; les missions a deux aeronefs ; le recours aux vols de presence et aux demonstrations de force a tres basse altitude (ceux-ci representant maintenant 75 % des missions) comme alternative a I'ouverture du feu ; le renouveau du tir au canon ; I'appel a I'aerolargage de palettes a tres haute altitude et a basse ouverture pour ravitailler les differents cantonnements de la FIAS a travers l'Afghanistan, faute de pouvoir le faire par voie terrestre ; et I'emploi de plus en plus etendu des drones. A contrario, les operations aeriennes en Afghanistan apportent aussi leur lot de contraintes et de desavantages, comme I'usure acceleree et prematuree des aeronefs et de leur potentiel de vol ou le deperissement de certaines competences operationnelles des pilotes teiles que I'execution de missions air-air ou du type COMAO. Avec un oeil rive sur l'Europe et I'autre sur l'Afghanistan, et des avions de combat deployes de Keflavik a Kandahar, le Commandement aer'ien de Ramstein est en ce premier quart de siecle a la poignee de I'eventai! des missions de l'Alliance atlantique. Oe la defense de l'Aliemagne occidentale a I'epoque de la guerre froide aux operations de contre-insurrection en Afghanistan aujourd'hui, le long cheminement de ce commandement depuis sa creation a Fontainebleau il y a six decennies (cf. Air Fan n° 368 de juillet 2009) illustre bien I'evolution de la puissance aerienne dans un environnement strategique en pleine mutation . 0 Diego RUIZ PALME R
L'alllellr rcmcrcie M,;,c Cathia Biccgo de sa collaboratioll dalls ta preparatioll de cet artide. 18 AIR FAN
Implantee sur la BA 701 de Salon-de-Provence, comme sa grande soour la PAF, l'Equipe de voltige de I'armee de l'Air, plus conn ue sous le nom d'EVAA en ne pronongant qu'un seul A, est la plus petite unite de I'armee de l'Air. Depuis sa creation il y a quarantedeux ans, elle peut s'enorgueillir d'avoir fagonne de nombreux champions de France, d'Europe et du monde de voltig ~ aerienne. Cet article est dedie Ei la memoire du capitaine Renaud Ecalle, son pilote le plus titre, qui a trouve la mort le 3 octobre dernier aux commandes d'un avion de tourisme, un trag ique accident dans lequel ont egalement peri sa femme et leurs deux enfants. vant de decouvrir plus en detail I'EVAA* et ses Extra 330, revenons un peu en arriere, sans reprendre completement ce que nous avions ecrit dans notre n° 55 de mai 1983, voila deja pres de 30 ans ... C'est en 1968 que I'EVAA a demarre son activite , d'abord equipee de Stampe SV 4, puis de Nord 3202 et de Zlin 526 avant de recevoir en 1970 le premier de ses cinq
A
* Pour suivre I'activite de I'EVAA au quotidien ou decouvrir son histoire et ses avions : www.equipedevoltige.org/
20 AIR FAN
CAP 20 commandes a la societe des Avions Mudry et Cie , point de depart d'une longue collaboration entre I'armee de l'Air et I'avionneur normand etabli a Bernay, dans l'Eure. Ce monopiace de voltige de haut niveau , peut-etre le plus beau de la lignee des CAP, permit aux pilotes militaires de rem porter de nombreux titres nationaux et internationaux. Neanmoins, ses 200 ch se revelerent vite bien modestes pour ri valiser avec les nouvelles vedettes du moment qu 'etaient l'Akrostar, le Pitts S1 , le Yak-1 8 ou le Zlin 50. Des le debut des annees 1980, I'armee de l'Air
demanda donc a Auguste Mudry de plancher sur I'etude d'un nouvel appareil. Le constructeur proposa le CAP 230 propulse par un moteur de 300 ch, mais il fallut attendre la fin de I'annee 1987 pour que soit livre le premier avion (n° 001 code CA). Au total, I'EVAA en receptionna quatre qu'elle garda jusqu'en 1990. Grace acette machine tres performante, les pilotes decrocherent plusieurs trophees mondiaux, dont, entre autres, une medaille d'argent aux championnats d 'Europe de 1987 pour Patrick Paris, deux medailles d'or aux cham-
Du CAP 232 . a l'Extra 330SC par Regis Biaux
pionnats du monde de 1988, I'une pour Glaude Bessiere en libre et I'autre pour Patrick Paris en libre integral , et a nouveau I'or aux championnats du monde de 1990 pour Glaude Bessiere. La course aux titres internationaux poussa la societe normande a faire evoluer son GAP 230 en le dotant d'une aile totalement refondue , d'une helice tripale en composite, d'un nouveau train d'alterrissage et d'un dispositif de compensation automatique de la gouverne de profondeur, pour ne citer que les elements les plus visibles. L'appareil ainsi modifie prit la designation de GAP 231 et, compte tenu de I'excellence des resultats obtenus, I'ensemble du parc fut ensuite porte a ce nouveau standard. Variante intermediaire equipee d'une aile en carbone developpee par I'ancien champion de voltige Walter Extra, le GAP 231EX (EX pour Extra) ne fut pas retenu par I'armee Ci-contre : au decollage de I'aerodrome de Chauvigny (Vienne) lors d'un meeting le 3 aoüt 1990, le Lt Alain Prunenec aux commandes du CAP 230 n° 03 (CC). Ci-dessous: le CAP 230 n° 04 (CD) au roulage ä Salon en mai 1989. Le marquage special sur le fuselage honore les deux medailles d'or obtenues en 1988 par le Cne Patrick Paris et rAde Claude Bessiere lors des championnats du monde au Canada .•
Avec cinq pilotes et neuf avions (cinq GAP 10B, deux GAP 232 et ses deux derniers exemplaires de GAP 231 dont elle se separa en 2001), I'EVAA continua a s'entralner tres rigoureusement durant plusieurs annees, participant a de tres nombreuses competitions nationales et internationales au cours desquelles ses pilotes accederent aux plus hautes marches du podium. Jusqu'a ce funeste jour d'aoOt 2005 ...
de l'Air qui lui prefera le GAP 232. Devoile au milieu des annees 1990, ·ce pur-sang agile et puissant etait la reponse ultime d'Auguste Mudry a SoukhoI et a Yak, deux poids lourds de I'industrie aeronautique russe . Gouronnant vingt-quatre annees de recherche du " petit avionneur franc;;ais ", il conservait le principe de la construction mixte , fuselage bois et voilure carbone (celte fois conc;;ue et produite entierement a Bernay), ,qui lui conferait une rigidite exceptionnelle et un tau x de roulis maxi de 420 0 par seconde (contre 270 0 pour le GAP 231) ! Entre les mains de pilotes experimentes, celte machine a tres haut niveau de performances devint aussi redoutable que . redoutee. Les premiers a I'utiliser furent des competiteurs civils, I'armee de l'Air ne validant que tres tardivement une commande de quatre appareils. Le premier se posa a Salon-de-Provence en septembre 1999 et le second en decembre.
La fin des CAP Le 30 aoOt 2005, lors du championnat de France sur le terrain de Saint-Yan , le capitaine Jean-Michel Delorme s'elanc;;a aux commandes du GAP 232 n° 22 pour executer les figures de son programme . Pendant les evolutions, son appareil perdit une aile, puis , devenu incontr6lable, percuta le sol , tuant son occupant. Une enquete civile et militaire fut aussit6t ouverte. Glasse , repute
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pour etre I'un des meilleurs pi/ates de vol-
8 ti ge au monde , le Gne Delorme totalisait
Q alors
plus de deux cents presentations ae-
riennes officielles sur GAP 232 et 3 500 h de vol. 11 etait aussi , entre autres, vice-champion du monde par equipe 2003 et vicechampion d'Europe par equipe 2004. L'aile ayant ete retrouvee quasiment intacte, les enqueteurs purent se livrer a son examen approfondi. Rapidement, ils conclurent que les deux pieces de liaison la retenant au fuselage avaient casse lors d 'une ressource effectuee sous un facteur de charge negatif de 7,3 G. Aussit6t connues les causes de I'accident, les services officiels interdirent de vol tous les GAP 231 , 231 EX et 232, clouant ainsi au sol tous les pilotes franc;;ais de haut niveau. Une fois modifies et renforces, les modeles civils reprirent I'air, mais I'armee de l'Air renonc;;a a utiliser les siens . L'EVAA, dont I'existence ne fut pas remise en question par I'etat-major, dut donc se trouver une nouvelle monture.
En quete d'un nouvel avion Les premieres evaluations commencerent des I'automne 2005 quand les capitaines Franc;;ois Le Vot et Pierre Varloteaux se rendirent sur le terrain de Gasarrubios (Espagne) pour y essayer le Su-26 monopiace et le Su-29 biplace. Un peu plus tard , d 'autres machines comme le Su-31 , le GAP 222 et l'Extreme 3000 lurent egalement evaluees. Mais de tous les appareils testes, c'est celui propose par Extra Aircraft qui parvint a s'imposer apres une campagn e
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Ci-contre : champion du monde 1990, le CAP 231 n° 02 (300-CB) est aujourd'hui conserve au musee de l'Air du Bourget. Construit en tant que CAP 230, il re~ut cette nouvelle decoration lors de sa transformation en CAP 23f. Cette deco sera maintenue quelque temps sur les CAP 232. 22 AIR FAN
les Extra 300l de celte patrouille et se maintenir niveau, meme si les performances de celte machine ne sont pas exceptionnelles. Malgre ces bonnes nouvelles, I'annee 2006 fut marquee par le depart du commandant de I'EVAA, le Cne Christophe le Serre , et par une diminution de I'effectif. le maintien d'une equipe de voltige au sein de I'armee de l'Air n'etant toujours pas remis en question, les deux pilotes restants reorienterent leur activite vers le transfert d'experience au profit d'eleves navigateurs sur Jodel 0 140, tout en prenant de temps autre les commandes des Alpha Jet de la PAF I'occasion de convoyages ou de vols
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Ci-eontre : le CAP 232 n° 35, iei en montee plein fumigime, sera le premier ä porter eelte nouvelle deeoration trieolore. Ci-dessous: sur la base de Salon en mars 2006, I'EVAA teste deux Extra pretes par la firme allemande Extra Aireraft. lei la version monoplaee 300SP equipee d'un moteur de 300 eh. En bas : une photo historique ! Derriere les trois Extra 330, un Stampe SV4, premier appareil de I'EVAA, et un CAP 20 arborant la seeonde deeoration (bleu, blane, rouge) portee par ees maehines.
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d'essais debutee Salon le 14 mars 2006 avec deux avions pretes par le constructeur allemand : un Extra 300SP monopiace et un Extra 300lP biplace. Tres I'ecoute des remarques et des souhaits formules par les Franr;:ais, les ingenieurs d'outre-Rhin furent meme d'accord pour developper une version plus puissante et plus maniable de leur joujou qui prit la designation de 330SC (Single Seat Competitor). Grace aux bonnes relations qu'elle entretenait avec les Royal Jordanian Falcons, I'equipe put aussi envoyer quatre pilotes Aqaba du 14 avril au 12 mai pour voler sur
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Ci -c ontre : le marquage ce Armee de I'Air 11 figure aussi sur les Extra de I'EVAA, mais sur I'intrados. A droite : derniers preparatifs pour un vol d'entraTnement sous 1'(Eil attentif du Sgc Thierry Vin cent (ä droite) et de Gilies Lucazeau, responsable tech nique de la societe Extra . Aux commandes, le Cne Fabrice Camliti, patron de I'EVAA.
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d'information pour les jeunes eleves de I'ecole de l'Air. En 2008, un contrat d'achat pour trois Extra 330, deux monopiaces et un biplace, fut enfin signe par I'etat-major. 11 s'accompagna de I'arrivee I'EVAA de deux nouveaux membres, le Lt Renaud Ecalle, pilote de Mirage F1 , et le Cne Fabrice Camliti , ancien-
nement sur Mirage 2000, qui fut nomme la tete de I'equipe au mois de mai en remplacemen t du Cne Le Vot qui assurait I'interim depuis deux ans. Toutefois, la livraison des avions ne devant pas intervenir avant quelques mois, la FFA loua deux Extra 330 au constructeur afin de permettre aux pilotes de defendre
L'Extra 330SC
tus de töles en aluminium ou de fibre de verre. Par la suite, fort de I'experience acquise avec le CAP 231EX, Walter Extra remplacera I'aile en bois par une voilure en carbone, plus legere, mais surtout plus resistante. Comme tous les appareils de voltige, le train d'atterrissage est
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u milieu des annees 1980, l'Aliemand Walter Extra, ancien pilote de voltige de
les chances de I'equipe de France aux championnats d'Europe de voltige prevus en juillet. C'est au cours des stages d'entrainement que Renaud Ecalle (competiteur civii avant d 'integrer I'EVAA) revela I'etendue de ses talents , prenant sa nouvelle monture rapidement en main malgre le delai assez court. 11 monta finalement sur la premiere marche du podium en libre integral et decrocha le titre de vice-champion d'Europe par equipe. Ce resultat fort encourageant redynamisa le groupe qui dut encore patienter avant de recevoir ses propres machines , deux 330SC (n°s 04/F-TGCI et 05/F-TGCJ) et un 330LC (F-TGCH) , lesquelles finirent par arriver au mois de septembre. La periode hivernale fut mise profit pour prendre defi-
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nant des figures rapides et precises, voire de se maintenir en vol stationnaire comme avec un helicoptere! .:. RB
Caracteristiques generales Longueur: Envergure : Hauteur: Masse ä vide :
Vitesse de man(Euvre : Vitesse de decrochage ä 780 kg : Vitesse de decrochage ä 870 kg : Facteurs de charge: Carburant Capacite totale : Capacite utilisable : Capacite utilisable en voltige (1 reservoir) : Descriptif Moteur 6 cylindres Lycoming AEIO-580-B1A d'une puissance de 315 ch; helice tripale Mühlbauer Miv 9-B-C/C198-25; demarreur electrique ; deux pompes carburant (I'une entraTnee par le moteur, I'autre electrique) ; systeme de fumigene integre; aile en fibre de carbone avec reservoir integre; structure de I'empennage en composites et carbone ; fuselage tubulaire acier ; atterrisseurs fibre de verre ; cloison pare-feu en titane.
~ Gilles Lucazeau , un technicien d'Extra Air] craft detache a I'annee sur la base de Salon . =:; Cette collaboration permet egalement de faire remonter rapidement les informations ?,: ~ vers le constructeur, toujours tres a I'ecoute @ de I'utilisateur pour ameliorer ou faire evoluer son appareil. L'Extra est equipe d'un systeme enregistrant I'integralite des parametres de vol que I'on peut ensuite recuperer sur un ordinateur apres I'atterrissage. Cela permet de detecter rapid ement les eventuelles anomalies ou les pannes et facilite grandement le suivi technique de I'avion. Le röle de I'EVAA, faut-ille rappeler, est de representer I'armee de l'Air dans des man ifestations aeriennes et la France dans des competitions de voltige. En 2010, tout comme en 2009 d'ailleurs, elle a participe a pas moins de trente meetings ainsi qu'a une quarantaine de demonstrations diverses, generant environ 120 heu res de vol pour chaque pilote. Ses presentations sont tou -
!
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Ci-dessus: la planche de bord de I'Extra 330 monopiace. Notez de chaque cöle le ch assis tubulaire de la structure du fuselage . A droite : le " 05 » decapote montrant son moteur six cylindres Lycoming AEIO-580-B1A de 315 ch.
nitivement en main le nouveau monomoteur qui s'averera etre un formidable pur-sang , a la fois plus puissant et moins lourd que la version 300S.
Le renouveau de I'EVAA L'EVAA, qui fait partie des Equipes de presentation de I'armee de l'Air, actuelleme nt dirigees par le lieutenant-colonel Bezier, est une unite entierement autonome gerant son recrutement (principalement dans la chasse pour le personnel navigant), ses avions et leur entretien, ses vols et ses entrainements. Jusqu'a la fin de la saison 2010, elle comptait cinq pilotes au carnet de vol bien rempli , tous capitaines : Fabrice Camliti , 38 ans, 2 900 h, ex-pilote de Mirage 2000 au 2/5 « lIe de France » ; Franc;:ois Le Vot, 40 ans, 3 200 h, anciennement sur
2000C RDY ; Pierre Varloteaux, 39 ans, 3100 h, ex-pilote de 2000N ; Renaud Ecalle, 30 ans, 2500 h, ancien du 2/30 « Normandie-Niemen » sur F1 CT ; et Franc;:ois Rallet, 39 ans , 3 300 h, ex-presentateur du Mirage 2000. La maintenance des appareils est real isee au sein me me de la base de Salon par neuf techniciens (moteur, cellule, radio, equipements et electricite), sous le commandement de I'adjudant Vincent Reverdy. Bien entendu , I'objectif est d'obtenir en permanence un taux de disponibilite du materiel le plus eleve possible avec une securite maximale. Mecaniciens, pilotes et avions forment un trio indissociable fonctionnant comme une ecurie de Formule 1. Le pöle technique assure les inspections de routine (moins de 50 heures) ainsi que I'entretien quotidien apres chaque vol d'entrainement, de competition , de presentation en meeting et de convoyage . 11 peut aussi prendre en charge certaines reparations/ modifications de la cellule ou le demontage d'equipements relativement complexes. Les interventions plus lourdes ou les visites des 50 heu res s'effectuent sous le contröle de
jours epoustouflantes. Technicite , resistance physique, rigu eur et tenacite so nt les maHres mots de cette discipline tres exigeante, des qualites qui permettent d'executer des figures dans un volume restreint soit devant un public lors d'un show aerien soit devant un college de juges dans un championnat. Vues du sol, pour les non-inities, les trajectoires semblent desordonnees alors qu'elles sont en fait tres precises et surtout totalement maHrisees dans les trois axes de rotation de I'avion. Ce resultat est 'bien sOr obtenu grace a un entrainement quotidien, mais aussi a une parfaite condition physique. Un programme de voltige de niveau international represente un effort d'une intensite insoupc;:onnee, surtout avec une machine teile que l'Extra 330SC. Le corps humain doit pouvoir supporter des variations importantes et rapides de facteurs de charge sans I'aide d'une combinaison anti-G, laquelle serait de toute fac;:on inefficace pendant les accelerations negatives. Le cou doit egalement resister aux accelerations laterales en roulis (420° par seconde); dont les departs et arrets tres brutaux mettent les cervicales a AIR FAN 25
rude epreuve ... A ce jeu, Renaud Ecalle etait qualifie pas ses pairs de pilote d'exception , voire d'extraterrestre ! Toutes les presentations et tous les entrainements sont filmes par trois photographes-
cameramans militaires. Leur vision nage peut s'averer necessaire lars des debriefings pour carrig er la moindre faute ou erreur dans les enchainements et les figures. Les pi aces au niveau international sont a ce
prix, et c'est grace a sa quete perpetuelle de rigu eur et de precision que I'EVAA peut fourni r a I'equipe de France de voltige aerienne de tres grands competiteurs.
En equipe de France Les pilotes de I'EVAA sont regulierement selectionnes en equipe de France lars des competitions nationales et internationales, equipe comptant parmi les trois meilleures mondiales. Ace titre, ils participent avec les autres Bleus aux cinq ou six stages annuels arg anises et geres par la Federation fran<;:aise aeronautique (FFA) . Ces stages permettent de travailler les programmes imposes et leurs figures « Aresti " sous la direction de I'entraineur national Claude Bessiere, ex-champion du monde 1990 et luimeme ancien de I'EVAA durant plus de En haut: 14 juillet 2010, les trois Extra clöturent le defile aerien, une premiere pour l'Equipe de voltige de I'armee de l'Air ! Ci-dessus: le biplace Extra 330LC IF-TGCH) dans le hangar de I'EVAA. Cette version presente peu de differences par rapport au monoplace, si ce n'est une verriere agrandie, une helice quadripale et des facteurs de charge de +/- 8 G. A I'arriereplan, les nombreux trophe es rem porte s par l'Equipe. Ci-contre : un Extra 330SC dans le ciel de Salonde-Provence au soleil couchant.
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treize ans ; la encore, toutes les evolutions sont filmees pour etre commentees et analysees au besoin. Quant aux figures du libre integral, elles sont travaillees a Salon-deProvence. La prise en main des Extra 330SC s'est s'effectuee tres rapidement et, moins d'un an seulement apres avoir re r;;u leurs nouvelles machines, les pilotes de I'EVAA se sont retrouves en aoUt 2009 a Silverstone (Angleterre) avec la selection franr;;aise pour disputer les 25 e championnats du monde. Au cours d 'une competition acharnee, les pilotes militaires sont parvenus acreuser I'ecart et ont vu leurs efforts recompenses puisque les Cne Ecalle , Le Vot et Varloteaux, qui concouraient tous trois en « Unlimited ", la categorie reine , se sont classes respectivement premier, troisieme et cinquieme , permettant ainsi a la France de decrocher le titre de champion ne du monde par equipe. Jamais en aussi peu de temps apres la prise en compte d'un nouvel avion une equipe n'aura reussi a se hisser a un tel niveau de performances, et aredonner a la nation sa place dans le cercle tres ferme de la voltige aerienne de tres haut niveau.
Au-dessus des Champs-Elysees Poursuivant sans relache son entrainement, I'EVAA s'est aussi distinguee en 2010 puisque Renaud Ecalle et Pierre Varloteaux sont montes sur la premiere et la deuxieme marche du podium au championnat de France. Grande premiere celte annee, la participation des trois Extra au defile aerien du 14-Juillet, belle recompense venant couronner plus de quarante ans d'existence et de beau x succes, ainsi que quelques passag es tele. Peut-etre le debut d'une mediatisation pour la voltige, un sport completeEn haut: du tonneau en moins d'u ne seconde au renversement, en passant par le vol station na ire, l'Extra 330SC est un avion precis et rapide . Aux mains des pilotes de I'EVAA, c'est actuellement le meilleur appareil de voltige sur les circuits nationaux et internationaux. Ci-contre : les pilotes de la sa ison 2009/2010. Oe droite ä gauche, les capitaines Pierre Va rlotea ux, Fabrice Camliti, Renaud Ecalle, Fran yois Le Vot et Fran yois Rallet.
ment absent du paysage audiovisuel franr;;ais? En septembre dernier, en Republique tcheque, Renaud Ecalle a egalement decroche I'or aux championnats d'Europe Unlimited , confirmant ainsi son immense talent. Sa disparition brutale moins d 'un mois plus tard dans la region de Montpellier, non pas a bord d'un avion d'armes ou militaire , mais aux commandes d'un petit appareil de tourisme, laisse la communaute aeronautique sous le choc. Abattus par la nouvelle, les pilotes, mecaniciens , photographes et tous
ceux qui font que cette eq uipe existe vont devoir faire front. La saison 2010 est term inee et le rideau est retombe pour quelque temps avant que I'entrainement ne reprenne en vue de celle de 2011. L'EVAA fera tout pour porter a nouveau haut les couleurs de la France et de I'armee de l'Air, comme elle I'a toujours fait. 0 Regis BIAUX
L'all/ellr remercie tOllS les pi/at es de /'EVM (Fabrice Camliti, Frall~ois Le Fot. Renam! Ecalle, Frall~ois Rallet et Pierre Farlot eallx) aillsi qlle les IIl1lCQlliciellS et les photo· graph es, salls ollblier Gil/es Lllcazeall d'Extra AircrafI.
'est des le mois de decembre 1919 qu'une composante air voit le jour au sein de I'armee de terre colombienne , mais ses appareils seront reverses en 1944 la Fuerza Aerea nouvellement creee, I'exception de quelques avions reserves aux liaisons et au transport de VIP. L'idee resurgit pres de trente ans plus tard , en 1972, quand l'Ejercito reclame la mise sur pied d'une aviation qui lui serait propre tout en mettant I'accent sur I'importance des helicopteres. N'ayant pas ete entendu , il renouveIle sa demande en 1982, laquelle ne rencontrera pas plus de succes par manque de credits. Finalement, le message reussit passer au debut des annees 1990, car les differentes organisations armees qui s'opposent au regime menent alors la vie dure l'Ejercito qui aurait bien besoin de moyens aeroportes pour avoir une chance de les vaincre , notamment dans les regions reculees et difficiles d'acces. Suite I'accord du president Ernesto Samper Pizano le 25 aoOt 1995, la Briga-
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da NO.25 de Aviaci6n dei Ejercito est constituee I'annee suivante . Sept Sikorsky UH-60L Black Hawk et dix Mil Mi-17 -1 V sont comman des dans la foulee tandis que le general Javier Enrique Rey Navas se voit confier la tache de mettre sur pied le Batall6n de Helic6pteros (BAHEL) . L'armee n'ayant aucu ne experience en matiere de voilures tournantes, I'assistance fournie par les EtatsUnis et la Russie , mais aussi par le Chili , le Perou et le Bresil , sera la bienvenue. En attendant la qualification de ses propres pilotes, elle utilise le personnel de la Fuerza Aerea et de la Policia Nacional. Outre le BAHEL, la brigade se compose alors du Batall6n de Transporte Mreo (BATAE) et du Centro de Instrucci6n y Entrenamiento (CIE).
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Organisation actuelle La Brigada de Aviaci6n , qui depend de la 5' division et dont I'etat-major est implante sur I'aeroport international de Bogota, a depuis evolue. Elle s'articule aujourd'hui autour
de deux commandements : le Comando Brigada et le Comando Operativo operant respectivement depuis EI Dorado (Bogota IAP) et Tolemaida (vaste camp militaire au sud de Melgar). Le premier regroupe le Batall6n de Aviaci6n No.1 , equipe exclusivement d'appareils voilure fixe, et trois bataillons responsables du soutien et de la maintenance. Le second comprend quatre unites d'helicopteres alignant chacune un seul type de machine. L'Alat colombienne dispose de trois autres bases Larandia, San Jose dei
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En haut : les Mi-17 sont principalement utilises pour le transport de troupes et de materiels, mais ils effectuent aussi des missions offensives avec les forces speciales colombiennes. lei, des commandos s'entrainent ä sauter dans I'eau limoneuse d'une riviere . A droite, au milieu: la mission des UH-l N de I'Ejercito est volontairement limitee ä la lutte contre les trafiquants de drogue. A droite : cet UH-60L en vol stationnaire vient de debarquer des soldats au moyen d'une corde lisse.
Aujourd'hui forte de cent trentre-cinq aeronefs et 2 000 hommes, la Brigada' de Aviaci6n dei Ejercito de Colombia a connu un bel essor depuis sa creation en 1995, probablement I'un des plus importants et des plus rapides qu'une aviation de I'armee de terre ait jamais connus. Des la reception de son premier helicoptere, sa mission a ete de lutter contre les narcotrafiquants, les organisations paramilitaires et les guerillas, des adversaires operant a couvert dans la jungle et le relief montagnreux du quatrieme pays d'Amerique du Sud par sa superficie.
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Guaviare et Saravena, mais la plupart de ses aeronefs sont deployes dans tout le pays sur des terrains avances sommaireme nt amenages. Au cours de ces detachements, les helicopteres et leurs equipages passent sous le commandement direct du responsable militaire local , lequel n'est pas necessairement de I'armee de terre. Quelques secteurs sont contröles par une force operationnelle combinee constituee d'hommes des trois armes, comme la Fuerza de Tarea Conjunta OMEGA dont I'etatmajor est etabli a Larandia. La, c'est un officier de I'armee de I'air qui coiffe tous les services aeriens sur zone .
Une flotte d'helicos variee Le Batall6n de Aviaci6n NO.2, le plus important des bataillons , utilise ses Sikorsky UH-60L Black Hawk pour remplir un large eventai l de missions d'assaut aeroporte. Devolu au transport, le Batall6n de Aviaci6n NO.3 met en ceuvre trois versions du Hip: Mi-17-1V, Mi-17MD et, depuis juin 2007, Mi-17 -1 V5. Le Batall6n de Aviaci6n NoA, specialise dans la reconnaissance et I'es-
carte, aligne des UH-1 N ex-canadiens livres ~ .§
dans le cadre du programme PCHP (heli- ~ copteres pour la Colombie) , les premiers ~ '3 etant arrives en juillet 1999. Autre unite be- ~ neficiaire du PCHP, le Batall6n de Aviaci6n ~ NO.5, a vocation aeromobile, deploie des er €> Bell UH-1 H cEldes par I'US Army et optimises au standard Huey 11. •
Les voilures fixes Le Batall6n de Aviaci6n NO.1 met en ceuvre divers types d'avions. Pour le transport, les Evasan et les liaisons, il utilise un Cessna 206, deux Pi per PA 34 Seneca, deux Gulfstream Turbo Commander, un En haut: affectes au Batall6n de Aviaci6n NO.1 base ä EI Dorado (Bogota IAP), comme tous les appareils ä voilure fixe, deux Piper PA 34 Seneca servent aux liaisons et au transport d'autorites. Au milieu : l'Alat colombienne aligne cinq Catpass 250, des Beech King Air 200 tres modifies principalement utilises pour le recueil de renseignements electroniques. Ci-c ontre : egalement affectes aux liaisons et au transport, les deux Gulfstream Aero Commander695 etaient en service dans l'Ejercito avant la creation de la Brigada de Aviaci6n en 1996.
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Beechcraft 350 et un Beech King AirC-90. 11 a recemment receptionrre deux Casa 212 en provenance de I'armee de I'air espagnole, ainsi qu'un C 208B Grand Caravan qui se revele particulierement bien adapte a la topographie du pays . En septembre 2009 , deux Caravan supplementaires ont ete acquis et trois autres sont attendus celte annee. Le transport lourd . es! assure par deux Antonov An-32B Colt, pris aux narcotrafiquants, et par un Convair CV-580, pro-
bablement le seul exemplaire au monde a servir sous I'uniforme. Mais le bataillon est egalement dote de cinq Beech 200 de commandement et de contröle , de reconnaissance et de recueil de renseignements electroniques , des missions on ne peut plus vitales pour l'Ejercito. En plus d'un systeme integre Elint d'origine israelienne, ces King Air particuliers, baptises Catpass 250, ont re9u un nez plus long, un train d'atterrissage renforce, des ailes
plus grandes et des helices differentes. Cet important chantier de modifications , realise par la societe americaine Commuter Air Technology, leur permet d'emporter davantage de carburant, de grappiller quelques metres en vitesse ascensionnelle et de gagner dix nceuds I'heure. Oe par leur spec ificite, ces avions travaillent. etroitement avec les autres forces de securite co lom- 1l. .§ biennes. e
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alors une formation aeronauti que theorique qui sera ponctu ee par des examens portant sur la navigation aeri enne et la meteorologie. Apres quoi seulement debute I'instru cti on pratique qui se deroule aux Etats-U nis (a Fort Rucker, en Alabama) ou au sein de la Fuerza Aerea Colombiana pour les futurs pi-
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lotes d'helicos, et dans une ecole civile nationale pour ceux destines voler sur appareils voilure fi xe. A leur retour, les premiers effectueront un stage de transformation Tolemaida tandis que les seconds seront affectes au Batall6n No. 1. Les mitrailleurs, eux, suivent un cursus special au Batall6n
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La formation
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Sur I'aeroport de Bogotc'!, l'Ejercito dis- a: 19 pose aussi de sa propre ecole d'aviation , actuellement dirigee par le major Silvio Florez, mais aucune formation pratique au pilotage n'y est dispensee faute d'aeronefs adaptes. Avant toute chose, les eleves pilotes, comme tous les futurs officiers de I'armee colombienne, effectuent quatre an ne es l' Escuela Militar de Cadetes avant d'etre affectes I'un des bataillons reguliers. Apres deux ans de service , ils peuvent enfin postuler pour integrer la brigade aerienne, condition de presenter I'aptitude physique necessaire. En cas d'acceptation , ils suivent
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En haut: d'ici 2014, I'Ejercito espere acquerir deux CN 235 pour remplacer son Convair CV-580, un appareil ayant ete utilise par les narcotrafiquants avant d'iHre confisque par I'armee. Au milieu : le Grand Caravan est un avion " tout chemin )) parfaitement adapte a la topographie d'un pays comme la Colombie . . Ci -contre : la capacite de transport de l'Ejercito a falt un bond avec I'arrivee en 2005 de deux Casa 212 donnes par le gouvernement espagnol. AIR FAN 33
A droite : si les UH -60L du Batallön de Aviaciön No.2 peuvent exec uter une grande va riete de missions d'assaut aeroporte, ils so nt aussi partie prenante dans celles de service public teiles que la lutte contre les feu x de foret (avec un Bambi Bu cket), les Evasan, etc. Ci-contre : avec I'introduction des Black Ha wk, les troupes au sol ont enormement gagne en aeromobilite et peuvent se deplacer d'un e zone de conflit ä une autre tres rapidement, de jour comme de nuit. En bas : commandos lourdement armes ä la portiere, cet UH-l N s'apprete ä securiser un champ de coca en Colombi e centrale avant sa destruction par les troupes so l.
de Entrenamiento y Reentrenamiento qui assure aussi la formation des personneis de securite et de maintenance.
Soutien aux crapahuteurs Depuis ces dernieres decennies, l'Ejercito lutte contre les cartels qui ont propulse le pays au premier rang des producteurs de drogue, mais il combat egalement les differents groupes paramilitaires d 'extreme droite ainsi que les gueriUas marxistes qui tentent de faire de la Colombie un Etat communiste agraire, la plus connue etant celle menee par les FARC (Forces armees revolutionnaires de Colombie).
Les voilures tournantes sont parfaitement adaptees ce territoire caracterise par des forets tropicales etendues et des reliefs eleves. Rien d'etonnant donc a ce qu'elles y operent depuis la fin des annees 1990 pour appuyer les troupes au sol. « Les aeteurs
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prineipaux restent les soldats eonfrontes cl un terrain partieulierement diffieile sur lequel /'helieoptere represente la eie du sueees » , resume le capitaine Alexander Hojos, pilote de Blaek Hawk. Ce constat est encore plus vrai dans la lutte contre les FARC qui, depuis un demisieeie, cherchent abattre le gouvernement. Malgre de severes revers subis ces derniers temps, eil es restent actives dans
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plusieurs regions. Mais leur ideal politique des debuts a change au fil du temps , avec le recours de plus en plus frequent aux enlevements, aux extorsions de fonds, et surtout au trafic de drogue pour financer leur guerre et leurs campagnes de terreur. A tel point que, ne combattant plus depuis longtemps pour les principes qui ont preside leur creation , on ne les presente plus guere que comme une organisation narcoterroriste.
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Changement de tactique L'implication et le soutien importants des Etats-U nis ont permis I'armee gouverne-
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mentale d'accentuer la pression sur les FARC. Les coups portes ont fini par menacer leur existence meme et leurs responsables se sont mis d'accord pour changer de tactique afin d'eviter une defaite totale et poursuivre le combat. « Fuyant toute confrontation directe qui se revele coDteuse, les FARC utilisent principalement des snipers et des mines pour combattre nos troupes, explique le general Navas, commandant la Brigada de Aviaci6n. Nous savons meme qu 'elles essaient d 'acheter des missiles solair pour contrer la menace aerienne. Grace acette nouvelle strategie, elles sont devenues plus invisibles et nos helicopteres et nos fantassins passent enormement de temps ratisser les sommets montagneux, les jungles profondes et les zones frontatieres. Sur les 240 000 soldats engages,
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A gauche : entre dans I'arm ee il y a trente- qu atre ans, le general Javier Enrique Rey Navas, commandant la Brigada de Aviaci6n, est un pilote experim ente d'a vion et d'helico. Ci -contre : l'Al at colombienne dispose de cinq ba ses principales, mais se s aeronefs sont deployes sur de nombreux terrains somm aires. Ci -dessous: dejä fort de cinquante UH-60L, livres dans le cadre du PCHP (Plan Colombia Helicopter Program). l'Ejercito espere bien pouvoir en aligner quatre-vingt-huit d'ici ä la fin 201 4.
180000 sont deployes dans des camps implantes partout travers le pays et bien souvent completement isoles. Afin de combattre efficacement, les troupes comptent sur les helicopteres pour les transporter rapidement d 'un secteur un autre. La nouvelle tactique des FARC souligne /'importance de /'assaut aeroporte et de /'aerotransport. Elle genere aussi un nouveau type de risque " deux mitrailleurs ont 19M abattus par des snipers et quatre helicopteres ont ete endommages par des mines. »
Ci -contre : iI bord des Black Hawk, les mitrailleurs jouent un role important en securisant la zone de poser et en protegeant les troupes au sol. Une mission qui n'est pas sans danger puisque deux d'entre eux ont dejil perdu la vie au cours d'operations contre les FARC.
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Ci-dessous : les FARC evitent de se frotter directement aux troupe s de l'Ejercito, preterant utiliser des snipers et des mines. Blesse par I'explosion d'une mine dans le sud de la Colombie, ce soldat est evacue vers San Vicente dei Caguän. En bas : une partie du parking de la grande ba se de Tolemaida situee non loin de Bogotä. En plus d'accueillir les quatre unites d'helicopteres de la Brigada de Aviacion, la plate-forme est aussi le fief des Forces speciales colombiennes.
La lutte antidrogue
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La Colombie est tristement celebre pour sa production de drogue, une industrie representant plusieurs milliards de dollars USo Oe plus en plus aiguillonnees par Washington, les autorites colombiennes intensifient la lutte contre ce fleau , un combat qui pese lourdement sur les forces armees et la poliee nationale, ainsi que sur les organismes civils et les agences gouvernementales americaines teiles que la OEA (Orug Enforcement Administration). Le premier stade consiste eradiquer les plantations. « Nous utilisons /'imagerie satellitaire et les reconna iss an ces aeriennes pour localiser les champs de coca et de pavot, puis nous envoyons les troupes les detruire, poursuit le general Navas. Des civils remuneres, dont la p lupart etaient auparavant impliques dans le trafic de drogue, sont aussi engages pour rechereher les cultures illicites et les eliminer. L'armee leur assure la protection voulue. Une autre methode consiste eradiquer les plantations par fumigations aeriennes. Nous infiltrons nos troupes pour securiser la zone avant /'intervention. » La Policia Nacional est aussi partie prenante dans ces trois scenarios ou les helicopteres assurent le transport des forces terrestres et leur soutien arme. 0
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Rogier WESTERHUIS Traduit de I'anglais par Jean-Pierre Gillet
US NAVAL AVIATION
100 YEARS
6" partie
Oe Pearl Harbor a la baie de Tokyo : I'aviation navale americaine contre les forces de l'Empire ... Deux ans apres son grand succes Ei Pearl Harbor, la marine imperiale japonaise avait perdu six porte-avions. Et si elle en alignait encore quatorze (cinq d'escadre, quatre legers et cinq d'escorte), elle ne disposait plus, apres la longue campagne des Salomon, de suffisamment d'appareils et d'equipages pour les armer. Ce n'etait pas le cas de la flotte du Pacifique qui montait rapidement en puissance.
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Ci-contre : preparation d'un raid sur Rabaul bord de I'USS Lexington (CV 16) en novembre 1943. Des pilotes de la VF-16 re~oivent les dernieres instructions de leur commandant, le LCdr Paul Buie, titulaire de neuf victoires. En bas : toujours en novembre 1943, une partie de I'equipage du Lexington profite d'une journee paisible au large des lies Hawaii pour assister aux manceuvres avia du CVG-16, un graupe compose de la VB-16 sur SBD-5 (dant celui au premier plan gauche servant de perchoir), de la VF-16 sur F6F-3 (dont I'un est en train d'apponter) et de la VT-16 sur TBF-1 (dont celui vu de face avec la voilure repliee).
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taient qu'ils operent dorenavant en groupes afin de coordonner leurs attaques et leur defense (patrouilles de protection). Les seconds finirent par obtenir gain de cause en juin 1943. A partir de cette date et jUSqU '8 la fin de la guerre , le schema le plus souvent retenu consista 8 former des Task Groups constitues chacun de trois PA accompagnes de leur escorte de cuirasses , croiseurs et contre-torpilleurs. Pour les operations d'envergure, deux ou plusieurs de ces TG etaient organises en Task Force. Ces nouvelles dispositions furent testees "0 des le 31 aout 8 I'occasion d'une attaque ~ :2 contre le terrain d'aviation de la petite lle de z~ Marcus, 8 environ 1 850 km au sud-est de @ Tokyo , et lors des debarquements dans les lies Baker et Howland , deux operations resestines 8 succeder aux F4F-4 8 pectivement confiees 8 la TF 15 et 8 la bord des grands porte-avions TF 11. Commandee par I'amiral Charles Pownall , la premiere regroupait un cuirasse , (CV) , les Grumman Hel/catfirent leur apparition en avril 1943 deux croiseurs, dix contre-torpilleurs , un quand treize F6F-3 arriverent 8 sous-marin , un petrolier et trois nouveaux San Diego pour equiper la VF-3. En juin, PA, l'Essex (CV 9) , le Yorktown (CV 10), qui avait repris le nom du CV 5 coule 8 Midway, I'USS Essex (CV 9), premier des nouveaux PA d'escadre , rejoignit la flotte americaine 8 et l'lndependence (CVL 22) , lesquels embarquaient quatre-vingt-neuf F6F-3 , Pearl Harbor, precedant d 'un mois I'USS Insoixante-dix-sept SBD-4/5 et quarante-huit dependence (CVL 22) , premier des PA legers de nouvelle generation. Mettant du TBF-1 . Decollant 8 I'aube, les pilotes cautemps 8 remplacer les Oauntless, les Curtiss serent d'importants degats et ne perdirent SB2C arriverent en unite en decembre 1942, que trois Hel/cat, chasseurs qui effectuaient au sein de la VS-9 8 bord de l'Essex, mais 18 leur premiere mission de guerre. La TF 11, ne prirent part aux combats qU'8 part ir de composee des U?S Princeton (CVL 23) et Bel/eau Wood (CVL 24) , ne rencontra quant novembre 1943. Nouveaux porte-avions et nouveaux appareils traquerent alors inlassa8 elle qu'une opposition minime. Ce qui perblement leur adversaire , jusque dans les mit au Lt(jg) Dick Loesch et 8 l'Ens. A. W. bai es de la mer Interieure (Seto-naikai), Nyquist, de la VF-6 , de se partager la presans que celui-ci ne puisse vraiment s'opmiere victoire aerienne des Hel/cat : un poser 8 eux. hydravion quadrimoteur H8K Emilyabattu le 1er septembre pres de 1'1le Howland. Au cours des quatre derniers mois de Nouvel/e strategie I'annee 1943, I'US Navy multiplia les actions non seulement dans la zone du Pacifique Les le90ns tirees des quatre grandes central , confiee 8 I'amiral Nimitz, mais aussi batailles aeronavales de 1942 furent longuedans celle du Pacifique sud-ouest attribuee me nt debattues par les amiraux americains au general MacArthur (voir carte page 41). et leurs strateges . Certains voulaient contiNous ne relaterons ici que les plus impornuer 8 laisser 8 chacun des PA un maximum d'independance alors que d'autres sou haitantes.
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Ci-contre : le LCdr James H. Flatley, pacha du CVG-5, aux commandes de son F6F-3 sur I'USS Yorktown ICV lO)lors des debuts en combat du Hel/cat le 31 aoOt 1943. Au-dessous : le centre d'operations ICIC, Combat Information Center) du Lexington le 19 novembre 1943. Ci-dessous: les armuriers de I'USS Monterey ICVL 26) s'affairent autour des TBF-l de la VC-30 au mois de novembre 1943.
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Les 18 et 19 septembre, les Ilottilles des USS Lexington (CV 16)', Princeton et Belleau Wood s'en prirent aux installations ennemies Tarawa et Makin, au x Gilbert. Les 5 et 6 octobre, ce lurent les appareils de trois PA d 'escadre (Essex, Yorktown et Lexington) et de trois PA legers (/ndependence, Belleau Wood et Cowpens) qui attaquerent la grande base aeronavale japonaise des 71es Truk (Carolines) . Durant la phase initiale de cette operation , quarantesept Hellcat se heurterent vingt-sept Zero, puis mitraillerent les avions au sol. Les pilotes de F6F revendiquerent la destruction de vingt-deux appareils japonais pour la perte de douze des leurs (si x abattus par des Zeke et six par la DCA) . Quelque peu exagere, ce chiffre prouvait cependant la valeur du Hellcat au combat. Face aux Zero, les pilotes de chasse de I'US Navy allaient perdre leur complexe d'inleriorite. Et ce d'autant plus que la marine japonaise ne parvenait pas trouver de successeur digne de son A6M.
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Fin octobre/debut novembre, pendant deux semaines, onze porte-avions (USS Enterprise et Saratoga plus quatre PA de la classe Essex et cinq de la classe Independence) lurent repartis avec leur escorte en quatre groupes (TG 50-1/-2/-3/-4) pour s'en prendre successivement aux atolls de Jaluit et de Mili (MarshalI) , 1'1le de Makin (Gilbert) et Rabaul (Nouvelle-Bretagne) , ainsi que pour lournir une couverture aerienne lors du debarquement Bougainville (Salomon) le 1" novembre 1943. Alin de contrer I'avance des Allies dans les Salomon , la marine imperiale renlorc;;a ses moyens Rabaul. Debut novembre, quelque 160 appareils de la 1,. division de PA (Shokaku, Zuikaku et Zuiho) y lurent debarques tandis que plusieurs croiseurs s'y deployerent, en provenance de Truk. Les avions des PA americains se joignirent ceux bases terre dans les Salomon en vue d'une intense campagne contre les Japonais. Au cours des raids menes par les Ilottilles du Saratoga et du Princeton le 5 novembre, puis le 11 ou
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elles lurent renlorcees par celles des Bunker Hili (CV 17), Essex et Independence, les Americains endommagerent cinq croiseurs et detruisirent une cinquantaine d'appareils, perdant peine dix avions embarques. Durant ces deux semaines de combats, la moitie des aviateurs de la 1" division de PA lurent tues, blesses ou declares temporairement indisponibles. Un bilan particulierement desastreux et qui allait encore s'aggraver en janvier et en levrier 1944 quand la 2' division de PA prit la releve Rabaul. Cest lors de ces operations que, le 11 novembre, les Helldiveret les Corsairlirent enlin leurs debuts en combat partir du pont des PA. 11 s'agissait des SB2C-1 de la VB-1 7 embarquee sur le CV 17 et des F4U-1 de la VF-17 affectee sur ce meme PA, mais basee terre depuis le 27 octobre 2 . Les Corsair
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1. 11 s'agissait du nouveau Lexington qui avait repris le nom du CV 2 couhi en mer de Coraille 8 mai 1942. 2. La VF-17 tut remplacee il bord du Bunker Hili par la VF-18 equipee de F6F-3.
Ci-contre : en aoGt 1942, Al exa nd er Vrac iu devint I'a il ier du ce lebre « Butch » Q'H are la VF-3 ava nt de servir dans les VF-6, VF-16 et VF-19. 11 re mporta sa premie re victoire le 5 octobre 1943, sa cinquieme le 29 janvier 1944, sa dixieme le 29 avril et sa dixneuvieme et derniere le 20 juin 1944.
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decollerent d 'Ondonga (Nouvelle-Georgie) en vue d 'assurer la couverture aerienne de la flotte et se poserent sur le Bunker Hili et I' Essex pour y etre avitailles et rearmes . En fin de journee, ils rentrerent leur base sans avoir subi de pertes, revend iquant la destruction de 18,5 avions japonais (chiffre tres exagere ... ). Le 20 novembre, un dispositif comprenant dix-neuf PA (si x d'escadre, cinq legers et huit d'escorte), douze cuirasses, douze croiseurs, soixante-six contre-torpilleurs et escorteurs plus trente-six transports appuya le debarquement de la 2e division de Marines sur IIlot de Betio, dans I'atoll de Tarawa, un motu de 3 200 m de long, 800 m de large peine et quatre metres de hauteur defendu par 3 600 Japonais et 1 200 travailleurs coreens . Pilonne par les bombardiers de I'USAAF, les avions embarques de la TF 50 et les navires de surface, I'ennemi resista pendant quatre jours et trois nuits, infligeant de lourdes pertes aux Marines (978 tu es et 2 188 blesses). Sans compter la mort de
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a 644 membres de I'equipage de I'USS LisGame Bay (CVE 56) coule I'aube du 23 novembre par le sous-marin 1-175. Seuls dixsept Japonais et cent vingt-neuf Coreens furent faits prisonniers. Le carn age engendre par la con quete de cet 710t mi nuscule
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allait influer sur la decision des Americains d'utiliser I'arme atomique plut6t que d'essayer de debarquer dans les 71es du Japon proprement dit. Trois jours apres la fin des combats Betio, le premier as de I'US Navy, le LCdr Ed-
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ward Henry " Butch " O'Hare, fut tue lors d'une mission nocturn e dans les Gilbert. Compose des flottilles VB- 6 (trente-six SBO-5) , VF-2 (trente-six F6F-3) et VT- 6 (vingt TBF-1 Cl, le CVG-6 qu 'il commandait operait alors sur I' Enterprise integre au TG 50-2. Le 26 novembre, comme des G4M 1 Bettyarmes de torpilles s'appretaient harceler la flotte americaine juste apres la tombee de la nuit, " Butch " eut I'idee d'utiliser un TBF-1 C equipe d'un radar ASB-1 pour guider les F6F-3 qui n'en possedaient pas encore. Vers 18 heures , il decida de tester sa nouvelle tactique, decollant avec son ailier derriere un Avenger. A bord de ce dern ier, le radariste ne tarda pas detecter un intrus, mais les deux Hel/eat n'eu rent pas le temps de se mettre en position de tir et celui de O'Hare fut pris dans le feu croise du TBF-1C et du Bettyet piqua vers la mer. Le corps du celebre aviateur ne fu t pas retrouve.
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Trente-trois PA en premiere ligne O;"O':;~e..!~:.:~c';t;:::01
Oeux ans apres avoir subi de lourdes pertes Pearl Harbor, aux Philippines et sur
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En haut : porteur d'une charge anti-sou s-marine en point central, ce SBD-5 de la VB-16 survole le Washington (BB 56) et le Lexington lors des operations dans les Gilbert. Ci- contre : en janvier 1944, des petits detach ements de la VF(N)-101 etaient emb arqu es ä bord de I' Enterprise et de I' Intrepid. Afin de pouvoir y op erer, les F4U-2 de cha sse de nuit (dote s d'un radar AIA dans le bord d'attaque de la voilure) avaient re lfu une roulette de queue allonge e po ur ameliorer la visibilite du pilote au-de ssus de leur long nez. En ba s : le LCdr « Butch )) Q'Hare en grande discussion avec des collegues lors d'une visite ä bord de I' Intrepid peu de temps avant sa mort. ~
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IIle de Wake , et peine quatorze mois apres les reve rs essuyes par son aviation embarquee aux lies Santa Cruz, la flotte du Pacifique avait repris du poil de la bete, redevenant meme tres superieure - par le nombre et la qualite de ses moyens - I'armada japonaise. Elle comptait alors sept PA d'escadre , les Bunker Hil/, Enterprise, Essex, Intrepid, Lexington, Saratoga et Yorktown auxquels etaient respectivement rattaches les CVG-17 , 6, 9, 8, 16, 12 et 5 totalisant pas moins de 527 appareils (deux cent quarante-deux F6F-3 , cent vingt -deux SBO-5, cinquante-neuf SB2C-1 et cent quatre TBFrrBM-1 /-1 C) ; sept PA legers, les Bel/eau Wood, Cabot, Cowpens, Independenee, Langley, Monterey et Prineeton accueiliant les CVG-24 , 31, 25 , 22, 32 , 30 et 23 (en taut cent soixante-quatre F6F-3 et cinquante-trois TBFrrBM-1) ; et dix-neuf PA d'escorte , les Barnes, Breton, Chenango, Coral Sea, Corregidor, Fanshaw Bay, I
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F6F-3 et la VF-17 detachee trente-trois F4U-1.
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Vers le Pacifique central
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Durant les cinq premiers mois de 1944, la flotte du Pacifique poursuivit sa guerre d'usure contre les defenseurs japonais. Le 29 janvier, dans les MarshalI, les appareils de six PA d'escadre et de six PA legers s'en prirent aux atol ls de Kwajalein , Maloelap et Wotje, permettant aux troupes de debarquer Kwajalein deux jours plus tard. Le 17 fevrier, Eniwetok, autre atoll des MarshalI, fut son tour investi sous la couverture de deux Task Groups. Au meme moment, les cinq cents avions de trois autres TG comprenant les USS Belleau Wood, Bunker Hili, Cabot, Cowpens, Enterprise, Essex, /ntrepid, Monterey et Yorktown attaquerent sans relache pendant deux jours 3 la grande base aeronavale japonaise de Truk, coulant trois croiseurs, quatre destroyers, huit petits bateaux
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En haut : I'une des salle s d'operation s (rea dy room s) de I' Intrepid. Ce PA d'es cadre de la cla sse Essex arriva ä Pearl Harbor le 10 janvier 1944 et fit se s debuts en combat ä la fin de ce mois lors d'un raid sur Kwajalein. Ci -contre : alors que des avion s ja pon ais attaquent d'a utres bätiments de leur groupe en fevrier 1944, des membres de I'e quipage du Bel/eau Wood (CVL 24) et ce pilote d'un F6F-3 de la VF-24 ne semblent pa s inquiets. Pourtant, la densite de la DCA autour du cuira sse au centre de la photo est impressionnante. Ci-dessou s: de mars ä mai 1944, le Saratoga participa aux operation s dans I'ocean Indien et aux Indes orientales neerlandaises aux cates de la British Eastern Fleet. Les Hel/cat emb arqu es ä bord etaient ceux de la VF-12. r---------------------------------------------------------------'~
mons, Suwanee, Tripo/i, Tu/agi, Wake /s/and et White Plains embarquant cent soixantesept Avenger, vingt-sept Oauntless, quatreving t-trois Hellca t et cen t trente-huit Wi/dcat. Non dotes de flotti lies, six autres CVE (Altamaha, Casab/anca, Copahee, Long /s/and, Nassau et Prince Williams) etaient utilises pour transporter les avions . S'ajoutaient quatorze groupes aeriens supplementaires bases terre (CVG-1 , 2, 3,1 0, 11 , 18, 19, 20, 21, 26, 27, 28, 38 et 40), qui alignaient plus de 800 appareils pouvant etre deployes soit pour compenser les pertes sur les PA en service soit pour equiper ceux qui allaient y entrer, ainsi que quatre flottilles independantes : les VC-24 et VF(N)-75 basees Munda avec respectivement trentequatre SBD-5 et quinze F4U-2 , la VF-1 stationnee a Tarawa avec quarante-quatre
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3. Dans la nuit du 17 au 18 fevrie r, douze TBF-1C de la VT-10 affectee l' Enterpriseeffectu erent une attaque n~u~ne, la prem iere menee pa r des avions emba rqu es equ lpes de radar!
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sous la couverture aerienne des flottilles de deux CVE, I'autre du 21 au 24 avril en Nouvelle-Guinee, avec I'appui de la TF 58 (douze CV/CVL) et de la TF 78 (huit CVE). A noter que I'USS Saratoga, escorte par trois contre-torpilleurs , rejoignit temporairement la British Eastern Fleet. Ses appareils et ceux des PA ang lais frapperent dur ci. Sabang (Ie 19 avril) et ci. Soerabaja (Ie 17 mai), aux Indes orientales neerlandaises. Depuis la bataille de Santa Cruz en octobre 1942, les PA du Kido Butai n'avaient pas eu ci. affronter directement la flotte du Pacifique . Cela allait bientot changer, car, ayant eu vent de la grande offensive que preparaient les Americains, I'etat-major japonais decida de s'y opposer avec force.
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Les Mariannes
de guerre, une trentaine de navires marchands , et detruisant plus de 250 avions, dont beaucoup venaient juste d'etre livres par voie maritime et n'avaient pas encore ete remontes. Au cours de cette operation , baptisee « Hailstone ", les Americains perdirent quarante aviateurs et vingt-cinq appareils. Sept raids aeriens furent ensuite lances contre des bases japonaises, ci. Jaluit le 44 AIR FAN
20 fevrier par l'Enterprise, dans les Mariannes le 23 fevr ier par huit PA de la TF 58, ci. Mili le 18 mars par le Lexington, dans les Carolines occidentales du 30 mars au 1" avril par onze PA de la TF 58 , ci. Truk du 29 avril au 1e' mai par la TF 58, ci. Marcus les 19 et 20 mai par trois PA du TG 58-6 et ci. Wake le 23 mai par le TG 58-6, tandis que deux autres debarquements eurent lieu, I'un le 20 mars ci. Emirau (archipel Bismarck) ,
Apres avoir pris le controle des 71es Truk en 1914, I~s Japonais les avaient fortifiees afin d 'en faire leur principale base navale hors du territoire national. Elles constituaient donc I'un des objectifs prioritaires des strateges americains qui voulaient les conquerir avant de poursuivre ci. I'ouest vers Palau et les Philippines. Toutefois, cette option n'etait pas du goUt du chef d'etat-major de la Navy, I'amiral Ernest King , qui penchait davantage pour une avance plus directe vers le Japon. En consequence, apres le succes des operations aeriennes contre les Truk en fevrier 1944, il fut decide de les isoler et de se tourner vers les Mariannes. Confiee ci. la 5e Flotte de I'amiral Raymond Spruance, I'operation « Forager " visait ci.
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A gauche: trois des F6F-3 de la VF-25 font chauffer leur moteur bord de I'USS Cowpens (CVL 25) participant aux operations dans les Marshall en janvier 1944.
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A ga uche, au -dessous: mise en place des SB2C-l C de la VB-8 sur le pont du Bunker Hill(CV 17) lors des operations au large des Mariannes. Ci-contre : alors que I' Enterprise navigue dans le Pa cifique central pour rejoindre le reste de la TF 58 en mai 1944, des Avengerde la VT-l0 s'appretent effectuer une sortie d'entrainement. L:avion au premier rang droite est equipe de reservoirs largables sous la voilure, une configuration rarement illustree.
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Ci-dessous : pour les ope rations dans les Mariannes en juin et juillet 1944, onze PA d'escorte embarquerent 104 Avengeret 177 chasseurs. En approche de Tini an, voici un TBM-l C de la VC-ll embarquee sur I'USS Nehenta Bay (CVE 74). ~.-----------------------~~---------------------------------------,
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de quatre PA legers (Chitose, Chiyoda, Ryuho et Zuiho). Des moyens encore importants , mais patissant de I'inexperience de nombreux aviateurs et personneis de pont d'envol. La flotte imperiale se composait en plus de cinq cuirasses, douze croiseurs lourds, deux croiseurs legers et vingt-huit contre-torpilleurs au xquels s'ajoutaient vingt-quatre sous-marins . Quittant le 5 juin son mouillage de Majuro, au x MarshalI, la TF 58 arriva I'est des Mariannes le 11 , ses PA envoyant deux cent vingt-cinq appareils des le debut de I'apresmid i pour neutraliser I'aviation nippone basee terre . L'effet de surprise fut quasi total puisque celle-ci fut detruite hauteur de 60 85 %, les pilotes americains perdant seulement douze avions ! Au cours des trois jours suivants, ils s'attaquerent au x defenses adverses, aides par les canonniers des batiments de surface. Les troupes US debarquerent $aipan le 15 juin, puis Guam le 21 jui llet et Tinian le 24. Entretemps, les amiraux Raymond Spruance et Mare Mitscher (ce dernier commandant la TF 58) avaient ete alertes par un sous-marin de I'appareillage de Tawi-Tawi (Philippines) des PA de I'amiral Ozawa. IIs avaient donc pu prendre leurs dispositions pour isoler encore davantage les defenseurs des Ma-
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debarquer des troupes Saipan , Tinian et Guam, les trois grandes lies de cet archipel. Elle impliquait, outre sept cuirasses , huit croiseurs lourds, douze croiseurs legers, soixante-sept destroyers et vingt-deux sousmarins, les pont plats de la TF 58 (sept CV et neuf CVL) embarquant 898 appareils : quatre cent soixante-neuf Hel/eat (dont vingt-quatre de chasse de nuit), trois F4U-2 de chasse de nuit, cinquante-neuf Oauntless, cent soixante-quatorze Hel/diver et cent quatre-vingt-treize Avenger. Le dispo-
sitif comprenait egalement les PA du TG 52 (si x CVE avec 82 Wildeat et 59 Avenger) et du TG 53 (cinq CVE avec 29 Wildcat, 66 Hel/eat et 45 Avenger), mais ceux-ci n'allaient etre utilises que pour I'appui et la couverture aerienne des troupes debarquees ainsi que pour la lutte anti-sous-marine. En face, les Japonais disposaient d'environ 250 avions de combat deployes sur huit terrains aux Mariannes et de 439 apparei ls' embarques bord de cinq PA d 'escadre (Hiyo, Junyo, Shokaku, Taiho et Zuikaku) et
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4. 11 s'agissait de 234 chasseurs et chasseurs-bombardiers (cent cinquante A6M5 et quatre-vingt-quatre A6M2, ces derniers ayant ete modifies pour emporter une bombe de 250 kg la place du reservoir ventral ainsi qu'un bidon pendulaire sous chaque aile), 119 bombardiers en pique (trente-huit D3A2 et quatre-vingt-un D4Y1 ) et de 86 avions torpilleurs (dix-huit 85N2 et soixante-huit 86N2).
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viguaient face au vent et n'avaient donc pas leur route pour les decollages ; d'autre part, leurs avions disposaient d'un rayon d'action plus eleve. En revanche, le nombre d'appareils affectes a la reco redui sait celui des machines disponibles pour la lutte ASM , un facteur dont les Americains allaient tirer profit. Au cours de la journee, quatre vagues d'attaque furent lancees a part ir des PA nippons contre la TF 58. La premiere , composee de trente-six chasseurs-bombardiers A6M2, douze A6M5 d'escorte et trois B6N2 de contre-mesures, decolla des Chitose, Chiyoda et Zuiho. Elle fut suivie par une seconde decollant des Taiho, Shokaku et Zuikaku (deux B6N2 de commandement, vingtsept B6N2 torpilleurs, cinquante-trois D4Y1 d'attaque et quarante-huit A6M5 d'escorte), puis par deux autres partant des Hiyo, Junyo et Ryuho : I'une de vingt-cinq A6M2 armes de bombes, sept B6N2 torpilleurs et quinze A6M5 d'escorte, I'autre de vingt-sept Val, vingt Zero et trois JiII (cette derniere
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Ci-dessu s : fin de cou rse brutale pour ce F6F-3 de la VF-l rentrant d'une sortie de comb at le 15 juin 1944. t: appareil, irreparable sur le PA, va etre pou sse par-dessus bord. Ci- contre : deux SBD-5 de la VB-l0 survolent I' Enterprise. Le 20 juin 1944, douze Dauntless de cette flottille plus vingt-quatre autre s de la VB-16 du Lexington obtinrent de meilleurs res ultats que les cinquante et un SB2C- l C de quatre flottilles. En ba s : mitrailleu rs a leur poste, deux SB2C-l C de la VB-l emb arqu ee sur le Yorktown en route vers leur objectif dans I'une des Mari annes en juin 1944.
riannes en detachant deux des quatre Task Groups de la TF 58 en direction des lies Bonin et des lies Volcano afin d'y neutraliser les renforts aeriens et maritimes que I'ennemi aurait pu envoyer. Apres ce bref detour, tous les navires de la TF 58 mirent cap au sud et se porterent a la rencontre de la flotte imperiale. L'affrontement eut lieu a I'ouest de Guam les 19 et 20 juin 1944.
Tir aux pigeons aux Mariannes Alors qu'ils etaient pistes depuis plusieurs jours par les sous-marins americains, les Japonais ne repererent leurs adversaires que dans I'apres-midi du 18 juin au hasard d'une reco aerienne. A I'aube du matin suivant, ne voulant pas repeter I'erreur commise au debut de la bataille de Midway deux ans au paravant, ils firent appel a de nombreux hydravions et appareils de reconnaissance embarques a bord de leurs cuirasses, croiseurs et ponts plats afin de localiser avec exactitude la flotte US qui se trouvait alors entre 300 et 380 milles nautiques. Au commencement des combats, ils beneficierent de deux avantages : d'une part, leurs PA na46 AIR FAN
siment impossible. En fin de journee, la chasse US revendiqua plus de 350 victoires pour la perte de seulement vingt-sept aviateurs (tu es ou portes disparus) et trente avions . Un score certes exagere , mais pas tant que cela puisque certaines sources japonaises indiquent que, le 19 juin au soir, seule une petite quantite d'appareils avait pu trouver refuge Guam, Saipan et Rota tandis qu 'un peu plus d 'une centaine d'autres operaient encore bord des PA dont le nombre etait passe de neuf sept. En effet, peu apres le depart de la deuxieme vague, le Taihoet le Shokakuavaient ete torpilles par les USS Caval/a et Albacore. Le veteran de Pearl Harbor avait coule en premier et le plus recent des ponts plats nippons avait sombre apres I'explosion de ses reserves de carburant avia. En contreparti e de leurs lourdes pertes , les Japonais pensaient avoir envoye par le fond quatre PA americains et endommage de nombreux autres navires. En fait, ils n'avaient fait qu'egratigner les batiments de la TF 58. Dans la nuit du 19 au 20 juin, les deux flottes se rapprocherent , mais aucune n'etait en mesure de passer I'offensive . A 14 h 30, les Americains parvinrent enfin localiser leurs adversaires avec precision , environ 240 mi lies de leur position , une dis-
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En haut: le 20 juin 1944, pas moins de 43 des 51 Helldiverqui participerent ä I'attaque de la flotte japonaise furent perdus, la majorite lors de leur val retour quand ils tomberent ä court de carburant ou se pose re nt en catastrophe. Ci-contre : ä la veille des debarquements aux Mariannes et lors de la bataille de la mer des Philippines, le CVG -8, embarque ä bord du Bunker Hili, se composait des flottilles VB-8 sur SB2C-1C, VF-8 sur F6F-3 et VT-8 sur TBFfTBM-1 C. Ci-dessous : les trois hommes d'equipage d'un TBF-1 de la VT-31 affectee ä I'USS Cabot(CVL 28) evacuent leur appareil apres un amerrissage force.
comprenant aussi dix A6M2, quatre 86N2 et six A6M5 de protection en provenance du
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Shokaku).
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Fortes de 298 appareils, ces quatre vagues etaient censees causer de gros degats la TF 58 avant que celle-ci ne puisse riposter. Mais c 'etait compter sans les atouts dont disposaient les Americains, savoir la puissance de feu de leur DCA embarquee , la fi abilite des radars de detection installes bord de leurs batiments, I'excellent travail des contröleurs de la chasse , I'ecoute et la traduction simultanee des communications entre avions japonais, et les qualites des F6F. La plupart des assaillants, dont beaucoup manquaient d'experience, furent interceptes alors qu'ils etaient encore une demi-heure de vol ou plus de leurs objectifs. Les pilotes de Hel/cat les taillerent en pieces et la DCA rend it la tache des survivants qua-
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tance EI la limite du rayon d'action operationnel de leurs appareils et qui allait necessiter leur retour EI bord apres la tombee de la nuit. Neanmoins, decision fut prise de ne pas attendre le lendemain matin pour donner I'assaut. A 16 h 21, deux cent quarante appareils decollerent de douze PA en I'espace de onze minutes , mais vingt-quatre d'entre eux durent revenir EI bord en raison de problemes techniques, laissant le dispositif continuer avec quatre-vingt-cinq F6F-3 (certains emportant une bombe de 115 kg en plus de leur bidon ventral), soixante-dixsept bombardiers en pique (cinquante et un SB2C-1/-1 C et vingt-Six SBD-5) et cinquante-quatre Avenger (armes de torpilles ou de bombes). La flotte imperiale se trouvant en limite de portee, les quatre types d 'avions durent adapter leur vitesse et leur altitude de croisiere en fonction de leurs caracteristiques respectives. En consequence, ils s'eparpillerent et ne purent coordonner leurs actions afin d'obtenir une meil-
soixante-dix-neuf autres etant detruits EI la suite d'amerrissages en panne seche ou lors d'accidents I'appontage. Trente-six pilotes et quarante membres d'equipage pe-
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leure efficacite. Premiers arrives, ceux du ~ CVG-14 (affecte au Wasp) s'en prirent aux batiments du train, touchant trois petroliers, dont les Genyo Maru et Seiyo Maru qui durent etre sabordes . En fait, les aviateurs de la TF 58 ne se montrerent guere plus efficaces que les Japonais ne I'avaient ete la veille. Attaquant par petits paquets, les chasseurs-bombardiers, bombardiers en pique et avions torpilleurs ne parvinrent pas EI concentrer leurs tirs sur un nombre limite de cibles. Si bien que, malgre la quantite de bombes et de torpilles qu 'ils larguerent, ils ne reussirent couler que le PA d'escadre Hiyo et endommager les Zuikaku, Chiyoda, Junyo et Ryuho'. Les Hel/ca! d'escorte, eux, se montrerent plus habiles et ajouterent de nombreuses victoires EI leur palmares . Dix-sept appareils americains furent descendus par les Zero de protection et la DCA,
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5. Gravement atteints, le Junyo et le Ryuho ne purent reprendre la mer avant la capitulation japonaise.
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rirent ou disparurent, mais, fort heureusement, cent soixante furent recup eres en mer. Des pertes humaines qui auraient pu etre beaucoup plus importantes si I'amiral Mitscher, bien que conscient d'une possible detection par les sous-marins ennemis , n'avait pas pris le risque d'illuminer tous les PA pour faciliter I'approche des pilotes epuises apres une mission de plus de six heu res et dangereusement EI court de carburant. Malgre des resultats decevants pour les Americains cote navires coules, cette premiere bataille de la mer des Philippines sonna pratiquement le glas de I'aviation embarquee nippone. Dans la nuit du 20 au 21 juin, les PA survivants se retirerent avec seuleme nt trente-deux appareils sur les quatre cent trente-neuf initialement amen es au large des Mariannes. Plus graves encore etaient les pertes humaines, parmi lesquelles figuraient 445 pilotes dont de nombreux veterans. La marine imperiale japonaise n'allait pas s'en remettre ! 0
ä. suivre
Rene J . FRANCILLON
En haut: operant ä bord du Lexingtan, la VB -16, I'une des deux dernieres flottilies equipees de Dauntless, se separa de ses SBD-5 immediatement apres la bataille des Mariannes en juin 1944. Ci-dessus: endommage apres un combat dans les Mariannes, ce TBF-1 C de la VT-2 a effectue un appontage brutal sur I'USS Harnet. 11 sera balance par-dessus bord. Ci-contre : apres la tombee de la nuit le 20 juin, I'amiral Marc A. Mitscher, commandant la TF 58, mit tout en ceuvre pour recuperer les pilotes et equi pages ä court de carburant qui avaient amerri et aider les autres ä apponter en eclairant les porte-avions.